18 juillet 2007
3
18
/07
/juillet
/2007
11:53
QUE TOUS LES DOIGTS LEVÉS LEUR DONNENT UN JOUR LA LUNE
Avec Sermons joyeux au Ring théâtre, Stabat mater furiosa au théâtre de la Poulie, La Lune des pauvres est le troisième texte de Jean-Pierre Siméon mis en scène cette année dans le Off. C’est dire la place de la langue à faire entendre dans le théâtre contemporain et la puissance de la parole dans la bouche des souffrants et des exclus.
Vrogne et Pinaille, en jumeaux de misère des emblématiques Vladimir et Estragon beckettiens, n’attendent plus rien de la vie et surtout pas Godot. Ils font la rue, la route, la manche, l’amitié. Parfois le coup de rouge de colère désaltère ces gosiers privés de tout. Entre rage et résignation, les jours succèdent aux jours avec comme seuls desseins avouables : se survivre en trompant sa faim et en se garantissant des courants d’air.

Mais un jour pareil aux autres, leur errance se cogne à l’amour sans pouvoir et sans vouloir le reconnaître. Le « Godot » qui jamais ne vient leur apparaît pourtant sous les traits symboliques d’une jeune fille à aimer.
La construction de la pièce, éclatée en instantanés qu’un maître de cérémonie aux pieds et aux mains rouges, représentant le chœur, vient dérouler, rend compte de l’unité perdue par l’éparpillement de ces vies en morceaux, l’immensité du plateau nu, à peine éclairé, distillant peu à peu la fable, la tragédie « baroque » qui se joue sous nos yeux entre les trois protagonistes dont les vies chahutées sont comme des bateaux ivres.
Très bien servi par des comédiens convaincus et confondants de naturel, loin des exercices de style, parfois brillants ou des thèmes dans l’air du temps, récupérés à la hâte sur trop de scènes, ce théâtre là, mise en scène sobre au service d’un grand texte, vérité du jeu, mériterait une plus grande fréquentation du public. Dans une encoignure, à l’entrée du théâtre, un exemplaire de cette humanité à bout de forces vomissait sa vie à longs traits dans l’indifférence de passants pressés...
Mise en scène : Didier Kerkaert
Comédiens : Julie Chaubard, Nicolas Dufour, Xavier Memeteau, Luc Samaille.
Rencontre avec Jean-Pierre Siméon le 20 juillet à 15h30.
Dans la cour de Pasteur Présence Pasteur, 13, rue du pont Trouca, du 6 au 27 juillet 2007 à 20h10.
Photo © DR
Avec Sermons joyeux au Ring théâtre, Stabat mater furiosa au théâtre de la Poulie, La Lune des pauvres est le troisième texte de Jean-Pierre Siméon mis en scène cette année dans le Off. C’est dire la place de la langue à faire entendre dans le théâtre contemporain et la puissance de la parole dans la bouche des souffrants et des exclus.
Vrogne et Pinaille, en jumeaux de misère des emblématiques Vladimir et Estragon beckettiens, n’attendent plus rien de la vie et surtout pas Godot. Ils font la rue, la route, la manche, l’amitié. Parfois le coup de rouge de colère désaltère ces gosiers privés de tout. Entre rage et résignation, les jours succèdent aux jours avec comme seuls desseins avouables : se survivre en trompant sa faim et en se garantissant des courants d’air.

Mais un jour pareil aux autres, leur errance se cogne à l’amour sans pouvoir et sans vouloir le reconnaître. Le « Godot » qui jamais ne vient leur apparaît pourtant sous les traits symboliques d’une jeune fille à aimer.
La construction de la pièce, éclatée en instantanés qu’un maître de cérémonie aux pieds et aux mains rouges, représentant le chœur, vient dérouler, rend compte de l’unité perdue par l’éparpillement de ces vies en morceaux, l’immensité du plateau nu, à peine éclairé, distillant peu à peu la fable, la tragédie « baroque » qui se joue sous nos yeux entre les trois protagonistes dont les vies chahutées sont comme des bateaux ivres.
Très bien servi par des comédiens convaincus et confondants de naturel, loin des exercices de style, parfois brillants ou des thèmes dans l’air du temps, récupérés à la hâte sur trop de scènes, ce théâtre là, mise en scène sobre au service d’un grand texte, vérité du jeu, mériterait une plus grande fréquentation du public. Dans une encoignure, à l’entrée du théâtre, un exemplaire de cette humanité à bout de forces vomissait sa vie à longs traits dans l’indifférence de passants pressés...
Liliane BOURICHE-LÉPINE
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
Mise en scène : Didier Kerkaert
Comédiens : Julie Chaubard, Nicolas Dufour, Xavier Memeteau, Luc Samaille.
Rencontre avec Jean-Pierre Siméon le 20 juillet à 15h30.
Dans la cour de Pasteur Présence Pasteur, 13, rue du pont Trouca, du 6 au 27 juillet 2007 à 20h10.
Photo © DR