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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

16 novembre 2006 4 16 /11 /novembre /2006 18:44
FURIEUSEMENT DÉSENCHANTÉS

Eric Lacascade met en scène la pièce de Gorki. Celle-ci se donne à voir sous la forme d’une grande fresque populaire volcanique et luxuriante au cœur de laquelle les êtres déchaînés interrogent leur part d’animalité.

La pièce commence dans la pénombre. Un homme dans un coin fredonne accompagné d’une guitare, des airs aux accents faux. Si la scène parait au premier abord comique par la transgression temporelle des airs choisis et leur traduction français/anglais, on s’aperçoit vite que ce personnage risible n’est autre, en fait, que le mendiant. Ce rejeton du village qui sera bientôt mis au bout d’une laisse. Le rire est alors bien cruel et annonce la noirceur du propos et la bassesse des instincts humains qui vont se dessiner. Pourtant, dès les premières minutes, la bière coule à flots, les habitants survoltés et gouailleurs palabrent à propos des ingénieurs qui vont arriver afin de construire le chemin de fer. A ce moment, ils parlent de tout et de rien, rient avec insouciance n’imaginant pas quelles vont être les conséquences de cette intrusion étrangère dans leur communauté où les jours s’écoulent sans surprises.
 Photo © Christophe Raynaud de Lage

Trois heures plus tard, la fin de la pièce s’ébauchera laissant le village pillé et déshumanisé où n’erreront que des êtres déchirés aux sentiments en lambeaux. Le monde archaïque et sans éclat des petites gens va se confronter à la verve arrogante et provocante des ingénieurs. Leur rencontre violente évolue sur fond de viles passions, mensonges, mesquineries et abus de pouvoir. Les intrigues, multiples, se nouent, se dénouent, se chevauchent mêlant l’intime au social et faisant voler en éclats les apparences. Au final la barbarie est partout. Les ingénieurs, porteurs de progrès, perdent au fil de la pièce leur belle supériorité au contact des villageois, révélant des failles et la vulgarité de leurs âmes perdues. Quant au petit village il se retrouve à jamais exsangue et sans retour en arrière possible.

Humour noir

Les Barbares, écrit en 1905 par Gorki offre des répliques cinglantes à l’humour noir omniprésent. Sans concessions, la pièce montre que la grossièreté et les vils instincts ne sont pas l’apanage de ceux qui sont en marge. Par sa mise en scène voluptueuse et agitée, Eric Lacascade donne à la pièce des accents baroques. L’esthétique colorée et raffinée des tableaux n’oublie pas de jeter sur scène la vulgarité des personnages qui se délectent bruyamment des plaisirs de la vie. Le parti pris de moderniser, très présent dans le choix des musiques, est étonnant et sert à brouiller le contexte. L’occupation de la scène dans son ensemble, en profondeur comme en verticalité et le soin apporté aux mouvements des comédiens témoignent des effets chorégraphiques recherchés. Le banquet dessiné sous forme de ballet, les guirlandes de lampions qui s’élèvent en apesanteur dans le ciel ou bien encore les fleurs qui se piquent dans le sol sont comme des touches de légèreté et de grâce. Quant aux comédiens, ils insufflent leur énergie et leur conviction à la pièce se confondant naturellement avec leurs rôles.

Les Barbares
est une fresque vivante et voluptueuse où la vie se déchire, révélant une condition humaine pétrie d’instincts premiers.

Anne CLAUSSE (Toulouse)

Les Barbares, de Maxime Gorki
Adaptation et mise en scène Eric Lacascade
Adaptation d’après la traduction d’André Markowicz © éditions Les Solitaires Intempestifs
Avec : Jérôme Bidaux, Jean Boissery, Gaëlle Camus, Arnaud Churin, Arnaud Chéron , Gilles Defacque, Alain D’Haeyer, Pascal Dickens, Frédérique Duchêne, David Fauvel, Christophe Grégoire, Stéphane Jais, Eric Lacascade, Christelle Legroux , Daria Lippi, Millaray Lobos, Grégori Miege, Arzela Prunennec, Maud Rayer, Virginie Vaillant

Théâtre National de Toulouse 1 rue Pierre Baudis Tarifs : 20/12/8
Contacts : Tél: 05 34 45 05 05
Du 7 au 11 novembre puis en tournée.

Le spectacle a été vu à Toulouse par Anne Clausse, vous pouvez lire aussi la critique de Agnès Grossmann, publliée pendant le Festival d'Avignon In 2006.
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6 novembre 2006 1 06 /11 /novembre /2006 17:04
LE SENTIMENT TRAGIQUE DE LA VIE

VSPRS. Vêpres sans voyelles. Mort sans fuite. Pont au-dessus des époques unies dans l’expression du sentiment tragique de la vie. Cette œuvre géniale redécouvre la finitude et l’impose sauvagement, entre affirmation post-moderne des identités et exhibition ironique de la mort sur une folle esthétique de Danse Macabre, où les hommes sont les propres démons du Jardin des Délices.
 
