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Festival d'Avignon

13 juillet 2007 5 13 /07 /juillet /2007 09:34
En exclusivité pour RUEDUTHEATRE et pendant tout le Festival d'Avignon 2007, l'humoriste, comédien et auteur lyonnais Pascal Coulan nous raconte, vu des coulisses, le quotidien d'une troupe qui découvre pour la première fois les joies et les affres de la vie avignonnaise.

A+7 : vendredi 13 juillet

150 € de fourrière, plus un taxi pour Michel qui ne peut plus marcher ;  la camionnette des MISÉREUX commence à coûter cher ! « Mais pourquoi tu t’es garé sur une place handicapée aussi ? » « Devine ! » Jean-Pierre regarde Michel, corseté des reins jusqu’au milieu du dos, la jambe gauche toute raide. « Les flics ne reconnaissent plus rien ».

Avant la parade, déjeuner silencieux. La routine avignonnaise commence à fatiguer tout le monde, surtout que le succès escompté tarde un peu à venir. Mais le spectacle plait, on attend le papier du stagiaire en chimie du quotidien la Providence. Et ils ont bien tracté hier, à la sortie de la Cour d’honneur pour le spectacle de Valère : « Quelque chose en a ».

22h, ils entendent une ouvreuse : « allez, on y va, c’est l’heure où les gens commencent à partir ». Elle a raison. Dépité, abasourdi, avec le sentiment d’être pris pour un idiot pas invité à la grand’fête de la Culture, le public s’en va en regrettant un peu ses 36€. Les MISÉREUX en profitent et redonnent l’espoir théâtral. « Les réflexions fusent. Fini le théâtre, fini le IN, fini Avignon… qu’on ne compte plus sur nous. » « Mais venez, venez dans le OFF, c’est là la création, l’expression, c’est plus dans le IN où l’argent tue l’art en pantouflant, sans plus aucun lien avec le monde réel, le OFF c’est tout le contraire. Parce que c’est dur, c’est cher, sans reconnaissance, avec des costumes qui puent, des camionnettes en fourrière et des régisseurs sur civière »…
Regard du public qui veut fuir le théâtre…. « Alors pourquoi vous le faites ? » Silence des MISÉREUX... puis : « Allez, on vous invite !! » « Oula, c’est pire… allez, on s’en va….. » Et on s’étonne que le public déserte les salles !

Au moins à la parade, les MISÉREUX se sentent moins seuls : 800 compagnies les entourent et chacune fait la queue autour des tables ou de semblants de publics consommant le Pac à l’eau à 4€.
Place de l’Horloge, c’est la ronde interminable : un touriste, un festivalier, une troupe qui déambule déguisée en pingouin, un tracteur (quelqu’un qui tracte) : ronde sans fin de l’information sur le tas. Douze personnes dans la salle. « Bientôt, y’a la clim » annonce fièrement Gérard à Annick. Qu’il est moche le chirurgien amoureux de théâtre ! Dans un coin la troupe des Tréteaux de l’âme complote. Sa promiscuité avec les troupes du OFF comme les MISÉREUX la dégoûte. Pourtant, eux aussi ont les costumes qui empestent le comédien qui fait ce qu’il peut. A une semaine du début, les MISÉREUX se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Et pourtant, ils n’ont pas encore pris conscience du gouffre financier qui s’ouvre devant eux .

Suivez les aventures de la troupe "à" Avignon au jour le jour...

Et retrouvez tous les jours Pascal Coulan dans son nouveau spectacle "Plein le culte !" à la Tache d'encre à 19h.

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12 juillet 2007 4 12 /07 /juillet /2007 09:34
En exclusivité pour RUEDUTHEATRE et pendant tout le Festival d'Avignon 2007, l'humoriste, comédien et auteur lyonnais Pascal Coulan nous raconte, vu des coulisses, le quotidien d'une troupe qui découvre pour la première fois les joies et les affres de la vie avignonnaise.


