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Festival d'Avignon

18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 11:53
QUE TOUS LES DOIGTS LEVÉS LEUR DONNENT UN JOUR LA LUNE

Avec Sermons joyeux au Ring théâtre, Stabat mater furiosa au théâtre de la Poulie, La Lune des pauvres est le troisième texte de Jean-Pierre Siméon mis en scène cette année dans le Off. C’est dire la place de la langue à faire entendre dans le théâtre contemporain et la puissance de la parole dans la bouche des souffrants et des exclus.

Vrogne et Pinaille, en jumeaux de misère des emblématiques Vladimir et Estragon beckettiens, n’attendent plus rien de la vie et surtout pas Godot. Ils font la rue, la route, la manche, l’amitié. Parfois le coup de rouge de colère désaltère ces gosiers privés de tout. Entre rage et résignation, les jours succèdent aux jours avec comme seuls desseins avouables : se survivre en trompant sa faim et en se garantissant des courants d’air.


Mais un jour pareil aux autres, leur errance se cogne à l’amour sans pouvoir et sans vouloir le reconnaître. Le « Godot » qui jamais ne vient leur apparaît pourtant sous les traits symboliques d’une jeune fille à aimer.

La construction de la pièce, éclatée en instantanés qu’un maître de cérémonie aux pieds et aux mains rouges, représentant le chœur, vient dérouler, rend compte de l’unité perdue par l’éparpillement de ces vies en morceaux, l’immensité du plateau nu, à peine éclairé, distillant peu à peu la fable, la tragédie « baroque » qui se joue sous nos yeux entre les trois protagonistes dont les vies chahutées sont comme des bateaux ivres.

Très bien servi par des comédiens convaincus et confondants de naturel, loin des exercices de style, parfois brillants ou des thèmes dans l’air du temps, récupérés à la hâte sur trop de scènes, ce théâtre là, mise en scène sobre au service d’un grand texte, vérité du jeu, mériterait une plus grande fréquentation du public. Dans une encoignure, à l’entrée du théâtre, un exemplaire de cette humanité à bout de forces vomissait sa vie à longs traits dans l’indifférence de passants pressés...

Liliane BOURICHE-LÉPINE
www.ruedutheatre.info

Mise en scène : Didier Kerkaert
Comédiens : Julie Chaubard, Nicolas Dufour, Xavier Memeteau, Luc Samaille.

Rencontre avec Jean-Pierre Siméon le 20 juillet à 15h30.
Dans la cour de Pasteur Présence Pasteur, 13, rue du pont Trouca, du 6 au 27 juillet 2007 à 20h10.

Photo © DR
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 11:34
COMMENT DEVIENT-ON GÉNOCIDAIRE ?

Le livre de Jean Hartzfeld qui donne son titre au spectacle est un recueil de témoignages de plusieurs Hutus qui participèrent en 1994 au massacre des Tutsis au Rwanda. Document sociologique effrayant, cet ensemble de confidences prend une ampleur particulière lorsqu’on les entend dites par des comédiens.

Difficile d’imaginer sans doute à quel point ce carnage a pu s’accomplir en toute logique par l’intermédiaire de gens habitant dans les mêmes villages, fréquentant les mêmes églises et écoles que leurs victimes. Cependant, la réalité est là. On peut être un citoyen ordinaire et, soudainement, se voir entraîné dans l’horreur la plus innommable sans se poser de question. Sans éprouver de remords une fois les actes terminés.


Il apparaît qu’un travail de propagande, sournois, insistant, étalé sur la durée et se référant à l’histoire, met en condition des êtres semblables à tout le monde. Mais, qui, à force d’embrigadement insidieux finissent par se conditionner sans plus s’en référer à la réflexion. Alors, voilà, un beau jour, ils se retrouvent à liquider à coups de machettes, systématiquement, durant plusieurs heures par jour, des personnes devenues officiellement des ennemis. C’est un travail à la chaîne. Systématique. Moins fatigant que le métier d’agriculteur. Mieux rémunéré puisqu’il est payé en pillage des biens des éliminés. Il suffit d’être productif, rapide, dépouillé de tout état d’âme. Il suffit d’être persuadé du bien fondé de l’action. C’est simple. C’est comme cela. C’est terrifiant.