Onze danseurs de nationalité différente campent l’humanité. Chacun danse ses peurs, son histoire, ses frustrations, seul ou à deux, malgré soi, dans une chorégraphie de transe involontaire, une danse testamentaire, la danse d’un Ça vengeur, à l’heure de mourir. La mannequin, double dégingandé de la russe femme fatale, l’enfant guerrière écossaise révoltée et honteuse qui veut partir, qui ne cèdera pas, qui veut le sauter le mur, le politicien américain carriériste, contrôlant le monde, dont le destin qui le mène à la mort lui échappe en vain, sont quelques uns des personnages si singuliers, si seuls, qui se succèdent en une farandole angoissante dont le terme commun ne peut être que la mort.
 Photo © DR

La mort tout de suite, ou la mort dans quelque temp. Des spasmes s’insinuent progressivement dans les corps des danseurs, selon le rythme de leur peur et le degré de leur faiblesse, et bientôt l’hystérie générale les entraîne dans l’exubérance et emportent leur voix en cris à peine humains, désespérés, qu'intensifie en une brutalité la beauté du chant de la soprano, atteignant là le sublime, fascination du beau et du danger, le mélange de l’homme et de la bête. Et comme l’homme est homme, il rit encore. Car il faut troubler le désespoir avec la première chose que l’on trouve, des plus vulgaires et prévisibles, pour faire rire, vite, l’urgence du rire, pour vivre, pour occulter la mort du grand rire désespéré, mais pas seulement.

Le rire selon Platel tient aussi du rire gras rabelaisien, ce rire franc, ce grand éclat qui ose défier la mort et qui vient du plus loin, des entrailles. C’est le rire de l’homme qui rit de son sort en parlant de la merde, en faisant un poème au caca. Le poème au caca est le plus sûr moment humain, le plus désespérant, le plus riant, le plus grotesque, courageux et laid. La chorégraphie, que les danseurs ont directement contribuée à créer, détient une force et une cohérence impressionnantes procurées par la maîtrise technique ahurissante de tous les acteurs de cette oeuvre. Car ils durent explorer et approfondir les voies et les impasses où la complexité de la vision de Platel pouvait mener, y laissant plus que leurs idées, plus que leur technique, une puissante identification, feinte ou non, totalement crédible, avec leur personnage.

L’impact du mouvement des corps des danseurs, la beauté de l’adaptation de l’opéra, la perfection de l’exécution musicale et l’expressivité de la soprano, confèrent à ce spectacle une charge émotionnelle qui frôle l’insupportable. Le spectateur, jeté dans le monde fou de l’époque médiévale, dans un charivari imposé, où les personnages sont de pauvres hommes modernes incapables de mourir, reste coi devant tant de beauté, de plaisir esthétique, si rare, d’harmonie, de complétude et simultanément de profonde angoisse, devant la perfection de cette pièce moderne et, depuis toujours, là.

Frédérique MUSCINESI (Madrid)

Spectacle présent à Avignon In 2006.

Festival de Otoño Teatro de la Zarzuela C/ Jovellanos, 4 + 34 91 524 54 10

VSPRS, Idée et mise en scène : Alain Platel
Musique : Fabrizio Cassol
A partir des Vêpres de Monteverdi en collaboration avec Wim Becu et Tcha Limberger
Dramaturgie : Hildegard de Vuyst
Assistante de mise en scène : Juliana Neves
Dramaturgie musicale : Kaat de Windt
Dansés et créés par : Quan Bui Ngoc, Mathieu Desseigne Ravel, Lisi Estarás, Emile Josse, Iona Kewney, Samuel Lefeuvre, Mélanie Lomoff, Ross McCormqck, Elie Tass, Rosalba Torres Guerrero et Hyo Seung Ye Soprano : Cristina Zavalloni
Musique interprétée par : Tcha Limberger : violon et flûte Vilmos Csikos : double basse
Ensemble Oltremontano sous la direction de Wim Becu : Wim Becu et Adam Woolf : sacabuches Marleen Leicher et Jamie Savan : cornettes Aka Moon : Fabrizio Cassol : saxophone Stéphanie Galland : percussion Michel Hatzigeorgiou : basse, guitare, bouzouki
Scénographie : Peter de Blieck
Costumes : Lies Van Assche
Lumières : Carlo Bourguignon
Son : Alexandre Fostier
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30 juillet 2006 7 30 /07 /juillet /2006 17:26
L'HÉRITAGE DU BOSS

Si la Cour d’honneur du Palais des papes est pleine de fantômes, espérons que celui de Jean Vilar y était ce 27 juillet 2006 et qu’il a été traversé par l’immense vague d’applaudissements qui a salué l’hommage qui lui était rendu. Car c’est bien lui que l’on saluait autant que la performance du metteur en scène Olivier Py remonté à la source pour faire jaillir l’esprit. Celui-ci s’était vu confier par Hortense Archambault et Vincent Baudriller, la double tête directrice du Festival, la mission de donner vie à la pensée de Jean Vilar en faisant entendre ses mots dans la mythique Cour.

