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Coaching prise de parole

           

Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

12 novembre 2007 1 12 /11 /novembre /2007 11:03
LES CENDRES FROIDES ET POÉTIQUES DE NOTRE MONDE

L’encre a pu couler comme le miel sur les corps, déverser son fiel avant l’heure pour détruire un spectacle, Rodrigo Garcia aura réussi à faire taire la polémique. Loin de s’être assagi, le metteur en scène hispano-argentin présente, dans le cadre du 36ème Festival d’Automne à Paris, un spectacle où la poésie est venue canaliser sa rage pour mieux l’exprimer.


Poursuivant son combat contre l’omniprésence de l’abondance – sous toutes ses formes – dans notre société, il propose une vision noire et métaphorique du futur. Avec ce titre évocateur Et balancez mes cendres sur Mickey, Garcia semble boucler sa réflexion sur le monde consumériste, comme une conclusion de la série de spectacles montés depuis 2002, de Jardinage Humain à L’Histoire de Ronald, le clown de Mac Donalds’.

Du monde actuel – bruyant, saturé par la musique et les sonorités stridentes, le metteur en scène plonge la salle au milieu d’un monde silencieux où seule la parole – désincarnée – résonne encore comme un écho des nombreux avertissements lancés auparavant. Le texte – projeté ou donné sans interprétation par les comédiens-performeurs – est, à la fois, un média, un médiateur voire un médium tant la vision qui est mise en espace est apocalyptique. La voix robotisée qui résonne comme un sermon dans ce silence religieux témoigne du vide créé par la surconsommation du tout qui amène au rien.

Et-balancez--ChristianBerthelot.jpg
Voir se consumer le fil de nos vies

Rodrigo Garcia choisit de donner à la matière une signification différente. Dans cette œuvre d’anticipation, la matière devenue rare revêt un caractère précieux, contrairement à l’abondance auparavant déversée sur les plateaux. Du miel suintant sur des corps nus au feu consumant le fil de nos existences, l’évocation – au travers de la boue – des conséquences écologiques de nos comportements, l’Homme semble dépourvu de matière après en avoir été esclave. 

Dans ce monde, « survivent » trois acteurs dont il faut souligner la performance tant le corps dans le travail de Garcia est éprouvé et tout entier dévoué au spectacle. Un don de soi qui participe à transmettre au spectateur une sensation physique centrale dans le travail du metteur en scène.

Dans Et balancez mes cendres sur Mickey, Rodrigo Garcia dévoile une dimension poétique qui apporte plus de force et de modération aux tableaux vivants qu’il représente sur scène. Dans un spectacle déclinant encore et toujours le même propos revendicatif et ciblé, il semble tout de même se perdre dans un foisonnement de signes et une esthétique très travaillée. Même si l'on peut regretter de retrouver par bien des aspects les traits caractéristiques de son travail, sentir l’intimité et l’amertume assumée de cet auteur de scène apporte un autre souffle à cette proposition qui marque(rait) une certaine maturité : « Elle devient plus intime, plus austère, elle va à l’encontre du marché qui, lui, continue à réclamer de la violence, du militantisme anti-globalisation et du bruit. » (1)

(1) Rodrigo Garcia, propos recueillis par David Sanson

Jérôme DELAGE (Paris)

Et balancez mes cendres sur Mickey, texte et mise en scène de Rodrigo Garcia
Avec : Jorge Horno, Nùria Lloansi et Juan Loriente
Coproduction La Carniceria Teatro, Théâtre National de Bretagne/Rennes, Bonlieu – Scène nationale d’Annecy
Coréalisation Théâtre du Rond Point, Festival d’Automne à Paris

Au Théâtre du Rond Point à Paris du 8 au 17 novembre 2007.

Crédit photo ©ChristianBerthelot
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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 19:10
DÉTOX OU INTOX ?

Après Le Vieux juif Blonde l’an passé, une nouvelle pièce d’Amanda Sthers se joue cet automne à Paris. Dans Thalasso, un malade, un amoureux, une future mariée, un couple, se croisent dans la salle de repos d’un établissement thermal. Une comédie légère et réussie portée par Gérard Darmon et Thierry Frémont.