Dire l'horreur

Ces interviews ne se jouent pas. Les comédiens ne s’appuient pas sur des effets. Ils disent avec une simplicité travaillée, avec un détachement qu’on imagine être celui des véritables intervenants, emprisonnés puis remis en liberté parmi les rescapés. Ils n’ont pas besoin de rajouter quoi que ce soit aux mots sortis de la bouche des bourreaux car ces mots disent l’horreur. Ils disent aussi un certain désarroi de ces criminels cherchant à comprendre pourquoi le pardon ne leur serait pas donné puisqu’ils ont demandé eux-mêmes pardon.

Les jeunes interprètes sont mis en scène sobrement. Ils commencent dans le public afin de mieux l’impliquer dans le récit de journées qui auraient pu être banales. Ensuite, appuyés contre un mur de ciment à la lézarde très symbolique, ils énoncent des vérités qui laissent en suspens les questions essentielles, différentes de celles surgies au moment du procès des nazis à Nuremberg. Pour amener une respiration indispensable, la contrebasse d’Yves Rousseau meuble le silence d’accents graves sans dramatisation supplémentaire. Simplement en contrepoint d’une parole stupéfiante.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Une Saison de machettes
Texte : Jean Hatzfzeld (éd. Seuil, 2003)
Mise en scène et adaptation : Dominique Lurcel
Distribution : Amélie Amphoux, Cécile Bothorel, Mathieu Desfemmes, Tadié Tuéné
Musique : Yves Rousseau
Scénographie : Gérald Ascargota
Lumière : Philippe Lacombe
Production : Passeurs de Mémoire

Au Petit Louvre, Chapelle des Templiers, 3 rue Félix Gras à 10h30 jusqu’au 28 juillet. (0490 86 04 24) 
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 11:23
LA MODERNISATION D'UN MYTHE

Cette farce héroïque et adaptée à la sociologie de notre temps nous entraîne dans un univers passionnant au milieu des Andes. Merveilleusement conté, on ne peut que partager ce rêve fantastique à l’aide d’une mise en scène ingénieuse qui nous renvoie aux origines du théâtre : la Grèce antique.

Alvaro est un être candide à souhait, vivant tranquillement dans sa cabane à Yunguyungo. Une nuit, trois saintes lui apparaissent pour lui demander de choisir laquelle d’entre elle donnera son nom à la nouvelle cathédrale de Brashtown. Pour l’influencer, elles lui promettent pouvoir, argent et amour. C’est ainsi qu’Alvaro, accompagné de Libertad, son lama, ira faire la conquête de la plus belle femme du monde qui n’hésitera pas à quitter son époux pour suivre le campagnard. Son homme d’affaires de mari, craignant la baisse de ses actions, ne pourra le supporter et dépêchera une armée entière pour récupérer son bien.


« Et si la guerre de Troie était en train d’avoir lieu, une fois encore ? » Six comédiennes alternant pas moins d’une trentaine de rôles nous font vivre cette expérience. Elles nous racontent la fierté d’un Ménélas, toujours aussi ravageuse, contre la naïveté d’un Pâris amoureux de la beauté d’une femme mariée… Le siège est tenu d’un côté par des soldats d’un Ulysse transformé en chef de la police secrète et de l’autre par des guérilleros cagoulés avides de révolution. Mais ce sont finalement les médias qui feront la différence dans le monde d’aujourd’hui. Tout le mythe est revisité pour mieux dénoncer la mondialisation. La belle Hélène (Ellen) est devenue une action boursière… Tout a un sens dans cette fable des temps modernes.

De prime abord simple et divertissant, ce spectacle donne à réfléchir. La mise en scène étonnante, détonante et fascinante nous plonge dans un conte qui s’enchaîne ingénieusement. Les personnages se bousculent sur un pont qui sert notamment de coulisses apparentes aux comédiennes, impressionnantes de dynamisme. Elles jouent blanc, puis noir, pour créer des personnages hauts en couleurs. Elles deviennent des muses dans une scénographie semblant reproduire la skéné et l’orchestra. Des talents à l’état pur pour une performance grandiose accessible à tout public. Le rêve d'Alvaro, le rêve de tout critique...