Photo © Christophe Raynaud de Lage

On attendait une lecture habile de ses écrits fondateurs, on a assisté à un véritable spectacle qui mettait en scène Jean Vilar déroulant son parcours et imposant son « utopie nécessaire » face aux réticences de l’époque. Dès le début, superbe, Jean Vilar est là, qui nous interpelle d’une des fenêtres du Palais des Papes. C’est Philippe Girard qui l’incarne avec une présence et une allure saisissantes. Autour de lui, les acteurs de la troupe d’Olivier Py figurent les compagnons du maître mais aussi ses contradicteurs. Le noyau dur, Maria Casarès, Gérard Philipe, Jeanne Laurent sont là, dès le départ de l’aventure, pour rappeler la mission de l’acteur et du théâtre. Plus tard, une scène digne d’un cabaret fait ressurgir René Char, Malraux, Sartre, Jean Genêt, Samuel Beckett, Giono, Anouilh et toutes les velléités intellectuelles de l’époque. Enfin, l’épisode mai 1968 discréditait sans recours, et sans nuance, Julian Beck et ses agitateurs.

Tout un monde ressuscité et animé grâce à un ingénieux dispositif de tréteaux qui pouvaient selon leur agencement figurer la scène ou les coulisses, Avignon ou Chaillot, où Vilar fonda le TNP, le Théâtre National Populaire. Au centre de tout cela, la parole de Jean Vilar, comme une flamme. Car même si cet impromptu est, très bien, déguisé en spectacle, L’Énigme Jean Vilar est avant tout un monologue. Celui d’un homme qui rêvait d’un théâtre qui implique la société et participe à ses débats, un homme conscient de sa mission morale et sociale de « réjouir l’homme, une tâche douloureuse », quitte à le bouleverser en jetant à bas toutes ses références, un homme qui voulait un théâtre populaire, c’est-à-dire pour tous et accessible à tous, un homme enfin, tout simplement avec ses doutes et ses fatigues devant l’immense tâche qu’il s’était imposée.

Un discours d’éthique hautement morale qui enthousiasmait forcément malgré ce vendredi soir des longueurs inhérentes à ce genre d’exercice. Une belle soirée de clôture en tout cas qui mêlait dans un même triomphe la flamme de Jean Vilar à celle de l’un de ses héritiers, Olivier Py, généreux passeur d’âme.

Agnès GROSSMANN
www.ruedutheatre.info

Le spectacle L’Énigme Vilar, Impromptu d’Olivier Py
Les écrits de Jean Vilar ont été présenté à 22h le jeudi 27 juillet dans la Cour d'Honneur.
Montage et mise  en scène : Olivier Py
Comédien : Philippe Girard
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26 juillet 2006 3 26 /07 /juillet /2006 18:42
ABUS DE MOTS

Le thème est maintenant lancé depuis le dimanche 9 juillet et a été répété 12 fois depuis, jusqu’à aujourd’hui, dernière représentation. Et c’est la lune que Hiroyuki Nakajima a choisie comme inspiratrice à ses créations calligraphiques. Dans un lieu religieux, la chapelle Saint Charles, l’expérience philosophico- esthétique, est fortement mise en scène, cadencée, rythmée autour de la figure du calligraphe, dont les œuvres antérieures pendent aux voûtes.


En rien, je ne veux douter de la maîtrise, de la qualité merveilleuse des œuvres du maître et de son savoir. La sagesse asiatique incomprise pour cause d’européocentrisme inspire toujours le respect et empêche de reconnaître les fraudes et les mystifications. Il serait fortement anti-poétique de prétendre que les œuvres toujours sensibles du monde asiatique ne sont pas belles pour être difficiles, et dans le cas de Lune ce serait carrément la preuve de ma bêtise et de mon ignorance grossière.
Cependant, et ce n’est pas ce spectacle que je veux questionner, et surtout pas sa qualité, il faut absolument cesser d’accepter sans douter ce mot de « performance ». Il serait bon de définir ce style, qui n’en est pas, qui n’en a pas, et qui envahit la typologie théâtrale et sert aux oisifs à classifier ou à justifier une création mauvaise. Que l’on s’entende. Ici ce n’est pas l’art, ce n’est pas l’œuvre que je mets en doute, mais la nécessité de mettre en scène la préparation à la création. Car cette phase, ce processus, ne peut jamais être remis en cause par le public, n’invitant jamais les spectateurs à y entrer. Le public regarde passivement le maître faire ses étirements et ses rituels intimes ou codifiés, préludes à la création de son œuvre. Voir l’œuvre se faire est une autre histoire, c’est un plaisir curieux et un moteur d’émotion. Mais quel sens en revanche aurait l’exhibition du processus qui n’a pour but que l’admiration d’une œuvre achevée, où le regard du spectateur n’intervient que pour esthétiser le comportement du créateur, et partant, le rigidifier dans un moment où au contraire le créateur ne doit être que lui-même ? Quel autre sens donner hormis celui non plus d’une exhibition mais d’un véritable exhibitionnisme digne d’une télé réalité ?

