BIENVENUS CHEZ LES NANTIS !
Un an après « Sexe et trahison » où elle explorait les arcanes de l’impitoyable univers du showbiz, Sandrine Ubéda, avec plus de folie que de sarcasmes, pénètre dans un palais qui devrait rappeler quelque chose à tous ceux, nombreux souhaitons le, qui viendront applaudir cette comédie truculente.
Le parti pris est clairement assumé : il n’est pas question de faire dans le dynamitage en règle d’une certaine élite qu’on aura reconnue très rapidement mais plutôt, en partant d’une situation réelle, de s’envoler dans les contrées d’un monde parallèle, fait de loufoqueries et de folie. El Nino (« le Petit » en espagnol…) est l’hôte du palais de l’Alysée. Avec un nom pareil, pas étonnant que l’énergie éolienne tourne à plein régime et qu’on brasse de l’air. Cet air très dans l’air du temps du m’as-tu-vu-avec-ma-jolie-rolex et séjour de luxe dans le rafiot de l’ami Ricoré. La télé est à ses pieds grâce à Etienne Jugeotte. De la jugeote, Loana et Stevie, animateurs, n’en ont pas un échantillon sur eux. Aussi quand il vont tenter de pénétrer dans l’intimité du roi-président-empereur à qui il faut trouver dare-dare une première dame, tout va foirer rapidement…
Avec la même équipe que « Sexe et trahison » l’an dernier, nous partons cette fois-ci dans un autre univers impitoyable : celui du pouvoir. Ce pouvoir qui vous grandit un homme même tout petit. Ce pouvoir qui vous autorise toutes les excentricités. Sauf que l’excentricité est ici plutôt dans le propos de ce spectacle que dans les comportements des personnages. C’est en effet en convoquant dans son histoire des fées un peu barjes et des farfadets que Sandrine Ubéda se démarque des spectacles qui épinglent avec parfois force sarcasmes la classe politique.
Jeux de mots et chansons déformées
Le dialogue est vif, drôle, bourré de trouvailles, de jeux de mots, de références (de « Forrest Gump » à Claude François), persillé de chansons déformées, parfois volontairement malmenées. On navigue finalement dans une espèce de cirque qui en évoque un autre, celui du plus célèbre palais de France. L’ensemble est chamarré, coloré, très physique aussi. La scène ne suffit pas, c’est la salle entière qui est requise pour ce spectacle diablement vivant que défendent des comédiens qui s’amusent terriblement. Bien sûr, on pourrait espérer un peu plus de méchanceté et quelque chose de plus politiquement orienté, mais le message passe pourtant cinq sur cinq : le bonheur n’est pas simplement une affaire de gros sous ni de « bling bling ». Mais au lieu de se réjouir à cueillir ce message assaisonné d’une ironie mordante qui n’est pas de mise ici, on s’en saisit avec un plaisir sain et simple grâce à un voyage dans un monde d’adultes sans oublier les gamins qu’on a été.
Franck BORTELLE (Paris)
People story « bienvenue à Bling-Bling land »
Ecrit et mise en scène par Sandrine Ubeda
Avec Yann Abram, Stéphane Auer, Vanessa Ubeda, Marie Battini, Carla Marquès, Soraya Archimbaud et Sandrine Ubeda
Théâtre des Deux-Rêves, 8 impasse de Thionville, 75019 Paris (Métro : Laumière ou Ourq)
Jusqu'au 7 mars 2009 les vendredis et samedis à 19h30
Jusqu’au 28 mars 2009 les vendredis et samedis à 21h30
Durée : 1h20