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

Le Rêve d’Alvaro
Texte : Etudes Labrusse
Mise en scène : Jérome Imard et Etudes Labrusse
Musique originale : Christian Roux
Lumières : Laurent Vergnaud
Interprétation : Eva Castro, Marie-Paule Guillet, Stephanie Labbé, Emmanuelle Monteil, Anne-Sophie Robin, Isabelle Turschwell

Au Théâtre des Halles à 20h30 - Avignon Off 2007

Photo  © DR
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 10:53
VOLUBILE SOLITUDE

Soliloque balançant entre désespoir et espérance, « La Femme qui parlait à sa robe de chambre » est avant tout une ode à la tolérance. Particulièrement bien mise en vie par la talentueuse Claire Néel.

Abandonnée de tous, perdue dans une solitude obsédante, déchirée entre deux cultures, une femme égrène ses souffrances à un interlocuteur imaginaire. Robe de chambre, cousine ou public. Après tout, l’interlocuteur importe peu. Seuls les mots et les émotions comptent. Supplication pour une vie meilleure, pour un monde moins obscurantiste, moins ségrégationniste. Même si le message se cache derrière une quête plus simple, celle d’une identité, perdue quelque part entre France et Algérie, entre abandon et deuil, entre espoirs et échecs.


Le récit de cette femme nous entraîne dans une obsession d’amour et de reconnaissance. Un parcours initiatique aux parfums d’épices et de miel, de menthe et de poussière. Des odeurs, une rue, une couleur pour un monologue parfois drôle, souvent poétique. Parfois politique. Un monologue qui ouvre une à une les portes des souvenirs et dénonce haut et fort injustices, violences et trahisons. Et s’il arrive que l’on regrette quelques longueurs ou des inégalités dans la force du texte, la qualité de l’écriture estompe les réserves. Et la portée du propos, véritable plaidoyer en faveur de la mansuétude, demeure l’une des clés de voûte du spectacle.

Le second atout de cette pièce, c'est la comédienne. Claire Néel met admirablement en vie et en scène ce texte dont elle est si superbement pénétrée. Touchante dans ce rôle de femme écorchée par la vie, ne trouvant pas vraiment sa place entre ses deux cultures. Elle fait vivre ce personnage sans âge. Avec ses nuances, ses contradictions, ses obsessions. Emouvante. Et belle.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

La Femme qui parlait à sa robe de chambre, de Stani Chaine
Avec Claire Néel
Mise en scène : Claire Néel, assistée de Michel Legouis

Au Théâtre de la Poulie à 20h30 tous les jours.
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 09:50
SAGESSE VERSUS RAISON

Le 24 septembre 1647, René Descartes, 51 ans, rencontre Blaise Pascal, 24 ans. Une rencontre à huis clos dont Jean-Claude Brisville imagine le dialogue. Et que les Mesguich, père et fils, livrent à notre sagacité. Avec le talent qu’on leur connait.

Sans doute, la rencontre fut-elle hors norme. Mais nul témoin ne put jamais la décrire. Seules quelques rares lignes de Descartes, comme de Pascal, évoquent leur conversation. Que purent-ils se dire, des heures durant, enfermés dans la cellule monastique dans laquelle s’était retiré Descartes ? A une époque où l’un et l’autre ignoraient l'écho que leurs écrits respectifs peuvent encore avoir aujourd’hui ?



De cette interrogation, Jean-Claude Brisville a imaginé un dialogue. Vif, brillant et sensible. Parfois même drôle. Le rideau s’ouvre sur un coup de tonnerre. La scène est presque vide. Une table, deux chaises. Plus loin, un lit, une malle. Esthétique, anachronique (pour mieux souligner l’intemporalité du propos), la sobriété du décor n’aura d’égale que celle de la mise en scène. Et ce dépouillement ne rend que plus riche le tête-à-tête entre les deux hommes. Assis face à face, un même front, un presque même profil. Pour un duel d’idées. Science contre croyance, jansénistes contre jésuites. Idées contre pensées. Et leur querelle fait écho à notre temps. Politique, religion, sciences, une même foi pour des pratiques différentes, un même Dieu pour des religions qui se détruisent.

