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Festival d'Avignon

23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 15:02
RIBERA RIEN QUI RIBERA LE DERNIER

Dans un décor bleu turquoise, Stephanie Villanti et Jean Marc Landes ont choisi de mettre en scène des textes du directeur du Théâtre du Rond-Point, Jean Michel Ribes. D’histoire en histoire, le public passe d’un univers à un autre, toujours dans des situations où le comique tient la première place. Un humour léger mais qui enchantera sans difficulté.


Pour mémoire, Jean-Michel Ribes est une figure du comique des années 80. Auteur, metteur en scène, comédien, c’est un artiste complet dont on se souvient à cause de Palace, série télévisée de Canal +. La Compagnie du temps retrouvé porte bien son nom. Ayant rassemblé quatre petites pièces de l’auteur, elle rejoint la causticité de l’homme et de son époque. Avec des situations pittoresques, incongrues, toutes plus farfelues les unes que les autres, on se retrouve tour à tour entre un couple marié en perdition, sur un radeau avec des personnes de classes sociales différentes, avec des bobos en quête d’émotions fortes ou à une sortie de spectacle bien particulière…

texte-en-ribes.jpg
Avec des procédés simples mais ingénieux, on retrouve une scénographie fraîche, jeune et dynamique. On passe d’un monde à un autre avec une facilité déconcertante. Le seul fil conducteur entre chacune de ces saynètes, en dehors de l’accent chaleureux du sud des comédiens, est l’humour. Un comique de situations qui, lorsqu’il ne fait pas rire, nous laisse un joli sourire au coin des lèvres. Le jeu des comédiens est un enchantement, ils forment une paire efficace pour relever tous les défis que leur impose le texte de Ribes.

Tantôt dans une chambre, tantôt sur un radeau de fortune ou à la sortie d’une pièce de théâtre, les personnages qu’incarnent les deux comédiens se suivent mais ne se ressemblent pas. On passe un moment agréable en compagnie de ce duo comique qui peint avec soin les personnages loufoques de Jean-Michel Ribes. De quoi attirer la foule de tout âge pour des pièces qui n’ont pris aucune ride, que du Ribes !

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info


Texte en Ribes, au Pittchoun Théâtre à 14h
Mise en scène : Stephanie Villanti
Interprétation : Stephanie Villanti, Jean Marc Landes
Costume : Joel Viala
Décors : Bien Vu Deco

Photo © DR
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 14:47
COUP DE CŒUR RUEDUTHEATRE

UNE MORT QUI ÉCLABOUSSE

Un cadavre attaqué par des rongeurs découvert dans sa maison. Une enquête qui devra déterminer les causes du décès. Des témoins ayant chacun sa perception du drame. À partir de ce fait divers courant, Marie Henry a conçu un spectacle qui remet en cause le théâtre.


Accrochez-vous. La banalité du point de départ explose très vite. Ici tout devient objet de théâtralisation, support d’un éclatement total des conventions. Les premiers témoins sont Gascard et Nathalgie, deux rats. Les suivants sont deux voisines, Natacha et Mélanie, comédiennes plongeant dans des jeux de rôles pour émettre leurs hypothèses. Enfin, Steve, le fils de la victime, et Mana, son ex, émettent leurs versions des faits, au beau milieu de leur incapacité à communiquer.

michele-mercier.jpg
Les interventions de chacun s’entrecroisent. Les rôles se démultiplient. Les interprètes oscillent entre leur réalité d’acteurs en plein travail, le rôle qui est censé être le leur, l’intégration des didascalies dans le texte qu’ils jouent, leur participation en direct au décor sonore ponctuant leurs interventions.

Ajoutons que le Groupe Toc a monté cette histoire sur un rythme effréné où l’énergie est constante et que le public est soit entraîné comme par un typhon, soit reste baba sur place en se demandant ce qui lui arrive. Dans le premier cas, son plaisir est total, à ceci près qu’un quart d’heure de moins n’aurait pas été inutile car il est bien difficile de se renouveler tout le temps lorsqu’on traverse une histoire à cette allure. Dans le second cas, il se sent largué, enlisé dans le marais du rationnel, perdu dans un labyrinthe dont il espère sortir un jour.

