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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

20 juillet 2007 5 20 /07 /juillet /2007 12:10
ELLE EST UN TOURBILLON

Sonia nous apparaît jouant la valse n° 6 de Chopin, comme une image, nimbée dans un pinceau de lumière, flottant dans un univers blanc. Puis ses mots vous accrochent, sa quête inlassable du sens, et ses impasses et ce retour inlassable vers la musique qui apaise pour essayer de vivre. Mais est-ce la nuit, est-ce le jour ? Est-elle encore vivante ? Est-ce un rêve ?

Comment ne pas s’émouvoir du monologue étourdissant de cette adolescente qui oscille entre la folie et une angoissante lucidité ? Nelson Rodrigues, né à Recife en 1912 et mort à Rio de Janeiro en 1980, est considéré comme le fondateur du théâtre brésilien moderne et l’un des plus importants auteurs dramatiques brésiliens du 20e siècle. Très prolifique, il est l’auteur de dix-sept pièces, ainsi que d’innombrables chroniques journalistiques, feuilletons, romans, nouvelles et contes. Son inspiration de dramaturge puise aux racines de la mythologie réactualisée par la psychanalyse pour dénoncer la morale bourgeoise.

valsen--6.jpg
Sa pièce Valse n° 6, écrite en 1951, est un texte dense, troublant, à plusieurs registres, qui illustre à la perfection les caractéristiques de son théâtre. Après la mise en scène marquante d’Alain Ollivier en 1995 au Théâtre Gérard Philippe de Saint Denis, avec Agathe Gizard dans le rôle de Sonia, cette création d’Alain Igonet, présentée dans le cadre du Festival Off d’Avignon 2007, se nourrit toute entière des talents d’une très jeune actrice, Jane Bréduillieard, 22 ans, véritable révélation.

Sonia étouffe dans cette maison bourgeoise d’une ville brésilienne, à brève distance d’une pesanteur familiale attachée aux apparences, qui ignore ses troubles d’une féminité en devenir, que l’on devine sans jamais la voir. Déjà presque femme et encore petite fille. Le piano est son refuge, le seul véritable repère, lui-même très fragile, lorsque ses doigts pourtant si agiles se bloquent… Elle virevolte dans cette chambre entourée de draps blancs sur les quatre murs et sur le sol. Les pieds nus, avec une longue robe très légèrement décolletée en tulle beige. Enfermée en elle-même comme dans une cellule monastique et si expressive. Rien qu’un lit, et surtout un piano enchassé dans un fer forgé peint de blanc et un tabouret.

intensité d'interprétation


Seule, fluide et torturée dans cet univers monochrome peuplé d’ombres et de lumières. Elle flotte entre la pureté de la musique, la valse n° 6 de Chopin, si bien maîtrisée, inlassablement répétée, toujours différente aussi et le chaos de sa pensée. Des mots clairs, et des mots criés, des mots chuchotés, des mots esquissés, des mots d’amour, des mots de douleur, des mots d’un bonheur fugace… Une parole qui se cherche, qui se trouve parfois et puis se perd… La quête indéfinie de la vie qui se dissout. Des bribes du réel émergent encore par instant d’une folie qui se répand.

La jeune actrice Jane Bréduillieard, fascinante, donne vie à cette danse de la vie et de la mort, avec une élégance, une grâce extrême, une sensualité involontaire comme son personnage l’exige ; sur un fil, alternances de douceur et de violence. Dans une musique et un rythme à perdre haleine, sans cesse transformé, jamais interrompu. Hallucinée parfois, le souffle court, les cheveux sur le visage, le regard dur ou les yeux embués de larmes, les pieds glissant sans cesse sur le rideau blanc, elle dessine de folles arabesques. Et son émotion à fleur de peau, toujours maîtrisée, jamais excessive, emporte sans répit les spectateurs médusés. Une intensité d’interprétation et une admirable performance d’actrice !

Bernard EVEN
www.ruedutheatre.info

Texte : Nelson Rodrigues, Dramaturge Brésilien [ 1912 - 1980 ] - Valse n° 6, suivi de Dame des noyés (Valsa n° 6, 1951 ; Senhora dos afogados, 1947/1953)
Traduit du portugais par Angela Leite-Lopes, préface de Louis Charles Sirjacq, Paris, Éditions Christian Bourgois, 1990, 92 pages.