Les mots des comédiens trouvent résonance (si ce n’est une « raisonnance ») dans le monde contemporain. Et les Mesguich, William comme Daniel, nous les offrent avec justesse et retenue. Et ni leur talent, ni leur notoriété ne volent la vedette au texte. La philosophie des Lumières n’a pas fini d’illuminer notre siècle…

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

L’Entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune
De J-Cl Brisville
Mise en scène : Daniel Mesguich et William Mesguich
Avec : Daniel Mesguich et William Mesguich

Au théâtre du Chêne Noir, à 16 heures
Réservations indispensables au 04.90.82.40.57

Photo © DR
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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 12:41
RÉCEPTION DÉCEPTION

L’affiche, prestigieuse, laisse espérer un spectacle à la mesure des comédiens. Mais l'intrigue, qu’ils servent pourtant avec talent, n’arrive pas à séduire. Comme si on avait la forme… mais pas le fond.

Une quelconque ville de province. La réception d’un hôtel plus quelconque encore. Un réceptionniste, sale et aigri, qui s’agite seul derrière son comptoir. La nuit s’annonce calme, la routine installe son ennui. Lorsqu’un client se présente. VRP en photocopieurs, trop propre, trop net, trop chic pour être honnête. Et le fil de la nuit bascule. La réalité, plus bancale qu’il n’y parait de prime abord, se fait rattraper par le passé. Et vacille, jusqu’à l’ultime sursaut final.


Voilà donc une pièce qui fait l’audacieux pari de mettre le polar sur scène. Audacieux car le polar n’est pas un genre qui se prête facilement aux contingences théâtrales. Et comme pour tout pari, les lois des probabilités rendent impossible la certitude du succès. Ici, en dépit de nombre de qualités, le résultat est nuancé.

Côté qualités : le jeu de Jean-Claude Dreyfus. Incarnant, avec un naturel à couper le souffle le réceptionniste gras et acrimonieux, grommelant et trainant savate. Bluffant.
Le jeu de Claire Nebout aussi. Plus en nuance, jouant de sa voix, de son androgynéité aussi bien que de sa féminité.
La mise en scène est également un atout de cette création. Sans ostentation, elle confronte les personnages, joue de l’affrontement comme de la séduction.
Les décors enfin, qui soulignent le décalage qui existe entre ce qui paraît et ce qui est.
Mais voilà, toutes ces qualités n’arrivent pas à faire oublier la minceur de l’intrigue. L’histoire semble piétiner, l’intérêt même de l’énigme peine à s’imposer, les surprises sont attendues. Et le dénouement sans surprise. Dommage.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Réception, de Serge Valletti
Avec Claire Nebout et Jean-Claude Dreyfus
Mise en Scène et lumières de Christophe Correia

Au Théâtre du Chêne Noir à 20h30 Relâche les 20, 21 et 22 juillet 2007.

Photo © DR
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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 12:36
CONTE SORCIER POUR ADULTES

Un mariage. Une cérémonie avec ses invités. Une famille autour d’une table de banquet. Rien que de plus banal sans aucun doute. Pourtant, lorsque le public est convié à la messe et au repas de noce, un malaise certain s’installe.

Beaucoup de personnes semblent s’être désistées. Le reste, un ami du mari et quelques membres de la famille, s’égarent dans des conversations alimentées des lieux communs les plus ridicules dont le comique est symptomatique. Petit à petit, des allusions au passé, des insinuations ambiguës laissent percer des rancoeurs et des non-dits lourds de significations. La tribu règle ses comptes à fleurets de moins en moins mouchetés. Des secrets familiaux planent sur les retrouvailles. Le collègue de bureau se sent de plus en plus étranger. Les sujets tabous s’insinuent entre les mots, les attitudes, les regards. Le bonheur factice s’effrite petit à petit. L’harmonie moisit rapidement. Et, à l’instar du roman « Troisrives » de Michèle Vilet, la révélation finale expliquera tout.


La performance d’Anne-Cécile Vandalem et de Jean-Benoît Ugeux, auteurs du texte, est d’une richesse exceptionnelle. Les convives sont en effet des têtes filmées sur des écrans télé et interprétés par eux-mêmes, tout comme les mariés réellement présents sur le plateau. Ils incarnent donc l’une et l’autre trois hommes et trois femmes très différents avec le même naturel, comme si chaque protagoniste devenait facettes diverses d’un seul individu. Mais aussi comme si le réel et le virtuel s’avéraient si proches qu’il est devenu difficile de distinguer vérité et mensonge, image et présence.

