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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

9 mars 2005 3 09 /03 /mars /2005 00:00

LA SEMAINE DU CONTE DU 8 AU 12 MARS 2005

Depuis sa création, les Trois-Pilats sont très attentifs aux formes modernes du conte. Chaque mois, l’association Cric Crac Conteurs organise une soirée aux Trois-Pilats. Depuis quatre ans, plusieurs conteurs ont déjà été accueillis, et ce fut chaque fois un émerveillement. En janvier, nous accueillions Alain Bauguil, qui interprète depuis quinze ans l’Ennemonde de Jean Giono, avec une virtuosité sans pareil faisant du conte un art.

Voulant mettre en valeur toute la richesse du conte, nous organisons du 8 au 12 mars, cinq soirées consacrées aux conteurs et à leur récits imaginaires. Cinq spectacles, cinq conteurs, une accordéoniste, auxquels nous avons voulu donner la parole, car nous connaissons leur talent et leur finesse. Chaque soirée sera bien différente, des contes gourmands aux contes voyageurs, de notre Provence traditionnelle à l’Orient, en passant par les petites histoires (pas si) habituelles des gens ordinaires.

C’est avec un plaisir certain que nous vous invitons à vous laisser porter par l’imagination de nos conteurs…



LE PROGRAMME
Mardi 8 mars à 19 h
Kady Kaya, « Apportez vos serviettes de table » : des contes à savourer à partir de 8 ans et avec gourmandise, par une conteuse généreuse et gaie.
Suivi du pot d’ouverture de la semaine du conte.

Mercredi 9 mars à 19 h
« Café contes d’Orient » : une soirée exotique où l’équipe du Café contes vous fera rêver avec ses contes orientaux.
Jeudi 10 mars à 20 h
Giulia Ronchi, « Chez Paulette » : Paulette vous ouvre la porte de sa maison, de son cœur et de sa mémoire. Ses souvenirs s’enracinent dans la Provence de Jean Giono. Elle a donc des choses à vous raconter sur sa vie et ses aspirations de jeune bergère, sa vision de la modernité, et surtout elle le fait avec la poésie et l’art de vivre provençaux, qui ont modelé sa personnalité simple mais forte et… malicieuse. Une soirée conviviale et chaleureuse !
Vendredi 11 mars à 19 h
Renée Xuereb, « Contes de voyage, voyages du conte » : Pourquoi s’éloignent-ils? Pourquoi partent-ils? Quel désir, quel rêve mais aussi quel exil, quelle angoisse les poussent ainsi à quitter leurs attaches, parfois à larguer leurs amarres ? Pour quelle aventure ? Sans doute vous reconnaîtrez-vous là où la parole du conte, légère ou grave, ne fait que passer.
Samedi 12 mars à 20 h
Cie Aime les mots dits, « Histoires qu’on sème », conte et accordéon.
Il y a une horloge au sourire bloqué sur 10 h 10. Un arbre qui balaie les étoiles sous le tapis des nuages. Une armoire d’hiver pleine de robes de printemps. Un gars de n’importe où amoureux d’une fille de quelque part. Un ventre de femme des eaux duquel émerge un petit monde – un petit rien du tout qu’on appelle la vie.
Il y a des graines que vous emporterez en vos cœurs. Mais ça, c’est (déjà) une autre histoire.

Chaque soirée se prolongera par un moment de convivialité où nous pourrons boire un verre ensemble et discuter avec les artistes.

Tous les spectacles réjouiront les petits comme les grands ! Tarifs : mardi, mercredi, jeudi, vendredi : entrée libre
Samedi : 5, 9 et 12 euros (réservation conseillée)

Nous vous invitons à venir au pot de la semaine du conte, le 8 mars après le spectacle.

