13 juillet 2007
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En exclusivité pour RUEDUTHEATRE et pendant tout le Festival d'Avignon 2007, l'humoriste, comédien et auteur lyonnais Pascal Coulan nous raconte, vu des coulisses, le quotidien d'une troupe qui découvre pour la première fois les joies et les affres de la vie avignonnaise.
A+7 : vendredi 13 juillet
150 € de fourrière, plus un taxi pour Michel qui ne peut plus marcher ; la camionnette des MISÉREUX commence à coûter cher ! « Mais pourquoi tu t’es garé sur une place handicapée aussi ? » « Devine ! » Jean-Pierre regarde Michel, corseté des reins jusqu’au milieu du dos, la jambe gauche toute raide. « Les flics ne reconnaissent plus rien ».
Avant la parade, déjeuner silencieux. La routine avignonnaise commence à fatiguer tout le monde, surtout que le succès escompté tarde un peu à venir. Mais le spectacle plait, on attend le papier du stagiaire en chimie du quotidien la Providence. Et ils ont bien tracté hier, à la sortie de la Cour d’honneur pour le spectacle de Valère : « Quelque chose en a ».
22h, ils entendent une ouvreuse : « allez, on y va, c’est l’heure où les gens commencent à partir ». Elle a raison. Dépité, abasourdi, avec le sentiment d’être pris pour un idiot pas invité à la grand’fête de la Culture, le public s’en va en regrettant un peu ses 36€. Les MISÉREUX en profitent et redonnent l’espoir théâtral. « Les réflexions fusent. Fini le théâtre, fini le IN, fini Avignon… qu’on ne compte plus sur nous. » « Mais venez, venez dans le OFF, c’est là la création, l’expression, c’est plus dans le IN où l’argent tue l’art en pantouflant, sans plus aucun lien avec le monde réel, le OFF c’est tout le contraire. Parce que c’est dur, c’est cher, sans reconnaissance, avec des costumes qui puent, des camionnettes en fourrière et des régisseurs sur civière »…
Regard du public qui veut fuir le théâtre…. « Alors pourquoi vous le faites ? » Silence des MISÉREUX... puis : « Allez, on vous invite !! » « Oula, c’est pire… allez, on s’en va….. » Et on s’étonne que le public déserte les salles !
Au moins à la parade, les MISÉREUX se sentent moins seuls : 800 compagnies les entourent et chacune fait la queue autour des tables ou de semblants de publics consommant le Pac à l’eau à 4€.
Place de l’Horloge, c’est la ronde interminable : un touriste, un festivalier, une troupe qui déambule déguisée en pingouin, un tracteur (quelqu’un qui tracte) : ronde sans fin de l’information sur le tas. Douze personnes dans la salle. « Bientôt, y’a la clim » annonce fièrement Gérard à Annick. Qu’il est moche le chirurgien amoureux de théâtre ! Dans un coin la troupe des Tréteaux de l’âme complote. Sa promiscuité avec les troupes du OFF comme les MISÉREUX la dégoûte. Pourtant, eux aussi ont les costumes qui empestent le comédien qui fait ce qu’il peut. A une semaine du début, les MISÉREUX se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Et pourtant, ils n’ont pas encore pris conscience du gouffre financier qui s’ouvre devant eux .
A+7 : vendredi 13 juillet
150 € de fourrière, plus un taxi pour Michel qui ne peut plus marcher ; la camionnette des MISÉREUX commence à coûter cher ! « Mais pourquoi tu t’es garé sur une place handicapée aussi ? » « Devine ! » Jean-Pierre regarde Michel, corseté des reins jusqu’au milieu du dos, la jambe gauche toute raide. « Les flics ne reconnaissent plus rien ».
Avant la parade, déjeuner silencieux. La routine avignonnaise commence à fatiguer tout le monde, surtout que le succès escompté tarde un peu à venir. Mais le spectacle plait, on attend le papier du stagiaire en chimie du quotidien la Providence. Et ils ont bien tracté hier, à la sortie de la Cour d’honneur pour le spectacle de Valère : « Quelque chose en a ».
22h, ils entendent une ouvreuse : « allez, on y va, c’est l’heure où les gens commencent à partir ». Elle a raison. Dépité, abasourdi, avec le sentiment d’être pris pour un idiot pas invité à la grand’fête de la Culture, le public s’en va en regrettant un peu ses 36€. Les MISÉREUX en profitent et redonnent l’espoir théâtral. « Les réflexions fusent. Fini le théâtre, fini le IN, fini Avignon… qu’on ne compte plus sur nous. » « Mais venez, venez dans le OFF, c’est là la création, l’expression, c’est plus dans le IN où l’argent tue l’art en pantouflant, sans plus aucun lien avec le monde réel, le OFF c’est tout le contraire. Parce que c’est dur, c’est cher, sans reconnaissance, avec des costumes qui puent, des camionnettes en fourrière et des régisseurs sur civière »…
Regard du public qui veut fuir le théâtre…. « Alors pourquoi vous le faites ? » Silence des MISÉREUX... puis : « Allez, on vous invite !! » « Oula, c’est pire… allez, on s’en va….. » Et on s’étonne que le public déserte les salles !
Au moins à la parade, les MISÉREUX se sentent moins seuls : 800 compagnies les entourent et chacune fait la queue autour des tables ou de semblants de publics consommant le Pac à l’eau à 4€.
Place de l’Horloge, c’est la ronde interminable : un touriste, un festivalier, une troupe qui déambule déguisée en pingouin, un tracteur (quelqu’un qui tracte) : ronde sans fin de l’information sur le tas. Douze personnes dans la salle. « Bientôt, y’a la clim » annonce fièrement Gérard à Annick. Qu’il est moche le chirurgien amoureux de théâtre ! Dans un coin la troupe des Tréteaux de l’âme complote. Sa promiscuité avec les troupes du OFF comme les MISÉREUX la dégoûte. Pourtant, eux aussi ont les costumes qui empestent le comédien qui fait ce qu’il peut. A une semaine du début, les MISÉREUX se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Et pourtant, ils n’ont pas encore pris conscience du gouffre financier qui s’ouvre devant eux .
Suivez les aventures de la troupe "à" Avignon au jour le jour...
Et retrouvez tous les jours Pascal Coulan dans son nouveau spectacle "Plein le culte !" à la Tache d'encre à 19h.
Published by Pascal Coulan
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dans
La Chronique avignonnaise de Pascal Coulan
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