Mise en scène et scénographie : Alain Igonet
Distribution : avec Jane Bréduillieard, dans le rôle de Sonia
Lumières : Al Chab Régie : Héléna Payan
Création et diffusion : Mad Créations

Au Festival Off d’Avignon du 6 au 28 juillet, au Théâtre Le Funambule à 18h20. Durée : 1 h 25
Adresse : 16/18, rue Joseph Vernet, 84000 Avignon Réservation : téléphone : 04 90 14 69 29

Site web du théâtre : www.avignon-lefunambule.net
Site web du spectacle Valse n°6 (de très grande qualité !)

Photo © Alain Igonet
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 22:54
MARCHE OU RÊVE

Trois textes tirés de pièces courtes du théâtre de Noëlle Renaude composent le triptyque proposé par la compagnie Les Trois Temps (çela ne s’invente pas…). Ces variations pour âmes seules autour de la rencontre amoureuse se dégustent comme trois petites confiseries, grâce à un quatuor de comédiens attachants et imprégnés de leurs rôles, qui nous font gamberger avec légèreté sur l’universel et épineux sujet qu’est l’Amour... pas toujours rose.

   
L’Amour taraude. C’est quoi aimer ? Qui aimer ? Quand sait-on qu’on aime ? Comment aimer ? Pourquoi aimer plus untel qu’un autre ? Et finalement, à quoi bon aimer ?

Etsi-je-t-aime.jpg
Dans la première saynète, Rose, sirène radieuse et espiègle à l’irréprochable plastique (Frederica Martucci a tout d’une Miss idéale) se fait emballer, dans la moiteur estivale d’une salle de bal, par un dragueur de supérette (facétieux Nicolas Buchoux) qui l’entraîne dans sa décapotable. Elle, fleur bleue idéaliste qui voudrait qu’on donne son dimanche férié aux aborigènes, biche sur l’Australie, une Amérique en plus petit.
La tentation d’une île… L’imaginaire pour se construire un monde idéal, éviter la désillusion du couple, la crainte du mal aimer…

Prendre l’air, ce pourrait aussi être le thème de la rencontre de Géo et Claudie ; Claudie, une nunuche provinciale sexy en diable et un brin vulgaire (Maud Ivanoff fait flageoler) rencontre un boutonneux aux lorgnons à écailles à une fête de village, elle chante des niaiseries et fait la majorette mais rêve des planches ; ils évoquent tous deux quelques années après leurs émois pathétiques.
Renaude ne dénigre pas les petites gens mais épingle affectueusement leurs fantasmes incongrus tout en semblant admirative de leur capacité à s’évader et à se projeter hors du vulgaire, sans toujours y parvenir. Là encore, les personnages ont un pied dans l'ailleurs... Ils fuient leur présent, leur existant, rêvent leur vie à défaut de vivre leurs rêves. Marcher, pour ne pas perdre pied, et rêver ?... Marcher ou rêver, pour sortir du néant ?

Se débrouiller avec soi

Blanche Aurore Céleste apparaît en rupture avec les textes précédents, ce long monologue, servi au biseau et sans mollir par la touchante Émilie Wiest, apporte une tonalité plus désespérante, plus bouleversante et plus inquiétante aussi, qui donne l’envie folle de prendre cet oisillon dans ses bras pour le réconforter de ses misères ; la jeune femme aux patronymes innocents collectionne une sacrée galerie d’amants improbables et d’animaux de compagnie – parfois l’inverse ; pyrotechnicien, cuistot, chauffeur de taxi… les amours de Blanche ressemblent à un catalogue de l’Onisep.