Propos recueillis parVincent Cambier

« Semaine du conte »
Théâtre des Trois-Pilats, 18, place des Trois-Pilats • Avignon
Tél./télécopie : 04 90 85 67 74
lestroispilats@wanadoo.fr
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7 mars 2005 1 07 /03 /mars /2005 00:00

« LUDOR CITRIK » : UN SPECTACLE QUI CONCHIE LE BANAL

C’est la deuxième édition du festival Cité nez clown, organisé par l’association étudiante d’Avignon « Culture.com ». Et dans ce cadre, j’ai assisté à la représentation de Ludor Citrik : « Je ne suis pas un numéro », au Théâtre du Balcon.

L’arrivée tonitruante de ce faux Diogène, apparemment mal élevé, cheveux et barbe longs, nez de poivrot à la W. C. Fields, les pieds dans des chaussures-cartons, laisse présager immédiatement un moment hors normes. On peut s’attendre à tout : qu’il crache, qu’il boive, qu’il danse, qu’il marionnettise, qu’il mime, qu’il jongle, qu’il prestidigite un lapin, qu’il converse dans une langue inconnue, qu’il réclame ouvertement un câlin, qu’il immole un intermittent (!), qu’il réhabilite l’imaginaire…



Quel choc ! Voilà enfin un spectacle qui conchie le banal, qui me secoue, qui m’étonne, qui me dérange, qui m’irrite (parfois), qui me surprend, qui me tétanise, qui me fait du bien, qui me fait rire et réfléchir, qui me laisse entrevoir des pans entiers de beauté, qui tutoie l’enfance de l’adulte que je suis – hélas ? –, devenu.

Mon enthousiasme a sa source directe dans les traces laissées par la personnalité très forte et très attachante de Cédric Paga. C’est un ouragan qui m’emporte grâce au rythme insufflé à Ludor Citrik par les prouesses du corps, du verbe, du mime, de la marionnette, du jonglage, du masque, du jeu électrique, dues à l’immense générosité de l’acteur. Cet homme-là est dans le don permanent et absolu, aussi sérieux dans le jeu qu’un enfant. Ce qui explique aussi des moments que j’ai pu croire agressifs ou provocateurs (l’épisode des biscuits, par exemple).

Quant au petit rappel, à la fin du rêve, du statut des intermittents du spectacle, il est d’une simplicité artistique lumineuse. Et d’autant plus efficace.

Merci, Cédric Paga, pour tous ces cadeaux multicolores.


Ludor Citrik : « Je ne suis pas un numéro », de Cédric Paga
Interprété par Cédric Paga
Coup d’œil oblique précieux : Gilles Defacque
Appréhension du corps sensible : Anne-Catherine Nicoladzé
Lumière : Jean-Philippe Janssens
Costumes : Catherine Lefebvre
Théâtre du Balcon, 38, rue Guillaume-Puy • Avignon
Samedi 5 mars 2005 à 19 h 30 (environ 1 heure)
Public adultes
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6 mars 2005 7 06 /03 /mars /2005 00:00

TROIS JOURNÉES CONTRALUZ

Le 11 mars 2004, l’Espagne connaissait le plus grave attentat de son histoire ; trois jours plus tard, les élections législatives donnaient une victoire inattendue aux socialistes. L’association Contraluz organise trois journées pour essayer de comprendre ce qui s’est passé et soutenir les victimes.

10 mars 2005, 20 h 30: projection de Hay motivo, documentaire résumant les années de gouvernement d’Aznar (1996-2004), présenté par B. Bessières, professeur à l’université de Provence ; cinéma Utopia Manutention, cour Maria-Casarès • Avignon.

11 mars 2005, 18 h 30 : conférence « La part des victimes », par Sandrine Magaglie de la CUMP de PACA.
Dès le début, il nous a paru important de consacrer ce 11 mars aux victimes. Après le refus des associations espagnoles, lasses des multiples tentatives de manipulations, de participer à tout acte public, c’est à Sandrine Magaglie, psychologue, membre de la cellule d’urgence médico-psychologique de PACA, que nous avons demandé de nous parler des conséquences des attentats pour les victimes survivantes et leur famille.
Bourse du Travail, 6 rue Campane • Avignon.