A+6 : jeudi 12 juillet

Réunion au sommet au petit déjeuner. « Ca va pas, on a un super spectacle et personne ne vient le voir. Le calcul est vite fait… En cinq jours, 69 payants dont la moitié en carte OFF » « Bizarre ce système. On paie l’adhésion, et en plus faut faire réduction au public. C’est comme si on payait deux fois ! » « Comment faire autrement, si t’es pas dans le programme, t’es mort » « Déjà qu’on n’est pas bien vivant » . « Stop au pessimisme, on se reprend ! » « Ca vous rappellera le bon temps » lance Marie Claude à Patrick et Annick. « Qui a mangé toute la Nutella ? » Catherine , la langue noire, en a plein la bouche, les mains, le tee shirt. « Ca va pas Catherine ? » « Bof…. »

Tout le monde ricane un peu. La nuit a été mouvementée pour elle et JP qui veut faire comme si de rien n’était. « C’est mon divorce » répond-elle ! « C’est pas une raison pour bouffer toute la Nutella ! » « Allez, on se ressaisit ! » « Et si on faisait une parade en costume, ça attire du monde ça !? » « En costume !! Ca va attirer les putois en chaleur, parce que les costumes, ils commencent à renifler l’intermittent d’expérience, chauve et bedonnant ! » « C’est une très bonne idée, même odorante. Parade, avec un peu de world musique. Même fausse ça marche toujours .On donne quelques invitations et on entraîne ainsi tout le public comme le joueur de flûte ! » « Michel, au niveau musique, ça pourra le faire ? » « Ca le fera ! répond-il… Enfin, tant que je pourrais supporter mon nouveau corset en titane. »

Et dans la rue, de 13 h à 14h, les MISÉREUX se donne en spectacle. Les costumes, même olfactifs font un bel effet. Le public adore la musique des Balkans et suit la troupe jusqu’à l’Ecuelle. 35 personnes. Même Marie-Claude est ravie. Elle a perdu deux kilos dans son costume humide et cette chaleur attire Joël. Elle le console, plusieurs troupes l’ont chopé par le col et s’entraînent à le tenir en hauteur le plus longtemps possible. « Mais pourquoi tu leur casses les ampoules ? » « Ils touchent à notre décor qui soi-disant prend trop de place ». « Joël, y’a pas que toi ici. « Vivement que le IN me reconnaisse à nouveau ». « Bien sûr, en attendant, bouge pas trop la tête, tu vas faire tomber ta minerve ! »

Juste après la représentation, JP demande : « Qui peut m’aider à faire dégraisser les costumes ?  » Tout le monde est parti. C’est lui qui s’y colle. « Bon sang, c’est vrai que ça fouette un comédien après 6 jours d’Avignon ! »

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11 juillet 2007 3 11 /07 /juillet /2007 13:03
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A+5 : mercredi 11 juillet

Les MISÉREUX se ressaisissent. Omar et Patrick sont partis tôt ce matin. Pas vraiment coller, mais racoler. Deux petites demoiselles qui chantent à 11h aux 3P, le Paradis-Palais-Palace Théâtre, un cinéma désaffecté réouvert pour le festival. Les fauteuils devaient être bennés en juin, mais rien n’est trop typique pour le confort des festivaliers. Bien sûr le plafond s’écroule un peu, mais il y a deux salles et le patron est tellement sympa avec son accent du sud et ses vaporisateurs dont il arrose le public !! A 10x700 Euros par jour, rien n’est trop beau ! Le théâtre de la Terrasse est jaloux, il devait récupérer la moquette pour faire la scène. Du coup, il a dû en acheter de la neuve à St Macloud. Conclusion, un vieux cinéma inflammable, ça fait baisser la marge des vrais théâtres.