La performance vient d’un choix esthétique, d’une volonté politique, anti-conventionnelle, de la volonté d’effacer les limites et les cadres de définition. La performance ne peut devenir la télé réalité du théâtre, elle doit rester acte ponctuel, dans lequel le spectateur s’intègre suivant l’objectif clair du créateur. Il me semble nécessaire donc que les théoriciens du théâtre ou que les spectateurs restent vigilants et doutent de la validité des cases et des mots que les programmateurs veulent user pour vendre un art, -parfois très haut et excellent comme dans le cas de Lune-, pour un autre.

Frédérique MUSCINESI
www.ruedutheatre.info

Lune, performance de Hiroyuki Nakajima
La chapelle Saint Charles
Jusqu'au 21 juillet à 17h
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26 juillet 2006 3 26 /07 /juillet /2006 17:18
DES BARBARES PAS BARBANTS

Vu les mauvaises critiques jetées sur la pièce au début du festival comme autant de pelletés de terre, c’est en traînant les pieds que l’on se rend dans la Cour d’honneur. On se dit que les Barbares, c’est barbant. Eh bien non, pas du tout. C’est même drôlement bien. Et ce soir là, le public a fait une véritable ovation à cette pièce de Gorki mise en scène par Eric Lacascade. De quoi lui mettre du baume au coeur et réchauffer la Cour d’honneur.

Photo © Christophe Raynaud de Lage


Cela commence sur un quai de gare. De drôles de gens attendent un train qui doit amener des ingénieurs qui vont peut-être changer leur univers. On ne sait pas trop de quel univers il s’agit. On ne sait pas où on est. Vu les consonances des noms, cela se passe à l’est mais cela pourrait être n’importe où il y a des trains qui arrivent en gare. N’importe où il y a des gens qui attendent qu’il arrive quelque chose de nouveau. C’est-à-dire partout. En fait de reconstruction, l’arrivée des ingénieurs va surtout bouleverser les rapports entre les êtres. Le regard neuf porté sur la communauté va confirmer ou invalider certains comportements remettant en cause la place des uns et des autres. D’ailleurs ont-ils véritablement une place ces gens qui vont et viennent d’on ne sait où ? Rien ne semble avoir guidé leurs actes ou leurs attachements si ce n’est le hasard et ses opportunités. Du plaisir immédiat, de l’habitude. Pas de morale, pas de projet. Pas même l’espoir que cela change, juste l’envie d’un événement qui renouvelle le plaisir de l’instant. C’est donc avec joie que sont accueillis les ingénieurs. Leur chef a bien l’intention d’insuffler une direction à ce groupe de gens qui semblent à la dérive. Mais sa volonté s’émousse vite face au je m’en- foutisme général qui sert ici de ciment social. D’autant que ce chef ingénieur est séduit par la belle du village qui ne pense qu’à l’amour. Son désir lui fait délaisser sa femme qui passe la pièce à chercher elle aussi sa place. L’évolution du trio et celle du village se fait et se clôt en parallèle et dans la même amertume.

Une pléiade d’acteurs dont Eric Lacascade lui-même interprètent ce petit peuple désenchanté. Ils prennent possession de la Cour d’honneur qui symbolise parfaitement la place du village. Les dialogues sont courts et vif comme des grognements. L’expression des corps joue ici un rôle primordiale. Les acteurs font preuve d’une agilité étonnante exploitant des talents de gymnastes et de danseurs. Ils sont beaux à regarder tout comme le jeu de lumière qui enchante plusieurs fois au cours de la soirée la Cour d’honneur créant une atmosphère intimiste ou de fête de village. L’ensemble est très réussi et même si le discours de Gorki n’est pas toujours immédiatement compréhensible, Eric Lacascade fait passer une émotion forte de désespoir et d’errance qui semble l’essence même de la pièce. Il avait emballé la Cour d’honneur en 2002 avec son Platonov. Il a été moins bien accueilli cette année avec ces Barbares. Mais au final et au vu du triomphe fait par le public en fin de Festival, Eric Lacascade semble avoir une nouvelle fois réussi à imposer une vision du monde sombre, mais résolument esthétique.

Agnès GROSSMANN
www.ruedutheatre.info

Lire aussi la critique de notre reporter Anne Clausse.

