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Mois AprÈS Mois

Festival d'Avignon

7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 09:14
UN OPÉRA BOUFFE LIGHT

L’association Thema présente une version espiègle et légère de l’opéra de Mozart dans le décor somptueux du cloître du Petit Palais ; avec des comédiens qui s’en donnent à cœur joie.


Deux amis vivent le parfait amour avec deux sœurs. Ce bonheur qu’ils croient pur va se trouver perturbé par les affirmations d’un vieil ami cynique, Géronte, qui affirme que leurs amies sont comme toutes les femmes, volages et infidèles. Un pari est tenu entre les trois hommes : les deux amis simulent un départ pour la guerre et reviennent courtiser leurs promises déguisés en Turcs aussi barbus qu’audacieux.

Créateurs de la structure associative Thema, visant à faire découvrir ou redécouvrir le Théâtre Musical à Avignon, Jean-Denis Vivien et Eric Breton proposent un spectacle librement inspiré du grand opéra de Mozart et Da Ponte. Ce Cosi Fan Tutti investit le musée du Petit Palais, ce qui n’est pas le moindre de ses atouts. Dans un cadre déjà magnifique, Jean-Denis Vivien n’a eu à mettre en place qu’un décor très simple, un rideau et une toile peinte en fond, pour mettre en scène ses chanteurs comédiens.

Les deux auteurs, qui sont aussi pianiste et comédien dans la pièce, ont réussi le pari de parodier le chef d’œuvre de Mozart avec respect et sans être irrévérencieux. Ils sortent du style parfois guindé de l’opéra et de ses règles strictes pour offrir un opéra bouffe sans prétention mais de qualité. Ainsi la partition de Eric Breton insert-elle quelques airs connus comme « Vous permettez, Monsieur, que j’emprunte votre fille » (Adamo) ou « Vous les femmes » (Iglésias) dans l’opéra imaginé par le compositeur viennois. Ces quelques références ont un effet comique bien maîtrisé, et bien interprété par la distribution qui prend un plaisir évident à jouer avec le public. Les deux couples ont de très belles voix qui semblent tenir le choc des représentations quotidiennes de leurs deux spectacles (avec le Devin Mozart). Mention spéciale à Lisette, la soubrette interprétée par une Nathalie Fabre à la voix et au jeu pétillants.

Morgan LE MOULLAC (Avignon)
www.ruedutheatre.info

Cosi fan Tutti ! d’après Da Ponte et Mozart
Mise en scène et scénographie de Jean-Denis Vivien
Partition de Eric Breton
Distribution : Lydia Mayo et Nathalie Fabre (soprani), Isabelle Ruban (Alto), Eric Tremolières (ténor), Daniel Marinelli (baryton-basse), Jean-Denis Vivien, Eric Breton (pianiste).

Du 8 au 28 juillet à 20h30 au Cloître du Petit Palais, Avignon.
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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 08:45
SOPHOCLE CHEZ LES SDF

Longtemps interdit en Pologne, le texte de Janusz Glowacki est joué au Théâtre de La Luna dans un décor et une mise en scène soignés et par des comédiens parfaits en tout point.


Un banc en bois dans un parc de New York, dépouillé de sa vie, l’hiver. Anita, SDF à l’âge indéterminé qui traîne toujours son caddie avec elle comme une tortue traîne sa carapace, vient réveiller Sacha, endormi sur le banc sous sa couverture. Elle cherche Paulie, l’homme qu’elle aime. Flea, toujours en quête d’un peu d’argent à escroquer et compagnon de banc de Sacha vient les rejoindre. Paulie est mort. Sacha et Flea vont donc se mettre enquête de son corps pour lui offrir un enterrement digne, près des siens.