Annick elle, est allée à une émission sur France Culture. Elle espère en son minois charmant. Pas de chance, les cultureux parfois se moquent du charme des jeunes femmes. Ah, si Omar était venu !! Marie-Claude dort tard. Hier soir, Joël l’a invitée à manger un couscous rue des Teinturiers. Typique, mais qui pique. Et l’estomac de Marie-Claude n’a pas l’habitude des choses du désert. Joël l’ignorait et tenta malgré tout un premier baiser aventureux. Catherine a refait des courses. Cinq pots de (la) Nutella. Dont un que pour elle, dans sa chambre. Les autres, elle les mangera devant tout le monde.

A 13h, parade. Le public adore, mas les MISÉREUX font peu de monde. Dont un journaliste. Plutôt une stagiaire en physique-chimie qui se paie son studio pour être avec son copain en faisant des piges pour le Comtadin. « Comme ça, je vois des spectacles gratuits, et ça m'évite de monter un blog bidon ». Le spectacle s’améliore. Mais c’est pas facile pour Michel de faire la régie couché ! « Tant qu’il peut conduire la camionnette, ça le fera ! » Hélas, en sortant, la camionnette n’est plus là. Encore un tour de Gérard Majax !! Fourrière tout simplement. Majax dans le OFF, Jeanne Moreau dans le IN. Pourquoi pas le contraire ? Quand, dans la cour d’honneur, les actes sont si inconnus qu’ils font fuir le public par paquet de 100, on peut se poser la question : si Molière était vivant, serait il pris dans le IN ?

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10 juillet 2007 2 10 /07 /juillet /2007 17:10
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A+4 : mardi 10 juillet

Hier soir les MISÉREUX sont allés dans la Cour d’honneur du Palais des Papes. "Quartett" : Jeanne Moreau et Sami Frey lisant une pièce qui devait être montée 60 plus tôt… « Comme toi » persifle Patrick. Marie-Claude »….Elle ne relève pas. Au bras de Joël, elle n’aurait raté cet évÉnement pour rien au monde : Jeanne revenant à Avignon.

Pour une lecture certes, mais que voulez-vous que fassent les grands comédiens à 80 ans de nos jours ? La lecture, c’est À la mode. La présence reste intacte et ça coûte moins cher. Il n’y a que les Grands à payer. Pas de rôle secondaire, pas de musiciens, rien qu’eux. Avec l’argent public, c’est tellement IN de faire sobre et mode. En plus, c’était gratuit, c'est-à-dire, le spectateur, cette fois, ne payait qu’une fois. Avec ses impôts. D’habitude, quand il veut profiter de la culture, il repaie encore.

22h ! N’en jetez plus la cour est pleine. Froid de canard. Ah, le vent dans la Cour d’Honneur !! La lecture commence. Il n’y a rien à voir. Qu’à entendre ! Dommage que Sami ait du mal à parler dans le micro ! Une heure dix plus tard, la lecture est finie, le public étourdi applaudit une belle bonne grosse minute. Les MISÉREUX sortent en silence. Une fois à la maison les langues se délient. « Pas mal… de la présence, il faisait froid…. c’est sympa de la voir ! » …. Et Michel, qui avait pu se déplacer s’énerve soudain : « Tu parles d’un événement ! Ils appellent ça pompeusement palimpseste, c’est un ramassis des extraits les plus racoleurs du texte. Ca parle que de cul et le IN est aux anges ! Du Rocco Sifredi ampoulé ! Toute la substance des Liaisons réduite à une partie de jambes en l’air et d’envie de sodomie. Affligeant. Un texte d’un vieux qui bande mou pour une culture qui ne bande plus, se reproduit entre soi et s’émoustille parce qu’elle n’a plus rien à dire. Culture de la bien pensance comme Johnny est culture de l’UMP. Lamentable ! Et niveau lecture, des premières années de conservatoire auraient fait aussi bien. Sur ce, bonne nuit ! ».