C’est hilarant. C’est le genre de folie à laquelle  sont coutumiers les grands metteurs en scène flamands. Cela déjante sans cesse. C’est bourré de clins d’yeux alimentés par des répétitions, des arrêts sur images, des reprises de séquences décalées, des adresses au spectateur, des apports d’objets ludiques, des modulations tant de l’espace scénique que des lieux de l’action.

Les acteurs s’amusent visiblement. Ce qui est contagieux à condition de se laisser emporter. Un tel délire balaie les repères familiers de la représentation théâtrale et de la narration policière. Il bouleverse les codes, ravit par la virtuosité de la troupe qui s’avère capable d’aborder tous les registres avec un identique bonheur.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Texte : Marie Henry
Mise en scène : Raphaël Noël, Anne Thuot
Distribution : Yannick Duret, Cédric Lenoir, Natacha Nicora, Hervé Piron, Sophie Sénécaut, Anne Thuaut
Son : Maxime Bodson
Lumière : Raphaël Noël

Production : Groupe Toc / Les Halles de Schaerbeek

Au Théâtre des Doms, 1bis rue Escaliers Sainte-Anne, à 18h jusqu’au 27 juillet. (04 90 14 07 99)

Photo © DR
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 14:18
TRANSITIONS

Le Sas s'attaque avec subtilité au thème délicat de l'univers carcéral, par le biais du portrait d'une femme qui va retrouver la liberté.

"Je serai toujours plus d’ici que là-bas." Ce soir, elle est entre deux mondes. Le sas : plus vraiment en prison, pas encore dehors... Et toute la nuit, face à elle-même, pour évoquer le passé et appréhender le futur.  La nouvelle création de la compagnie Artscénique théâtre, présentée à Avignon, aborde le thème de la prison avec un texte criant de vérité, de Michel Azama. "Nous avons présenté le spectacle dans une prison pour femmes", explique Manuel Pons, le metteur en scène. "De cette rencontre est née l’envie de parler de la douleur de ces femmes".

le-sas.jpg
Dans une scénographie dépouillée, Patricia Ravidal incarne avec une rare justesse une "partante", comme on les appelle dans le milieu carcéral, une détenue qui sort de prison après seize ans de détention. Seize ans sans voir ses enfants, seize ans coupée du monde. "Est-ce que je vais savoir payer ? Ouvrir les portes ?" se demande-t-elle avec inquiétude. "La liberté qui l’attend au bout de la nuit l’effraie, tout comme elle l’attire", raconte Patricia Ravidal. C’est un personnage tout en contradictions. En prison, elle s’est forgé une carapace, mais toutes les failles de sa vie ressurgissent durant la nuit."

Entre bordel et asile

Les flash-back alternent avec des retours à la réalité du sas, rythmés par une musique qui porte un texte fort et incisif. Sans fioritures, c’est le quotidien de la prison, qui nous est dépeint, avec un regard féminin qui manque souvent aux écrits consacrés à un thème encore tabou.

"Chaque jour finit dès le matin, quand je le coche sur mon calendrier". Dans le sas, c’est toute la hargne accumulée depuis seize ans qui s’exprime durant la nuit. Mais l’univers clos de la prison, aussi détesté soit-il, est tout de même rassurant face à l’inconnu de la liberté. Avec beaucoup de subtilité, Patricia Ravidal fait de la rupture de jeu un art, pour interpréter les errances mentales d'une femme tourmentée. "Ca tient du bordel et de l’asile, mais ça vit !", s’exclame-t-elle. Va-t-elle sortir ?

"Le texte évoque aussi l’enferment psychologique que nous subissons tous les jours au travail, ou encore dans nos relations amoureuses, dont il est très difficile de s’échapper"
, affirme Manuel Pons. Une réflexion universelle, pour un spectacle parfois dur, souvent émouvant, mais porteur d’espoir.
Michèle COLOMBEL
www.ruedutheatre.info

Le Sas
Texte : Michel Azama (Editions Théâtrales)
Mise en scène: Manuel Pons
Interprétation: Patricia Ravidal
Lumières et scénographie : Cyril hamès
Musique: Guillaume Providence
Une production Artscénique théâtre 04 73 25 75 18 / 06 24 22 50 03

Du 6 au 28 juillet à 13h55 - au Pulsion théâtre, à Avignon
Réservations 04 90 85 37 48 - durée : 1h20
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 14:09
CABARET CITOYEN
 
D’un air d’accordéon à un tribun célèbre, de Gaston Coutet  à Louise Michel, d’Aristide Briand à Aristide Bruant, voilà un cabaret qui nous invite à revisiter la Troisième République. Chansons,  discours... Et conscience politique.