Au fond de la scène, sur un écran qui en prend toute la largeur, les visages se succèdent, et toujours l’hilarante bobine de Nicolas Buchoux qui s’incarne dans les morphologies et les faciès les plus variés et les plus inattendus. « Je me débrouille avec ce qui fait que je suis moi », livre Blanche, une phrase clé qui irrigue les coeurs de chaque personnage du triptyque. Blanche n’a rien de la nymphomane ou de l’érotomane, elle cherche le grand amour que le destin lui refuse en la personne d’un marin, forcément, qu’elle poursuit, forcément, et qui forcément la fuit. Plus arrangeant d'aimer un rêve fugitif que de se poser.
Dans sa quête donjuanesque et tragicomique, souvent marquée par le sang et la violence, elle cherche à saisir l’homme idéal, les avoir tous pour « le » (re)constituer. Blanche, c’est Elvire qui tient sa revanche sur Don Juan. Mais sait-elle au juste à quoi il ressemble ? On aime toujours trop ou pas assez, dur de trouver la dose idoine. Alors quand Amédée, version renaudienne du Brel des Bonbons ramène sa fraise, Blanche accommode ses rêves à la réalité, comme un écho à la pensée cartésienne : "Il vaut mieux changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde".

La mise en scène de Maxime Leroux est émaillée durant 1h20 de petites trouvailles drôles et rafraîchissantes dans des univers où la critique féroce perce sous le badinage romantique, et cela contribue beaucoup à faire de ce spectacle une petite perle, là où il n'est jamais aisé de trouver du liant à des textes épars.

« Si je t’aime » réunit un quatuor performant, un très désopilant Nicolas Buchoux au milieu d'un trio de belles comédiennes - et aussi de comédiennes belles - avec lequel on n’a pas envie de rapprocher le verbe aimer du conditionnel.

Stephen BUNARD
www.ruedutheatre.info

Visualiser la bande-annonce du spectacle.

Et si je t’aime...
D’après trois textes de Noëlle Renaude :
Rose, la nuit australienne ; Géo et Claudie ; Blanche Aurore Céleste.

Mise en scène : Maxime Leroux
Avec : Maud Ivanoff, Federica Martucci, Émilie Wiest, Nicolas Buchoux
Compagnie Les Trois Temps

Présence Pasteur - 13, rue du Pont-Trouca – Tél : 04 32 74 18 54
Tous les jours à 14h15 du 6 au 27 juillet 2007.

Photo © DR
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 10:48
COUP DE CŒUR RUEDUTHEATRE

MOLIÈRE SANS MODÉRATION

La finesse de Molière et la légéreté de l’opéra de Gounot agencés dans une mise en scène fraîche et déjantée. Molière prend un coup de jeune pour notre plus grand plaisir. Délicieusement drôle, esthétiquement superbe.

Donnez lui un espace vide, elle lui insufflera une âme par sa seule présence. Peu s’en faut pour que la troupe des Désaxés dynamite une scène. Deux panneaux roses mouvants, un mur central, quelques accessoires d’appartement bourgeois : une scénographie ingénieuse pour une mise en scène électrique. Cet espace simple, la troupe délirante l'exploite malicieusement : jeu de cache-cache et courses-poursuite sont le leitmotiv désopilant de la pièce. La fameuse dispute du délicieux couple Martine-Sgnarelle ouvre la pièce et donne le ton burlesque de toute la trame. C’est le point de départ d’une folle dynamique entre texte mordant et chants acidulés.


Si le texte de Molière donne matière à une farce subtile et immorale, les chansons comiques de Gounot apportent une énergie musicale toute en légéreté. Lionel Armand donne un nouveau souffle au classique de Molière : l’humour et l’énergie de la pièce envahissent la scène. La finesse de la farce prend tout son sens sous l’impulsion d’une troupe qui redonne à la bouffonnerie ses cachets de noblesse ne la faisant rimer jamais avec lourdeur ou vulgarité.

Les comédiens maîtrisent parfaitement leur rôle : physiquement rodés avec une gestuelle esthétiquement soignée, un jeu sur le texte subtil et hilarant, un chant plaisant qui rythme la pièce avec souplesse. Le texte truffé de quiproquos est exploité dans toute son intensité caustique, multipliant les situations comiques. Les comédiens s’en donne à cœur joie. On rit aux éclats, on se laisse entraîner dans le tourbillon de sketchs, on s’abandonne à l’efficacité de la mélodie. Une pétillante relecture d’un classique, un authentique moment de divertissement, un vrai hommage à Molière.