Après un silence, JP enchaîne, « Il a pas tort le Michel » « Ah quand ça le fait, ça le fait bien ! » conclue Marie-Claude. Cela regonfle les MISÉREUX qui font aujourd’hui leur meilleure représentation. Oui, le talent de Sami est surtout celui d’avoir su le faire connaître et celui de Jeanne d’être toujours en forme à son âge. Mais à part ça, les MISÉREUX, comme beaucoup de compagnies, n’ont pas de complexe à avoir.

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9 juillet 2007 1 09 /07 /juillet /2007 09:34
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A+3 : lundi 9 juillet

22 personnes hier ! Hourra !! Les MISÉREUX ont fêté ça presque toute la nuit. On se contente de peu à Avignon. N’empêche, ils ont trouvé la cave secrète de leur logeur et se sont régalés. « C’est pas le même rosé que le premier jour ! » Ils boivent, ils dansent, (à part Michel qui est cloué au lit avec dé-antalgique sous perfusion « Mais ça va le faire ! ». Ils chantent ! Même Marie-Claude se lâche. Il faut dire que Prozac et bon rosé, ça détonne. Omar et Patrick, comme au bon vieux temps, prennent Annick chacun par un bout et la balance au-dessus de la piscine marécageuse. Cris, hurlements, fous rires. « Je suis sûre que y’a des crocodiles maintenant ! » Annick a vraiment peur. Ils la relâchent. Bien sûr elle boude mais pas longtemps. Jamais rancunière l’Annick que Patrick et Omar ont bien tenue.

JP aussi est content. Les gens adorent. « Ton meilleur spectacle je te dis, embrasse moi… » et Catherine se jette sur le metteur, lèvres buccales en avant. « Avec son divorce, ça lui fait du bien ». Au petit matin, ils se couchent enfin ! A midi, ils se réveillent, la gueule de bois certes, mais d’un bois léger. « Bon rosé ça ! » « Bon sang, midi ! » Sonnette d’alarme.

Pas de tractage aujourd’hui, pas de collage, que le spectacle, l’Art avant tout. Il faut dire que les MISÉREUX n’ont pas le choix. Ils arrivent à 13h30 à l’Ecuelle ou Alain le grand calme et Joël le Grand Théâtreux qui se la pète se chamaillent un peu. « Si tu lèves un doigt sur moi, je… je … je le dirai à André Benedetto, le président du Off… » Joël est paniqué. Alain le porte par le col et lui dit calmement. « On t’a vu cassé l’ampoule de ma découpe, alors tu me la rembourses, sinon, je te tiens comme ça pendant tout le festival ». Tout le monde sait qu’il peut le faire. « Va te faire voir » s’étrangle Joël.

Les MISÉREUX s’installent. Les costumes puent le vieux comédien fermenté. Berk ! Trois personnes viennent les applaudir dont un qui s’endort. A leur sortie de scène, ils sont dépités. Mouillés comme des intermittents mal rincés, ils rentrent directement à la maison. Pas de tractage, pas de fête, Annick en est sûre, elle a vu un serpent sortir de la piscine aux allures étranges. JP est dubitatif : en sortant de scène, il en est certain, Alain tenait toujours Joël à un mètre du sol.

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8 juillet 2007 7 08 /07 /juillet /2007 09:34
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A+2 : dimanche 8 juillet

9 h : lever en fanfare, petit déjeuner, observation des algues de la piscine qui commencent à envahir le bord…. « Ca fait cher une maison avec piscine sans piscine ! » Tractage, collage, affichage : tiens, des panneaux ont disparu ! A la place, des grandes affiches au titre évocateur : « la salope imaginaire », « les 12 petites culottes » « trois packs et un enterrement de jeune filles ». Ca attire du monde ça ! « Bon, se disent Omar et Patrick, ils nous virent, on les revire ».