Festif et politique, il serait dommage de rater le rendez-vous lancé par la compagnie Serge Barbuscia. Rendez-vous entre une Chambre des députés de la Troisième République et son cortège d’élus et une petite chambre chansonnière, le cabaret… Terme d’origine picarde signifiant « petite chambre ». Et de la magie de cette improbable rencontre nait un spectacle beau et contrasté.

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Un contraste qui se joue des tenues sombres des comédiens et musiciens, devenant tour à tour, Hugo, Zola, Louise Michel et chanteurs de rue. Noirceur d’une époque qui se heurte à la clarté d’un monsieur Loyal virevoltant. Maître du jeu charmeur et charmant, historien et conteur, qui relie les tableaux noirs et rouges que les comédiens font vivre avec chaleur sous les yeux d’un public conquis.

Une mise en scène à la fois précise et sobre souligne le propos. Et si l’on assiste là à une fort jolie leçon d’histoire, les mots et chansons trouvent un écho particulier aujourd’hui.
Aïni Iften en gouailleuse de charme aussi bien qu’en Louise Michel devant ses juges, Barbuscia en tribun austère ou chansonnier inénarrable, Fabrice Lebert en étincelant magicien et Patrick Licasale du bout de son accordéon…

Le petit monde du Chat Noir revit l’espace d’un instant. Et le discours qu’on y entend résonne aussi sur notre monde. Un cabaret engagé et drôle, superbement interprété. A l’esthétique certaine et la parole grave.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Rendez-vous au Chat Noir
Conception et mise en scène : Serge Barbuscia
Direction d’acteur : Clara Barbuscia
Avec : S. Barbuscia, A. Iften, F. Lebert et P. Licasale

Théâtre du Balcon -  38 rue Guillaume Puy 84000 Avignon
Téléphone réservation 04 90 85 00 80

Tous les jours à 19h15 jusqu'au 28 juillet 2007.

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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 12:23
PAS SI DARD QUE CA

Jouant sur un patronyme célèbre, le titre du spectacle peut être trompeur. Et si l’on vient dans l’idée d’une référence à l’auteur de San Antonio, la déception risque d’être grande. Sauf à se laisser glisser dans l’univers fantasque de cet autre Dard…


23 décembre dernier. Patrick Dard s’apprête à retrouver sa chère et tendre après des mois de séparation. Les retrouvailles s’annoncent belles. Mais aux surprises de Noël, la dulcinée ne fait pas les choses à moitié. Et la pauvre orpheline à laquelle le sieur à donné son cœur se révèle être fille de grande famille. Avec des parents célèbres et bien vivants. Une fratrie nombreuse. Et des mœurs pour le moins déconcertantes.

Plutôt bon comédien, Patrick Dard endosse tous les rôles. Le sien, évidemment, mais aussi celui de Caroline, sa fiancée, Romain, son beau-frère rugbyman, Laetitia, sa jeune belle-sœur à la main verte et ses ineffables beaux-parents. Le tout sans que l’on perde jamais le fil de qui est qui. Ce qui est déjà fort. Mais le talent de Dard ne s’arrête pas là. Son écriture est aussi un petit bijou de jeux sur le double sens. Ce qui lui permet de jongler avec la grivoiserie sans jamais être vulgaire ni grossier. Et d’inviter le public dans un univers extravagant et cocasse. Avec style.

