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Festival d'Avignon

27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 11:15
"ONE MAN GIVRÉ"

Le comédien Philippe Lelièvre donne au Théâtre des Béliers son dernier spectacle, Toujours Givré. Un one man show mené tambour battant avec un peu d’autodérision et beaucoup de talent.


Très à l’aise dans l’improvisation comme il a pu le montrer sur la chaîne Comédie, prof de théâtre à la Star'Ac ou dans ses spectacles, Philippe Lelièvre exprime avec Toujours Givré ses talents dans l’écriture et l’incarnation de personnages déjantés.

philippe-leli--vre.jpg
Le spectacle commence dans l’effervescence du filage d’un vaudeville médiocre et sans le sou. Paul-Félix, auteur et metteur en scène homosexuel, adepte des métaphores musicales, tente désespérément de faire répéter le texte de sa pièce à ses six comédiens. Il y a tout d’abord Philippe, le premier rôle masculin, sorte de double désabusé de Philippe Lelièvre. Viennent ensuite Jean-Christophe, dit « tête d’ampoule », fan de taxidermie et de physique nucléaire, puis David, comédien made in Actor’s Studio. Florent, toujours saoul depuis le décès plus qu’étrange de sa femme et Isabelle « le plus beau cul de Paris » complètent la distribution. Sans oublier bien sûr l’inénarrable Guilhaine, la fille théorique de Macha Béranger et du Capitaine Crochet.

Aziz, le machiniste serviable ou encore TGV – prononcez Tézévé – interviennent aussi dans un spectacle mené à plus de trois cents kilomètres heures sans arrêts en gare, ou presque. Le texte est très drôle et bourré de répliques imparables comme « la création théâtrale, c’est comme escalader l’Everest avec une paire de Repetto »… Le comique de Philippe Lelièvre exploite à fond des situations absurdes en essayant toujours de s’arrêter avant de devenir pesant. La construction du spectacle à la façon d’un film avec ses raccords et ses transitions « cut » donne à l’ensemble un rythme d’enfer.

Le jeu de Philippe Lelièvre est proprement virtuose car il enchaîne les rôles en une fraction de seconde sans laisser de répit au spectateur, notamment dans les dix premières minutes du spectacle. La schizophrénie ou la crise cardiaque guette le comédien à chaque coin de réplique et laisse le spectateur s’interroger : Philippe Lelièvre est-il fou ? Non, tout simplement givré.

Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info

Philippe Lelièvre, Toujours Givré
Ecrit et interprété par Philippe Lelièvre
Mise en scène de Arnaud Lemort.

Du 6 au 28 juillet au Théâtre des Béliers à 20h40
53, rue du Portail Magnanen, Avignon.
Réservation au 0490822107.
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 11:02
TENDEZ L'OREILLER

Au théâtre des Béliers un petit lit vient de s’installer. C’est « ici même » que la compagnie Hors Cadre vient de poser le sommier. Avec ses Récits de lit, elle ouvre le premier volet de sa trilogie du quotidien avant la salle de bain et la cuisine, tiens, tiens…


Entre ressorts et barreaux de fer, Marielle Rémy et Guillaume Servely nous délivrent leurs petits tracs ou péripéties, ces petits riens que tout un chacun vit, le matin ou la nuit. De jeux de mots en allitérations, de moments cocasses en revirements de situation, les deux tourtereaux disent, dansent et usent leur lit pour parler d’eux, des jeunes, des vieux, des Marie-couche-toi-là et des timides heureux. Leurs tableaux tendres et coquins prennent alors des allures de conseils malins ou comment séduire Jeanne et Benjamin.

Du vécu comme on ne l’a jamais vu, où l’intime est mis à nu de façon ludique et pudique. La compagnie Hors cadre propose en toute modestie un travail qui est à la hauteur du jeu de ses acteurs : magnifique. Cette collecte d’anecdotes en tous genres, d’eux ou d’ailleurs,  admirablement écrite et mise en scène par leurs soins, aborde astucieusement un sujet tant de fois galvaudé. Amour, érotisme, coucheries, cabrioles et girouettes, déclinent le lit sous toutes ses facettes. Assis, debouts, couchés, ils y racontent, sans oreillers, leurs 18.250 nuits d’amour à deux et font rêver le public avec eux. Ils y jouent sans aucune prétention et avec beaucoup d’humilité,  l’« auto-fiction » - friction ? - fraîche et sensible de ce qui se passe sous la couette et dans les cœurs. Et c’est tout à leur honneur ; car comment parler d’érotisme sur scène sans pour autant être vulgaire ou tomber dans la pornographie ? Ici, même le pyjama est sympa, et papi et mamie nous emmènent dans une nuit de folie…

Elsa MINGOT
www.ruedutheatre.info


Récits de lit,
Théâtre des Béliers, jusqu’au 28 juillet, à 12h30.