Le rideau du théâtre Hébertot se lève et le « générique » de la pièce commence.  Sur un rideau transparent et une musique guillerette est projeté le titre de la pièce. Si certains seront surpris par cette entrée en matière, d’autres ne pourront s’empêcher de penser que, le rétroprojecteur semble aujourd’hui être l’outil incontournable que tout metteur en scène se doit d’utiliser pour être en vogue dans la capitale. Une fois le spectateur en condition, la volume de la musique baisse tandis que le pseudo-rideau se lève. On découvre alors un décor très réussi :  canapés et fauteuils écrus, aquarium à bulles, vue sur le sauna et long couloir menant aux cabines. C’est dans cette salle de repos où le curiste en peignoir blanc transite entre deux soins, que se croiseront les personnages.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, on ne tombe pas dans un univers féminin. La pièce s’ouvre sur Aristide (Gérard Darmon) et Jean (Thierry Frémont). Ce couple qui tient le haut de l’affiche, centralise les regards. Aristide, un malade atteint d’un cancer du poumon, est venu se reposer. Jean, un homme toujours en bonne santé et en pleine forme n’est pas là pour faire une cure de jouvence mais pour essayer de reconquérir Alexa. Cette future mariée qui prend quelques jours de repos dans l’établissement avant le jour J. Jusque-là, tout paraît simple. Mais l’histoire se complique quand Aristide demande à Jean d’épouser sa femme une fois qu’il sera décédé. Pour Jean, qui a déjà croisé cette belle et célèbre cancérologue, l'incongrue proposition est tentante. Plus que tentante… S’il n’y avait Alexa.

Entre deux soins à l’huître prodigués par l’esthéticienne (Axelle Charvoz) et une tisane détoxifiante, chacun essaie de parvenir à son but. Mais c’est sans compter les interruptions de Gérard et Josiane, gagnants du concours du « couple le plus complémentaire » et bénéficiaires à ce titre de soins gratuits. Un peu patauds, émerveillés, ils pourraient être des cousins de la famille Groseille. Derrière leurs peignoirs blancs, ils essaient de se fondre dans la masse sans parvenir à atteindre la classe de leurs compagnons.

Un ton enlevé


Les répliques souvent cassantes et cyniques s’enchaînent pour notre grand plaisir. Vif et enlevé, le ton se colore aussi d’une pointe de tendresse quand elle s’avère nécessaire. Les dialogues d’Amanda Sthers se révèlent plus profonds que ce qu’ils pourraient laisser paraître au premier abord. Au travers ces histoires d’adultère, de couple banal, de vie ratée, de place difficile à trouver dans la société, Amanda Sthers propose, à ceux qui voudront le voir, une vraie réflexion sur notre société même. Reste que ceux qui étaient sortis enthousiastes du Vieux juif blonde resteront sur leur faim. La densité de ces deux pièces sont incomparables et on ne ressent pas les mêmes émotions.

Très attendu, le duo Gérard Darmon et Thierry Frémont séduit. Il offre deux personnages drôles, attachants et contraires mais aussi paumés l’un que l’autre. Alexandra London donne vie à une Alexa belle et inaccessible. Mention spéciale à Jean-Philippe Ecoffey et Ariane Séguillon, leur « couple complémentaire » en peignoirs blancs fonctionne parfaitement. Toute cette équipe porte une pièce drôle et légère, qui passe très vite et dont on sort de bonne humeur.

Juliette CELLO (Paris)

De Amanda Sthers
Mise en scène : Stéphane Guérin-Tilié
Assisté de Caroline Duffau
Avec Gérard Darmon, Thierry Frémont, Aleaxandra London, Jean-Philippe Ecoffey, Ariane Séguillon, Axelle Charvoz.
Décor : Francis Guibet
Costume : Pascale Arrou
Son : Elisabeth Paquotte
Lumières : Jean-Luc Chanonat
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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 18:48
LE DIABOLO DANS TOUS SES ÉTATS

Le Cercle s’inscrit dans ces nouvelles performances mélangeant danse, théâtre et cirque. Trois personnages évoluent sur une scène meublée uniquement de sons et de lumières, deux comédiens jongleurs de diabolo et un contrebassiste, mystérieux chef d’orchestre. Une adaptation du nouveau spectacle étourdissant de la compagnie Tr’espace médaillée d’argent du 25ème Festival Mondial du cirque de Demain.


C’est au cœur d’un espace vide et dans une ambiance sonore dérangeante qu’apparaît le seul fil conducteur du spectacle : Le Diabolo. Virevoltant dans tous les sens, par le biais de prouesses techniques qu’on a du mal à suivre, il nous montre l’étendu de ses capacités. Sur scène, les deux compères s’évertuent à pousser leurs instruments aux limites du faisable, pour le plus grand bonheur d’un public émerveillé. Les deux manipulateurs, Petronella von Zerboni et Roman Müller ont souhaité à travers ce spectacle aller au bout des possibilités de leur instrument de prédilection. Cette expérience a donné des passes aussi bien verticales qu’horizontales, avec des savoirs faire ahurissants et des combinaisons qui laissent le public bouche bée.

le-cercle--Philippe-Deutsch-.jpg
Au milieu de ce tourment émerge un personnage plus que spécial : le joueur de contrebasse. A la fois  narrateur, spectateur et acteur, il observe jusqu’où peuvent aller les objets, les encourage, et se laisse finalement entraîner à son tour dans un jeu de manipulation à l’extrême. Il enregistre et diffuse des sons de scie musicale, des bruits quotidiens dont on se passerait bien, offensant la poésie du spectacle. Mais cela n’altère en rien le jeu des comédiens, dont les corps se croisent, se touchent, fusionnent, toujours autours du diabolo.