Janusz Glowacki, l’auteure polonaise d’Antigone à New York a repris la trame de la tragédie de Sophocle pour la replacer dans un contexte contemporain et dans le microcosme des sans domiciles fixe. Le texte est magnifique d’humanité et d’intensité. Ces SDF sont, certes, des figures grotesques et boiteuses, mais ils sont tellement plus humains que le personnage inquiétant du policier, habillé en homme d’affaires et qui expose avec cynisme les procédures d’interpellation des contrevenants.
Anita et Paulie, Flea et Sacha puis Sacha et Anita, les SDF fonctionnent en binômes qui s’attachent l’un à l’autre comme à une bouée de sauvetage crevée. Ces clochards en guenilles sont en vérité un miroir de notre vie car ils ne réagissent pas face à l’oppression symbolisée par le policier. Ils préfèrent s’emmurer dans des rêves impossibles que la société leur fournit à l’image d’une Marilyn Monroe dont le portrait trône au sommet d’un arbre mort. Ils préfèrent se faire des promesses qu’ils ne tiendront jamais. Ce cadavre, finallement, c’est leur honneur et leur dignité qu’ils ont perdus, comme ça, sans s’en rendre compte, et qu’ils tenteront de récupérer dans un sursaut d’orgueil.

Les quatre comédiens sont émouvants et confondants de vérité. Samir Dib, Céline Sorin et David Marchetto ne cherchent pas à rendre leurs personnages meilleurs qu’ils ne le sont. Le pathos est exclu de cette tragédie et il ne reste au fond que de la tendresse pour ces héros marginaux.
François Juillard campe un policier féroce de cynisme, représentation douloureuse de notre bonne conscience.
La mise en scène d'Alfred Le Renard est sobre et bannit les grands effets. Il se contente d’épauler un texte déjà puissant et d’accompagner d’excellents comédiens. Cette Antigone à New York est magnifique. Magnifique et accablante.

Morgan LE MOULLAC (Avignon)
www.ruedutheatre.info
Antigone à New York de Janusz Glowacki
Mise en scène de Alfred Le Renard
Décors de Jean-Marie Baré
Lumières de Jérôme Lété
Avec : Céline Sorin, Samir Dib, François Juillard et David Marchetto.

Au théâtre La Luna, 1, rue Séverine, Avignon
Du 6 au 28 juillet à 12h10
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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 01:10
DE L’ÉCRITURE AUX MYSTÈRES DE LA VIE

Il est un récit qui évoque des instants de la vie de Marguerite Duras (1914-1996), un moment insolite où la romancière a regardé mourir une mouche. L’ouvrage qui contient ce récit, paru seulement trois ans avant la mort de l'écrivaine, s’intitule Écrire. Là, elle évoque ce sujet qui nous concerne tous, alors qu’il la concerne de près.


La scène se déroule à la campagne, alors qu’elle attend l’arrivée de la cinéaste Michèle Porte. Une mouche agonise. Sans doute pour renvoyer la tonalité diaphane du texte, Mariam El Gouzi, qui interprète ce texte, porte une robe blanche. Elle se cache derrière un voile de tulle blanc pour lâcher les mots de cette conversation solitaire. Sa voix, son ombre, le blanc et la projection vidéo de lettres puis de bribes de phrases donnent à la scène une tonalité cristalline et douce. La comédienne, non voyante, raconte la solitude et l’histoire de son double : l’écrit. Un fond sonore accompagne ses mots d’un cœur qui bat comme le tic-tac du temps. Et cette voix s’adresse à nous : « Il ne suffit pas d’être seul pour écrire, il faut encore que le doute nous habite.  Il faut être plus fort que soi pour aborder l’écriture… Écrire, c’est se taire, c’est hurler sans bruit ».

La-mouche.jpg
Dans cette mise en scène sobre, sans éclat, ressort la pureté du thème, la lecture y est lente pour un sujet qui aborde finalement cet arrêt de le vie qui se niche dans le corps d’une mouche. Lorsqu’à la fin du récit, la voix de la comédienne laisse place à une pluie de lettres sur l’écran, le public est entré dans le vif du sujet.

Un monologue saisissant

Si le texte pousse à la réflexion,  la mise en scène laisse une place à la rêverie alors que le sujet oscille entre profondeur et légèreté. Et finalement, la mort d’un insecte porte à réfléchir sur l’existence. L’existence même de celle qui écrit ses lignes. Marguerite Duras a été une grande solitaire, elle pourrait être l'une de ses mouches attrapées au vol.

Si le thème peut paraître surprenant ou pénible, il n’est pas pour autant affligeant même si cette mise en voix lui rend tout son sérieux. Un joli travail d’interprétation a été mené, de surcroît par une personne handicapée visuelle, ce qui ne fait qu’ajouter de la sensibilité à l’élan d’interrogations qui sont ici posées. Duras se sera laissée aller à un questionnement difficile voire même dangereux sur le sens de l’écriture, qui aura suscité, sinon toute notre curiosité, du moins toute son ingéniosité pour s’interroger plus largement sur l’avenir de l’humanité.