Mise en scène, texte et jeu de Marielle Rémy et Guillaume Servely
Tarif : 15 euros et 10 euros - Réservation 04.90.82.21.07
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 10:53
POU POU PIDOU... PLOUF ?

Le Pitchoun Théâtre accueille L et Marilyn
, un spectacle musical sur l’actrice sensuelle de Certains l’aiment chaud. Bien servi par le talent de Lila Valentine, la pièce pêche quelque peu par sa construction chaotique.

Une femme flic maladroite et la voix haut perchée interprétée par Lila Valentine passe un examen. Son sujet d’étude : le décès mystérieux de l’actrice américaine Norma Jean Baker, dite Marilyn Monroe. Des révélations inédites sur sa mort sont annoncées avant le spectacle. Beaucoup de vérités doivent encore être rétablies à propos de l’actrice peroxydée, faisons donc de même pour cette pièce. Point d’intrigue policière ici, et encore moins de révélations pour quiconque s’est intéressé un minimum à la Pou Pou Pidou girl.

Pendant un peu plus d’une heure, une biographie de la star nous est servie par la fliquette, diapositives à l’appui. L’enfance de Marilyn Monroe, ses débuts au cinéma, ses amours, sa mort sont décrits et entrecoupés de parties chantées qui sont le véritable point fort de ce spectacle. L’ex de près de la moitié du Hollywood masculin des années 1950 ne savait pas vraiment chanter. Ni jouer non plus, ni vivre. L’émotion perdure pourtant à l’écoute de My Heart belongs to daddy ou de Diamonds are a girl’s best friend. Le plaisir est toujours présent à la vision de sa silhouette hantant les films de Billy Wilder, Howard Hawks et consort. Et son décès, cette nuit du 4 au 5 Août 1962, reste une de ces tragédies Hollywoodiennes que le temps n’effacera pas. Le mystère Marilyn Monroe ne sera jamais résolu. Mais en chantant comme elle le fait dans son spectacle, la voix chaude et fragile comme celle de l’originale, Lila Valentine parvient à faire revivre ces émotions variées ressenties à l’écoute d’un Pou Pou Pidou sensuel ou d’un « happy birthday to you mister president » aux relents médicamenteux.

L et Marilyn présente un autre intérêt : montrer la puissance d’une mythologie moderne et plus loin le pouvoir du cinéma. Car Marilyn Monroe EST le cinéma dans toute sa puissance de séduction, une séduction malgré elle bien souvent. Avec beaucoup de sincérité, la brune Lila Valentine incarne progressivement la blonde Monroe, le mal-être mystérieux et le sex appeal ravageur qu’elle a traînés comme des boulets.

Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info

L et Marilyn, écrit et réalisé par Lila Valentine et René-Marc Guedj
Interprété par Lila Valentine
Chorégraphies de Martine Hébette et Bernard Plantié
Musique de Thierry Bousquet

Du 6 au 28 Juillet à 15h30 - au Pitchoun Théâtre, 40 rue de la Masse, Avignon.

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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 10:46
COUP DE COEUR RUEDUTHEATRE

ALLONS ENFANTS DE L'ABSURDE...

La Roumanie vient d'entrer dans l'Union européenne. L'occasion pour le projet Thespis, qui diffuse, en langue française, des spectacles roumains à l'étranger, de revenir pour la cinquième fois à Avignon avec quatre créations. Parmi elles, Hymnus interroge avec brio les absurdités de nos sociétés contemporaines.


L’absurde est un sentiment à double-tranchant : parfois drôle, il se révèle souvent être l’expression des tragédies modernes. Hymnus, création roumaine, est présentée comme une comédie. Et il est vrai que les deux personnages prêtent à sourire, engoncés dans les rituels immuables d’un quotidien misérable et néammoins heureux. Il boit, elle trinque. Il veut chanter en famille, elle réveille les enfants pour qu’ils l’accompagnent. Elle lui beurre ses tartines, il la prend sur la table. Dans ce couple improbable, les dialogues de sourds sont légion. Normal, entre un alcoolique et une simple d’esprit. Malgré tout, la tendresse est là.

