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Festival d'Avignon

27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 09:00
LE MONDE SELON GLUCK

Univers onirique et d’autodérision, le monde des Glucks est à l’image d’une partie du monde théâtral. Tendre et caustique, drôle et multi facettes. Parfois nostalgique, mais résolument tourné vers l’avenir.


Si le festival d’Avignon nous était conté, il pourrait l’être de manière infiniment sérieuse. Avec force images d’archives et conférences à l’appui. Les Glucks, eux, ont pris le parti de le faire de l’intérieur. Avec toutes les déconvenues mais aussi toute la magie et tous les espoirs que le théâtre embrasse.

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Du Gluck programmateur au Gluck harpiste en passant par toute la panoplie du Gluck comédien ou jongleur, le petit monde des Glucks s’affole tout à coup. Que vont-ils pouvoir faire à l’issue de leur longue hibernation ? Car la chose est bien connue des spécialistes : le Gluck, génie de la création, dort onze mois sur douze. Et pour leur 27ème festival, ils monteront Hamlet. Ou bien Titus Andronicus. En tout cas, ce sera du Shakespeare ! Et vaillamment, les uns et les autres endossent les rôles. Même si, au final, ils nous invitent davantage à une « comédie des erreurs » - pièce la plus courte de Shakespeare fondée sur la farce et les jeux de mots - qu’à une tragédie.

Et l’étrange épopée qu’ils nous dressent est d’une hilarante dérision. Le succès, le crève-la-faim, les espoirs, l’effervescence de la création, les subventions qui n’arrivent pas, les auditions difficiles et la jeune génération par trop avide de goûter au plaisir insatiable de la scène. Tout est passé à la moulinette d’un jeu décalé et d’un humour efficace. Et ne serait-ce que pour la prestation de Vincent Lorimy, la pièce vaudrait le détour. Son jeu tout autant que ses jonglages font de « Ploum » l’incontournable star de ce petit monde des Gluck. A découvrir par tous les amoureux du théâtre.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Les Glucks, de Jacques Henri Pons
Adaptation et mise en scène de Sylvain Thirolle
Avec Vincent Lorimy, Christion Neupont, Alfred Thirolle, Sylvain Thirolle, Martin Buisson et Jacques Henri Pons.

La Condition des Soies à 20h.
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 01:57
UNIVERS INTÉRIEUR DE LA FEMME

Qu’est-ce que la maison représente en chacun de nous ? Un monde intérieur, bien souvent celui des femmes, bâti pour leur propre sécurité et celle de leurs enfants. Voilà qui est dit.


Avec son beau visage illuminé de grands yeux qui vous transpercent, la comédienne Cécile Gérard investit le texte de Marguerite Duras avec la simplicité des femmes qui ont en elles une autorité naturelle. Là, un intense moment de vérité s’instaure avec le public d’ailleurs installé sur la scène comme dans un appartement. Un moment de complicité. Un moment aussi juste que la brièveté de nos vies. Une mise au point parfois. A travers ses souvenirs d’enfance, l’auteur explore son rapport à la mère et évoque avec sincérité la condition féminine.

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Dés le début, il sera question de cette utopie construite de toute pièce par les femmes et que représente la maison. « Une maison pour retenir les hommes d’un désir d’aventures qui a traversé les âges… ». Une maison pour transmettre les meubles accumulés au cours d’une vie, les jouets des enfants, puis des petits enfants. Une maison pour conserver des souvenirs et les silences qui les habitent. Des hommes, il est aussi question. Sans concession, le propos s’inspire aussi de ce que fut pour l’auteur l’absence du père, l’abandon et l’organisation familiale autour de la mère toute puissante. De la famille disloquée et des arrangements issus des divorces, rien n’est épargné. Tout y passe finalement, de la paternité à la maternité et des différences de chacune d’elles. Que font les hommes de leurs enfants ? « Ils les emmènent en promenade ou au cinéma… tandis que les femmes, elles, se laissent dévorer par leur progéniture. » De la difficulté d’un possible détachement, il est aussi question comme dans un rêve mais la réalité s’ancre pourtant dans cet attachement à la mère qui nous habite tous, imperceptiblement.