Quant à cette jeune compagnie, créée il y a quatre ans, elle entend favoriser et promouvoir l’accès de personnes handicapées à l’engagement théâtral. Un objectif louable qui nécessite de l'entrain.
Christelle ZAMORA
www.ruedutheatre.info

Compagnie Lydlo
Création Avignon 2007
Interprète : Mariam El Gouzi
Mise en scène : Laurent Rousset Vidéo : Gaël Breton

Avignon OFF - Du 6 au 28 juillet 2007
Centre européen de poésie d’Avignon à 21h30
Tel : 04 90 82 90 66
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7 août 2007 2 07 /08 /août /2007 01:03
TENDRE UTOPIE

Ce texte simple ouvre la porte sur un monde de tous les possibles ; on pourrait vivre dans la « rue de la Sardine » de Steinbeck, sans bouger de chez soi. Un très beau texte, magistralement interprété mais à la mise en scène trop lente.


Il y a là Doc, Mac et Hazel. Alias Philippe, Joël et Sergeï. Trois Sans domicile fixe qui cherchent un banc pour dormir. Trois destins qui se mutualisent autour d’un roman de John Steinbeck. Et rêvent du jour où ils pourront enfin partir pour Monterey, Californie. Là bas, ils sont attendus. Dans cette « Rue de la Sardine » dépeinte maintes fois par le romancier. Et ils s’y voient déjà, dans leur palais idéal, entre Lee Chong, les filles de chez Dora et l’usine de sardines. Et leur misérable sort en bandoulière, ils quittent les contingences de leurs pauvres vies pour se projeter, tout de suite, dans ce monde parallèle qu’ils se sont créé. Un monde imaginé par Steinbeck qui devient leur quotidien et leur permet de vivre. Tout simplement.

2-rue-sardine.jpg
« 2, rue de la Sardine » est un texte empreint d’une poésie toute particulière, qui ne découle pas des mots mais de l’univers qu’il décrit. Et l’on ne peut que suivre les délires des uns et des autres, adhérer à leur rêve et se voir, nous aussi, en train de boire un verre avec eux ; et avec les personnages de « rue de la sardine » aussi bien qu’avec ceux de « Tendre jeudi ».

Notamment car les comédiens nous font toucher du doigt le rêve des trois pauvres hères. Avec une mention toute particulière pour le jeu de Fabien Boseggia. Etonnamment crédible dans son rôle de naïf bégayant. Et s’il signe en outre, avec talent, le texte de la pièce, peut-être aurait-il du prendre davantage de recul pour la mise en scène, qu’il conduit également. Celle-ci peut, en effet, paraître un peu trop molle en début de pièce. Le temps de réponse des comédiens semblant parfois bien long. Et le rythme tardant un peu à cadencer le spectacle.

La découverte est cependant des plus agréables. Un peu de rêve dans un macrocosme de solitude, un peu de compassion et de solidarité dans un monde par trop individualiste. La leçon est belle. Et bien faite.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

2 rue de la Sardine
Au Buffon théâtre, à 15 h20 - Avignon Off 2007

Photo © DR
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 10:49
QUICHOTTE'S FOLIES

Entre onirisme et burlesque, la troupe des Loups Masqués nous emmène sur les traces du chevalier de Cervantès. Magique.


Don Quichotte ? Celui des moulins ? Celui-là, oui, vous le connaissez, Mais le "vrai" Don Quichotte, l’histoire de ses exploits, vous ne la connaissez pas ! En tout cas, sûrement moins bien que ces quatre clowns. Parce que tenez-vous bien, vous avez face à vous les lointains descendants des deux bonnes de l’illustre Don Quichotte lui-même ! Et le chevalier de la Manche, ils l’aiment, l’admirent.  L’idolâtrent, même. Chacun s’empresse de narrer ses aventures, avant que le suivant ne vienne prendre sa place, dans une chorégraphie jubilatoire.

don-quichotte.jpg
Faite de bric et de broc, la scénographie est actrice à part entière de cette mise en scène riche en trouvailles de tout poil. Les acteurs s’y démènent avec une énergie et une bonne humeur communicatives, nous entraînant dans un univers fantastique peuplé de géants, de batailles, d’échasses et de moulins, mais aussi de carottes et de salades... Carottes ? Salades ? "Mais oui !" répondent en choeur les membres de la troupe des Loups Masqués, créée à Marseille en 1993.  On se régale de cette joyeuse tambouille, savourant les pitreries burlesques mais aussi les petites perles oniriques d’une mise en scène inventive de Gilles Cailleau.