Au bout des limites

Pas d’histoire, juste une poétique démonstration alternant énergie et douceur, curiosité et maîtrise. Le cercle est bel est bien le centre et le clou de ce spectacle. La scène adopte habituellement cette forme, pour laisser les spectateurs se placer tout autour d’un espace rond, et voir se déplacer les comédiens au sein même d’un cercle qui, brisé en deux, donne le diabolo. Ici c’est une adaptation à une scène de théâtre classique qui est proposée, mais toujours dans cette envie d’expérimentation, d’utilisation d’un espace au maximum.

Le théâtre d’objet peut compter un nouveau chef d’œuvre dans sa famille. Les comédiens endossent un triple rôle de musiciens danseurs, comédiens et jongleurs, avec un talent prononcé pour les situations extrêmes. La vitesse, la rigueur, le savoir faire, et toujours un jeu dans le corps et le faciès font de cette démonstration une expérience étonnante pour un public averti ou non. Les diabolos s’échappent des baguettes et sont rattrapés à la volée, avec une précision déconcertante et des échanges difficiles à saisir. Les figures s’enchaînent et se déchaînent au rythme répétitif d’intonations frénétiques d’un contrebassiste qui utilise son outil comme il en ferait d’un tambour ou encore d’un clavier… Il réserve plusieurs surprises au spectateur, devenant tour à tour chef d’orchestre ou manipulateur à part entière.

Les joueurs de diabolo se narguent, s’affrontent, avec une chorégraphie parfois douce et d’autres fois intense, et un souci de mise en difficulté, rendant plus ardue la recherche des limites du jeu, du corps et des objets. Ici tout tourne en rond : la musique, les lumières, les comédiens, les diabolos, pour un résultat final qui donne, avec grand plaisir, le tournis.

Jennifer MAYEUR (Paris)


Avec : Petronella von Zerboni, Roman Müller, Mischa Blau
Lumières : Laurent Béal
Costumes : Urs Steiner
Regard extérieur : Jacques Souvant et Isabelle Rivoal

Au théâtre du Ranelagh, 5 rue des Vignes, 75016 Paris
Jusqu’au 25 novembre 2007, du mardi au samedi à 19h, dimanche à 15h.
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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 22:59
UN HOMMAGE À COCTEAU, LITTÉRATEUR DE GÉNIE

Certains artistes sont incompris, d’autres maudits, d’autres encensés et d’autres méconnus. Jean Cocteau fait partie de cette dernière catégorie. Malgré ses multiples talents, cet artiste accompli n’a pas trouvé, dans ses œuvres, le retentissement nécessaire pour devenir une figure artistique incontournable. Or c’était mérité. C’est ce que veut, en tout cas, mettre en avant la pièce.


Cocteau cet inconnu
cherche à réhabiliter le talent d’un homme à travers un éloge posthume. Un éloge vibrant et passionné, fait par un Edouard Exerjean très en verve. Comédien hors pair, il clame avec force et conviction les textes de Cocteau, sélectionnés avec soin. Ces textes, d’une puissance poétique étourdissante, passent en revue les grands pans de la vie de l’homme et de l’artiste. Ses amours, ses révoltes, ses critiques, son humour. Tour à tour abîmé par la cruauté décevante de certains écrivains (tel François Mauriac qui attaqua ostensiblement l’une de ses pièces), séduit par la beauté de son amant et révolté par l’hypocrisie d’une société ampoulée où il ne trouve pas sa place, le spectateur découvre un homme sensible et brillant, qui a su domestiquer merveilleusement la langue française.

Edouard-Exerjean.jpg
Des mots mis en musique

La splendeur des textes est rehaussée par des morceaux de piano qui illustrent les différentes lectures. Edouard Exerjean, avec une grâce royale et une fougue contenue, joue des compositions d’artistes classiques et contemporains. A des morceaux de Frédéric Chopin succèdent des morceaux d’Eric Satie, de Francis Poulenc, d’Arthur Honegger, de Darius Milhaud, de George Auric, de Louis Durey ou encore de Germaine Tailleferre. Autant de compositeurs qui constituaient le groupe des 6, formé par Cocteau dans les années 50 pour mettre en musique leurs textes.

