29 septembre 2007
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DUEL AUX TÉNÈBRES
Adaptée une bonne soixantaine de fois, ces dernières années, la Valse du hasard de Victor Haïm est devenu un classique français. Aujourd’hui, entre les mains, du metteur en scène américain John Mc Lean, elle dévoile une facette originale de sa personnalité démoniaque et de son indicible capacité à convoquer l’imaginaire. Un pari ambitieux, d’une délicate générosité.
Salomé (Pamela Fabre) vient de mourir dans un accident de voiture. Trop d’alcool, de brouillard, de vitesse. Deux cent vingt kms/heure plus loin, elle s’enfonce dans l’au-delà et rejoint avec son petit soulier de satin rouge à la main, le royaume des cieux. La jeune femme secouée par cet atterrissage étrange se voit proposer un étrange jeu : revisiter son existence en étant la plus sincère possible. Que jamais le langage ne trahisse la vérité des événements. Délicate tâche, à laquelle la jeune femme se prête avec force et conviction. Pour ce faire, elle doit gagner des points et atteindre la barre fatidique des 100. Seul ce chiffre lui permettra de rejoindre le jardin d’Eden, siège de la vie éternelle.
Mon dieu, quelle histoire ! Mais le jeu se teinte bientôt de machiavélisme. L’Ange accueillant sème son parcours d’embûches. Le hasard « ici-haut » serait-il aussi cruel qu’ici-bas ? Point de rédemption pour la pauvre Salomé, et pourtant, elle ne démérite jamais. Même si son jeu parfois gémissant, tire sur la corde de la sensiblerie facile, elle a plus d’un tour dans son sac à main. Et la gentille idiote, de soie rouge vêtue, se transforme en une perfide jeune femme, obstinée et désarmante. On n’en dira pas autant de son partenaire (Alex Disdier), affligeant de linéarité, hésitant parfois, arrogant souvent, très loin de la prestation de son aîné Fabrice Luchini.
Sans fin
Il faut dire que le texte déroute par ce ping-pong démoniaque, qui jamais ne s’essouffle, mais qui au contraire, s’embourbe dans un incessant va-et-vient. Sans fin. A qui la faute, est-ce l’écriture ou bien la mise en scène qui pèche par excès de statisme ? Pourtant le dispositif scénique crée une dynamique intéressante. Le plateau convoque les spectateurs dans un troublant face à face. Une mise en abîme judicieuse du formidable duel auquel nous allons assister. L’estrade offre même un point de vue encore différent sur le déroulé de la pièce. Et puis, avec un peu de chance ou de malchance, vous siègerez auprès d’un des trépassés, épouvantails de nos cauchemars d’enfants qui figurent si bien notre présence dans l’au-delà.
Bref, tout est fait pour nous mettre en condition et l’on ne peut in fine que saluer la formidable générosité de ce trio (metteur en scène compris) qui souffre surtout d’un texte en équilibre précaire ; mais dont l’énergie du désespoir convint les mortels que nous sommes à oser le déplacement !
La Valse du hasard, de Victor Haïm
Mise en scène de John Mc Clean
Avec : Pamela Fabre, Alex Disdier
Au théâtre Funambule Montmartre, 53 rue des saules, 75018 Paris
Jusqu’au 21 octobre 2007, vendredi, samedi à 21h 30, dimanche à 17h.
Réservations au 01 42 23 88 83
Site : Compagnie Paris-Londres
Adaptée une bonne soixantaine de fois, ces dernières années, la Valse du hasard de Victor Haïm est devenu un classique français. Aujourd’hui, entre les mains, du metteur en scène américain John Mc Lean, elle dévoile une facette originale de sa personnalité démoniaque et de son indicible capacité à convoquer l’imaginaire. Un pari ambitieux, d’une délicate générosité.
Salomé (Pamela Fabre) vient de mourir dans un accident de voiture. Trop d’alcool, de brouillard, de vitesse. Deux cent vingt kms/heure plus loin, elle s’enfonce dans l’au-delà et rejoint avec son petit soulier de satin rouge à la main, le royaume des cieux. La jeune femme secouée par cet atterrissage étrange se voit proposer un étrange jeu : revisiter son existence en étant la plus sincère possible. Que jamais le langage ne trahisse la vérité des événements. Délicate tâche, à laquelle la jeune femme se prête avec force et conviction. Pour ce faire, elle doit gagner des points et atteindre la barre fatidique des 100. Seul ce chiffre lui permettra de rejoindre le jardin d’Eden, siège de la vie éternelle.
Mon dieu, quelle histoire ! Mais le jeu se teinte bientôt de machiavélisme. L’Ange accueillant sème son parcours d’embûches. Le hasard « ici-haut » serait-il aussi cruel qu’ici-bas ? Point de rédemption pour la pauvre Salomé, et pourtant, elle ne démérite jamais. Même si son jeu parfois gémissant, tire sur la corde de la sensiblerie facile, elle a plus d’un tour dans son sac à main. Et la gentille idiote, de soie rouge vêtue, se transforme en une perfide jeune femme, obstinée et désarmante. On n’en dira pas autant de son partenaire (Alex Disdier), affligeant de linéarité, hésitant parfois, arrogant souvent, très loin de la prestation de son aîné Fabrice Luchini.
Sans fin
Il faut dire que le texte déroute par ce ping-pong démoniaque, qui jamais ne s’essouffle, mais qui au contraire, s’embourbe dans un incessant va-et-vient. Sans fin. A qui la faute, est-ce l’écriture ou bien la mise en scène qui pèche par excès de statisme ? Pourtant le dispositif scénique crée une dynamique intéressante. Le plateau convoque les spectateurs dans un troublant face à face. Une mise en abîme judicieuse du formidable duel auquel nous allons assister. L’estrade offre même un point de vue encore différent sur le déroulé de la pièce. Et puis, avec un peu de chance ou de malchance, vous siègerez auprès d’un des trépassés, épouvantails de nos cauchemars d’enfants qui figurent si bien notre présence dans l’au-delà.
Bref, tout est fait pour nous mettre en condition et l’on ne peut in fine que saluer la formidable générosité de ce trio (metteur en scène compris) qui souffre surtout d’un texte en équilibre précaire ; mais dont l’énergie du désespoir convint les mortels que nous sommes à oser le déplacement !
Maïa ARNAULD (Paris)
La Valse du hasard, de Victor Haïm
Mise en scène de John Mc Clean
Avec : Pamela Fabre, Alex Disdier
Au théâtre Funambule Montmartre, 53 rue des saules, 75018 Paris
Jusqu’au 21 octobre 2007, vendredi, samedi à 21h 30, dimanche à 17h.
Réservations au 01 42 23 88 83
Site : Compagnie Paris-Londres