hymnus-roumanie.jpg
C’était avant que "l’on" s’en mêle. "On" : les voisins, la Croix-Rouge, la Dass - son équivalent - et même la télévision, tous veulent leur porter secours. "Mais pourquoi on veut nous aider ?", se demande inlassablement le couple, reprenant ainsi la tradition du choeur antique rythmant la tragédie.
La chute est inexorable : pour les aider, les voisins portent plainte. Les amendes pleuvent. Pour les aider, la Dass leur envoie des inspecteurs. Les enfants sont drogués aux somnifères. "On y serait arrivé, sans l’aide des autres !" se plaint la femme. Mais c’est trop tard : jusqu’au bout de leur détresse, la télévision viendra à son tour les "aider", en filmant leur déchéance.

Hymnus
, un tragique hymne à la joie que l'alcoolique ne cesse de vouloir chanter, mais que l'on n'entendra qu'à la fin de la pièce, éloge triomphant de la glorieuse Europe, qui a remis sur le droit chemin les marginaux, et vaincu la misère dans sa grande miséricorde.

Tragédie kafkaïenne

Mis en scène par Radu Dinulescu, le texte de György Schwajda met en lumière les contradictions d’une société bien pensante, un enfer pavé de bonnes intentions. Cet auteur comique, l’un des plus connus de Roumanie, évoque irrésistiblement Kafka dans sa tragédie de l’absurde, servi par une  mise en scène intelligente, qui aurait pu toutefois se dispenser des films publicitaires diffusés par intermittence au-dessus de la scène. Certes, ils mettent en exergue la misère du couple, mais, superflus, ils en arrivent à parasiter l’attention.
 
Mais c’est surtout la direction d’acteurs qui force le respect. Victoria Cocias et Claudiu Bleont, interprètes principaux, possèdent une maîtrise du geste et de l’espace impressionnantes et portent, sans pathos ni burlesque, un texte difficile et fort.

Michèle COLOMBEL
www.ruedutheatre.info


Hymnus, jusqu’au 28 juillet à 19h au Théâtre du Bourg-Neuf (04 90 85 17 90)
Texte: György Schwajda
Mise en scène: Radu Dinulescu
Interprétation: Victoria Cocias, Claudiu Bleont, Cristian Gheorghe, Liliana Lupan, Gabriel Velicu, Aureliu Batca, et Lica Danila.

Une création de la compagnie Fani Tardini (Galati, Roumanie).

Photo © DR
 
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 10:40
ENNUI PAS COSMÉTIQUE

L’Albatros Théâtre présente l’adaptation d’un texte d’Amélie Nothomb. A oublier, vite.


L’action de Cosmétique de l’Ennemi prend place dans un hall d’aéroport. Jérôme Angust, costume cravate d’attaché de commerce, est assis, un livre à la main. Vient un homme, habillé en survêtement bon marché, qui entame la conversation avec lui. Au fil du dialogue, l’on apprend l’identité du voyageur inconvenant, Textor Texel, et le déroulé de sa vie qui va du meurtre télépathique au viol.

La localisation spatiale de la pièce n’est pas anodine. Comme les individus dans un hall d’aéroport, les mots vont et viennent dans la pièce sans s’arrêter. Comme dans un hall d’aéroport, l’on se surprend à vouloir, intensément, être ailleurs. Comme dans un hall d’aéroport, l’on regarde les bagagistes porter et balancer des malles énormes en se demandant ce qui a bien pu les pousser à choisir ce métier.

« Moi, ce que j’aime dans la vie, ce sont les nuisances autorisées » affirme Textor Texel. Quelle lucidité ! Le texte d’Amélie Nothomb en est bien une. Après Hygiène de l’assassin, Stupeur et tremblements et les Combustibles qui avaient certaines qualités, l’auteure ne fait ici que s’autoparodier. Dès les cinq premières minutes, le mol intérêt qui avait éventuellement pu naître de l’acharnement verbal de Textor Texel disparaît sous la masse des clichés. Le premier d’entre eux est le sujet même de la pièce : la schizophrénie. Même si le cinéma ou la littérature n’avaient pas galvaudé le sujet, les ficelles énormes qu’utilise Amélie Nothomb pour construire son roman gâchent tout le plaisir – aussi minime soit-il – que le spectateur aurait pu éprouver à la découverte de la supercherie. Pas de « bigre, c’était donc ça ! » à la fin de la pièce, juste de l’écœurement lorsqu’une voix off vient donner un dernier coup de massue à un spectateur déjà atterré.

