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Festival d'Avignon

29 septembre 2007 6 29 /09 /septembre /2007 11:46
DUEL AUX TÉNÈBRES

Adaptée une bonne soixantaine de fois, ces dernières années, la Valse du hasard de Victor Haïm est devenu un classique français. Aujourd’hui, entre les mains, du metteur en scène américain John Mc Lean, elle dévoile une facette originale de sa personnalité démoniaque et de son indicible capacité à convoquer l’imaginaire. Un pari ambitieux, d’une délicate générosité.

Salomé (Pamela Fabre) vient de mourir dans un accident de voiture. Trop d’alcool, de brouillard, de vitesse. Deux cent vingt kms/heure plus loin, elle s’enfonce dans l’au-delà et rejoint avec son petit soulier de satin rouge à la main, le royaume des cieux. La jeune femme secouée par cet atterrissage étrange se voit proposer un étrange jeu : revisiter son existence en étant la plus sincère possible. Que jamais le langage ne trahisse la vérité des événements. Délicate tâche, à laquelle la jeune femme se prête avec force et conviction. Pour ce faire, elle doit gagner des points et atteindre la barre fatidique des 100. Seul ce chiffre lui permettra de rejoindre le jardin d’Eden, siège de la vie éternelle.

La-Valse-du-Hasard.jpg
Mon dieu, quelle histoire ! Mais le jeu se teinte bientôt de machiavélisme. L’Ange accueillant sème son parcours d’embûches. Le hasard « ici-haut » serait-il aussi cruel qu’ici-bas ? Point de rédemption pour la pauvre Salomé, et pourtant, elle ne démérite jamais. Même si son jeu parfois gémissant, tire sur la corde de la sensiblerie facile, elle a plus d’un tour dans son sac à main. Et la gentille idiote, de soie rouge vêtue, se transforme en une perfide jeune femme, obstinée et désarmante. On n’en dira pas autant de son partenaire (Alex Disdier), affligeant de linéarité, hésitant parfois, arrogant souvent, très loin de la prestation de son aîné Fabrice Luchini.

Sans fin

Il faut dire que le texte déroute par ce ping-pong démoniaque, qui jamais ne s’essouffle, mais qui au contraire, s’embourbe dans un incessant va-et-vient. Sans fin. A qui la faute, est-ce l’écriture ou bien la mise en scène qui pèche par excès de statisme ? Pourtant le dispositif scénique crée une dynamique intéressante. Le plateau convoque les spectateurs dans un troublant face à face. Une mise en abîme judicieuse du formidable duel auquel nous allons assister. L’estrade offre même un point de vue encore différent sur le déroulé de la pièce. Et puis, avec un peu de chance ou de malchance, vous siègerez auprès d’un des trépassés, épouvantails de nos cauchemars d’enfants qui figurent si bien notre présence dans l’au-delà.

Bref, tout est fait pour nous mettre en condition et l’on ne peut in fine que saluer la formidable générosité de ce trio (metteur en scène compris) qui souffre surtout d’un texte en équilibre précaire ; mais dont l’énergie du désespoir convint les mortels que nous sommes à oser le déplacement !

Maïa ARNAULD (Paris)


La Valse du hasard, de Victor Haïm

Mise en scène de John Mc Clean
Avec : Pamela Fabre, Alex Disdier

Au théâtre Funambule Montmartre, 53 rue des saules, 75018 Paris
Jusqu’au 21 octobre 2007, vendredi, samedi à 21h 30, dimanche à 17h.
Réservations au 01 42 23 88 83

Site : Compagnie Paris-Londres
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24 septembre 2007 1 24 /09 /septembre /2007 08:31
LE "JE" DE L’AMOUR

Ne nous quitte pas ! aurait pu être une chanson de Jacques Brel interprétée par les Frères Jacques ou bien encore un remake de Jules et Jim version soap-opéra. Loin de là, la pièce de Gil Galliot et Yves Hirchfeld est tout simplement le produit détonnant des amours des Monty Python et de Sigmund Freud.
Un voyage fantastique délirant dans l’esprit d’une femme, bien servi par un beau trio de comédiens.

Le postulat de base de la pièce est quelque peu alambiqué. Paul est un commercial marié depuis dix-huit ans avec Agnès, libraire. C’est dans la tête de cette dernière que va se dérouler toute l’histoire : Paul, qui y est représenté sous ses trois personnalités fortes – la tête, le cœur, le sexe – va tenter de ne pas disparaître dans l’oubli, menacé qu’il est par Jérémie, un jeune auteur aux dents longues, bellâtre de surcroît. Les trois Paul, imaginés par leur femme et logés dans son esprit vont devoir tenter de la reconquérir, tandis que le Paul physique est en réunion de travail et ne se doute pas de l’épopée qui se déroule dans l’imaginaire d’Agnès.