12 mars 2005 : journée au Théâtre des Doms, escaliers Sainte-Anne • Avignon
Conférences, débats (entrée libre) :
11 heures : « Les origines d’une tragédie », par David Berchenko, professeur d’histoire. Cette conférence sera l’occasion d’évoquer ce que l’on peut savoir sur les raisons et les auteurs de ces attentats ainsi que les circonstances dans lesquelles ils ont été perpétrés.
12 h 30 : pause ; repas espagnols proposés par l’Association culturelle espagnole d’Avignon.
13 h 30 : Juan de la Carrasca, guitariste flamenco.
14 h 30 : « Le rôle des médias », débat avec Ramon Chao (journaliste, écrivain), Tatiana Miralles (journaliste à RFI), José Maria Patiño (correspondant de la Cadena Ser à Paris)…
Presse écrite, télévision, radio, Internet, téléphones, etc., tous les moyens de communication ont joué un rôle essentiel pendant les quatre jours cruciaux, tant pour diffuser les informations que pour permettre la mobilisation des manifestants.
17 heures : « Madrid 2004 : une victoire de la démocratie ? », par B. Bessières, professeur à l’université de Provence.
Les attentats du 11 Mars ont-ils mis en question la démocratie espagnole ? Ont-ils influé significativement sur les élections du 14 mars ? Ces questions dépassent largement le cadre espagnol.

MADRID 11.M.04
Spectacle de solidarité samedi 12 mars 2005 à 20 h 30, Théâtre des Doms, escaliers Sainte-Anne • Avignon
À l’appel de Contraluz, de nombreux artistes avignonnais ont accepté généreusement de participer à ce spectacle ; qu’ils en soient remerciés. A. Barthélemy (piano), le groupe Nomadeus (musique ancienne), Villeneuve Tango (danse), Helena et le Délirium tzigane (musique de l’Europe de l’Est), Matéluna (théâtre), Lidia Peña (flamenco), le Tric Trac Trio (jazz)… Tarif unique : 15 euros.
La recette ira aux associations espagnoles de victimes du terrorisme.
Réservations recommandées au 04 90 85 42 08 ou sur www.ascontraluz.free.fr
Tout au long de la manifestation, Nathalie Fourré exposera une série d’œuvres originales, créées spécialement pour l’occasion et qu’elle mettra en vente au profit de la manifestation.

Propos recueillis par
Vincent Cambier
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5 mars 2005 6 05 /03 /mars /2005 00:00

ILS DOIVENT AVOIR DE BELLES ÂMES, CES PETITS

À Avignon, au XXIe siècle. Tous les premiers jeudis du mois, d’octobre à mai, dans un petit lieu très sympa, le Théâtre des Trois-Pilats, de jeunes et beaux comédiens du conservatoire d’art dramatique tout proche fourbissent leurs futures armes théâtrales.

La soirée du 3 mars 2005 était le flamboyant prolongement de plusieurs travaux : stage sur Georges Aperghis avec Martine Viard, cours de chant lyrique et classique avec Valérie Marestin, cours de chansons avec Pierre Guiral, ces deux derniers du conservatoire de musique du Grand Avignon.



Ce soir-là, donc, était un joli moment de rêve, de tendresse, de rire, de bien-être. Grâce à ces jeunes pousses artistiques qui nous offraient des textes d’Aperghis particulièrement difficiles à se mettre en bouche, des chansons diverses (Kurt Weill, Moyen Âge, anonymes…). Car ils y mettaient tous une telle conviction, une telle fraîcheur, un tel plaisir de jouer et d’offrir que nous ne pouvions qu’être conquis. Ils doivent avoir de belles âmes, ces petits.

Je me fais une joie de les citer tous : Blandine Robert, Benoît Miaule, Sylvie Espérance, Julie Pradera, Caroline Gonin, Guillaume Motte, Mathieu Boisliveau, Jérôme Garnier, Ludovic Chaussalet, Héléna Vautrin, Myrtille Bastard, Géraldine Martin et Jull Jalmain. Sans oublier, bien sûr, Pascal Papini, metteur en scène bienveillant et exigeant.