La famille est utilisée en tant que révélatrice de comportements, centre de conflits latents, genèse de désirs troubles, bouillon de culture de rivalités castratrices, moule d’impératifs moraux et sociaux contraignants. La froideur du médium vidéo accentue le malaise. Les divulgations successives (parfois amenée par des pistes un peu voyantes du dialogue) mènent des mythes ancestraux à la réalité du siècle.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Texte, mise en scène et distribution : Anne-Cécile Vandalem, Jean-Benoît Ugeux.
Vidéo : Pierre Kisling et Yacine Sebti
Lumière : Pierre Willems
Production : Cie Résidence Catherine / Théâtre de la Place (Liège)

Au Festival Off d’Avignon jusqu’au 28 juillet (relâche le 16), au Théâtre des Doms à 11h.
Durée : 1h15 (0490 14 07 99)

En tournée : au Festival de Cahors (septembre 2007) ; à la Rose des Vents (Villeneuve d’Ascq),, au Carré des Jalles de St-Médard en Jalles, au Théâtre Royal de Namur, au Théâtre de la Place à Liège, à Cluny (à partir de mars 2008)

Photo © Phile Deprez
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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 12:27
L’ENFER EXISTENTIALISTE

Ce classique du 20e siècle est connu. Il donne une vision de ce que Sartre imagine être l’enfer : le fardeau du poids des autres sur la conscience de chacun, sur son comportement ; le tourment engendré par le regard d’autrui porté sur sa vie.

Le fondamental de la philosophie sartrienne est que l’individu n’existe que par ses actes. Que ses choix s’effectuent selon la lucidité personnelle du moment où il les pose, hors la contrainte de toute morale établie, et qu’il doit, par conséquent, les assumer quelles qu’en soient les conséquences.

huis-clos.jpg
Pour étayer sa démonstration, Jean-Paul Sartre confine, dans une même chambre d’hôtel dépourvue de fenêtres et dont la porte est verrouillée, trois personnes étrangères les unes aux autres, censées passer ensemble l’éternité qui suit leur mort. Jérôme le journaliste est un macho déserteur qui prend prétexte de son pacifisme pour justifier sa lâcheté et les humiliations qu’il fit subir à son épouse. Inès l’employée des postes est une lesbienne qui a poussé sa compagne à ouvrir le gaz par désespoir amoureux. Estelle la mondaine est une infanticide qui a noyé son bébé adultérin et incité son amant à se tirer une balle en pleine tête. Aucun des trois protagonistes n’arrive à supporter ses co-détenus. Lorsqu’ils tentent de remettre de l’ordre dans leur passé, il y a toujours quelqu’un qui intervient de manière intempestive. Lorsque deux s’allient, c’est forcément contre le troisième. D’où la célèbre réplique aux interprétations multiples : « L’enfer, c’est les autres ».

Hormis le remplacement du rôle du garçon d’étage par une voix off, la mise en scène, assez traditionnelle, de Bernard Lefrancq n’apporte pas vraiment d’éclairage nouveau sur cette pièce en un acte archi-célèbre. Elle donne l’occasion à celle-ci d’être écoutée par qui n’aurait pas vu cet affrontement écrit avec un soin machiavélique et qui, par rapport à d’autres œuvres de l’auteur, n’a pas vieilli. Le texte, valorisé par trois jeunes comédiens avec la fougue inhérente à leur âge, y retrouve son côté acerbe et incisif.

Michel VOITURIER
www;ruedutheatre.info

Huis clos Texte : Jean-Paul Sartre (éd. Gallimard)
Mise en scène : Bernard Lefrancq
Distribution : Marc Gooris, Elisabeth Wautier, Frédérique Panadero
Production : La Clarencière / Théâtre d’une Pièce

Au Verbe fou, 95 rue des Infirmières à 14h jusqu’au 28 juillet. (0490 85 29 90)

Photo © La Clarencière
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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 12:03
PAR L'UBU DE LA LORGNETTE

Le théâtre de l’Abattoir s’est lancé un défit pour Avignon : apprivoiser le texte cynique d’Alfred Jarry pour l’offrir aux tout petits. Le résultat est quelque peu nuancé, entre crainte et amusement, le cœur des enfants balance…

Ubu c’est la quête du pouvoir par un petit homme bête et méchant, encouragé par sa femme aussi cupide que vicieuse. « Capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l'ordre de l'Aigle Rouge de Pologne, et ancien roi d'Aragon », Ubu n’est pas satisfait de son rang. Il fait alors assassiner son roi pour prendre son trône et se révèlera un dirigeant trop gourmand. Il mettra sans pitié « à la trappe » tous ceux qui se dresseront entre lui et la richesse. Suivra une Intifada menée par l’héritier du trône, Bougrelas, contraignant le grotesque couple à fuir des terres polonaises.