La vérité du propos puis la justesse d’un face à face sont ici remarquablement instaurés par la gravité et la douceur d’une comédienne qui rend au texte de Marguerite Duras toute sa profondeur. Un moment exquis pour les femmes et qui interpelle très certainement les hommes en particulier.

Christelle ZAMORA
www.ruedutheatre.info

Théâtre Le Petit Louvre
Tel : 04 90 86 04 24
Mise en scène : Cécile Backès
Texte de Marguerite Duras extrait de La vie matérielle

Avignon OFF - Du 6 au 28 juillet à 17h30.

Photo © DR
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 01:44
UN CONTRE ONZE ET ONZE CONTRE UN

La pièce de Reginald Rose est à nouveau jouée sur les planches d’Avignon. Texte coup de poing, mise en scène intelligente, interprétation habitée. Toujours indispensable.


Les douze hommes en colère sont douze citoyens américains formant le jury du procès pour meurtre d’un adolescent de seize ans accusé d’avoir tué son père. La délibération ne devrait pas durer : l’arme du crime est reconnue comme appartenant au jeune homme et deux témoins ont assuré sous serment que ce dernier était l’assassin. L’unanimité entre les douze est obligatoire et c’est cette règle qui sauvera le jeune homme de la mort car un juré votera non coupable et inversera progressivement l’opinion de ses semblables.

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Le texte de Reginald Rose est un classique. Roman à l’origine, puis porté à l’écran par les bons soins de Sidney Lumet et adapté finallement pour les planches par Reginald Rose lui-même, la pièce est un huis clos étouffant sur l’importance du doute dans le bon fonctionnement du système judiciaire. Car, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, la question reste la même : peut-on être positivement sûr qu’un individu est bien coupable du crime dont on l’accuse ? Le doute prend ici la forme d’une phrase toute simple répétée comme un leitmotiv par la jurée numéro huit seule contre tous : « je ne sais pas ». « Je ne sais pas », « c’est possible », « je ne suis plus sûr(e) », de toutes ces formulations de l’hésitation vont naître progressivement des interrogations chez les jurés. Ce questionnement est le fondement même de toute justice démocratique qui reconnaît à chaque instant, aussi bien symboliquement que dans la loi, son caractère terrestre et par là son incomplétude et la possibilité qu’elle puisse se tromper.

La mise en scène d’Antoine Herbez est habile à plus d’un titre. Des douze hommes qui formaient le jury dans la pièce originale, seuls sept subsistent, complétés par cinq femmes. Les hommes deviennent ainsi des Hommes et ce jury acquiert à la fois modernité et universalité, ce qui sert son propos. Dans la salle exiguë du Théâtre de l’Ange, le metteur en scène donne vie au doute qui habite progressivement les jurés, bien servi en outre par des comédiens inspirés dont la tension et l’émotion vont crescendo.

Texte dénonçant la peine de mort et l’arrogance de la justice humaine, Douze Hommes en colère est une pièce à voir pour au moins douze bonnes raisons, auxquelles s’ajoute son actualité toujours aussi brûlante.

Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info

Douze Hommes en colère
de Reginald Rose, texte français de Stefan Meldegg et Attica Guedj
Mise en scène d’Antoine Herbez
Avec : Fabienne Billot, Stéphane Bleher, Jean Boissinot, David Carruezco, Olivier Charcosset, Benjamin Fayard, Joanna Forlen, Ivan Herbez, Olivier Ho Hio Hen, Sébastien Le Rest, Vanessa Lo King Fung, Blandine Samba.
Lumières et sons de Antony Aubert.

Du 6 au 28 Juillet à 18h30 - au Théâtre de l’Ange, 15, rue des Teinturiers, Avignon.