ne-nous-quitte-pas.jpg
La pièce s’ouvre sur la vision des trois Paul, armés d’énormes valises. C’est dire que Ne nous quitte pas ! est un voyage à destination du pays de l’imaginaire et du subconscient. Si l’auteur cherche à pénétrer en profondeur l’esprit d’une femme sur le point de tromper son mari, il est dommage que la profondeur de l’exploration des trois Paul ne soit pas soutenue par un texte plus pénétré, qui évite les clichés propres au genre. Mais ces quelques lieux communs sont vite bousculés par l’inventivité des situations et le partis pris du délire systématique adopté par les auteurs. Des expressions banales comme « tempête sous un crâne », « tirer sur la corde sensible » ou « analyser froidement la situation » sont à prendre à la lettre dans un monde où l’imaginaire prend régulièrement le pas sur le réel.

Tonalité poétique

La mise en scène de Gil Galliot apporte une tonalité poétique à un texte écrit en premier lieu pour faire rire. Quelques scènes ont une esthétique réussie, comme celle au début de la pièce, lorsque les trois Paul, valises en main, voient tomber sur eux une pluie fine composée des larmes d’Agnès.
Ne nous quitte pas !
aurait pu n’être qu’une pièce de plus sans le talent et l’expérience de ses interprètes. Philippe Lelièvre, homme aux multiples visages dans ses one-man-show, est très pénétré de son rôle d’organe génital pensant (avec difficultés), un peu benêt, mais toujours enthousiaste et prêt à rendre service…
Gil Galliot est le Paul rationnel du groupe. D’une austérité excessive, beau parleur incompréhensible, il rend son personnage bien plus farfelu que ce que son allure de représentant de commerce pourrait laisser croire.
Côté cœur, Fred Nony joue un Paul hypocondriaque, mielleux à faire transpirer un ours, sensible et fidèle comme un chien, au point de pousser de petits jappements plaintifs à l’évocation du seul nom de Jérémie.

Pour son inventivité débridée, pour son humour tendre, pour ses trois bons comédiens et pour la connivence palpable entre eux, Ne nous quitte pas ! est une pièce à voir sans arrière-pensées.

MORGAN LE MOULLAC (PARIS)

Ne nous quitte pas !
de Gil Galliot et Yves Hirschfeld

Mise en scène de Gil Galliot
Décors de Nils Zachariasen
Costumes de Claire Djemah
Lumières de Philippe Quillet
Création musicale de Ramon Pipin

Avec Philippe Lelièvre, Gil Galliot et Fred Nony, voix off de Sophie Le Tellier.

Au théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher 75008 Paris
A partir du 28 août 2007, du mardi au samedi à 21h et samedi à 18h.
Réservations au 01 45 22 08 40
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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 13:42
COMMUNION DES ARTS

Neige, présenté par la compagnie de la Mandarine blanche, mis en scène par Alain Batis, est une adaptation du roman de Maxence Fermine. Les performances des acteurs, musiciens, chanteurs et d’une danseuse servent avec humilité la force de la poésie nipponne.


L’histoire est celle de Yuko, un jeune poète à la recherche de son art, de l’amour, de l’idéal. Le Haïku doit contenir en lui tout à la fois : le geste, la musique, et les couleurs du monde. Mais Yuko lui ne comprend que la neige. Car le blanc est la couleur de tous les possibles, "qui agit sur notre âme comme le silence absolu, il regorge de possibilités vivantes, c’est un rien plein de joie, un rien avant tout naissance".

Neige.jpg   
Cet écrin de poésie, résume assez bien l’art et la pensé asiatique. Neige rassemble deux thèmes : celui de l’amour et celui de la poésie. Il montre combien la poésie est multiple, combien elle est difficilement accessible. La métaphysique liée aux arts y est ici exprimée, de la même manière qu’Hokusaï pouvait lui-même dire : c'est à l' âge de 73 ans que j'ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux , des poissons, et des insectes. Par conséquent, à l'âge de 80 ans, j'aurais encore fait plus de progrès. A 90 ans, je pénétrerai le secret des choses; à 100 ans je serai décidément parvenu à un degré de merveille, et quand j'aurai 110 ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. L’amour, lui, est édifié par la beauté d’une femme prise dans la glace, comme la matrice éternelle, figé et inspirante.

Le spectacle d’Alain Batis procède comme cela, par images imprimées, au rythme de ce roman, comme celui de la neige qui tombe. Ce rythme c’est également celui de la quête, du mouvement. Puisqu’il s’agit avant tout d’un roman initiatique. Le héros, dans une recherche cyclique, écrit et s’inspire au rythme des saisons, par intermittence. Car le Haïku est un art sacré, au reflet de l’amour. Il se mérite, c’est une chose précieuse, un funambule suspendu au ciel, qui manque à chaque instant de chavirer, de se froisser. Tel est la puissance et la délicatesse de la peinture japonaise : jamais un trait de trop, le souffle est retenu.  