Les Barbares, de Maxime Gorki
Adaptation et mise en scène Eric Lacascade.
Cour d’honneur du Palais des Papes à 22 heures jusqu’au 25 juillet.
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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 14:35
DES CRIS D'AMOUR, LA MORT, ET TOUJOURS L'AMOUR

Le jardin, une table, une chaise. Le vent. Les papiers de Pippo Delbono s’envolent. Il remercie une spectatrice qui les lui redonne. Il est timide et calme, il taquine avec le sourire son compagnon Pepe Robledo, qui se trouve à la régie son, derrière le public. Lentement, entre deux critiques ironiques de la société, Delbono commence à nous raconter sa vie.

Photo © Fred Nauczyciel

Il semble un enfant, un petit vieux assis à un bar, quelqu’un à la recherche d’affection. Sa vie remplace les critiques et les plaisanteries. Sa vie transforme la voix et le corps de l’acteur. Il fait un geste et Pepe met une musique. Delbono semble raconter son histoire à Pepe, tout lui raconter, encore une fois, lui répéter sa recherche du passé et de l’amour. Pippo Delbono ne lit plus, il se lève et il commence à jouer des textes de ses spectacles : du Temps des Assassins à La Rage ; d’Henry V au Silence. Il raconte ses morts, ses amours, ses rages, les dates fondamentales de sa vie, des dates toujours tombant en juin. Il décrit les petites rues décadentes et silencieuses de Gênes.

Récits de juin
est la narration intime de l’arrivée au théâtre de Pippo Delbono, de sa rencontre avec son monde d'êtres à la marge, différents, exilés pour toujours de la réalité. Le théâtre de Delbono n’est pas une philosophie conceptuelle, ni intellectuelle, c’est un acte intime et éthique à la recherche de l’origine de chaque discours et de chaque geste, de chaque désir, à la recherche de l’amour jusqu’à la mort. Le travail est étonnant. Les textes joués sont inspirés des écrits de Pier Paolo Pasolini, de Sarah Kane et de William Shakespeare. Ils vont jusqu’au bout de la répétition et du sens incompréhensible des mots : amour, mort et théâtre. Le langage est une construction désordonnée de phrases en italien et en français. Les monologues criés en italien restent des bruits de rage, avec des phrases gutturales qui restent dans le cœur du spectateur, lequel reconnaît des mots, encore amour et mort, et pleure.

Dans la performance de l’acteur, les nuances d’un registre à l’autre sont effacées. Delbono crie puis raconte tranquillement, puis il crie, puis il souligne une anecdote comique de son existence. Seules des émotions restent, des bribes d’image d’un corps qui se verse de l’eau sur la tête, qui se démène et agite les bras, qui sue, les cheveux dans les yeux. Le spectacle n’existe déjà plus. Nous avons retrouvé l’essentiel de nos vies, nous avons sué avec Delbono en effleurant tous les morts connus et aimés. Comment réussir à raconter le sifflement de Delbono dans la bouteille de bière à la recherche de l’amour perdu ? Comment réussir à dire son bras qui répète des cercles autour de son corps assis au sol ? Et la tête qui tourne en rond, les yeux fermés ? Les spectateurs sont des étrangers les uns par rapport aux autres, mais ils se reconnaissent dans leur intimité. Sans vidéo, sans décors, sans costumes, Pippo Delbono raconte sa vie et la vie des autres, par son corps halitueux et sa voix pénétrante.

Mattia SCARPULLA
www.ruedutheatre.info

Récits de juin, mise en scène et interprétation de Pippo Delbono, son de Pepe Robledo, a été présenté au Musée Calvet, du 17 au 20 juillet, Festival Avignon In.
Information : www.pippodelbono.it
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20 juillet 2006 4 20 /07 /juillet /2006 16:11
Dans le cadre du Festival In et du 60ème anniversaire de la décentralisation, une expérience singulière a eu lieu dans le jardin du Rocher des Doms dans la nuit du 16 au 17 juillet.

Par groupes réduits de cinq ou six personnes, les participants étaient invités à suivre un itinéraire balisé. Chacun d’eux prenait contact individuellement et successivement avec trois comédiens ou comédiennes. Le lieu, le moment, les conditions étaient très propices à la création d’un climat d’intimité physique que l’on ne rencontre que très rarement au théâtre. Le thème choisi pour ce festival était le secret. Il était alimenté par des textes inédits d’auteurs vivants, textes portant sur des expériences individuelles uniques, fortes, traumatisantes parfois. Dès son début, la rencontre avec un comédien ou une comédienne qui ne va jouer que pour vous seul a déjà un caractère d’étrangeté qui déconcerte… Aucune ou très peu de véritable relation de sujet à sujet dans cette promiscuité : tout est dans le texte qui vous est dit ou même chuchoté à l’oreille, et qui n’appartient pas à l’acteur, comme une confidence très personnelle. Au fil de ce cheminement d’une rencontre à l’autre, le caractère intime peut encore s’accentuer, et vous pouvez même devenir par procuration le destinataire muet de cette paradoxale lettre d’amour et de rupture que l’on est en train de « vous » écrire… et à laquelle vous ne pouvez – ni d’ailleurs ne voulez – répondre…

