3 novembre 2008
1
03
/11
/novembre
/2008
12:26
UN FLAMBOYANT POÈME
Derrière ce titre, « Dieu comme patient », pièce créée à la Comédie de Caen, Matthias Langhof met en scène Les Chants de Maldoror, sous- titrés Ainsi parlait Isidore Ducasse, dit le Comte de Lautréamont.
Avant Arthur Rimbaud, Isidore Ducasse peignit dans Les Chants de Maldoror sa propre « saison en enfer » : une errance hallucinée dont nul ne sort indemne. Le héros de cette œuvre, sorte de somnambule échevelé, nous entraîne dans une longue épreuve qui nous confronte à la misère de l’homme, à la sournoise corruption de ses pensées, aux insanes affections de son corps. La tâche d’incarner les multiples aspects de cette œuvre protéiforme est confiée à trois comédiens.
Et l'on découvre un homme d’abord, triste et grise figure, icône de la vieillesse et de toutes les injures du temps. À ses côtés, une femme blonde et ronde exhibe une insolente fraîcheur, objet tantôt de désir, tantôt de dégoût. Et puis reste un ange, ou plutôt une créature échappée d’un paradis de pacotille. Rien n’est fait ici pour dégager le sens précis d’un soliloque qui imprègne plus qu’il n’implique, qui crée une atmosphère plus qu’il ne délivre un message.
On ne saurait pour autant rester insensible à l’univers du poète, ces chants où alternent des apparitions terrifiantes, des descriptions d’un impitoyable réalisme, et les ricanements sataniques d’un absolu désespoir.
Un monde en déréliction
« Il est beau de contempler les ruines des cités », proclame Lautréamont. C’est bien cette fascinante beauté qui se dégage de l’espace scénique conçu par Matthias Langhoff. Un décor en constante transformation, à l’image du récit et de sa baroque polyphonie. Pour illustrer cet imaginaire débridé, le metteur en scène multiplie les procédés visuels dans une troublante simultanéité.
Au devant de la scène, défile un film aux thèmes variés. Tantôt, il évoque des lieux parisiens familiers au poète, tantôt des images de guerre rappelant la violence verbale des Chants, ou encore des évocations gracieuses de jeunes femmes qui offrent un rafraîchissant contrepoint à cette même violence. Le plateau lui-même est jonché d’objets usés, de planches sales, de bancs publics et de lampadaires posés de guingois.
Restent les superbes images projetées sur des cyclos, qui imposent la présence onirique de tempêtes maritimes, de cargos échoués ou même d’un cabaret berlinois. Il faut ajouter à ce spectacle total, la prégnance de la musique, sans oublier la présence physique des acteurs qui soutiennent l’audacieux pari de théâtraliser une œuvre qui ne se laisse pas si facilement apprivoiser. Théâtre visuel et théâtre de texte, Matthias Langhoff les réconcilient crânement dans ce spectacle exigeant. Une courageuse tentative.
Dieu comme patient
Ainsi parlait Isidore Ducasse
Les Chants du Comte de Lautréamont
Mise en scène, décor, film : Matthias Langhoff
Avec Anne-Lise Heimburger, Frédéric Lolliée, André Wilms
Peinture : Catherine Ranki, Matthieu Lemarié
Costumes : Catherine Ranki, Corinne Fischer
Lumière : Frédéric Duplessier assisté d’Eric Marynower
Son : Brice Cannavo
Assistants à la mise en scène : Hélène Bensoussan, Caspar Langhoff
Construction décor : Pierre Meine, Peter Wilkinson et l’atelier de la Comédie de Caen : Patrick Le Mercier, Bruneau Banchereau, Patrick Demière, Gérard Lenoir, Hubert Ruffin, Serge Tarral
Sous la direction de Benoît Gondouin
Une production de la compagnie Rumpelpumpel
En coproduction avec La Comédie de Caen, la MC2 : Grenoble et le Théâtre de la Ville de Paris. Avec le soutien du Ministère de la Culture, du Théâtre de l’Aquarium et la participation artistique du Jeune Théâtre National.
Après sa création en octobre à la Comédie de Caen, Théâtre des Cordes
Relâche les samedis et dimanches
Du 4 au 8 novembre 2008 à la MC2 : Grenoble / les 12 et 13 novembre 2008 à Bonlieu-Scène Nationale d’Annecy / du 5 au 24 janvier 2009 aux Abbesses-Théâtre de la Ville de Paris
Derrière ce titre, « Dieu comme patient », pièce créée à la Comédie de Caen, Matthias Langhof met en scène Les Chants de Maldoror, sous- titrés Ainsi parlait Isidore Ducasse, dit le Comte de Lautréamont.