Que sont donc venus faire les comédiens dans cette galère ? Jean-Marie Burucoa en Textor Texel et surtout Fabrice Carlier en Jérôme Angust font ce qu’ils peuvent et ils peuvent sans doute beaucoup. Mais la mécanique trop connue des textes d’Amélie Nothomb qui enchaîne les banalités sur un ton tour à tour pénétré, doctoral, illuminé et maternel étouffe leur talent pourtant bien réel.

Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info

Cosmétique de l’ennemi de Amélie Nothomb
Mise en scène de Christophe Correia
Décors et costumes de Patrick Farru
Avec Jean-Marie Burucoa et Fabrice Carlier

A l’Albatros Théâtre, 29, rue des Teinturiers, Avignon - 22h30 jusqu'au 28 juillet.
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 10:37
ARCHI RÉUSSI

Un roi s’ennuie et son bouffon s’emploie à combler ce gouffre existentiel. Ses armes : le rire et l’invention. Et le talent de jeunes comédiens pour donner une version archi réussie de l'Architruc de Pinget.


Architruc, souverain d’un royaume ultra-kitsch et imaginaire, est victime d’un fléau terrible : l’ennui. Rien ne peut calmer ce mal dévorant : les soucis du gouvernement d’un royaume dont il ne sait rien, la délicate décision d’adopter un enfant, des discutions avec sa défunte tante ou même le jeu de l’Amour, rien ne rend à ce monarche aux lèvres bleues, détail funeste, la joie de vivre.

architruc-rpinget.jpg
De l’empereur en short à la danseuse de flamenco sensuelle en passant par Dieu, Baga, le bouffon d’Architruc, emprunte tous les costumes pour ravir son roi. Il parvient tout de même à entraîner ce roi perdu vers les contrées rassurantes du rire, au grand bénéfice du spectateur. La pièce prend même des aspects carnavalesques par moment avec un véritable renversement de situation et de statut : le bouffon finit par commander son roi et pousse la farce jusqu’à lui apprendre les formules de politesse envers un monarque.

La brillante performance de Yann Berthelot alias Baga tient les spectateurs en haleine, en attente de la prochaine mimique digne des Tex Avery, de la prochaine invention incroyable pour ne pas se retrouver comme un croûton derrière une malle. A noter également : la performance d’un domestique mystérieux, qui aurait pu être le majordome de Frankenstein. Il incarne également la mort avec une danse macabre impressionnante et vient éteindre trop brutalement la flamme de ce roi rêvé.

Nathalie ASTRUC
www.ruedutheatre.info

Architruc
Texte : Robert Pinget
Mise en scène : Kathy Morvan
Interprétation : Yann Berthelot, Gilles Lebreton et Laurent Savalle

Scénographie : Ludovic Billy
Création lumière : Matthieu Ponchelle
Illustration sonore : Romy
Costume : Christine Vallée et Diana Lemarchand

Compagnie Ca va aller
3 route de Locq
02320 Anizy-le-Château
Caroline Tournon (06 22 07 42 99)

Jusqu’au 28 juillet au Théâtre Tremplin à 15h.

Photo © DR
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 10:23
PEPLUM A LA SAUCE MEXICAINE

La jeune compagnie Teknaï joue Aztèques à la Chapelle du Verbe incarné. Un texte puissant, une mise en scène très intelligente, une interprétation musclée : on en ressort plus vidé qu’après un combat de boxe.


Aztèques, c’est la rencontre entre le conquistador espagnol Cortès et l’empereur du peuple aztèque, Moctezuma. Sous le regard amusé et cynique d’un pape à l'agonie, les deux hommes vont mettre leurs cultures en opposition. La question religieuse est au centre de l’histoire mais pas uniquement : la relation ambiguë entre Cortès et Moctezuma, frères ennemis aussi cruels qu’aimants, nourrit en profondeur la pièce de Michel Azama.

Azt--ques-2.JPG
Azama fournit avec Aztèques un texte d’une grande densité, mêlant subtilement la dimension historique de la conquête du continent américain et sa dimension humaine. Espagnols et Mexicains se découvrent, s’étudient, se scrutent, s’accueillent et se déchirent, s’aiment et se haïssent dans un même mouvement. Pendant ce temps, le pape, « maladif et variqueux », grotesque caricature de dévotion corrompue, mange des madeleines et écoute d’une oreille distraite le récit des massacres perpétrés au nom de son dieu.