Pianiste de renommée nationale, Edouard Exerjean témoigne d’une maîtrise exemplaire de l’instrument. Son doigté est fluide, net, précis et énergique. Ses mains courent sur le piano avec une rapidité déconcertante. Son jeu envoûte le spectateur, qui voyage au gré de ses notes frappées ou caressées.

La magie du spectacle réside en cette communion étonnante entre l’artiste disparu qu’est Cocteau et l’artiste vivant qu’est Exerjean. Ce dernier s’est si bien approprié les textes qu’une confusion entre l’auteur et l’interprète se produit. La pièce en ressort alors plus authentique et vivante, et les lectures, plus proches du conte que de la simple récitation théâtrale.

Cécile STROUK (Paris)

Infos pratiques :
Cocteau cet inconnu
Texte : Jean Cocteau
Interprétation : Edouard Exerjeanmise
Musique de Satie, Poulenc, Auric, Milhaud, Honegger.

Au Théâtre du Tambour Royal
94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris
Réservation : 01 48 06 72 34

A partir du 11 octobre 2007.




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2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 11:33
UNE POUPÉE QUI FAIT OUI

A son enterrement, Adèle, cent ans passés, décide de prolonger un peu le plaisir et de revivre quelques fragments de sa vie en compagnie de ses sept enfants.


Contrairement à l’histoire de Blanche-neige et de ses sept amis barbus, les enfants d’Adèle ne sont pas en admiration devant elle. Trop fière, vêtue d’une robe trop rouge, Adèle semble les exaspérer avec ses excès et même sa mort, supposée, ne semble pas avoir eu raison de ses envies débordantes. Car contrairement à Blanche-neige, les pommes ne font pas peur à Adèle, elle qui en a croqué à tout-va et des pas empoisonnées, si ce n’est à l’amour. « Moi, j’ai fait l’amour partout » dit-elle fièrement, et c’est là le parfait résumé de sa vie, une épitaphe ante mortem que ses souvenirs, à géométrie variable, vont illustrer sous les yeux tour à tour inquiets, incrédules et impatients de ses enfants.
ad--le.jpg
Depuis son adolescence à la campagne jusqu’à sa vie adulte, Adèle n’aura été guidée que par une seule loi, l’amour. Mais elle ne le cherche pas, l’amour, elle le trouve tout simplement, il lui tombe dessus comme une évidence, et il ne lui reste plus qu’à dire oui. Oui à Rodolphe, d’abord, qui se demande comme Brel « pourquoi ont-ils tué Jaurès » et qui mourra à son tour lors de la Grande guerre, oui à Julio ensuite, le virevoltant argentin que tout le monde prend pour Zorro et qui fera faire le tour du monde à Adèle, oui à Léon finalement, l’éternel prétendant qui parvient enfin à ses fins, et oui à tous les autres, trop nombreux pour que l’on puisse retenir leurs noms, mais trop importants pour qu’Adèle les oublie totalement.

Des passages musicaux réussis

Cette Adèle, composée et mise en scène par Jacques Hadjaje est comme un trou noir qui aspire tout l’amour autour d’elle. De son écriture fine et directe, mêlant humour et poésie, il raconte la vie de cette femme ordinaire au cœur extraordinaire, une héroïne mue par une énergie vitale, une ouverture infinie qui lui font répondre « amour » à tous les « pourquoi ».

La mise en scène est centralisée autour de deux axes, un mat vêtu d’un voile qui figure aussi bien l’aiguille d’un gratte-ciel que le pilier d’une salle de bal, et Adèle, un axe mouvant autour duquel gravitent des personnages satellites. La structure apparemment chaotique de la pièce, une suite de fragments de souvenirs, dont certains sont imaginaires ou déconstruits, s’unifie dans et par la musique. Les rythmes varient et permettent le passage d’un souvenir à l’autre, d’une temporalité à une autre et ce de façon vraiment naturelle, ce qui est une des plus grandes réussites de la pièce, avec la direction des comédiens, d’Isabelle Brochard (Adèle), digne et loufoque, à Guillaume Lebon (Léon), drôle et émouvant, en passant par Sébastien Desjours (Julio) qui roule les « r » avec un enthousiasme sans égal. Toujours présents sur scène, qu’ils soient au centre de la narration ou qu’ils se contentent d’observer de côté, le jeu des comédiens donne l’impression que les personnages ont conscience d’être des êtres de fiction et qu’ils se prennent au jeu avec les spectateurs qui, eux, sont conquis.