C’est grâce à de jeunes artistes comme eux que je vois encore des perles de pluie dans des pays où il ne pleut pas.


« Soirée conservatoire », tous les premiers jeudis du mois.
Théâtre des Trois-Pilats, 18, place des Trois-Pilats • Avignon
Tél. 04 90 85 67 74
Courriel : lestroispilats@wanadoo.fr
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2 mars 2005 3 02 /03 /mars /2005 00:00

UNE DAME BLONDE EN NOIR

Le 27 février 2005, à 16 heures, une heure paisible, molle et frigorigène – mistral oblige –, Talila Gutwilig donnait son récital, « Au vrai chic yiddish », au Théâtre des Halles.

Au début, je ne vois qu’elle. Tenue de scène toute noire, grande élégance naturelle, cheveux blonds qui prennent la lumière, sourire éclatant et malicieux, complicité évidente avec les musiciens. Je sens qu’elle va m’offrir un cadeau artistique de qualité. La suite le confirme.



Talila Gutwilig raconte et chante la vie du petit peuple juif de jadis, de naguère, de maintenant, de toujours, de là bas et d’ici.

Je découvre des airs, des odeurs, des sentiments, des mentalités que je croyais exotiques et fanés, qui, tout à coup, retrouvent tout leur parfum, exhalent leur fragrance, pudiquement.

C’est bourré d’humour, de tendresse, de mélancolie, de sensualité, et ça me fait chaud. Un peu comme si j’étais en famille, ou, plus exactement, comme si Talila – cette belle femme et cette femme belle – m’avait invité dans sa famille, autour d’un verre ou d’un plat.

D’autant que les musiciens sont sur la même longueur d’onde harmonieuse que la dame blonde en noir. Ils nous embarquent vers leur pays sonore, l’air de rien, modestement, comme sans effort. J’avoue cependant une petite préférence pour Teddy Lasry, qui faisait passer dans ses notes à la clarinette un supplément d’âme, une mélancolie voilée.


Au vrai chic yiddish, récital
Avec Talila Gutwilig
Et Michel Derouin (piano), Pierre Mortarelli (contrebasse), Teddy Lasry (percussions et clarinette), Maurice Delestier (violon et guitare)
Théâtre des Halles, rue du Roi-René • Avignon
Tél. 04 90 85 52 57 – Réservations : 04 32 76 24 51
Courriel : theatrehalles-cie.timar@wanadoo.fr
www.theatredeshalles.com

DISCOGRAPHIE
1977 : Ott Ozoy, avec Kol Aviv - prix Charles-Cros
1984 : Les Berceuses yiddish, coll. « Berceuses du monde entier », au Chant du monde - prix Charles-Cros
1985 : Bonsoir à tous, encore bravo, au Chant du monde
1987 : Yiddish, avec Eddy Schaff, Teddy Lasry et Pierre Mortarelli, au Chant du monde
1992-1993 : Papirossn, au Chant du monde
1997 : interprète les chansons du CD-Rom Récits du ghetto de Varsovie, production Montparnasse Multimédia.

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1 mars 2005 2 01 /03 /mars /2005 00:00

UN TRÈS JOLI SPECTACLE

« Je me suis lancé dans le spectacle assez tard, c’était aux environs de… 23 h, 23 h 30. J’ai commencé par écrire une chanson, un tube, sinon c’est trop compliqué. Je me suis endormi avant la fin. Le lendemain, j’ai acheté une guitare parce qu’un ami m’a dit que les femmes adoraient ça : “Une guitare et elles te suivront au bout du monde.” Pendant deux ans, je me suis baladé avec ma guitare, espérant rencontrer la femme de ma vie. Ça n’a rien changé du tout. C’était même pire que sans la guitare. Alors, un jour… j’ai décidé d’apprendre à jouer. »