La musique de Fred De Benedetti, composée pour le spectacle, nous transporte dans l’univers de Don Quichotte, au milieu d’une troupe qui tisse les fils d’une histoire à plusieurs niveaux, jouant  et se jouant de leurs multiples personnages avec une facilité déconcertante.

Juliette Allauzen-Woirin, Charlotte Clément, Jean-Philippe Krief et Eberhard Meinzolt, si par hasard Don Quichotte se trouve un jour dans la salle, pas de doute, il vous sacrera chevaliers de la scène !

Michèle COLOMBEL
www.ruedutheatre.info

Don Quichotte : la véritable histoire!
Texte et mise en scène: Gilles Cailleau
Interprétation: Juliette Allauzen-Woirin, Charlotte Clément, Jean-Philippe Krief et Eberhard Meinzolt
Musiques : Fred De Benedetti
Costumes: Virginie Bréger & le Petit Atelier
Lumières: Laurent Blanchard
Régie: Stefan Mandine et Laurent Blanchard
Une création de la compagnie des Loups Masqués, en co-production avec la ville de Peypin.

Jusqu'au 28 juillet à l'Espace Alya à 16h25 (durée 1h25)
Contact Avignon: Véronique Betbeder 06 86 98 22 47
Contact compagnie : Jean-Philippe Krief 06 07 77 21 81

Photo © DR
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 10:43
TALENT RARE

Jonglant des émotions comme des situations, Edwige Bourdy étourdit la scène. Et offre à son public un surprenant spectacle de music hall où strass et paillettes sont remplacés par les larmes et le rire. Simple et éblouissante.


Arlette a la scène dans le sang, le chant dans le cœur et du talent à revendre. Mais Arlette n’a pas de chance et à l’éprouvant exercice des auditions, personne n’a jamais voulu lui en laisser une. Ni grande, ni petite. Et les « merci, mademoiselle, on vous rappellera » ou autres « au suivant ! » ont presque eu raison de ses rêves. Presque seulement. Et cet après-midi, elle s’offre une dernière chance. La toute dernière…  Mais le producteur tarde à arriver. Alors, en l’attendant, de rêves en confidences, elle se livre au pianiste du lieu. Lui contant la valse de ses auditions, elle lui offre la magie de son éventail de talents.

oiseau-rare.jpg
Et Edwige Bourdy est éblouissante dans ce rôle de femme drôle et fragile, virtuose et chancelante. Un rôle taillé à son incomparable mesure, qui lui va, forcément, comme un gant. Maitrisant parfaitement la technique vocale, la comédienne excelle aussi bien dans le répertoire classique que dans la variété. Et dans l’art de la comédie. Edwige Bourdy, c’est une comédie musicale à elle toute seule. Elle chante à vous donner le frisson, raconte la vie d’Arlette comme si elle parlait de la sienne. Et qu’importent que les mots soient ceux d’Aznavour, les siens ou ceux de Yves Coudray. Ils sont siens.

Adorable en Betty Boop, désopilante en Catherine Ringer et Madonna ou émouvante à en pleurer en Dalida. LA Bourdy démonte la mécanique d’un show-biz broyeur de talent et en fait un bouquet d’émotions qu’elle offre en toute simplicité à son public. Notamment grâce à la musicale complicité de Gilles Baissette. Pour un spectacle qu’ils tissent tous deux avec talent. Du rire aux larmes et des larmes au rire. Enivrant.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

L’Oiseau rare
Avec Gilles Baissette et Edwige Bourdy
Mise en scène : Caroline Loeb
Textes : Yves Coudray (sur une idée de C. Loeb)
Au Buffon théâtre à midi.

Photo © DR
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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 10:36
LA FONTAINE SHOW

De caricatures en imitations, de sketches en parodies, les deux comédiens nous récitent les fables à leurs façon. Souvent drôles et toujours surprenantes, ces interprétations sont pétries d’imagination.