Alors ce Dard là est sans aucun doute l'une des bonnes surprises de ce festival. Même si la mise en scène reste encore à affiner, même si les noirs entre les différents tableaux sont un peu trop longs, même si l’introduction, version show à l’américaine, dénote un peu par rapport au reste du spectacle. Au hit parade des découvertes, l’outsider Patrick Dard est définitivement  un poulain prometteur.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Sale temps pour le Dard, de et par Patrick Dard.
Théâtre de l’Ange à 22h15.
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 12:05
CAUSERIE DÉCAPANTE

Coups de dents et de griffes tous azimuts, ainsi peut-on qualifier le texte de Jocelyn Vallade.  Il prend d'autant plus de relief qu'il nous est présenté par Pierre Vielhescaze, un comédien  vieux routier du théâtre,  impertinent de nature – n'aurait-il pas un jour oublié de serrer la  main de Jack Lang ? A moins que ce ne soit celle de Giscard... -  Quoiqu'il en soit, les  impertinents que nous sommes tous prennent beaucoup de plaisir à écouter ces propos dont  l'incongruité, et même parfois la cruauté – mais rassurez-vous, celle-ci n'est jamais gratuite !  -   nous consolent un peu du cynisme ambiant propre à notre société néolibérale, ou plutôt  néocapitaliste, et ses nombreux organismes décérébrateurs de l'individu.

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Causerie devant une table de bistrot et un verre d'excellent Côtes du Rhône, tout en faisant  semblant de lire le journal...  Oui, mais on entre très vite dans la socio-politique-fiction à la  Jonathan Swift, vous savez ? l'écrivain anglais qui voulait résoudre le problème de la misère en Irlande en donnant les enfants des pauvres à manger au reste de la population. Bien sûr,  c'était de l'humour noir... Mais dans ce domaine, les propos de Jocelyn Vallade, très bien servis par Pierre Vielhescaze, sont de la même veine... On peut rire de tout, disait  Desproges, mais pas avec n'importe qui...

C'est bien à ces « pas n'importe qui » là que s'adresse cette savoureuse fausse conférence, excellent prétexte et occasion de bien terminer  une soirée de Festival.

Henri LÉPINE
www.ruedutheatre.info

Théâtre des Amants, Place du Grand Paradis, 22h15. Tél. 04 90 86 10 68.
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 08:46
COUP DE CŒUR RUEDUTHEATRE

UNE STAR EST NÉE !

A mi-chemin entre un Buster Keaton et un improbable Pierrot lunaire, Toby ouvre sa porte sur un univers de lumières colorées et de rêves matérialisés. Où le rire le dispute à la poésie.  Et à l’émerveillement.


Une scène nue, petite musique de cirque. Valise cabossée à la main, Toby entre en scène. Avec son air d’enfant étonné, ses sourires à la naïveté touchante et son enthousiasme indéfectible, il ouvre grand la porte d’un monde parallèle à un public vite sous le charme. Pas un mot ne sera dit. A peine quelques sons évoquant, parfois, une idée, une émotion, une colère. Et au-delà des mots, Toby devient dresseur de lumière, jongleur d’émotions, dompteur de valise, metteur en scène, transformiste ou danseur de cabaret.

toby.jpg
Et quel que soit le rôle qu’il endosse, il garde cette bonhomie maladroite et touchante qui lui donne un charme fou. Un charme à retrouver son âme de gosse. Le comédien qui incarne Toby n’est plus. Seul Toby a une existence propre. Et qu’il nous fasse rire dans son théâtre de marionnette, qu’il nous émeuve dans ses reportages type super 8, qu’il nous bluffe avec ses changements de chapeaux… Quoi qu’il fasse, il étend son voile de poésie surréaliste sur tout ce qu’il touche. Âmes comprises. 

Personnage improbable, Toby est, à coup sûr, l'une des plus étonnantes découvertes de ce festival. Star malgré lui. Clown muet, sans nez rouge ni maquillage, sans paillette ni grande chaussure, il invite le public à un voyage hors du temps. Dans une magie qui lui est propre. Et dans laquelle il évolue avec un bonheur sans pareil.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Toby, clown contemporain (à partir de 8 ans et public adulte)
Avec Stéphane Piasenti
Mise en scène de Nicolas Derieux
Dramaturgie : Raymond Godefroy

Théâtre des Lucioles à 10h30

Photo © DR
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 08:43
METTRE LE POÈME À PORTÉE DE TOUTE OREILLE

Le mot poésie est un mot qui effraie le public. Henri Ronse, exilé de Belgique, et ses complices (diseurs, lecteurs, chanteurs, écrivains) ont décidé de mettre cet art de la langue à la disposition des sens de chacun.