Avant Arthur Rimbaud, Isidore Ducasse peignit dans Les Chants de Maldoror sa propre « saison en enfer » : une errance hallucinée dont nul ne sort indemne. Le héros de cette œuvre, sorte de somnambule échevelé, nous entraîne dans une longue épreuve qui nous confronte à la misère de l’homme, à la sournoise corruption de ses pensées, aux insanes affections de son corps. La tâche d’incarner les multiples aspects de cette œuvre protéiforme est confiée à trois comédiens.
Et l'on découvre un homme d’abord, triste et grise figure, icône de la vieillesse et de toutes les injures du temps. À ses côtés, une femme blonde et ronde exhibe une insolente fraîcheur, objet tantôt de désir, tantôt de dégoût. Et puis reste un ange, ou plutôt une créature échappée d’un paradis de pacotille. Rien n’est fait ici pour dégager le sens précis d’un soliloque qui imprègne plus qu’il n’implique, qui crée une atmosphère plus qu’il ne délivre un message.
On ne saurait pour autant rester insensible à l’univers du poète, ces chants où alternent des apparitions terrifiantes, des descriptions d’un impitoyable réalisme, et les ricanements sataniques d’un absolu désespoir.
Un monde en déréliction
« Il est beau de contempler les ruines des cités », proclame Lautréamont. C’est bien cette fascinante beauté qui se dégage de l’espace scénique conçu par Matthias Langhoff. Un décor en constante transformation, à l’image du récit et de sa baroque polyphonie. Pour illustrer cet imaginaire débridé, le metteur en scène multiplie les procédés visuels dans une troublante simultanéité.
Au devant de la scène, défile un film aux thèmes variés. Tantôt, il évoque des lieux parisiens familiers au poète, tantôt des images de guerre rappelant la violence verbale des Chants, ou encore des évocations gracieuses de jeunes femmes qui offrent un rafraîchissant contrepoint à cette même violence. Le plateau lui-même est jonché d’objets usés, de planches sales, de bancs publics et de lampadaires posés de guingois.
Restent les superbes images projetées sur des cyclos, qui imposent la présence onirique de tempêtes maritimes, de cargos échoués ou même d’un cabaret berlinois. Il faut ajouter à ce spectacle total, la prégnance de la musique, sans oublier la présence physique des acteurs qui soutiennent l’audacieux pari de théâtraliser une œuvre qui ne se laisse pas si facilement apprivoiser. Théâtre visuel et théâtre de texte, Matthias Langhoff les réconcilient crânement dans ce spectacle exigeant. Une courageuse tentative.
Yoland SIMON (Le Havre)
Dieu comme patient
Ainsi parlait Isidore Ducasse
Les Chants du Comte de Lautréamont
Mise en scène, décor, film : Matthias Langhoff
Avec Anne-Lise Heimburger, Frédéric Lolliée, André Wilms
Peinture : Catherine Ranki, Matthieu Lemarié
Costumes : Catherine Ranki, Corinne Fischer
Lumière : Frédéric Duplessier assisté d’Eric Marynower
Son : Brice Cannavo
Assistants à la mise en scène : Hélène Bensoussan, Caspar Langhoff
Construction décor : Pierre Meine, Peter Wilkinson et l’atelier de la Comédie de Caen : Patrick Le Mercier, Bruneau Banchereau, Patrick Demière, Gérard Lenoir, Hubert Ruffin, Serge Tarral
Sous la direction de Benoît Gondouin
Une production de la compagnie Rumpelpumpel
En coproduction avec La Comédie de Caen, la MC2 : Grenoble et le Théâtre de la Ville de Paris. Avec le soutien du Ministère de la Culture, du Théâtre de l’Aquarium et la participation artistique du Jeune Théâtre National.
Après sa création en octobre à la Comédie de Caen, Théâtre des Cordes
Relâche les samedis et dimanches
Du 4 au 8 novembre 2008 à la MC2 : Grenoble / les 12 et 13 novembre 2008 à Bonlieu-Scène Nationale d’Annecy / du 5 au 24 janvier 2009 aux Abbesses-Théâtre de la Ville de Paris