Catherine fait le tour des rédactions. A la Marseillaise, un journaliste l’accueille, au Comtadin un troupeau de stagiaires en licence de lettres s’autoproclame journalistes. A la Provence. Personne, couloir désert, pas un bruit, pas une voix, rien. Catherine pose son dossier de presse par dessus une pile de 60 cms de haut. Puis elle en glisse deux dans la pile en pensant qu’elle est la seule à faire ça.

A l’Ecuelle, Gérard croise chaque troupe : « tout va bien ? Ne vous inquiétez pas, le public va arriver, c’est toujours calme les deux premières semaines, la clim arrive aussi… au moins il ne fait pas trop chaud… au fait, vous pensez au règlement global, pour ma compta ». Personne ne l’écoute. A entendre d’autres compagnies que les MISÉREUX croisent, la litanie de Gérard s’entend dans tous les théâtres. Il faut tout payer à l’avance, mais c’est pour la compta. Au théâtre du Chat qui bêle, en revanche, pas de réclamation de ce genre : tout est payé à la signature. Au Théâtre du Tilleul Jaune où les troupes sont « invitées », moitié à la signature, moitié le dernier jour… la confiance règne donc, mais c’est deux fois plus cher. En général, tout se paie avant : « vous comprenez, il est arrive que des troupes partent une nuit sans payer… » « Oh ! » , s’indigne Annick, « Vous imaginez dans ce cas, la compta ». Annick s’imagine très bien, d’autant que Gérard ne se gène pas pour lui faire en même temps les yeux doux . « Vous êtes comédienne depuis longtemps !? »

Régis, le régisseur général de l’Ecuelle, erre toute la journée dans l’Espace où il dort également. C’est le neveu de Gérard. Il n’y connaît rien en technique mais, contrairement au théâtre du Corps Pur, ne fait pas semblant. Au moins, il sait sourire au public. Les troupes sympathisent entre elles et s’interrogent : vous avez fait du monde ? Bof, et vous ? Re bof…ça va pas durer, ça va venir, et puis, il y a les professionnels. »

13h30 Marie Claude s’est mise à tracter. Elle parle surtout du spectacle des Tréteaux de l’âme. Une pièce de Camus, inédite et jamais montée. « Il doit y avoir une raison » se dit Jean Pierre. En effet, le peu de public qui entre en ressort un quart d’heure plus tard. Plusieurs Directeur de Scènes Nationales la programmeront. En l’achetant plein tarif grâce aux impôts de la multitude qui ne tient pas plus d’un quart d’heure. « La culture, ça paie quand ça se la pète ! » Aujourd’hui, les MISÉREUX font 22 personnes dont un professionnel. Enfin….. l’ami d’un professionnel qui a reçu l’invitation et qui ne pourra pas venir.


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7 juillet 2007 6 07 /07 /juillet /2007 09:34
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Samedi 7 juillet

A comme Avignon, A comme Acteur, A comme Amour, comme Art, A : Avignon, Amour de l’Art des Acteurs. ! C’est un peu ça le festival d’Avignon. Dès qu’il est parti, à des degrés et des avantages divers, des pires mastroquets aux encore pires loueurs de garages, tout le monde veut que ça marche ! C’est toujours la loi de la jungle, le chacun pour soi, mais une atmosphère s’installe. D’énergie et d’espoir.