Propos recueillis par


Les Femmes, le Chocolat et moi
Les 4 et 5 mars 2005 à 21 heures, au Théâtre des Trois-Pilats • Avignon
Tél. 04 90 85 67 74
Ce spectacle va se rejouer le 9 mars à 21 heures au Baloard 21, bd Louis-Blanc • Montpellier – Réservations : 04 67 79 36 68 – le 18 mars à 21 heures à la salle des Moulins • Cheval-Blanc – Réservations : 04 90 71 01 17 – et pendant tout le Festival d’Avignon 2005 au Théâtre des Trois-Pilats.
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25 février 2005 5 25 /02 /février /2005 00:00

« DES POIGNARDS DANS LE SOURIRE DES HOMMES »

En Écosse, au XIe siècle. Les guerriers Macbeth et Banquo sont abordés par une sorcière-louve. Elle leur prédit, pour l’un, un avenir de thane de Cawdor et de roi ; pour l’autre, le règne de ses enfants à la suite de Macbeth. Très vite, la prédiction se confirme. Dès lors, le venin du pouvoir est inoculé dans les veines de Macbeth, plus sûrement que celui de la cocaïne. Pourtant, dès le début, les dés sont jetés et pipés : le pantin métallique, qui nous fait face, est déjà décapité. Mais « le charme est noué ». La tragédie est en marche et avance au pas de charge…

Comme toujours, Shakespeare traite de l’essentiel : l’« archaïsme » des âmes, les pulsions inavouables larvées au fond de l’être, les bassesses immondes nichées dans la crypte des cœurs, le chaud goût du sang suintant des bouches froides d’hommes et de femmes aux crocs de molosses. Et il le fait à travers une langue admirable, claquante, précise, évocatrice, juteuse, cousue de fureur, via la traduction de Jean-Michel Déprats, non moins poétique.



Jean-François Matignon a réglé là une mise en scène somptueuse, hitchcockienne, gorgée de sens, ourlée de rouge, de brun, de blanc, de noir, de gris… Il y a du Rembrandt, du le Caravage, du Georges de La Tour dans ce Macbeth-là. En totale osmose avec Shakespeare, tout dans ce spectacle nous envoûte : les brumes écossaises, les ceps de vigne – fœtus, pendus, cadavres, carcasses, lumières… –, les meubles, les éclairages, les clairs-obscurs, la musique… Rien n’est gratuit, tout est à sa place, comme depuis l’origine du monde.

Cet artiste Avignonnais, au sourire tendre, intelligent et moqueur, scrute « les semences du temps » avec acuité, nous baigne dans « le mauvais air » avec talent et explore avec une générosité sans faille l’âme des humains.

C’est aussi un formidable maïeuticien d’acteurs, qui les accouche du meilleur, dans le respect de leur liberté créative. Et rend l’interprétation homogène.

Roland Pichaud, méconnaissable, à la voix mâle, puissante et claire, me harponne par son Macbeth de haute tenue, vaniteux, veule, velléitaire, paranoïaque qui voit « des poignards dans le sourire des hommes » et roi « repu d’horreur ». Sophie Mangin me glace par sa Lady Macbeth déterminée, véritable force en action, et sans illusions (« Pour tromper le monde, faites comme le monde ! »), finalement vitrifiée par la folie. Isabelle Provendier (une grande découverte) me tétanise avec sa sorcière tricéphale belle comme le péché originel, venimeuse, perverse, à la fascinante démarche boiteuse et dansante. Nicolas Gény, impeccable, interprète Banquo et son spectre avec finesse et sobriété. Dominique Laidet me séduit par sa fougue. Thomas Rousselot et Gurshad Shaheman me convainquent par leur fraîcheur et leur dynamisme.

Je veux souligner, enfin, le formidable travail de Laurent Matignon et de Laurent Schneegans.

Bref, un spectacle qui nous rassasie de beauté, de lucidité et d’humanité.