Tout cela au milieu d’un décor dans lequel les familiers du jardin des Doms ne reconnaissent plus vraiment leur lieu de promenade. Ce décor, générateur lui aussi d’un fort sentiment d’étrangeté, m’a fait penser, entre autres, au Marienbad d’Alain Resnais. Il donnait l’impression de se trouver hors du temps, mais non hors de la réalité… comme dans un rêve éveillé… Et le théâtre dans tout cela, penserez-vous ? Le théâtre est un moyen d’expression – et même un langage – collectif et individuel dans sa globalité; Mais cette contradiction n’est que de surface, car il peut toucher en même temps l’individu seul tout en s’adressant simultanément à un nombre élevé de spectateurs. Ici donc, nous avons participé à une expérience extrême, unique, volontairement réductrice à la limite individuelle de ce langage : le jeu théâtral, dans son caractère paradoxal, mais aussi comme une dimension essentielle de la relation individuelle à « l’autre ». Et c’est ce qui en faisait tout le grand intérêt.

Henri LÉPINE
www.ruedutheatre.info
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19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 21:26
À L'ÉPREUVE DE LA BEAUTÉ HUMAINE

Après avoir sillonné l’Europe avec quelques uns des ses spectacles cultes tel que La Chambre d’Isabella qui apparaît à ce jour comme une référence dans le bel itinéraire de Jan Lauwers, la Needcompany présente à Avignon le Bazar du Homard.


Nous voici admis dans la fabrique théâtrale de cet auteur, metteur en scène, cinéaste qui se présente avant tout comme un plasticien : « C’est une certitude, c’est ma racine, celle qui me sert à utiliser toutes les autres disciplines que je considère comme autonomes. C’est la raison pour laquelle on qualifie mon théâtre de visuel. » J. Lauwers est l’auteur du texte de sa nouvelle création, pièce pour huit danseurs où de petites et grandes tragédies évoquent des fragments d’actualité sur un écran de fiction/friction. Une aventure théâtrale qui a débuté à Avignon l’été dernier sous la forme d’un Needlapd, cette fameuse formule d’ateliers – spectacles qui présentent au public les ébauches d’une œuvre. Jan Lauwers cherche visiblement à ce que le public se sente proche de son processus de création et lui confie le soin d’apprécier les différentes facettes de son univers. « L’art se déroule dans la zone d’ombre où imaginaire et réalité se contrecarrent et c’est au spectateur de déterminer le sens de l’ensemble », précise-t-il dans l'un de ses essais.

Nous embarquant dans un bazar narratif qui entretient sans relâche le goût de l’insolite et de la provocation, la pièce relève d’un genre inclassable dans lequel la Needcompagny excelle d’ailleurs. Cette tragi-comédie décalée trouve son rythme dans le perpétuel renouvellement des formes qui la composent : musique, danse, arts visuels, chants. À travers une succession de récits et d’images, l’histoire d’une série de personnages traversés par une douleur dont ils essaient de s’accommoder nous est dévoilée : Axel n’a pu sauver son fils ; Mo « dont on ne sait si c’est le diminutif de Moïse ou de Mohamed » ne possède aucune identité ; Salman « n’est pas », il est un clone en proie à l’ennui ; Vladimir serait un violeur d’enfants… Au fur et à mesure que l’on appréhende ces vies incertaines, sombres, taraudées par le désir de vivre mieux, plus parfaitement – « Tu voulais la perfection. Mais la perfection est tellement prévisible, monotone… ton homme nouveau, il crève de monotonie. » –, l’art revêt son rôle de producteur de pensée. Quel est notre seuil de tolérance pour les doutes et les faiblesses humaines ? À quel « life style » aspirons-nous ?

Des êtres les plus violents, Jan Lauwers parvient à cerner une beauté singulière. Ce théâtre qui se joue aux confins de l’absurde apparaît soudain comme une mise en perspective, extrême, logique et désarmante du réel qui nous assaille – les voitures brûlent. La question du sens revêt ici toute son importance dans des termes teintés d’un humour caustique : What does a lobster mean ? Dès lors, l’artiste devient un médiateur entre le monde empirique et sa transcendance, mettant par là même nos consciences en péril.

Pauline BARASCOU
www.ruedutheatre.info

Le Bazar du homard, de Jan Lauwers Festival In d’Avignon, Cloître des Célestins
Du 9 au 15 Juillet www.needcompany.org
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19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 21:16
PARADE RITUELLE ET MONUMENTALE

La mise en scène d’Anatoli Vassiliev de l’Iliade, Chant XXIII est rythmiquement et esthétiquement parfaite. C’est une dramaturgie riche et complexe, qui mêle des éléments spectaculaires de différentes religions et traditions asiatiques et occidentales.