Premier atout qui est le leur : la voix. Elle s’empare des textes, leur donne un corps sonore susceptible de vibrer en chacun. Deuxième atout : une présence réelle sur scène de chair, de gestes, de costume. Troisième atout : le refus de la facilité en ne présentant pas que des poèmes archiconnus ou si narratifs qu’ils ressemblent à des récits. Enfin, bien que ne craignant pas de cheminer à travers les siècles, le contemporain est privilégié.

Parmi les menus changés quasi chaque soir, l’exemple type est « Les Mots en Folie » avec son sous-titre « de Rabelais au rap des Rats ». Cette lecture spectacle mêle en effet le délicieux Norge, le mystérieux Michaux, le caustique Verheggen et son « Opéra Bouche »,  le délirant Artaud, l’oulipien Queneau, l’acrobate Bobby Lapointe, le cascadeur Luca… Il y a aussi des performances comme celle de Julien Blaine ou de Gwenaëlle Stubbe. Il y a l’exploration des univers du genre de celui de Brisset qui décortiqua le langage avec une cohérence de déjanté mental, de celui de Ponge plongeant dans la densité même des objets, de Leiris accouchant des mots leurs définitions mêmes.

L’entreprise est jubilatoire. Elle est méritoire car il est  aussi insensé que nécessaire de contrer la pensée unique, l’expression enrégimentée en faisant connaître des écritures qui ne craignent pas la marge. C’est un engagement total des créateurs et des interprètes, contagieux de conviction, qui permet cet échange scène salle.

Depuis 1999, l’équipe, basée dans le Centre de la France, soutenue par la DRAC, trace ses itinéraires un peu partout, de la campagne à la ville. Elle s’adresse véritablement à tous et a aussi produit un spectacle plus spécialement destiné aux petits : « Le Cirque des animots » joué, lui, à 10h. Qu’on se le dise, la poésie est aussi un art vivant, un art du vivant !

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Conception : Henri Ronse
Équipe : Patrice Dehent, Garance Duarte, René Farabet, Marie Poumarat, Henri Ronse
Musique : François Cornu

Production : Grand Magasin de Poésie nomade

À l’Espace culturel Le Garage, 76 rue de la République à Villeneuve-lez-Avignon à 22h30 jusqu’au 27 juillet. (04 90 15 03 01 ou 06 72 70 29 25)




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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 17:00
CHANSONS INTEMPORELLES POUR CHANGEMENTS POLITIQUES

Venus du Nord, les comédiens musiciens chanteurs de l’Hyperbole à Trois Poils, revisitent l’histoire de la chanson française par le biais de couplets révolutionnaires, contestataires, libertaires. Ils accomplissent un travail magnifique sur le masque et le corps.


Ce qui ravit de prime abord dans ce spectacle, c’est la pratique gestuelle collective. Tout est orchestré avec une minutie chorégraphique qui laisse pantois. Cela tient du mime, du ballet caricaturé, de la commedia dell’arte, du numéro de clowns. L’engagement est là déjà, dans l’énergie donnée par des interprètes généreux, installés dans un espace qui ressemble à une piste de cirque.

cabaretdesengag--s.jpg
L’intérêt de la pantomime réside dans le fait qu’elle visualise des conflits de pouvoir entre les interprètes. C’est-à-dire des actions en contradiction flagrante avec le contenu subversif des chants revendiquant une meilleure équité entre les classes, entre les êtres. Cette facette burlesque et dialectique permet aussi, à sa manière, de prendre quelque distance avec des contenus anciens et des formes agressives surannées d’airs datés de l’Ancien Régime, dont seule la valeur historique reste effective.

L’ensemble est d’une rare cohérence. Tout est minutieusement agencé pour typer chacun des personnages. Ils présentent des côtés guignol de prolos gouailleurs, de SDF bagarreurs, d’exploités roublards, de provocateurs fanfarons. Mais dans le même temps, ils apparaissent en tant que porte-paroles de ceux qui ont souffert d’injustices sociales, qui contestent des politiques antidémocratiques.