De l’énergie les MISÉREUX en ont à revendre, de l’espoir, ils pourraient en acheter. En solde, bien sûr ! Le moral n’est pas au plus beau fixe, mais JP le remonte à l’aide de son cric mental : « Hier, c’était un filage, aujourd’hui, les vrais festivaliers arrivent ! »
« S’ils n’arrivent que le Week end, pourquoi ça dure un mois ? »
« Annick, arrête de poser des questions tout le temps »
« Il faut qu’on s’organise ! Comment font les autres compagnies ? C’est pas compliqué, ils tractent le jour, et la nuit se promènent avec des cartons ramassés par terre sur lesquels ils ont collé leur affiches dessus et ils errent avec des bouts de ficelle et des escabeaux branlants pour les fixer. Si la place manque, ils en font un peu, mais faut pas que ça se voie. Et la valse des cartons qui pendouillent commence ! Et aussi, ils collent, retractent encore, et rerecollent et reretractent. Avignon, C’est Sisyphe moins la légende »
...
« Et la piscine toute pourrie ? » « Tu crois qu’on aura le temps de nager ! » « Allez qui s’y collent et qui tracte ? » « Pour draguer c’est le top ! » « Mais vous ne pensez qu’à ça ! » « Marie Claude, tu penses à quoi toi ? » « Au spectacle monsieur, je ne suis ici que pour ça ! » « Pourtant, je t’ai vu mater Joël des « Tréteaux de l’âme » ! « Il se la pète pas un peu lui ? » « Trop de subventions tue la modestie ! » « N’empêche il se la pète »
...
« Bon, on s’organise, Omar et Patrick vous serez l’équipe tractage-collage-cartonnage, Marie Claude, pendant que tu te concentreras, tu feras les courses et le ménage, Catherine, en cuisine et à la pèche au gros : journaliste et acheteurs. Michel…. Il est où Michel ? »
« Je crois qu’il est couché ! La cortisone ne fait plus d’effet ! »
« Mais la régie ? »
Michel apparaît en haut de l’escalier en se tenant à la rambarde : « T’inquiète JP, ça va le faire ! » « Que c’est moche cette expression » pense Marie Claude.

Les MISÉREUX se mettent en route, collent, tractent, et à l’heure dite, 14h45, c’est simple, il y a dix fois plus de monde qu’hier. Que des spectateurs payants et ravis ! Le bonheur revient : « Collage et tractage sont les mamelles d’un bon Avignonnage »

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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 10:34
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Le Jour J

Vendredi 6 juillet.
9h, devant une tasse de vieux café qui traînait dans un placard : JP déclare, ému : « Aujourd’hui est le jour du plus grand des triomphes ! », et cette phrase s’inscrit comme le début du journal des MISÉREUX. Dans chaque tasse de vieux café, une larme semble couler, ils sont tous là, ensemble, premier jour du premier festival d’Avignon des MISÉREUX. Le café refroidit un peu mais l’énergie est intacte. Catherine lance : « je vais faire les courses, qu’est ce qui vous ferait plaisir ? ». L’émotion s’envole, la faim réclame sa fin. Faut dire, les MISÉREUX, sans s’en rendre compte n’ont rien mangé depuis 2 jours.

« Du pain, des pâtes, du riz, de la choucroute, non, c’est pas bon pour ma ligne, Annick, t’es pas obligée d’en manger, café, chocolat, Nutella, non, c’est trop tentant, Marie-Claude, si tu te remets au tennis, il faut de l’énergie, j’ai oublié ma raquette, bon, pas de Nutella, on dit pâte à tartiner ! peut être, mais on dirait tout le temps du Nutella ! on dit : de LA Nutella ! Céréales, fruits, légumes, pas d’haricots, oublie pas la confiture, déjà que vous ronflez, toi-même… ! » Au bout d’une heure, Catherine avait établi une liste immense. Ca pèserait lourd dans le caddie mais il ne serait pas dit que les MISÉREUX meurent de faim.
« Allez, faut y aller ! »
«Où ? » demande Annick.
« Ben, au cinéma, puis après on ira à la piscine… À l’Ecuelle pardi ! »
Déjà le terme d’Espace battait de l’aile. Gérard n’était peut-être pas à la hauteur de l’appellation !
« Mais pourquoi ? Tout est prêt ! »
« Ok, on se repose, on attend que Catherine revienne, on mange et on y va ! »
« Et le tractage? demande Omar, on n’a pas encore tracté. »
« Bon sang c’est vrai ! On ira demain ! »
« Mais aujourd’hui ? »
« Ou alors on donne 5 euros à un étudiant avignonnais pour le faire... » suggère Marie-Claude.
« Aujourd’hui, c'est la première, il y aura forcement du monde » rassure JP.
« Et puis, on va pas tracter avant de jouer ! » Marie-Claude a raison. Jusqu’à midi, chacun se concentre, en vaquant. Puis Catherine revient. Michel porte tout, mais la cortisone est efficace. Surtout qu’il a doublé les doses.
Midi et demi, les pâtes sont cuites.
13 heures, les MISÉREUX s’en vont. Silence dans la camionnette.
A 14h : premier ballet de changement de plateau. Le spectacle d’avant a eu du monde, il fait chaud « Demain la clim ! », a promis Gérard.
A 14h30 les MISÉREUX sont prêts ! Personne à la caisse ! C’est normal, les gens viennent à la dernière minute. Rituel d’entrée en scène. Une ronde, des cris.
14h40, toujours personne… On se pose des questions.
14h45… Une personne… Angoisse !
14h50, la même personne, 14h55, JP décide « Bon, y’a pas foule mais les MISÉREUX n’annulent jamais. Une personne, c’est toujours LE public. C’est comme un filage qui nous paiera un café ». Et les MISÉREUX jouent.