Photo  © Compagnie Vassiliev

Au travers de ce métissage symbolique et culturel, Vassiliev semble chercher les origines communes des toutes les traditions, les racines des croyances et des luttes humaines de pouvoir. Les quarante-sept interprètes, robots aux ordres de leur metteur en scène, dansent et chantent, sévères et tragiques, jouant une humanité dominée par le destin et les dieux, mais qui tente de se faire une raison de la guerre. Des gestes d’arts martiaux, des actions de cérémonies orthodoxes, des pas de danse folklorique passent sur les corps en tension, voués à un long rituel de silence et d’immobilité, de combat et de prière. Dans un décor sobre et minimaliste, rappelant le théâtre grec antique, les robots-comédiens, habillés de kimonos japonais, portent en scène des objets appartenant à tous les siècles, représentant ainsi le retour cyclique des mêmes erreurs de l’humanité.

Mais Vassiliev ne donne pas au public des clés pour comprendre son spectacle. On ne doute pas que le travail du metteur en scène soit intelligent. Mais on ne voit qu’un défilé de symboles et d’objets dont on connaît la signification sociale et dont on ne peut comprendre le rôle scénique. Les différents tableaux de l’Iliade sont bien retranscrits visuellement, mais trop intellectuellement : Vassiliev semble avoir oublié qu’il met en scène pour un public, et semble avoir porté sur le plateau ses thèses scientifiques et morales, sans les retravailler pour faire participer le public à un débat. Le spectacle s’inspire du constructivisme russe, son esthétique rappelle aussi les ballets classiques créés sous le régime soviétique, tout comme les autres parades monumentales propagandistes. On ne comprend pas le pourquoi de ce spectacle, et on se trouve rejeté au début du XXe siècle, lorsque des corps-robots remplissaient les stades pour adorer le pouvoir du dictateur. Des combats entre deux individus ou entre deux groupes, des parades acrobatiques, des chants mystiques, des clichés sortis des films de série C sur le karaté et la culture japonaise forment enfin une trop grande confusion symbolique. Les comédiens semblent jouer un rite personnel, un secret sectaire, devant des gens qui ne sont pas initiés.

Enfin, pendant deux heures et quarante minutes, l’ennui règne à la Carrière Boulbon : les comédiens jouent pendant que les spectateurs discutent entre eux et font parfois attention à l’entrée en scène d’un nouvel objet symbolique. Pour de nombreux spectateurs, reste peut-être le regret de ne pas pouvoir se faire une idée personnelle de l’univers pourtant si mystique de Vassiliev.

Mattia SCARPULLA
www.ruedutheatre.info

Iliade, Chant XXIII, Les Funérailles de Patrocle, les Jeux, d’Homère, mise en scène d’Anatoli Vassiliev, Ecole d’Art Dramatique de Moscou, a été présenté le 14, 16 et 17 juillet, Carrière de Boulbon, Festival d’Avignon 2006

Informations : Festival Avignon In 04 90 14 14 60 
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19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 18:37
Bernard Faivre d’Arcier propose le 20 juillet au cinéma Utopia un documentaire sur les 60 ans du Festival d’Avignon et une série d’émissions radiophoniques sur France Culture.

Votre actualité ?

« J’ai élaboré un documentaire sur Avignon en vue de son soixantième anniversaire. J’ai fait cette proposition à la Chaîne Arte. Et Michel Viotte qui est un documentariste, qui a beaucoup travaillé sur l’Afrique, qui vient notamment de réaliser un film sur le Musée des Arts Premiers, Quai Branly, a souhaité participer au projet. Pour la production, on a fait naturellement appel à la Compagnie des Indes, qui s’occupe depuis longtemps déjà de la captation des spectacles avignonnais. Sachant qu’il n’y a pas toujours eu d’archives filmiques, j’ai refusé le découpage chronologique pour une organisation thématique. Le film dévoile l’histoire du Festival d’Avignon à partir d’images d’archives et d’une quinzaine d’interviews de réalisateurs, comme Olivier Py, Thomas Ostermeier, de comédiennes, comme Valérie Dréville, et de témoignages de l’époque Vilar (Sonia De Beauvais et Paul Puaux). (...) Ce que je montre dans ce travail, c’est que l’irruption de nouvelles formes artistiques ne s’est jamais faite sans heurts. En 1964/65, lorsque Vilar cesse de mettre en scène et invite Maurice Béjart dans la Cour d’Honneur, c’est l’émeute. Béjart fut très contesté. Il en fut de même lors de la diffusion de La Chinoise de Jean-Luc Godard. Le Festival a subi des crises permanentes, celle de 2005 s’inscrit dans la continuité. Avant elle, il y eut Merce Cunningham et la danse abstraite. Bob Wilson. Antoine Vitez avant d’entrer dans la légende avec son Soulier de Satin a été descendu par la critique. »

Et votre bébé Theorem* ?