Morgan LE MOULLAC (Paris)

Adèle a ses raisons, écrit et mis en scène par Jacques Hadjaje
Musique originale : Jean Bellorini
Musique interprétée par : Anne Didon et Romain Lemire
Scénographie : Patricia Lacoulonche
Costumes, peintures et accessoires : Chantal Chiettini
Lumières : James Angot
Avec : Isabelle Brochard, Sébastien Desjours, Anne Didon, Anne Dolan, Guillaume Lebon, Romain Lemire, Delphine Lequenne, Laurent Morteau.

Au théâtre Le Lucernaire, 53, rue Notre Dame des Champs 75 006 Paris
Du mardi au samedi à 21h30 et le dimanche à 15h
Du 26 septembre au 24 novembre 2007.
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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 17:13
LA FABRIQUE À RÊVES

La troupe de l’Art Eclair présente les péripéties d’une grande multinationale vues de l’intérieur. Entre Brazil et Caméra Café, mais avec une bonne dose de bourbon en prime, Aziou Liquid est drôle, onirique et intelligemment mené.


Aziou Liquid n’est pas une entreprise. Pas plus en tout cas que Sony, Universal ou Google. Aziou Liquid est une famille, une firme, que dis-je, c’est une multinationale !
Hannibal, un jeune homme à la démarche hasardeuse des timides, arrive un jour chez Aziou Liquid et ose briser une sorte de tabou, il demande un emploi. On lui rit au nez, mais le mal est fait : à force de chercher du travail, il va bien finir par en trouver. La secrétaire générale – une intouchable, elle est enceinte du président – est séduite et engage Hannibal, dont le nom le prédestine sans doute à de grandes choses. Aziou Liquid est une société si puissante que ses contours, ses domaines d’activité sont flous.

La pièce d’Olivier Brunhes est à son image, abritant des personnages fascinants et méprisables et variant les tonalités, de l’absurde à la caricature. Le thème du travail est au coeur de la réflexion. Dans le monde d’Aziou Liquid, la vie se confond avec le travail et même se fait absorber par lui. Que reste-t-il donc d’humain à ces employés-robot, se déplaçant en groupes bien homogènes et ne vivant que pour obtenir de meilleures conditions de travail ? « Ce que la Compagnie attend de vous, c’est un écoulement de vous-même » s’entendra dire un employé et effectivement, les employés s’abandonnent à leur entreprise jusqu’à en perdre leur identité propre : le peu de détails personnels que l’on apprend sur eux est en lien direct avec la compagnie, celle-ci est enceinte du président, celle-là a des problèmes d’horaires ; le travail absorbe la vie, donc, tout comme le livreur de Pizzas se fait progressivement absorber par Aziou Liquid.

Hannibal, Virgile et les autres…

L’arrivée d’Hannibal va doucement perturber le fonctionnement de la machine. Personnage ambigu, il commence par s’attirer les faveurs des employées, puis celles du directeur adjoint ; étoile montante de l’entreprise, les préceptes d’Aziou Liquid deviennent siens et il n’hésite pas à licencier à tours de bras. Il révélera plus tard son véritable dessein, dynamiter Aziou Liquid de l’intérieur, comme un Faust déjouant les projets de Méphistophélès.

L’écriture à trois mains – Koffi Kwahulé, François Prodomidès et Olivier Brunhes – et la large part donnée à l’improvisation dans sa conception rendent ce spectacle quelque peu décousu, mais surtout imposent une atmosphère originale, absurde et poétique, comme dans un rêve étrange. Les acteurs de la compagnie l’Art Eclair investissent la scène, se haïssent, se jalousent, s’attirent et se convoitent et semblent tous habités par l’atmosphère de douce folie qui règne sur la pièce. Comme Dante est guidé par Virgile dans son périple aux enfers, le spectateur est accompagné dans son éprouvant voyage d’un Jean-Marie Burucoa ironique, agressif et mondain. Alors que les spectateurs gagne leurs places, il les interpelle : « qu’est ce que vous faites ? », demande-t-il comme pour leur suggérer quelques remords à ne pas être au travail. Onirique et effrayant, le monde d’Aziou Liquid semble tour à tour proche et lointain rêvé et réaliste, et le public, lui, ne sait pas s’il doit rire ou s’en alarmer.

Morgan LE MOULLAC (Paris)

Aziou Liquid, rêves au travail
Ecrit par Olivier Brunhe, Koffi Kwahulé et François Prodromidès
Mise en scène de Olivier Brunhes
Scénographie de Bastien Courthieu et Corinne Véron-Durand
Chorégraphie de Tom Yang
Lumière et son de Bastien Courthieu et Gilles Normand
Avec : Johann Abiola, Veronika Beiweiss, Bernard Boey, Faouzia Boquet, Antoine Brugière, Jean-Marie Burucoa, Virginie Cuisinier, Isabelle Decroix, Jean-Pierre Deverly, Alain Dumas, Stéphanie Lanier, Vincent Martigny, Isabelle Sueur, Aurélia Tastet, Hélène Théry, Alice Varenne, Robert Varlet.