Photo © DR
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 01:07
LOIN DU STRIKE

Cette pièce qui se veut humoristique et crue ne parvient qu’à son deuxième objectif. On a du mal à percevoir la profondeur du texte de Durringer… C’est dommage pour ces jeunes comédiens qui débordent de fougue…


Demain c’est la quille, le retour à la maison pour trois militaires qui ne trouvent d’autre idée que de passer leur dernière nuit barricadés dans les toilettes d’une gare. Il leur faut alors trouver les éléments indispensables pour une soirée digne de ce nom : bières, bouffe et filles. Serge, le sergent, réussit à leur dégoter ce qu’il faut de vivres et une belle brune qui lui est déjà réservée. Entre anecdotes de leur vie, regrets de quitter le régiment et moments entre hommes, on découvre l’intimité quelque peu spéciale de ce trio. Mais après quelques doux moments échangés entre eux viennent les contrôleurs, puis la police. Tenant absolument à camper sur leur position, ces soldats montent alors un siège dans les toilettes (sic) et font passer leur invitée pour une otage jusqu’à ce que la situation dégénère vraiment.

Imaginez de vrais militaires, ou plutôt de réelles caricatures : L’un, simple d’esprit, ne se lave pas, l’autre, censé être noir, fume des joints, le troisième ramène une fille en claquant des doigts avant de la rejeter en deux temps trois mouvements… Tout ça avec un vocabulaire grossier, des scènes qui ne volent pas haut, un jeu approximatif.
Même si les comédiens sont attachants et dynamiques, et que leur texte dénonce de nombreux a priori, ils ne convainquent qu’à moitié. Mis à part cela, les décors sont plutôt bien pensés. Un rideau blanc sépare la cuvette du reste de la pièce, laissant des ombres chinoises pour imaginer le reste…
La mise en scène révèle quelques originalités, dont une partie de la pièce qui se déroule dans le noir et une chute quelque peu inattendue bien mise en valeur. Les autres surprises proviennent certainement des dialogues ficelés étrangement. On a du mal à déterminer où veulent vraiment en venir les personnages, les esquisses de témoignages ne semblent pas aller jusqu’au bout.

Dans cette pièce, réaliste par certains côtés, complètement déjantée par d'autres, l'absence d'un choix mûri déçoit. Les comédiens se sont cantonnés à l’apparence et le texte a du mal à passer compte tenu de l'approximation du jeu. On attend peut-être que la situation dégénère plus, ou autrement, mais avec cette quille on reste loin du strike !

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

L’Albatros à 10h30
Mise en scène : Omar Gousmi
Interprètes : Mélodie Abad, Benoît Badin, Victor Esteves, Loïc Tréhin
Lumières : Pascal Negron, Céline Poisson
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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 19:47
LA VIE PREND FORME

Plusieurs histoires se forment et se déforment sous nos yeux ébahis, les tableaux se succédant les uns après les autres. Tour à tour drôles, émouvants, tristes, ces extraits de vies nous entraînent dans un monde magique, accessible à tout public.


Un petit bonhomme quitte sa maison, traînant derrière lui sa lourde valise, un autre promène chaque jour l’oiseau qu’il détient en cage et va lui donner le goût de la liberté, tandis qu’un enfant malicieux, un chien sauvage ou encore une danseuse s’évertuent à vivre chacun leur histoire, au fil de la musique… Sans aucun lien entre eux, ces personnages évoluent devant nous, comme autant de petites anecdotes qui donnent de la valeur à la vie. Certaines histoires se rejoignent pour se compléter, avec des fins heureuses et/ou tragiques. Le seul point commun de tous ces destins entremêlés est bien le talent dont font preuve les manipulateurs pour donner cette impression de vie à leurs poupées.

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Des bribes de vies, poétiques, gracieuses, magiques, fantastiques, défilent devant le regard d’un public retombant en enfance. C’est avec une esthétique peaufinée que ces personnages nous font rire, sourire, pleurer, avec des morales bien à elles. Liberté, désir d’aventure, solitude, amour… Sont retracés les sentiments qui font généralement avancer dans la vie… Ainsi le petit oiseau quittera son maître, le bonhomme après son départ de chez lui vivra la vie, la vraie, et finira par abandonner son bagage du passé, le petit enfant, trop désireux d’aventures se perdra au désespoir de sa danseuse… Malgré tout, quelques longueur sont parfois à noter dans l’avancée des histoires, avec la furieuse envie de mettre sur avance rapide l’évolution de certains personnages.