Elsa ASSOUN
www.ruedutheatre.info

Le Médecin malgré lui
Texte de Molière
Musique de Charles Gounot d’après le livret de J.Barbier
Mise en scène : Lionel Armand
Interprètes : Daniel Groze , Anthony Liébault, François Tantot, Séverine Anglada, Maxime May, Natacha Picard, Florian Bardet. Piano : Nelly Lachise
Direction musicale et chant : Alice Calm et Nelly Lachise
Création lumière :Nicolas Cambasson
Régie : Jonathan Brunet
Costumes : Maribel Haillant

Jusqu’au 28 juillet au Fabrik théâtre à 20h15.

Photo © DR
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 08:42
DÉFI RELEVÉ POUR RODRIGO

Pour sa première mise en scène, Delphine Piard a visé haut. Et beau. Avec un texte de Rodrigo Garcia, cette première expérience s’avère concluante pour rendre hommage à ce théâtre gênant et audacieux.

Pour les non initiés, Rodrigo Garcia c’est de la violence, de la dénonciation à foison et une réflexion sur le monde moderne. On retrouve l’ensemble de ces éléments dans cette pièce regroupant plusieurs monologues tous aussi perturbants les uns que les autres. On parle ici de raclées considérées comme un dialogue, de décapitations, de torture d’animaux, d’abus sexuels, de société de consommation… Autant de sujets perturbant le désir d’évasion du spectateur. Mais c’est pourtant l’effet recherché. Dans un univers où l’argent fait le bonheur, on trouve un décor riche en étrangetés quotidiennes.
 
Les quatre comédiens sur scène vêtus entièrement de noir se partagent les textes, les mettent en forme en entrant dans cet univers fou et déroutant. La scénographie a été scrupuleusement étudiée pour mettre en image la folie Garcia. On trouve alors un caddie servant de meuble télé, un bonhomme créé en paquet de cigarettes, des poupées Barbie simulant un acte sexuel au plafond, une tête de poupée pendue au fond de la salle… Le public retrouve des sentiments propres à ce théâtre particulier : de la gêne, du dégoût. Après avoir été bousculé, il sort de cet univers dérangeant, des pensées plein la tête… Est-ce que ce qui est bon pour les uns porte forcément préjudice aux autres ? Qu’est-ce que ça ferait de penser avec la tête d’un autre ? S’inquiéter pour autrui serait-il contre nature ?

La Compagnie Plénitude théâtre signe ici son passage dans la cour des grands. Ces jeunes font réellement preuve d’une grande maturité dans un texte particulièrement difficile et un théâtre difficilement abordable. Outre un titre peu engageant, et déroutant dans l'univers du Off où il peut chez certains provoquer la fuite, ce spectacle se révèle riche en tout point de vue.
La mise en scène est aussi appliquée que le jeu des comédiens, de quoi satisfaire les férus de bizarreries.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

Fallait rester chez vous, têtes de nœuds, à l’Alibi 13h15

Mise en scène : Delphine Piard
Interprétation : Laure Maloisel, Julien Boulenguiez, Erwann Le Boulicaut, Delphine Piard
Régie : Emma Barcaroli
Musique : Emir Kusturica
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 08:26
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

HÉROS DES TEMPS MODERNES

Appréhender une réalité sociale à travers le mythe de Didon et Enée de Virgile : c’est le défi audacieux des Errants, une pièce contemporaine prometteuse. Une histoire d’amour moderne sur fond de réalité sociale incarnée avec finesse par la fort talentueuse compagnie du théâtre du Fracas.

Il y a beaucoup d’exigence dans la mise en scène de Côme de Bellescize. Ca commence par un texte original, dont il est l’auteur. Un texte dur, cruel, bouleversant de vérité qu’il fait entendre avec un sens du sublime. Choisir de traiter théâtralement le problème du camp de réfugiés de Sangatte, c’est prendre des risques : réalité sociale et théâtre forment un couple fragile. Comment traiter d’une question sociale sans sombrer dans le pathos ou dans la vulgarité ? En prenant le parti du mythe, la pièce confère une dimension épique à des figures modernes sans arrière-pensée moralisatrice.


Les immigrés déracinés en quête d’Eldorado ont bien l’étoffe de héros tragiques modernes : la traversée désespérée de la mer du Nord relève de l’épopée, les protagonistes pétris de courage et de désir n’ont rien à perdre.