Ce spectacle est fidèle à l’exigence de l’Haïku, les mouvements et les mots de chaque acteur procèdent subtilement, dans une scénographie de voiles. Et les arts de la danse, du chant, de la musique se marient harmonieusement. La mise en scène respecte un certain rythme sans pour autant qu’il y ait trop de lenteur et les silences sont autant de respirations, comme des temps de mesure.   

Laure DUBOIS (Paris)

Infos pratiques : Théâtre de l’Epée de Bois Cartoucherie jusqu’au 23 Septembre 2007
Auteur : Maxence Fermine
Mise en scène : Alain Batis
interprétation : Cyriaque Bellot, Alain Carnat, Louise Chirinian, Cendrine Gallezot, Marc-Henri Lamande
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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 09:31
OPTIMISME

Trois rappels plus tard au National Theatre, elle salue encore une fois un public comblé. Fiona Shaw vient de donner une représentation splendide d'Happy Days ; pièce d'abord écrite en anglais par Beckett, puis traduite par ses soins en français sous le nom d'"Oh Les beaux jours".

Fiona Shaw peut être heureuse de son interprétation sans faute note. Deborah Warner s'est entourée d'une comédienne à la hauteur de l'enjeu du rôle de Winnie, omniprésente, sans trois secondes de répit, elle fait presque tout, pour ne pas dire tout, car le personnage de Willie, son mari, interprété par Tim Potter, est quasi absent, presque déjà dans la tombe. Fiona Shaw resplendit en Winnie, elle transpire la bonne humeur, nous secoue de rire malgré des circonstances désespérantes, nous fait émotionnellement vibrer en haut de l'échelle tellurique, nous téléportant d'une émotion à une autre avec une déconcertante facilité. Le décor épuré, désertique et grandiose, réalisé par Tom Pye, ajoute encore en dimension, en charme et en esthétique.

Photo © Neil Libbert

Deux actes, deux jours qui ne se suivent pas… mais toujours la constante Winnie ensevelie dans un désert morbide. Elle parle sans cesse, essaie de combler une solitude pesante. Il y a bien son mari, Willie, mais où est-il? Caché sous les dunes, il ne lui prête guère attention et semble déjà éteint. Winnie fouille dans son sac, refouille, prend un objet, en cherche un autre, retourne au premier, essaie de converser avec son quasi défunt mari, retourne à son sac, s'y replonge, et ressasse, débite, et loghorre pour combler un vide oppressant… Bien qu'elle soit figée dans le sable, elle se trouve des occupations avec toujours ce même inébranlable optimisme et ineffable enthousiasme - une jolie leçon de vie- en attendant un nouvel "happy day".

Malgré un second acte un peu trop court, nous repartons les yeux pétillants, la tête pleine de rires qui résonnent encore, et attendons impatiemment une autre belle collaboration entre Deborah Warner et Fiona Shaw, actrice déjà récompensée à de multiples reprises (Oliver Award for best actress 1990, London Critics' Award for best actress 1990 et 1991, Oliver and Evening Standards for best actress 1993...).  Un autre prix pour cette interprétation ne serait pas une surprise.

Léa GUZZO (Londres)

Spectacle vu à Londres par notre correspondante le 2 février 2007.
Oh les beaux jours - (Happy Days)

Théâtre National de Chaillot 1, Place du Trocadéro,  75016  Paris
Métro : Trocadéro (ligne 6-9)
Bus : 22-30-32-63 arrêt Trocadéro ou 82 arrêt Varsovie ou 72 arrêt Pont d'Iéna

Du 20 au 28 septembre 2007

Informations :
Happy Days [Oh Les beaux jours]
Distribution: Winnie : Fiona Shaw, Willie : Tim Potter
Metteur en scène: Deborah Warner
Lumières: Jean Kalman , Son score: Mel Mercier , Son designer: Christopher Shutt , Costumes: Luca Costigliolo, Set designer: Tom Pye
Producteur: Katrina Gilroy, Production Photographer: Neil Libbert

Durée : environ 1h 45 comprenant environ 20 minutes de pause entre les deux actes.

Dates de représentations au National Theatre (South Bank, London, SE1 9PX): (19h30 sauf dates en gras à 14h15 et 19h30)
Février: 2, 3, 5, 9, 10, 12, 13, 14, 15, 22, 23, 24, 26, 27, 28
Mars: 1
Prix: £10, £22, £32, £37,50

Vous pouvez réserver en téléphonant au 020 7452 3000 sans frais supplémentaires. Vous voulez rencontrer le metteur en scène et l'actrice principale? Rien de plus simple, rendez-vous le 27 février ! Le 27 février à 18h au théâtre Lyttelton, une conférence est organisé avec le metteur en scène Deborah Warner et l'actrice Fiona Shaw qui parleront d'Happy Days
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Chronique FraÎChe