La morale asiatique convient parfaitement à nos esprits occidentaux. Elle relève de désirs universels, accessibles à tous, tous publics confondus. On se reconnaît forcément dans l'une de ces histoires, on s’imagine à la place de ces petites poupées, avançant toujours pour quelque chose, persuadées de faire le bon choix, avant l'heure des désillusions… Un spectacle envoûtant, original de par la diversité de ses marionnettes et par leur réalisme et un moment poétique et doux, qui a le goût du temps suspendu.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info


Je suis un autre toi
Compagnie La marionnette et son double
Scénario et mise en scène : Cheng Chia-Yin
Manipulateurs : Ko Shinh-Hung, Hung Jui-Hsia, Liu Yu-Jane et Hsueh Mei-Hua
Musique : Chen Young
Conception des marionnettes : Cho Shu-Ming

Le Funambule à 10h30.
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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 19:43
DE L’HUMAIN DANS SA MUSIQUE

Niobé en concert, c’est du festif en barre, du rythme en goguette et de la poésie en musique. Un univers joyeux, convivial et engagé dans lequel on se laisse emporter. Comme dans un tourbillon de délices.  


Comédien tout autant que chanteur, Niobé a le sens de la scène. Et de la mise en scène. Simple pourtant. La voix claire et chaude. Belle. Amicale et basse, il entonne cette toute petite heure de concert. Et très vite, on voudrait pouvoir se décoller des chaises trop bien alignées de cette cave de la Mirande pour se laisser aller sur les rythmes chaloupés qu’il nous offre. Avec la talentueuse complicité de son équipe.

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Tour à tour tendre ou virulent, Niobé invente un univers de générosité où la musicalité des chansons n’a d’égale que la beauté des paroles. Un univers de rythmes doux, de cuivres et de cordes dans lequel on se laisse glisser avec une volupté sans pareille. Une invitation à la tendresse et au voyage que l’on serait bien fou de décliner. Et comme l'on peut être chaleureux tout en étant engagé, les textes ne sont jamais prétextes à la musique. Ils en sont les heureux complices. De la douceur nostalgique d’un amour perdu à un fabuleux hymne pour plus « d’humain dans nos affaires », d’une complainte pour « connaitre de l’amour et le plaisir et le repos » à un hommage à François Béranger, Niobé se livre, délivre ses messages, ironise, manie la dérision et l’autodérision. Avec une tendresse non feinte pour la musique et son public.

Alors forcément, on en redemande. On rit, on danse (eh, oui, même assis sur des chaises, on danse malgré tout…), on s’émeut. On en prend pour les oreilles et pour le cœur. Histoire de ressortir de là le cœur un peu plus léger. Et à coup sûr, beaucoup plus gai.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Niobé en concert
Avec Jean-Pierre Niobé, Jacques Livenais, Tibo, Jean-Fred Philéas
Hôtel de la Mirande
Tous les jours à 18 heures

Photo © DR
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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 19:38
QUART D’HEURE SALUTAIRE DE PHILO

A mi-chemin entre Woody Allen et Jean-François Balmer, stressé et accro à la philosophie de Schopenhauer, un dentiste se livre sur scène, comme sur le divan d’un psychothérapeute. Un personnage pathétique et drôle. Qui nous rappelle que la philosophie est à manger à toutes les sauces.


Qu’il soit en ville ou à la campagne, en voiture ou chinant dans les allées de Drouot, le personnage qu’incarne Norbert Saffer s’angoisse. Et son « prozac » à lui, c’est Schopenhauer. Pas remboursé par la Sécurité Sociale mais aux effets sacrément efficaces, le philosophe allemand est pour lui une bouée de sauvetage au milieu d’un océan d’émotions qu’il ne sait pas gérer. Dépressif, obsessionnel et parano, notre infortuné dentiste voit sa vie se déliter, filer entre ses doigts. A force de courir après elle, il réalise qu’il est surtout en train de la rater. Et sous le regard un brin inquisiteur du brillant (mais oh combien misogyne) philosophe, le bonhomme déballe sa vie. A grand renfort d’aphorismes philosophiques. Dont nul n’est, par ailleurs, obligé de partager le point de vue.