Première inoubliable de conscience professionnelle. A la fin du spectacle, applaudissements saluts, rangement vite fait. Les costumes sont trempés, le spectacle a plu, ça fera du bouche à oreille. Un peu abattus les MISÉREUX sortent. Dehors, 120 chevaux magnifiques, des milliers de gens, toutes les compagnies sont là, c’est la parade de début du OFF. André Benedetto, tel César au premier jour des Jeux, déclare l’ouverture du festival Off 2007. C’était donc ça ! se rassurent soudain les MISÉREUX : le festival n’avait pas encore commencé !!

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5 juillet 2007 4 05 /07 /juillet /2007 09:34
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J-1

A se promener dans les rues, le festival a déjà commencé. Les affiches et les cartons qui pendouillent jonchent la ville, comme des soldats morts pour rien, envahissent aussi le sol, c'est le champ de bataille de la culture du OFF. Il y en a déjà partout. Cela ne décourage pas les troupes, seul public d’elles-mêmes en cette veille de festival. Plus de 850 spectacles (866, un record battu chaque année dans le OFF), autant de cartons qui s’amoncellent, autant de clients sur les terrasses.

A l’Espace Ecuelle, toutes les troupes sont installées. Le grand type costaud s’appelle Alain, jeune metteur en scène et remarquable organisateur. Patiemment, la veille, chaque compagnie avait réglé lumières et son. Seuls les « Tréteaux de l’âme » se plaignirent. Ils leur fallait plus de temps, que personne ne touche à leur décor, n’effleure leur projecteurs, ne leur adresse la parole, et que tout le monde se pousse pour leur faire de la place. "Eux" faisaient du ThéÂâââtre : grands textes, grandes réflexions, grande destinée… et avaient atterri à l’Espace Ecuelle par erreur car ils avaient envoyé trop tard leur dossier pour la sélection du IN auquel le grand metteur en scène Joël avait participé quelques années auparavant. Figurant muet dans la cour d’honneur, ça vous pose son homme !

A une heure du matin, tout était réglé. Et en ce jeudi 5 juillet, on pouvait faire le grand filage au grand complet. Le régisseur général est enfin arrivé. Personne n’a besoin de lui mais comme il faut bien qu’il justifie son titre et sa présence, il discute sur tout et n’est écouté sur rien. Les spectacles s’enchaînent dans un joyeux tumulte et malgré le peu de place et la chaleur. La nuit prochaine, Gérard devrait installer la clim. Pour beaucoup de théâtres, J-1 est la journée portes ouvertes : les spectacles sont gratuits. Le public s’y rue. Les restaurants, eux, majorent leur prix, les terrasses sont vides. Le bureau du OFF est encore fermé ! « Ah, quand y’a plus de concurrence, on se relâche » lance un comédien avec sa pile de tracts sous le bras.