La mise en scène de Quentin Defalt assume presque à elle seule l’intérêt de la pièce. D’une inventivité formidable, il parvient à créer un espace scénique monde, chargé de caisses en vases communicants et d’objets de musées, dans lequel les personnages apparaissent ou disparaissent à l’envie. Il parvient en outre à alléger d’une touche comique ces quelques moments où l’auteur se perd en considérations moralistes trans-temporelles.
Les costumes et maquillages de Araminte Mehmet sont superbes et correspondent parfaitement à la tonalité de la pièce.

Aztèques est une fresque historique et humaine d’une intensité incroyable. Les comédiens de la compagnie Teknaï interprètent leurs personnages sans tricher, avec une furie qui laisse le spectateur sans force. Cette puissance de jeu - de feu ! -  et de la mise en scène constitue peut-être aussi le second bémol de cette pièce par ailleurs remarquable : elle aurait sans doute gagné à être jouée avec un peu moins de testostérone et un peu plus de souplesse, d’amplitude dans le rythme.

Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info

Aztèques de Michel Azama
Mise en scène de Quentin Defalt assisté de Damien Orso
Interprétation de Xavier Catteau, Yohann Chanrion, Pierre Vincent Chapus, Leïla Guérémy, Guillaume Hélin, Olga Kokorina, Julie Kpéré, Mehdi Mangal, Damien Orso, Céline Orsoni, Benjamin Peñamaria.

Lumières de Manuel Desfeux
Costumes d’Araminte Mehmet assistée de Juliette Coulon
Scénographie de Natacha Le Guen assistée de Bertille Verlaine et Maïté Goblet
Musique de Guillaume Becker

A la Chapelle du Verbe Incarné, 21G, rue des lices, Avignon, jusqu'au 28 juillet à 22h20.
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 09:15
JUSQU'OU UNE MÈRE PEUT ALLER

Le Groenland est le monologue d’une mère dépressive à sa fille apeurée. Le Groenland est l’utopie maternelle où l’enfant doit être abandonnée.


Le Groenland est une œuvre fort classique couverte d’un vernis de modernité. La forme du monologue est linéaire. La femme instable en fait un récit saccadé. Elle raconte son histoire. Elle devient une déclamation très contemporaine. La femme est une mère et raconte sa relation avec sa fille. On écoute l’exposé de la relation narcissique que cette mère dépressive impose à son enfant tel un simple état de fait. Elle voudrait en faire un être adulte, son idéal. L’aimant, elle veut donc s’en débarrasser. Malade, elle ne sait pas l’assumer. Classique.

Groenland--Patrick-Fabre.jpg
Et pourtant, on sait qu’on vient de franchir une limite - un interdit ? - et l'on pressent l’inacceptable. La dépression vient d’entamer ce sacro saint sujet qu’est la maternité. Et de plus, c’est la mère qui parle. Et surtout, c’est écrit à la Flaubert, sans jugement. Et nous, on se demande si justement on ne serait pas en train de devenir ses juges, à cette femme et à l’auteur. On se demande : Faudra-t-il l’accepter ? En viendrons-nous tous à être des êtres malades et à faire de l’abandon d’enfant notre normalité ?

Le droit au malheur d’être femme, le droit de refuser d’être mère après l’enfantement, le droit de ne plus vouloir continuer à être mère, voilà ce qu’explore ce texte. C’est peut-être un nouveau féminisme qu’il propose. Mais, comme femme, on tente de s’identifier et on demande encore : Le devoir et la responsabilité ne protégeaient-ils pas de la peur de mourir ? La conscience d’appartenir à un groupe ou à une espèce ne permettait-elle pas une générosité désormais perdue, l’oubli de soi pour l’autre ? Puis-je femme, aujourd’hui,  poser même ces questions ?

En vérité, Le Groenland pose mal la question. Le vrai problème n’est pas la mère dépressive mais notre société infantile, affolée. C’est pour cela qu’on ne crie pas, qu’on ne hait pas la femme. C’est certainement pour cela que le texte ne vibre pas à nos oreilles, que le personnage nous semble absent et ne parvient pas à nous choquer, à sauver ce travail de la sensation d’une construction forcée, qui nous a obligé un moment à confondre théâtre et moralité, à cause d’une question mal posée.
Néanmoins, il faut avouer que Le Groenland a ouvert une brèche troublante d’où a surgi une question gênante, enfouie, intime, intéressante, celle de la propagation de la folie et, abordant un thème jusque là protégé, il nous rappelle la complexité des rapports entre le théâtre et la vie.      
    