« On a fermé Theorem, il y a quatre jours. C’était la fin d’un cycle et la Commission européenne ne le finance plus. C’était un cycle de trois ans, renouvelable une fois seulement. (...) Cela a moins de raisons d’exister aujourd’hui. On a fait connaître tellement d’auteurs. L’ouverture est faite. »

(* En 1998, le Festival d’Avignon initie le projet de coopération européenne THEOREM, dans le but de soutenir et de faire connaître aux publics européens le travail de jeunes artistes talentueux d’Europe centrale et orientale, dans le domaine du théâtre et de la danse contemporaine.)

Votre regard sur le théâtre actuel ?

« Jusqu’aux années 80, le théâtre avait une fonction éducative. Seul le contenu et les formes épurées importaient. La fantaisie artistique n’avait pas sa place. Puis la volonté d’apporter une plus grande charge artistique s’est imposée. Pina Bausch par la danse a participé à cette ouverture à la différence. Aujourd’hui, l’ouverture est faite. On assiste au contraire à un retour de l’adéquation entre la forme et le contenu. Et l’enjeu politique est de plus en plus important. Il faut lester le théâtre d’un poids politique. Nous subissons d’énormes pressions. »

Les spectateurs ont envie qu’on leur raconte des histoires qui leur ressemblent ?

« Oui. Ils sont exigeants, informés. Heureusement, Jacques Nichet, Didier Bezace, George Lavaudant assurent ce renouvellement. »

Peut-on parler de vitalité du théâtre français ?

« Oui. Mais il faut que les metteurs en scène français s’intéressent davantage aux textes étrangers. Ils ne le font pas assez pour des raisons de temps, d’administration et aussi de manque d’ouverture d’esprit. Peu lisent l’anglais, l’allemand. Ils devraient financer des traductions de travail. A Berlin, ça se fait. On ne peut pas pour autant dire que le théâtre français manque de vitalité. Regardez les formes diverses, qu’il peut prend en s’associant au cirque, à la danse, la rue, la vidéo. Je pense au merveilleux travail de Christophe Huysmans. Bartabas aussi propose un théâtre populaire et magnifique. A lui seul, il rassemble 35.000 spectateurs. C’est du In. »

C’est un cas isolé. Ne pensez-vous que le In demeure élitiste ?

« Le théâtre permet à beaucoup de gens de tenter ce qu’ils veulent. C’est pour ça qu’il faut continuer de défendre le statut d’intermittent. Quant au Off, il survit plus qu’il ne vit ? Il faudrait d’autres festivals Off en dehors d’Avignon. Et trouver d’autres rendez-vous, que des villes en France se proposent d’accueillir cette manne créative ! Avec le In et le Off, on a un schéma complet de ce qui se fait. Chacun a sa fonction. »

Que pensez-vous des guerres intestines qui animent le Off ?

« Des enjeux professionnels et financiers. Comme je le disais déjà à l’époque de mes mandats, il y a trop de pressions car il n’y a pas d’instance représentative du Off. »

Si vous aviez une baguette magique ?

« Je voudrais que le Centre National du Théâtre (CNT) - ndlr : BFA en a été directeur de 1993 à 98 - soutienne des initiatives comme la vôtre, mais aussi une revue écrite. Il faut interpeller les professionnels. Les scènes nationales pourraient donner une cotisation de 100 euros par mois pour l’existence de nouveaux médias. C’est important la circulation des idées. J’appelle au renouvellement des directeurs de centres dramatiques. J’en ai fait les frais. J’avais 35 ans, quand j’ai pris la direction du Festival. J’ai été remplacé par Vincent et Hortense qui eux ont aussi 35 ans. Il y a une passation nécessaire. Il en va de même pour les critiques, mais on refuse hélas de s’attaquer aux médias. Circulez les critiques ! »

Propos recueillis par Maia ARNAULD

Cour d’honneur et champs de bataille, sera diffusé jeudi 20 juillet à 14h au Cinéma Utopia (Avignon). Depuis le 26 juin et jusqu’au 21 juillet, sur France Culture, Bernard Faivre d’Arcier se raconte.

Parcours de BFA :

Bernard Faivre d’Arcier, administrateur civil, choisit, à sa sortie de l’ENA en 1972 le ministère de la culture. En 1980, il devient directeur du Festival d'Avignon.
Conseiller culturel du Premier ministre (1984-1985), il crée en 1986 la Sept, pôle français de la chaîne Arte.
En 1989, il organise les manifestations célébrant le bicentenaire de l’Assemblée nationale.
Il devient directeur du Théâtre et des Spectacles de 1989 à1992.
De 1993 à 2003, il est de nouveau directeur du Festival d’Avignon, directeur (1993-98) du Centre national du Théâtre et commissaire pour la Saison hongroise 2001 en France.

Photo © DR - Festival d'Avignon

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