Macbeth, de William Shakespeare
Traduction : Jean-Michel Déprats
Compagnie Fraction, 23, place des Carmes • Avignon
Tél./Télécopie : 04 32 74 06 77 – fraction@wanadoo.fr
Mise en scène : Jean-François Matignon
Avec : Nicolas Gény, Dominique Laidet, Sophie Mangin, Roland Pichaud, Isabelle Provendier, Thomas Rousselot et Gurshad Shaheman
Présents à l’image : Laurence Bardini, Hugo Bérenger, Camille Carraz, François Dorlhac, Michèle Dorlhac, Virginie Lafontaine, Jean-Louis Larcebeau, Tanguy Matignon, Véronique Matignon et Christian Riou
Scénographie : Philippe Campana et Jean-François Matignon
Création et fabrication des pantins : Jean-Baptiste Manessier, assisté de Jeanne Manessier
Quatre toiles peintes de Natalie Lamotte
Lumières : Laurent Matignon et Laurent Schneegans
Costumes : Christine Gras et Annick Serret
Son : Régis Sagot
Images : Laurent et Jean-François Matignon, assistés de Laurence Barbier
Direction technique : Laurent Matignon
Construction du décor : Philippe Campana, assisté de François Dorlhac
Assistant à la mise en scène : Vincent Jean
Salle Benoît-XII, 12, rue des Teinturiers • Avignon
Tél. 04 90 85 32 06
Le spectacle va se rejouer mardi 1er mars à 19 h 30, mercredi 2 mars à 21 heures et jeudi 3 mars à 21 heures à Théâtres en Dracénie • Draguignan
Tél. 04 94 50 59 50
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4 février 2005 5 04 /02 /février /2005 00:00

Avant, par BRUNO BAYEN

Il regarde les femmes passer, il regarde ses pas se fermer et les bouts de ses souliers qui se rejoignent quand il marche en dedans. Et ça forme un triangle isocèle comme l’amorce d’un sexe féminin sur la peinture des femmes debout, ou comme la projection géométrique de l’appareil sexuel masculin. Au résultat, entre les chaussures, la différence s’annule. Quand autrefois il bondissait, quand autrefois les pieds se tournaient vers le dehors sans qu’il y pense, le triangle qui se dessinait entre ses chaussures était scalène ou équilatéral. Aussi a-t-il choisi la direction opposée, et de marche en dedans. La triste époque, verroterie, plastique. Du passé restent les femmes, que ça. Et visant à travers la vitre de sa chambre, il rêve et rit de ce passé et se répète les femmes, avec le plaisir qu’il y a d’en parler au pluriel, comme autant de doublons, de boulons qui assènent la chaîne de sa vie.

Son seul dommage fut de venir jusqu’à la capitale.

…

Après, par BRUNO BAYEN

Le personnage se rend le 20 janvier.

Sa déclaration du 21 :

« Messieurs, je fus victime du trouble démographique de l’époque. Depuis que la science a vulgarisé la donnée suivante : sur 100 personnes il y a 48 hommes et 52 femmes, j’ai cru que mon entre guillemets supériorité – je n’entends par là que les avantages légués malgré nous par l’histoire –, réduite à une quantification ne s’accompagnant plus d’aucun privilège qualitatif, consistait tout de même en un libre arbitre du 4 %, la marge de choix qui nous restait. Mais alors m’expliquerez-vous que la donnée massive ne se retrouve pas dans les faits ? M’expliquerez-vous pourquoi si l’on passe de la courbe démographique au système du particulier, je sois un petit actionnaire lésé, toujours à la recherche de son 4 % d’avantage ?»

Ces propos étaient injurieux. Mais, dirent ces messieurs, que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. La majorité estima sa maladie remboursable. De quoi s’agissait-il ? D’une invitation à déménager somme toute, à vivre mieux dans plus grand, plus clair, plus calme.



Extrait

« Que faire dans la nuit dense peuplée d’ombres rassurantes ou dans ce jour éblouissant et hostile pour dépenser son trop plein d’énergie ? Paul est seul. Solitude pathologique et insoutenable qu se remplit d’images fantasmatiques. Il rêve éveillé dans un quotidien fait de milles gestes anodins ; banalité qui s’illumine d’espoirs insensés. Rencontres, croisements, carrefours d’autres solitudes, les femmes passent, flammes fugitives qui réveillent son désir de communiquer et sa soif d’aimer. »

Propos recueillis par

Vincent Cambier


Regarde les femmes passer d’Yves Reynaud

Mise en scène, scénographie : Alain Timar.