Symphonie de l'errance d'hier et d'aujourd'hui

Plus passionant encore, la réflexion qui est engagée : le récit de ces véritables « errants contemporains » sans terre ni foyer donne lieu à une subtile interrogation sur l’errance, symptôme moderne déjà récurrent dans la mythologie grecque. Derrière ces véritables « errants » contemporains toujours en fuite, il y a les autres condamnés à la vanité de l’existence : les « intégrés » malheureux malgré leurs privilèges sociaux, les petits délinquants locaux sans foi ni loi, les errants amoureux, en quête désespérée de l’autre. Une véritable symphonie de l’errance entre poésie et tragique peut se développer.

Chaque personnage incarne un errant moderne rattrapé par son destin. Les jeunes comédiens, qui déploient une énergie fabuleuse, sont déroutants de vérité. Sur le plateau, ils s’approprient l’espace de manière à reconstituer l’esthétique des images mythologiques.
L’alto et le violoncelle apportent une intensité au rythme des différents épisodes épiques. Chacun apporte une touche de lumière subtile dans cette fabuleuse fresque existentielle. Les personnages tragiques cotoient les figures comiques qui apportent une légéreté salvatrice au récit. . Une bonne dose d’humour s’insère dans la trame esthétique : on passe de la violence du réel à des sketchs désopilants avec une agilité et une finesse surprenantes.

Entre contemplation et réflexion, passion et drame, « Les Errants » nous invitent transfigurer le mythe dans le réel. Un tableau brillant et passionné de l’épopée de l’homme moderne, cet éternel errant.

Elsa ASSOUN
www.ruedutheatre.info

Texte et mise en scène : Côme de Bellescize
Interprètes : Rebecca Aïchouba, Jonathan Fussi, Agathe Germain, Gilles Harvengt, Vincent Joncquez, Julien Leonelli, Nicolas Fantoli/Olivier Martin Salvan, Teddy Melis, Nathalie Radot, Eleonore Simon, Ombeline de la Teyssonnière, Aurélie Toucas,Myriam Ennemri(Alto), Clémence Matthey(Violoncelle).
Musique : Yannick Paget
Scénographie : Sigolène de Chassy Costumes : Florence Sugen, Anaïs Colin, Nicolas Candas, Laetitia Motte
Régie générale : Leslie Desvignes

Au Théâtre du Petit Louvre, à 21h45
Chapelle des Templiers : 3, rue Fêlix Gras Salle Van Gogh : 23, rue Saint Agricol 84000 Avignon
Téléphone réservation : 04 90 86 04 24

Photo © DR
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 07:48
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

UN DÉCALAGE... DE RÊVE


Après avoir repris plusieurs textes classiques tels que Roméo et Juliette, l’Île des esclaves ou La bonne Âme de Setchouan, Irina Brook s’attaque cette fois au Songe d’une nuit d’été. Créé pour être joué en extérieur à l’occasion de l’édition du Festival Dedans-Dehors dans l’Essonne, ce spectacle nous emmène bien loin du Shakespeare qu’on connaît pour nous offrir une version jeune et dynamique à ne manquer sous aucun prétexte.

Six techniciens de la troupe, habitués à jouer des rôles de figuration, sont informés de l’impossibilité des comédiens à être présents pour la représentation du soir. Ils décident alors, sans costume ni décor, à offrir au public une version bien à eux du Songe d’une nuit d’été. Avec le peu de matériel qu’ils trouvent au fond de leur roulotte, ils vont se créer les personnages shakespeariens masculins et féminins. On y retrouve la trame poétique de l’auteur : l’histoire d’amour de Lysandre et d’Hermia contraints tous deux de fuir Athènes pour échapper au mariage forcé de cette dernière avec Démétrius, lui-même pourchassé par l’amour d’Héléna. Le tout se déroule dans une forêt enchantée où les fées mettront leur grain de sel dans cette affaire pour la compliquer encore un peu plus…


Irina Brook revient aux sources du théâtre itinérant avec une mise en scène fidèle à son style. Une énergie à revendre, des émotions à chaque seconde, des rebondissements, des surprises, des décalages hilarants et sa petite touche de chorégraphie… Ceux qui s’attendent à être bercés par les doux vers Shakespeariens risquent d’être déçus, car dans cette version personnalisée, le texte est remis au goût du jour avec des dialogues compréhensibles par tous. Avec cette originalité du texte mêlant poésie romantique et modernisme et avec le jeu exceptionnel des comédiens habitués à ces mises en scènes, plus besoin de salle, peu importe les objets et les fioritures diverses et variées traditionnellement servies au grand public.