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Construisant habilement son spectacle, avec des flash-backs incessants entre passé lointain et passé proche, Norbert Saffer met une belle énergie à faire évoluer son personnage. Et si l'on peut trouver quelques longueurs parfois, le comédien manie l’humour par l’absurde avec brio. Et il donne vie (et stress !) avec un rare talent à son personnage. Dommage, pourtant, que les quelques envolées délirantes qui ponctuent son spectacle ne soient pas plus nombreuses. Les mouettes, le voilier et les apartés avec son régisseur sont autant de moments jouissifs, qui, en donnant de la distance à l’histoire, permettent de mieux mettre les choses en perspective. Et d’aérer un peu un propos parfois lourd.

Et si Schopenhauer ne peut être le philosophe fétiche de tout un chacun, l’occasion reste belle de venir le (re)découvrir, dans un rôle un peu à contre-emploi. Celui d’un « dieu » providentiel qui viendrait éclairer le monde de sa pensée. Pas toujours belle. Pas franchement tolérante. Mais actuelle, sans doute…

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Schopenhauer et moi
Au Théâtre de la Luna, à 22 heures 


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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 19:00
DÉLUGE POÉTIQUE

Le mythe de Noé et de son arche nous est conté pour le plaisir des petits et des grands. La poésie de Jules Supervielle est présentée avec une beauté particulière, un régal pour tous.


La pluie approche, l’eau commence à envahir les esprits et déjà Noé est à son travail de construction. Mais le plus difficile n’est pas de mettre en forme l’arche, mais bel et bien de la remplir. « Pourquoi eux et pas nous ? » est la question récurrente qui revient comme une antienne dans les oreilles de Noé et de ses animaux. Chacun des êtres vivants fait le maximum pour être de la partie, en vain… Même après le départ du bateau, on entend encore les échos des lamentations des abandonnés.

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D’anecdotes en histoires mythiques, l’aventure de Noé est racontée jusqu’au largage des amarres. Ainsi découvre-t-on comment un brave nageur a été transformé en marsouin par les anges, comment le lion a fait sa loi en tant que roi du bateau et comment loups et agneaux se sont entendus pendant le voyage. Une fable pleine de magie, qui enchante sans difficulté son auditoire.

Deux personnages sur scène, une narratrice et son assistant, font défiler leurs automates et leurs objets en tout genre. La poésie du texte est relatée avec une énergie particulière, chaque vers étant mis en image en même temps qu’il est énoncé. Sur un plan de travail lumineux défilent les différents protagonistes, comme s’il existait une scène sur la scène. Autour de ce plateau, le monde, recouvert d’eau. Cette mise en scène métaphorique résume bien l’objectif scénographique : les conteurs tournent autour de l’histoire, s’y intègrent parfois, mais demeurent observateurs des événements.

Outre la volonté d'un spectacle pour étonner et instruire les enfants, cette histoire nous emmène bien plus loin dans la réflexion du monde. Noé doit sélectionner ceux qui seront les fondateurs de ce nouveau monde post-diluvien, mais selon quels critères ? Pourquoi les puces et « parasites » doivent-ils voyager dans une autre partie du bateau ? Y aurait-il déjà une première et seconde classe à bord ? L’arche de Noé est sans conteste un spectacle vivant qui donne à réfléchir autant qu’il distrait.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

L’Arche de Noé  – Jeune public -
A la Caserne des pompiers à 11h
Mise en scène : Dominique Dubuy
Interprètes : Françoise Jimenez, André Parisot
Lumières : Christian Ravelomaniraka
Marionnettes : André Parisot

Photo © DR
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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 18:35
SENS INCLASSABLE DE LA PARODIE

Voilà un spectacle atypique...  Peut-être même inclassable. Ce n'est pas vraiment du théâtre,  pas non plus du cinéma bien que ce dernier y tienne une place prépondérante, pas du  cabaret... Alors, qu'est-ce ?


Quand on entre dans le théâtre, il est déjà en train de casser des oeufs dans un saladier pour  préparer un gâteau qu'il va mettre au four pendant toute la durée de la représentation...  Lorsqu'il quitte le plateau, la lumière s'éteint et voici que la table de cuisine se métamorphose en un cercueil dont le couvercle, lentement, se soulève... En sort le comte  Dracula... Mais ce Dracula, drapé dans sa cape, l'est aussi dans un certain ridicule : il porte  un pantalon avec des bretelles et ses maladresses font plutôt penser à Leslie Nielsen dans Dracula mort et heureux de l'être qu'à l'emblématique Christopher Lee ! Nous le  voyons ensuite mimer James Bond dans une parodie très drôle des films de la série...