Avec : Paul Camus.

Régie son et lumière : Hugues Le Chevrel.

Costumes, maquillage : Anna Chaulet.

Représentations : janvier 2005 et juillet 2005 (Festival d’Avignon).

Théâtre des Halles, 4, rue Noël-Biret

Tél. : 04 32 76 24 51

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19 décembre 2004 7 19 /12 /décembre /2004 00:00

« JE SUIS UNE RATÉE ! »

Il est des découvertes qui font le miel du « critique », qui le requinquent les soirs de blues. C’était le cas, le 13 octobre 2004, avec le spectacle de Chloé Chevalier, jeune comédienne prometteuse d’Avignon.

En attendant les beaux jours est le résultat du projet professionnel de Chloé Chevalier, qui clôt ses études d’art dramatique au conservatoire d’Avignon, dirigé par Pascal Papini.



Au début, après le « noir » initial, c’est comme si un tableau d’Edward Hopper vivant, au réalisme épuré, nous sautait aux yeux. Avec la même angoisse urbaine. Mme X – le seul personnage de la pièce – est dans son gourbi, réinventé avec une grande force d’évocation par Chloé Chevalier. Ce lieu de vie est envahi par un amas de trucs, de sacs plastiques, « rangés » par Mme X avec une cohérence qui n’appartient qu’à elle. J’y perçois sa boulimie de vie, sa fringale d’aventures mordorées. Sa manière, aussi, de se construire une carapace, sa façon d’effacer sa solitude de femme par ces entassements d’objets. Qui nous renvoie, peut-être, à notre besoin compulsif d’avoir plutôt que d’être. Quête incessante et vouée à l’échec.

Dans son « costume », je crois reconnaître tout de suite une personne seule habituée à déambuler dans la rue, par tous les temps. En plus coquet, tout de même. Une femme a priori sans beaucoup d’illusions sur la vie, sur l’amour, sur la mort… Une femme un peu rêche, un peu abrupte, que nous n’avons pas forcément envie d’aimer au premier abord. Qui, apparemment, ne s’aime pas non plus : « Je suis une ratée ! », dit-elle à un moment. En même temps – et cela se confirme au fil de la pièce –, nous devinons une créature blessée, intelligente, résistante aussi, et lucide sur ses choix de vie. Attachante, donc.

La mise en scène, très frontale, nous assigne le statut de voyeurs. Elle pointe malicieusement notre regard sans aménité sur les marginaux. Plus généralement, elle valorise le texte, qui prend racine dans la réalité, qui puise dans l’humain. Et y greffe des pousses de poésie…

Chloé Chevalier (Mme X), à la blondeur fragile apparente, m’évoque un coquelicot sous la lumière. Elle en a le rouge de la détermination, l’éclat du talent affiné inlassablement par un labeur obstiné, la rude tendresse du soc affûté qui creuse la terre de l’art encore et encore. Ainsi, la jolie comédienne nous apporte un beau spectacle mûr et doré. Et goûteux, car il a été cultivé avec l’amour de l’autre, pour nous l’offrir, nous en restituer l’émotion, nous en faire sentir le rire, la peine qui s’en exhalent.

À bientôt, l’artiste, j’espère vite vous revoir rougeoyer dans l’ombre de la scène, votre vrai pays.


En attendant les beaux jours de Chloé Chevalier

Avec Chloé Chevalier

Conservatoire, 4, rue Bertrand, salle Tomasi • Avignon

Tél. : 04 90 85 80 87

Le spectacle va se rejouer au Théâtre le Fenouillet, quartier Fenouillet • 26160 Saint-Gervais-sur-Roubion

Tél. : 04 75 53 84 74

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Chronique FraÎChe