Comment faire un grand tout avec des petits rien ? Demandez à cette grande dame du théâtre entourée par ses six disciples venus d’ici et d’ailleurs. On ne peut imaginer une seule seconde que ces colosses de la scène soient seulement techniciens, mais ça donne une excuse aux accrocs de la tradition qui seront gênés de voir ce classique de littérature parsemé d’une saveur aussi particulière. Légère ? Oui et non… Oui car la volonté est faite d’adoucir le texte de l’auteur vieux de quatre siècles, non parce que le travail qui est réalisé sous nos yeux est une démonstration de talents qui nous rappelle ce que doit être le théâtre : un spectacle vivant. Vivez donc et suivez les dans ce Songe magique et assurément divertissant.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

En attendant le Songe…
D’après William Shakespeare
Mise en scène : Irina Brook
Interprétation : Vincent Berger, Jerry Di Giacomo, Cyril Guei, Gérald Papasian, Christian Pélissier et Augustin Ruhabura
Costumes et accessoires : Sylvie Martin-Hyska

Villeneuve en Scène
Place Charles David 30400 Villeneuve lez Avignon, à 22h30
Téléphone réservation 04 90 26 07 40

Photo © DR
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19 juillet 2007 4 19 /07 /juillet /2007 07:01
"JE" EST UN AUTRE

Quand le grand Poquelin dit Molière s'aventurait à broder sur le thème du Double, à lui transmis par la mythologie grecque, cela pouvait donner cet Amphitryon dont le traitement pouvait laisser penser déjà aux chassés croisés avec échanges de déguisements et de personnalités chez un Marivaux encore à naître...

Amphitryon raconte l'épisode dans lequel Jupiter séduit Alcméne, l'épouse d'Amphitryon, dont il prend les traits. Leur union donnera naissance au demi-dieu Hercule. Avec la complicité de son fils Mercure qui prend les traits de Sosie, le valet d'Amphitryon, Jupiter réalise ainsi une sorte de viol parfait. Bien entendu, tout ceci n'est pas sans engendrer des malentendus et conflits parfois violents qui font de cette pseudo-comédie une quasi tragédie dont le metteur en scène Patrick Baty a su exploiter intelligemment les nombreux changements de tons qui peuvent aller quelquefois jusqu'au brouillage de codes de chacun des deux genres.
 
Illusion chronique

Après une scène de début quelque peu laborieuse, nous entrons dans un espace-temps magique, le hall d'entrée d'une belle maison au style néo-classique et au décor intemporel, lieu purement théâtral, voire onirique, qui interdit toute idée d'anachronisme mais aussi toute perspective de retour au réel, s'il existe.

Le thème du Double, en particulier au théâtre, a tout de l'universel... C'est le miroir que l'on cherche en vain à briser pour démanteler aussi l'illusion théâtrale, déconstruire le comédien et son personnage... La relation entre les Dieux et leurs victimes, les pauvres humains, semble bien reproduire pour Molière celui entre le peuple – le personnage du valet Sosie, le vrai et non son double - et les Grands du royaume, le Roi surtout, représentant de Dieu sur terre... Après maintes péripéties, tout rentrera dans l'ordre, bien sûr, mais un ordre voulu par les Dieux seuls et auquel les humains ne peuvent que se soumettre pour en tirer si possible, eux aussi, leurs propres bénéfices.

Henri LÉPINE
www.ruedutheatre.info

Amphitryon, de Molière, avec Marie-Christine Arnaud, Flavien Baudrier, Christine Eckenschwiller, Gilles Jehlen, Christian Luciani, Yves Sauton.
Scénographie et mise en scène : Patrick Baty.

Théâtre de la Condition des Soies, 13, rue de la Croix, à 23 heures. 0432741649
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 12:24
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

VIVRE PLEINEMENT PAS À PAS

La prestation de Laurence Vielle et de Jean-Michel Agius donne un spectacle atypique. Il est danse et poésie, gestes et parole, action et réflexion, silence et musique. Il reprend des éléments glanés au long du périple pédestre que les deux artistes ont accompli, reliant Bruxelles et Paris via la Côte d’Opale. Il devient parcours de vie, éloge de la marche considérée comme moyen d’être soi, d’être couple tout en étant au monde autour de soi.