Au théâtre Berthelot, 6, rue Marcelin Berthelot, 93100 Montreuil.
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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 17:07
AUTOPSIE D’UN COUPLE EN PERDITION

Deux ans après la mise en scène d’Annick Blancheteau, L’Autre revient sur les planches. Cette fois-ci, le metteur en scène n’est autre que Florian Zeller, l’auteur de la pièce. Et pour cette saison, il est accompagné de trois jeunes comédiens de talent.


Le résumé de l’histoire pourrait tenir en quelques mots. Comme dans un vaudeville, on retrouve un mari trompé, une femme adultère et un amant. Bien sûr, on peut se dire que cela sent le déjà-vu.  Sauf qu’ici, on est bien loin du vaudeville. Ici tout n’est que subtilité. L’important n’est pas de savoir quand ni comment sera découverte la tromperie. Mais de s’interroger sur le temps qui passe, sur ce quotidien qui érode l’amour malgré toutes les précautions des amants, sur cette angoisse universelle de voir un jour l’amour s’étioler, puis s’échapper.

Dans un décor noir minimaliste, ils sont trois comédiens à se croiser. Pour sa première fois au théâtre, Sara Forestier joue à merveille une jeune femme un peu superficielle, mariée à un homme qu’elle aime de moins en moins. Son mari (Stanislas Merhar) se doute du manège de sa compagne. Ecrivain raté, il s’ennuie toute la journée et ne pense qu’à elle qu’il étouffe d’amour bien qu’il ne supporte plus ses défauts. L’Autre raconte l’histoire d’un couple qui ne voulait pas que « l’amour s’use », qui ne voulait pas « ressembler à ceux qui mangent en silence ». Mais qui, finalement, n’a rien su faire contre le temps et qui se retrouve à  flirter entre amour et haine. Et puis, il y a l’autre : Aurélien Wiik. L’amant faussement indifférent qui ne rêve que de voir sa maîtresse devenir sa femme. Une ombre sur le tableau, qui ne cesse de s’agrandir. Sa présence est-elle réelle, fantasmée ou seulement redoutée ? Mystère…

Un puzzle à reconstituer


Dans ce chassé-croisé de scènes passées, présentes et futures, on a parfois l’impression de se perdre. Loin d’être désagréable, ce sentiment renvoie à la complexité de la vie. Labyrinthe de l’amour, confusion des sentiments, la réalité n’est jamais simple. Pour parvenir à la percer, il faut reconstruire le puzzle et patienter jusqu’à la fin pour obtenir la dernière pièce.
Au-delà du jeu, L’Autre est aussi une pièce qui s’écoute. Le texte ciselé, précis voire parfois compliqué, semble témoigner de cette difficulté de communiquer que deux personnes, même les plus proches qui soient, peuvent rencontrer.
Avec sa voix rauque et sensuelle, Aurélien Wiik est captivant. Mi-ange, mi-démon, son personnage est auréolé d’une brume mystérieuse. Stanislas Merhar, dans le rôle du mari maniaco-dépressif, parvient à passer de la haine à l’amour avec adresse. Quant à la prometteuse Sara Forestier, elle réussit avec bien du charme et bien du talent ses débuts sur les planches.

Juliette CELLO (Paris)

Texte et mise en scène de Florian Zeller
Assisté de Thibault Ameline
Avec Sara Forestier, Stanislas Merhar, Aurélien Wiik
Scénographie : Antoine Malaquias
Costumes : Marylène Gars-Chambas
Lumières : Laurent Béal
Musique de Christophe
vidéo d'Anthony Duguet

Réservation par tél. : 01 53 23 99 19
www.comediedeschampselysees.com

Au Studio des Champs-Élysées
Jusqu’au 31 décembre 2007
Du mardi au samedi à 21h
Matinée les samedi et dimanche à 16h30

Photo © DR
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 23:12
DOUCE ENFANCE

Supposons que notre enfance ne soit pas enfouie au plus profond de notre âme et supposons encore qu’elle se soit construite sa propre existence au fil des années, au fil de nos années, quelque part entre nostalgie et bienveillance. Cette enfance là, l’auteur Damien Luce l’a déposée sur scène, curieux de nous la faire découvrir.