Avec un texte réduit, conté et mis en image à l’aide de divers procédés, ce classique est mis à la portée des plus jeunes, tout en restant abordable par les grands. Le burlesque demeure une valeur sure à laquelle sont attachés les personnages du père et de la mère Ubu. Avec leurs insultes abracadabrantes et leur mauvaise humeur, ces deux personnages amusent autant qu’ils effraient. Le fond de cette pièce satirique est donc bien respecté, on y retrouve le roi Venceslas assassiné, le traître de Capitaine Bordure, le jeune Bougrelas en culotte courte et la douceur approximative des « Merdre ».

Ombres chinoises, masques et marionnettes caricaturaux, écran interactif, il y a de tout pour amuser. Il n’en reste pas moins que pour les plus jeunes, les cris impressionnent plus qu’ils ne divertissent… Le débit de parole est peut être un peu trop rapide pour les enfants, mais un conteur est là pour expliquer calmement les choses. Un petit Ubu demeure une pièce plus fraîche et plus légère que le grand « Ubu », mais le condensé du texte n’est accessible dans sa portée politique que pour les enfants âgés de plus de dix ans ; et encore…

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

Un petit Ubu, au théâtre de l’Etincelle, joué en anglais les 10, 17 et 24 juillet à 10h30.
Texte d’Alfred Jarry
Mise en scène : Vincent Thomas
Costumes et décors : Julia Lemaire
Interprètes : François Charbonnier, Raphaëlle Denhez, Sylvain Lamy, Charles Lemaire et Vincent Thomas
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16 juillet 2007 1 16 /07 /juillet /2007 11:33
LA SCIENCE DU BURLESQUE

La compagnie du Détour transforme le théatre des Ateliers d’Amphoux en amphi. Le public assiste à une conférence pour sauver la planète pour le moins étrange et radicale. De quoi pourtant revenir sur les bancs d’université avec joie et bonne humeur !

Un démographe et son assistante ont étudié le développement de la population humaine de ce troisième millénaire. Ils en sont venus à la conclusion inquiétante que nous sommes trop nombreux et que « la Terre ne peut supporter ce rythme démographique ». Les limites de la planète étant donc franchies, il faut trouver une solution pour stopper cet état de cause. Plusieurs théories sont alors avancées, toutes plus loufoques les unes que les autres.


Des textes de Platon à Swift, en passant par Darwin et Malthus, peu importe le degré de monstruosité par lequel il faut passer, l’épuration de la race humaine doit commencer. Avec une mise en scène d’un premier abord simple et classique, on en vient à un décor et des personnages délicieusement décalés. Sans mot ils parviennent déjà à provoquer les sourires de leur public. Suivent des cascades bien huilées, des répliques sagaces, un humour caustique et doucement cynique qui en font voir de toutes les couleurs aux spectateurs.

Le jeu des acteurs est parfaitement au point, leur maladresse d’une exubérance non dissimulée semble tout à fait naturelle. Le texte est léger mais d’une saveur subtile et délicate, de quoi avoir le sourire aux lèvres tout au long de la pièce, si ce n’est plus. Les questions existentielles de ce couple déjanté et leurs modestes propositions donnent lieu à une réaction allergique : les éclats de rire. Un délire contagieux investit très vite la salle, le public pris à parti participe volontairement à cette conférence démographique hors du commun.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

Mise en scène et texte : Agnès Laroque Interprétation : Valérie Laroque, Christophe Noël Lumières : Isabelle Sénègre Décors : Géraud Larroque

Au théâtre des Ateliers d’Amphoux - 19h - jours impairs

Crédit photo © La Compagnie du Détour
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Chronique FraÎChe