Vrai moment de bonheur que cette représentation où la voix si particulière de Laurence Vielle et le corps si spatialement présent de Jean-Michel Agius emmènent le spectateur dans la poésie la plus nue, dans la communion la plus perceptible avec les êtres, les lieux, les mots. En ces débuts de la fin du règne triomphaliste de la bagnole, quel régal que de partager une traversée de villes, de villages, de chemins de halage, de forêts, de marais au rythme naturel de la promenade. Le paysage redevient habitable grâce à la lenteur. Les noms de patelins sortent de l’imprimé de la carte routière pour être des sonorités vivantes, des éléments liés à l’humain et à la nature. L’itinéraire se peuple de personnages croisés. Il se conserve en mémoire par de menus faits, par des rencontres, des spécificités locales.


C’est « le rêve d’un monde de marcheurs où le temps des jours est dilué au rythme des pieds ». Le voici concrétisé par la caméra d’Agius qui filme ses chaussures, les montre sur des terrains divers. L’œil regarde les images projetées. Il les associe aux gestes élégants du danseur. Il voit un homme en recherche d’équilibre, en action sur l’espace qu’il meuble en transposant ses perceptions charnelles en gestes. Les mots s’associent, tapés en direct sur ordinateur. Ils s’inscrivent sur le mur du fond, déambulation scripturale qui aligne des phrases, syllabe après syllabe, comme les pas constituant peu à peu un itinéraire.

Les mots sont sonores aussi ; parlés, ils s’insèrent dans les oreilles. Ils racontent le quotidien nomade de deux personnes décidées à aller jusqu’au bout de leur projet. Ils expriment des sensations, des émotions, des associations d’idées. Ils jouent avec des musiques grinçantes, parodiques, décalées, prospectives, sorties du violon de Catherine Graindorge et des percussions d’Elie Rabinovitch. Le temps s’écoule, imperceptiblement. Le public l’oublie. Il marche dans sa tête. Il imagine. Il partage. Il a quitté les contingences du stress de la hâte induite par une conception utilitaire d’un temps productif pour se plonger dans l’atemporalité d’une redécouverte du corps, du territoire, des relations affectueuses, des réminiscences de l’enfance. Quel délice que de se retrouver à l’intérieur de soi en présence du monde !

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

État de marche
Texte : Laurence Vielle (éd. Maëlstrom)
Chorégraphie et images : Jean-Michel Agius
Distribution : Laurence Vielle, Jean-Michel Agius
Musique : Catherine Graindorge, Elie Rabinovitch
Lumière : Isabelle Van Peteghem
Production : Cie Toute une Nuit / Audience Production / Compagnies des Stoc !

Au Théâtre des Doms, 1 bis rue des Escaliers Sainte-Anne, à 16h jusqu’au 27 juillet (0490 14 07 99).

Photo © Cie Toute une Nuit
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 12:08
DON QUICHOTTE UN JOUR, DON QUICHOTTE TOUJOURS…

A l’heure où le marché capitaliste et maximisateur de profit étend son oriflamme sur le monde, le lunaire personnage de Cervantes a sans doute encore bien des moulins à combattre. Ches Panses Vertes lui en ouvre la voie. Avec un double triptyque surprenant. Et poétique.

Six auteurs, pour six histoires différentes autour d’un même personnage emblématique (Don Quichotte). Et un unique spectacle. Six auteurs en quête d’un même personnage… On jurerait du Pirandello à l’envers. Il n’en est pourtant rien. Dans un décor, semble-t-il, fait de bric et de broc, comme tout droit sorti de chez un ferrailleur, mais ingénieux, multiformes et multifonctions, les personnages surgissent. Et Don Quichotte reprend vie. Ici ou ailleurs. Toujours maintenant.