Solange et Pierre, deux amis d’enfance, partagent une chambre pour l’éternité. L’ultime rendez-vous est pour aujourd’hui. De l’autre côté du miroir, leurs vieux doubles s’endorment pour la dernière fois. En attendant que, de l’autre côté, finisse leur vie d’adulte, Pierre et Solange passent le temps. Pierrot joue seul aux échecs, pianote entre deux souvenirs, Solange lit, dessine, danse. Ils évoquent leur passé commun : leur rencontre, leur enfance qu’ils ont respirée d’un même souffle. La nuit passe. Pierre et Solange parlent de leur mère, de leur père, de leurs jeux. Ils comptent leurs souvenirs comme l’on passe en revue ses petits soldats.

A travers ses deux personnages, Damien Luce a fait le choix de l’enfance innocence. Celle que l’on a ponctuée de jeux candides et de folles rêveries à travers notre intemporalité d’enfant. Solange, mutine et naïve cultive l’enthousiasme et la bonne humeur des jours ensoleillés. Elle croit aux contes de fées, aux souris familières des dents de lait cachées sous l’oreiller et au marchand de sable surgissant à la tombée de la nuit. Plus mélancolique, Pierrot singe le monde des adultes, regrettant amèrement la transformation inéluctable de l’enfant à l’âge mûr. Car l’évocation du monde des adultes par ce personnage ressemble à cette boîte de Pandore d’où s’échappe tous les maux de la terre : cynisme, soucis, travail, frustration, éternelle course contre la montre, abandon de ses propres rêves.

Et si ce jeune auteur est vraisemblablement atteint du syndrome de Peter Pan, la façon tendre et passionnée dont il parle de ce paradis perdu rend ses personnages attachants. La simplicité du texte, sans que jamais le discours paraisse simpliste, est rendue habilement par la jeune comédienne Marie Anaf ; et si parfois le rythme, appesanti par la nostalgie et les bons sentiments nous impatiente, les intermèdes musicaux joués au piano par le comédien redonnent du souffle à la pièce. Le décor, inspiré de nos chambres d’enfant, fait office de cocon pour Solange et Pierrot et les effets de lumière soulignent (à regret) le temps qui passe.

« Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte », a dit Sigmund. Alors sommes-nous devenus "presque trop sérieux" ?

                                                                                                                                      Priscilla GUSTAVE-PERRON (Paris)

Presque trop sérieux
Ecrit et mis en scène par D. Luce
Avec Marie Anaf et Damien Luce

Sudden Théâtre
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris
Réservations : 01 42 62 35 00
Tarifs : 24 euros (Tarif réduit : 17 ou 12 euros)

Du 7 au 25 novembre 2007
Du mercredi au dimanche à 21 heures


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27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 12:21
UNE PIÈCE COQUINE QUI CHAHUTE LA MORALE

Loin des scènes traditionnelles de théâtre, Coquin d’caf’conc nous emmène dans un lieu enchanteur. Une ancienne cave authentique en pierres qui donne, par son atmosphère, le ton au spectacle.

A l’instant même où le pianiste Raoul fait son entrée sur scène, la salle s’illumine et prend vie. Son piano, décoré d’objets anciens, dégage une mélodie entraînante, fluide et joviale. Une mélodie qui plonge, dès les premières notes, dans l’ambiance chaude et enfumée des cafés-concerts des années folles. Mlle Rose, chanteuse fantaisiste, arrive à contre-temps pour une entrée remarquée. Extravagante avec sa coiffe grossière, ses plumes de coq autour du cou et sa jupe au décolleté affriolant, elle pousse la chansonnette.

Une Belle Epoque revisitée avec humour

Sous forme d’histoire, Mlle Rose raconte sa vie et celle des autres, imbriquant des chansons choisies bien à propos. En s’appropriant le répertoire de la chanson française grivoise des années 20, Mlle Rose imite une multitude de personnages tous plus farfelus les uns que les autres, tous plus hypocrites les uns que les autres. Elle décortique les défauts de chacun pour en délivrer des chansons croustillantes et drôles, qui abordent des sujets volontiers polissons. Avec force, discrétion ou émotion, Mlle Rose, toute coquine qu’elle est, laisse libre cours à sa curiosité lubrique. Mais, parce qu’à l’époque le sexe était tabou, les chansonnettes filent gaiement la métaphore. Et c’est justement cette succession d’images évidentes mais joliment trouvées, qui confère au show sa dimension humoristique.