Divertissement intelligent, support pédagogique évident en vue d’animations de conscientisation, ce spectacle s’avère avant toute chose une réalisation théâtrale où s’harmonisent la comédie par les textes, la musique et son ethnologie via la multitude d’instruments pratiqués, la fascination de la marionnette et des masques.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Chansons et textes : Apollinaire, Bruant, Couté, Privas, Senghor, Marx, Sex Pistols, Niobé, Ferré, Clément, Ortega, Quilapayun, Têtes Raides, Vian, Viry …
Mise en scène : Nicolas Ducron
Distribution : Priscille Paccoud, Jean-Baptiste Barbier, Rémi Bichet, Nicolas Ducron
Costumes et masques: Martha Roméro
Marionnette : Antonin Bouvret
Lumière : Paul Beaureilles

Production : Comédie de Béthune / Cie de l’Hyperbole à 3 Poils

À Présence Pasteur, 13 rue du Pont Trouca à 12H30 jusqu’au 28 juillet. (0432 74 18 54)

En tournée :
28 septembre 2007 à Carvin au Centre culturel Jean Effel ( 03 21 74 52 42 ) ; 9-10 octobre plateau Picard (Picardie) (03 44 78 70 02) ; 11-12 octobre à Abbeville en l’Espace St André (03 22 20 26 80) ; 13 octobre à Hirson à l'Eden  (03 23 58 38 88) ; 16 octobre Liévin ; 17 octobre à Tergnier ; 18 octobre à Montdidier ; 19 octobre à Etouvie ; 20 octobre à Pont Ste Maxence ; 8-9 novembre à Doullennais (03 22 77 80 00) ; 13 novembre à St-Valéry-sur-Somme ; 15 novembre à Margny-les-Compiègne (03 44 36 31 55) ; 16 novembre à Flixecourt ; 29 février 2008 à Roye ; 4 mars à St Quentin ; 7 mars  à Dunkerque (Bateau Feu - Scène Nationale).

Photo © DR
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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 16:54
UNE IMAGE GENTIMENT DRÔLE DE LA BELGIQUE

Philippe Sturbelle a la nostalgie du pays. Il en parle dans l’intimité d’un décor allusif. Il n’appuie pas trop ses effets et mêle caricature légère et émotion discrète.


Le spectacle est bourré d’allusions, pas toujours perceptibles sans doute pour qui n’est pas originaire du plat pays de Brel, d’Arno et d’Adamo. Il faut parfois un moment avant de relier tel ou tel accessoire, tel ou tel jeu de mots avec Ensor, Rops, Magritte… Il faut un petit temps avant de percevoir qu’une conversation d’apparence banale est en réalité tramée par une liste de titres empruntés à Simenon. 

Prutficellekestraat.jpg
Sturbelle brocarde avec gentillesse son pays d’origine. Il pratique jovialement cette autodérision si caractéristique des citoyens d’outre-Nord. Une fléchette pour les problèmes linguistiques et la démultiplication des gouvernements régionaux et fédéraux. Une autre à propos du dopage et du fameux « pot belge ». Une autre encore pour des habitudes si différentes de celles des Français. Une volée d’autres pour toute une série de petits faits. Cela manque un peu de méchanceté pour dépasser la simple caricature. Comme dans telle fable de La Fontaine, revue en dialecte bruxellois par l’humoriste Virgile.

Un petit cocorico wallon et un léger rugissement de lion flamand pour citer quelques productions culturelles faisant honneur au pays. La découverte pour les étrangers (et la redécouverte étonnée pour les autochtones) des véritables paroles de la Brabançonne, hymne national que les ministres néerlandophones nationalistes confondent avec… la Marseillaise ! Une pincée d’histoire et une autre de géographie via un crochet par la gastronomie. Un soupçon de nostalgie à piment autobiographique. Et puis quelques bons moments d’émotion. C’est la chanson de Caussimon, « Comme à Ostende », distillée à la manière d’un poème. C’est l’enterrement du roi Baudouin et la ferveur populaire qui s’ensuivit.

L’ensemble est plaisant, divertissant. Il tient par certains côtés à un guide touristique qui aurait envie de susciter le sourire par sa malice, qui arrondit les angles lorsque cela risquerait d’écorcher, qui a la conviction de mener à des découvertes.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Prutficellekestraat

Texte et interprétation : Philippe Sturbelle
Mise en scène : Corine Van den Bussche
Chorégraphie : Carlotta Sagna
Lumière : Fred Arzul

Au Petit Louvre, salle Van Gogh, 23 rue Saint Agricol, à 15h45 jusqu’au 25 juillet. (04 90 86 04 24)


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Chronique FraÎChe