A l’origine d’une durée de près de trois heures, le spectacle a été, pour les besoins du festival, scindé en deux parties, jouées à tour de rôle un jour sur deux. Et si les goûts de chacun marquent la préférence pour l’un ou l’autre des textes (Chaffin, Gautré et Aufray, pour mon tiercé gagnant personnel…), tous portent haut les valeurs humaines et idéalistes de Don Quichotte. Tous ouvrent des portes sur de nouvelles batailles, de nouveaux idéaux, de nouveaux moulins. De nouveaux chevaliers aussi. Et leurs mots comme leurs chemins ont été déglutis et digérés par « Ches Panses Vertes » (littéralement « les ventres verts » en langue picarde), qui nous conduisent sur les traces de nos idéaux perdus. Histoire de nous montrer que, qui que l’on soit, nous sommes tous un peu héritiers de Don Quichotte et de Sancho Pansa. Que nous tenons tous notre destin entre nos mains. Comme le comédien manipulateur qui prolonge son geste et sa parole par la marionnette.

Un spectacle tout en nuance, tout en musique aussi, avec le choix original du trombone comme fil conducteur de l’ensemble. Un spectacle conçu comme un patchwork d’auteurs, de mots, d’histoires, de marionnettes, de comédiens et de costumes. Et qui, comme un patchwork, transcende la différence en une immense palette d’émotions, de couleurs, de rires et de réflexion. L’unité ne résulte jamais de l’uniformité…

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Les Retours des Don Quichotte » par la compagnie Ches Panses Vertes
Jours pairs, textes de Nathalie Fillion, Raymond Godefroy et Gilles Aufray
Jours impairs, textes de Jean Cagnard, Alain Gautré et François Chaffin

Avec : Audrey Bonnefoy, Eric Goulouzelle, Luc Herbaut et Olivier Sellier
Mise en scène : Sylvie Baillon

Au théâtre du Ring, à 17h30.


Photo © Véronique Lespérat-Héquet
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18 juillet 2007 3 18 /07 /juillet /2007 12:01
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

« QUAT’SOUS » QUI VALENT DE L’OR !


Un numéro de cabaret à l’esthétique et la drôlerie inoubliables. Un texte contemporain de Frank Delorme, hanté par des chansons de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Exceptionnel !

Dans un décor qui hésite entre arène et piste de cirque, ils sont neuf. Comédiens, musiciens et chanteurs. Hommes et femmes orchestres d’un bal sans lumière. Protagonistes étonnant d’une fresque humaine qui prend ses racines dans l’univers brechtien pour étendre ses bourgeons jusque dans le 21e siècle.


Ils sont neuf, mais pourraient être cent. Campés dans leurs personnages de gangster à la belle gueule, marin d’eau-de-vie, mari...ée-couche-toi-là, poète maudit, actrice guindée ou ange désabusé. Cachés derrière leur face d’Auguste ou leurs instruments de musique, ils sont l’humanité toute entière. Une humanité figée dans un musée de cire et qui prend vie sous nous yeux. Faisant leur numéro de cirque, ensemble ou tour à tour. Ils jonglent de leurs maux, pirouettent de leurs larmes, chantent (et avec quel brio !), dansent. Et parlent. Et les véritables numéros de cabaret sont là, dans ces mots qui habillent les chansons. Dans les humanités crachées sur scène, les espérances murmurées, les désillusions avouées.

Petite bulle d’éternité, suspendue dans le temps, ce Cabaret de Quat’sous est un véritable moment d’exception. Spectacle esthétique, puissant, poétique et drôle, qui joue tout en finesse sur les lumières pour mieux sculpter la noirceur des âmes. Les airs, les chants, les paroles, les voix, l’humour, l’autodérision, les cordes, accordéons, clarinettes, couleurs et étoffes se mettent au diapason de ce drôle d’univers, orchestré de main de maître par Frank Delorme.

Avec une richesse visuelle, une profusion d’émotions, une quasi perfection musicale qui n’ont d’égale que le jeu des comédiens et l’originalité du l’approche artistique. A tout point de vue, superbe.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Le Cabaret de quat’sous
De Frank Delorme
Avec : V. Debay, F. Delorme, B. Dendievel, C. Elleoudt, C. Fortin, S. Sicard, J. Cabadas, T. Montagne et E. Pralat.
Mise en scène et scénographie : Frank Delorme

Théâtre le Petit Chien, à 11 heures

Photo © Théâtre de la Mandragore
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Chronique FraÎChe