Frédérique MUSCINESI
www.ruedutheatre.info

Le Groenland
, jusqu’au 28 juillet, à 14h45 au Théâtre de la Manufacture
Compagnie Le Bottom Théâtre
Texte : Pauline Sales
Mise en scène : Marie Pierre Bésanger
Interprète : Pauline Sales

Photo © Patrick Fabre
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 09:11
EXPLOSIVE ODYSSÉE

Revisitée à la sauce Epis Noirs, la célèbre Odyssée d’Homère prend des allures de rock et d’humour. Pour un sublime voyage au pays du rire, de l’énergie, de la poésie et de la dérision.


Deux valises, une caisse, quelques comédiens et chanteurs, leurs homologues musiciens et une poignée d’instruments. Pas besoin de beaucoup plus aux Epis Noirs pour nous faire basculer illico dans un univers de rock et de poésie, de rires et de punch. Une épopée fantastique, hésitant entre l’histoire d’Ulysse et celle de la compagnie qui cherche à la monter. Un vrai moment de frénésie théâtrale qui nous conduit loin dans le bonheur de la scène.

--pis-noirs--Erwan-Thomas.jpg
Et quand on parle de scène à propos des Epis Noirs, c’est au sens large qu’il faut l’entendre. Car les bougres maitrisent aussi bien l’art du théâtre que celui de la musique, du jeu de mot aussi bien que celui de la rime.  Le tout dans une mise en scène enlevée et une scénographie inventive qui permet de créer tous les espaces avec trois fois rien. Si ce n’est une sacrée dose de talent.

C’est donc un réel plaisir que de se laisser aller dans cette odyssée. Dans laquelle on retrouve les incontournables Ulysse, Pénélope, Cyclope, Muse, Calypso, Athéna et Télémaque. Mais où les personnages de légendes télescopent des personnages de chair et de sang. D’émois et de drames, de passions et de travers. Dans un montage des plus habiles. Délirant et grandiose, telle une explosion de musique, d’humour et de vers, le spectacle fait salle comble en dépit de l’heure matinale. Et on s’en réjouit !

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Le Monde à l’envers, de Pierre Lericq (les Epis Noirs)
Avec Manon Andersen, Elena Papulino, Pierre Lericq, Martin Saccardy, Pierre Payan et Etienne Grandjean
Au Paris à 10h30. Réservations vivement conseillées au 04 90 14 02 07

Photo © Erwan Thomas
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 09:06
COUP DE CŒUR RUEDUTHEATRE

DE L’ÉPHÉMÈRE  A L’ÉTERNITÉ

Rencontre improbable entre un danseur et une marionnette de papier, Krafff décline sobrement toute une palette de poésie tendre et humaine. Un spectacle éphémère qui marque indélébilement !


Intelligent mélange de théâtre de marionnette et de danse, Krafff est définitivement un spectacle hors norme. Surprenant et esthétique, il invite le public dans un monde de rêve où la poésie le dispute à la tendresse. Et au ravissement.

krafff.JPG
Tel un sphinx qui renaît de ses cendres, le surprenant partenaire de ce pas de deux renait tous les jours sur la scène du Théâtre de l’Alizée. Personnage de papier qui prend soudainement forme. Puis vie. Car, on le jurerait, le bonhomme de papier respire. Il marche, s’étonne, s’effondre. Et danse. Etonnamment. Grâce à l’extraordinaire manipulation des quatre comédiens, la marionnette a une existence propre. Une existence fugace qui la conduit face au danseur. Tous deux s’observent, se jaugent, se défient, se confrontent. Et s’apprivoisent enfin. Pour un pas de deux aussi insaisissable que le vent. D’une beauté indéfinissable. L’esthétique des tableaux qui se succèdent est d’une rare perfection. Et si la musique participe à l’ensemble, la compagnie n’a pas peur du silence. Et en joue remarquablement.

L’impressionnante manipulation de la marionnette, plus encore que la chorégraphie, est sans doute l’une des clés de la réussite du spectacle. Toute l’émotion se concentre dans les froissures du papier qui donnent vie au personnage. Un éblouissant spectacle, qui brille au firmament d’une étoile éternelle. Magique. Et simple. Comme les plus grands.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

Krafff
Avec : M. Dubreuil, J. Greskoff, M. Le Fourn, C. Noël, Y. Raballand
Mise en scène de Johanny Bert, assisté de Chantal Péninon
Chorégraphie : Yan Raballand

Au théâtre de l’Alizée à 14h45. Réservation impérative (04.90.14.68.70)

photos ©Vincent Jolfre
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Chronique FraÎChe