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Théâtre et cinéma en osmose. Car le spectacle repose presque entièrement sur l'évocation visuelle ou racontée de  séquences de films célèbres. L'autre comédien use de la parole et de ses capacités  d'identification à des personnages pour raconter des scènes de films documentaires sociaux ou sur la guerre d'Algérie et c'est parfois bouleversant...
Mais la parodie se poursuit avec la  science-fiction (2001... la Guerre des  Etoiles) où, sur un fond de l'air du Beau Danube bleu, la machine à laver devient une fusée interplanétaire.  Bref, nous sommes du début à la fin, introduits dans l'univers des deux personnages, univers qui n'est guère que cinéphilique.

Les comédiens, Laurent Deville et Michel Escaillas, font  preuve de beaucoup d'énergie complice dans cette mise en scène de Caroline Bertrand-Hours  qui   relève  le  défi  de  réussir  l'osmose  du  réalisme et du surréalisme  cinématographique (le cinéma étant en lui-même d'essence surréaliste), l'hyperréalisme à un expressionnisme quasi grand-guignolesque totalement décalé, aux limites de l'onirisme, tout  en ménageant cette indispensable distance entre la vision du rêveur et lui-même...

Le spectacle captive et amuse vivement et le public réagit en conséquence... A la fin, chaque  spectateur est invité à goûter une part du gâteau à sa sortie du four...

Henri LÉPINE
www.ruedutheatre.info

Cie du Périscope, Au Magasin Théâtre, Rue des Teinturiers, ts les jours à 19 heures  jusqu'au 28 juillet.

Photo © DR
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26 juillet 2007 4 26 /07 /juillet /2007 18:25
SORCELLERIES MUSICALES

Surfant avec talent sur la vague Harry Potter, l’Art Scène Compagnie présente une comédie musicale enjouée et pleine de magie. Où les sorcières sont de drôles de bonnes fées…


Un ciel étoilé et changeant livrant tout la poésie des constellations sur un air de piano. Et d’étoiles en forêt et de forêt en masure, le rideau s’ouvre sur un intérieur chiche. Une maison où l’on boit du jus d’escargot pour le petit-déjeuner et où le miroir s’incruste dans les conversations. Gite de Germione et Ephémère. La première, sorcière au grand cœur, a effiloché ses pouvoirs au fil des ans. La seconde, pas tout à fait treize ans, fille du grand sorcier Melchorus malheureusement disparu, peine à trouver les siens, en dépit des leçons particulières que lui donne sa gentille marâtre. Car oui, une fois n’est pas coutume, la marâtre est ici douce et aimante. Comme quoi, tous les contes de sorcières ne sont pas forcément à dormir debout…

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Particulièrement enlevé et enjoué, ce spectacle se soustrait au facile artifice du manichéisme. Et en dehors de l’héroïne, personnage pur et naïf, personne n’est tout noir ou tout blanc. Germione oscille entre sa bonne âme, son cœur d’artichaut et ses penchants pour les mauvais sorts. Et son inespéré client hésite entre honnêteté, faillite et irrépressible envie de voir son déloyal concurrent contraint à l’échec par un providentiel sortilège. Et l’histoire entraîne le public dans une fantaisie des plus agréables. Où la magie (avec des tours simples mais toujours efficaces) le dispute à l’humour. Et aux chansons, belles et remarquablement interprétées. Et si les parents fondent pour un superbe duo (« ils s’aimaient »), les enfants s’enthousiasment pour « le jus d’escargot », le fredonnant encore longtemps après le spectacle. 

Le spectacle bénéficie en outre d’une mise en scène alerte, donnant à l’ensemble un dynamisme revigorant. Une fort jolie comédie musicale à destination d’un large public.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

La Sorcière Éphémère, écrit et mis en scène par Dom Dom
Avec Myriam Gagnaire, Patricia Ricordele et Dom Dom
Au Paris, à 14 heures. Réservations conseillées.

Photo © DR
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Chronique FraÎChe