En assistant à ce spectacle, on comprend pourquoi il fait salle comble depuis maintenant deux ans. Plus que le talent individuel des deux artistes, c’est leur complicité qui fait mouche. Généreux et accessible, ce duo plein de vie délivre un instant musical enivrant, qui garantit un voyage dans le temps drôlement libertin !
Cécile STROUK (Paris)

Infos pratiques :

Texte des chansons : Yvette Guilbert, Mayol,  Polen,  Fragson
Interprétation : Véronique Alycia, comédienne et chanteuse et Tony Tram, pianiste
Mise en scène : Véronique Alycia
Coiffeuse :Alexandra Becquet
Costumes : Hicham Riffy
Lumières : Gabriel

Tous les mardis à 21h30 au Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, 75004 Paris
Tarif : de 10 à 15 euros
réservation@essaion.com ou 01 42 78 46 42
Pour plus d’infos sur la pièce : http://alycia.biz.site.voila.fr


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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 21:58
PASSE TON BLOG D’ABORD !

La blogosphère est un monde virtuel qui regroupe l’ensemble des blogs, autrement dit ces pages Internet créées par des particuliers et qui prennent souvent la forme de journaux intimes. Mais que reste-t-il d’intime à ces blogs ? C’est là une des questions posées par la nouvelle création de la Compagnie d’après et son auteur, Adrien de Blanzy.


Un travesti légèrement vêtu, armé d’un micro et de son ampli apparaît sur scène, tandis qu’une femme exécute au sol des mouvements saccadés. Au fond, un grand écran montre des images pixélisées, si floues qu'elles pourraient être une vue au microscope de cellules organiques. Bienvenue dans la Blogosphère, ce monde étrange, violemment indécent, fascinant aussi, dans lequel on pénètre guidé par le travesti, cette petite voix digitale qui promet du bonheur en blog.

blogo.jpg
Comme un fou dans Hyde Park corner, le travesti gesticule, monte sur son ampli, piédestal de fortune, et harangue la foule d’apprentis bloggeurs figurée par la femme qui danse près de lui. Saccadée, impulsive mais encore timide, cette danse va peu à peu, sous les conseils du travesti, devenir chaotique et de plus en plus suggestive. « Mets-toi à l’aise » exhorte le démon du blog, car pour intéresser sur la toile, il faut savoir choquer, montrer plus que de simples émotions quotidiennes : il faut se mettre totalement à nu. La femme, docile, se change en pin-up de pacotille et exécute des ondulations lascives. Mais cela ne suffit toujours pas : pour aller loin dans le classement des blogs les plus visités, il faut aller loin dans la destruction de soi. Passant de la valse au punk, la femme-blog explore toutes les possibilités et expérimente tous les excès avant d’atteindre le sommet de la "blogeoisie", puis de chuter lamentablement et d’abandonner son blog, comme des milliers d’autres auparavant, errant dans l’Internet comme des coquilles vides, des vaisseaux sans équipage.

Chorégraphie en haut débit

Inutile de préciser que Blogosphère est critique envers cette nouvelle forme de socialisation virtuelle qu’est le blog. Au travers de la voix du travesti, Adrien de Blanzy donne de cet univers l’image d’un peep-show gigantesque au sein duquel des individus en mal d’amour s’exposent. La séduction du blog, personnalisée par le travesti tient du voyeurisme, voire de la perversion, mais aussi de la tromperie car le blog n’est qu’une caricature de la vie : derrière chaque bloggeur, le moi virtuel est souvent bien éloigné du moi réel.
Dématérialisé en blog, le corps de la femme devient une sorte de pâte à modeler mue par la volonté de se créer une communauté d’amis virtuels, quitte à pousser toujours plus loin dans le trash. La chorégraphie joue sur les thèmes de la vitesse (haut débit), de la prolifération, du synthétique et de la perte progressive d’humanité, comme si le blog dévorait peu à peu le bloggeur.

Un regret subsiste, celui que le texte déjà fortement évocateur et critique d’Adrien de Blanzy soit appuyé comme une redondance par l’ironie continuelle du travesti qui invite tout un chacun à découvrir un monde qu’il semble lui-même juger excessif. La symbiose entre le travesti et la femme est néanmoins parfaite grâce aux performances de l’acteur, Guillaume Durieux et surtout de la danseuse, Marie Rual dont la technique irréprochable oscille entre synthétique et sensualité troublante.

Morgan LE MOULLAC (Paris)

Blogosphère
Texte et mise en scène d’Adrien de Blanzy
Dansé par Marie Rual
Interprété par Guillaume Durieux
Scénographie de Adrien de Blanzy et Isabelle Dolivet
Costumes de Emérantine Vignon
Vidéos de Ixtlan et Eric Heinrich
Lumières de Eric Heinrich
Son de Marc Vincent

Le 16 et 17 octobre à l’espace Confluences, Paris 20e
Le 13 novembre à 20h45 au théâtre de Corbeil-Essonnes
20/22 rue Félicien Rops
Réservations au 0810 400 478
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Chronique FraÎChe