Le filage des MISÉREUX se déroule bien, le nouveau décor se plie et se déplie à merveille. Michel a bien bossé. Faut dire, il a commencé la cortisone. A la fin de la journée, Omar et Patrick vont poser quelques cartons. Tiens, Annick a disparu. Quand tout le monde se retrouve à minuit, il y a encore une prune sur la camionnette. « Ca commence à faire cher. A quand la fourrière ? » A minuit et demi, JP demande : « Bon, qu’est ce qu’on mange ? »
« Mince, crie Catherine, on a oublié de faire les courses ! »

Suivez les aventures de la troupe "à" Avignon au jour le jour...

Et retrouvez tous les jours Pascal Coulan dans son nouveau spectacle "Plein le culte !" à la Tache d'encre à 19h.

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4 juillet 2007 3 04 /07 /juillet /2007 09:34
En exclusivité pour RUEDUTHEATRE et pendant tout le Festival d'Avignon 2007, l'humoriste, comédien et auteur lyonnais Pascal Coulan nous raconte, vu des coulisses, le quotidien d'une troupe qui découvre pour la première fois les joies et les affres de la vie avignonnaise.


J- 2 jours

Mercredi 4 juillet. La ville déserte de touristes est tapissée d’affiches, de bandeaux et de cartons qui pendouillent. La journée passe comme un éclair dans le ciel du proche avenir ! Catherine court dans toutes les directions, pour les infos et laisse le dossier de presse dans les différentes rédactions, et la troupe s’installe avec les autres compagnies, dans la salle de l’Espace Ecuelle où une réunion a lieu à 10h.

Les 11 Compagnies sont présentes. Ca en fait du monde ! Bonjours timides, on se regarde, on se jauge, « qu’elle est mignonne ! » se dit Patrick. Gérard expose la salle, les consignes, annonçe qu’il y a un rangement en moins pour cause de travaux, mais bon, on se serrera !! (sourire badin). Il annonce aussi que le programme était à l’imprimerie et que le régisseur général arrivait d’ici une heure. De plus, il avait eu quelques problèmes avec quelques projos… « Mais vous en avez apporté non ? » Quelques régisseurs disent que oui. « Parfait ! ». Et c’est vrai : quoi de plus logique que d’amener ses projecteurs quand on loue une salle toute équipée ! Mais le jeu d’orgue est tout neuf de deux ans. Un seul circuit manque. Tout le monde écoute Gérard en espérant qu’il finisse au plus tôt, qu’il dégage et que les troupes puissent s’installer. Une chaise en plastique se casse. « Pas grave, on la remplacera ! » Et quand Gérard le chirurgien–amoureux du théâtre demande : « Et pour ceux qui n’ont pas tout réglé, je suis à votre disposition. Ca serait bien que ça se fasse ce matin. Pour ma compta » « Très bien, acquiesce un grand type taillé dans le roc, sorte de clone Jean Marais-Arnold Schwarzenegger ! Et maintenant, laisse nous, on s’installe ». Gérard ne sut pas quoi dire. Il souhaita une bonne journée à tous et le grand type organisa l’installation.

Tout le monde se présenta puis les régisseurs installèrent les nouveaux projos, se mirent d’accord sur le plan de feux. On se partagea les rangements pour le décor, les loges, on fit des compartiments. Et on s’aperçut que la place en moins annoncée par Gérard servait en fait à entreposer son matériel car il louait aussi sa maison et sa salle d’opération. Il aimait vraiment le théâtre cet homme là !

Très vite et comme souvent, les compagnies s’entendirent à merveille pour s’organiser. Toutes ensemble, dans un même esprit collégial d’efficacité. Toutes, sauf une ! La compagnie des Tréteaux de l’âme, dès le premier jour, emmerda son monde...

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