La cigale gelée par la bise (au sens propre du terme), le lion plus vrai et plus méchant que nature, une souris des villes en béret sur fond d’accordéon… Et le tout mis en image par deux comédiens : une petite blonde et un grand et costaud brun. Scène après scène, fable après fable, sketch après sketch, ils nous étonnent par l’imagination dont ils font preuve et les diverses transformations qu’ils subissent. Débordant d’énergie, ce show nous en fait voir de toutes les couleurs, avec un aspect à la fois ludique et pédagogique. Outre les scènes humoristiques qui font rire l’ensemble de la salle, c’est une occasion sans pareil pour les plus petits de mettre en image ces fables apprises à l’école.

folle-farandole.jpg
Par le biais de multiples références contemporaines, allant d’imitations de chanteurs ou d’hommes politiques à des des dessins animés ou des films d’action,  les comédiens donnent une interprétation de plus d’une quinzaine de textes de La Fontaine modernisés et dynamisés. On se demande entre chaque scène ce qu’ils vont bien pouvoir encore inventer. Après avoir entendu le lion parler avec la voix de Jacques Chirac, avoir vu la cigale bégayer de froid et le lièvre et « la morue » faire leur course, on peut s’attendre à tout.

Ce show est une réussite en tout point. La scène vide offre aux comédiens toute la liberté d’évoluer devant nous, trouvant chaque fois un petit accessoire en plus pour modeler à leur envie ces textes cultes. Un humour et une mise en scène brillante, un jeu animal et caricatural délicieux, en bref un spectacle réussi et rempli de surprises.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info


La Folle farandole des fables


Mise en scène : Dominique Courait
Interprétation : Didier Poulain et Marie de Oliveira
Textes de Jean de La Fontaine

Au Théâtre de l’Etincelle 15h40.



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28 juillet 2007 6 28 /07 /juillet /2007 10:30
LE GLAIVE PAR LE GLAIVE

Allégorie brutale et bruyante pour dénoncer la décadence d’un monde qui n’aime plus ses enfants, « l’Enfant sans nom » dresse, sur la trame du mythe d’Œdipe, un tableau d’une rare puissance. Radical. Et sans concession.


Dès son entrée dans la salle, le spectateur est saisi par le monde agressif, furieux et sale dans lequel on le plonge. Une fille débrayée s’agite sur des rythmes entêtants, dans une danse éperdue. Au milieu de la scène, un trône fantoche, cuvette de WC taguée. Et partout autour, des gens amorphes, comme vidés de toute vie. Personnages vidés de tout sens, dans un monde de dépravation, brutal et abrutissant. Peu à peu se dessine l’histoire d’Œdipe, prince boiteux abandonné à la mort. Enfant sans mère ni père, qui survivra. Malgré l’abandon, malgré les moqueries. Malgré la différence. Enfant qui survivra dans l’homme devenu.

enfant-sans-nom.JPG
Et le mythe franchit les âges. De – 406 à 2007. De Sophocle à Durif. Un Œdipe pluriel tue son père, commet l’inceste et porte la souillure. Mais qui porte la faute ? Le bras de « l’enfant sans nom » est-il responsable de l’acte qu’il commet ? Ne sont-ce pas les dieux, dieux modernes de nos sociétés du paraître et du vendre, qui ont armé son bras et l’ont poussé au bord du gouffre ?

Le discours, comme la mise en scène et les décors, est sans concession. Impossible d’échapper à ce tourbillon de folie qui entraine les personnages dans une spirale infernale. Les comédiens semblent imbibés de leur rôle, dégoulinant sur scène de désespérance, de haine et de vide. Parfois, une heureuse respiration vient alléger l’ensemble. Mise en abyme, légère et souvent drôle, qui permet de rappeler que l’on est bien là au théâtre. Qu’il ne faut pas gratter bien loin sous le noir propos pour atteindre l’espoir. Qu’il suffit juste de le vouloir.

A n’en pas douter, nous ne sommes pas ici dans une démarche esthétique. Encore moins consensuelle. Le travail s’apparente à une prise de position politique. Qui ne se limite pas à la parole, mais met en œuvre ses propres convictions. La création, bien jouée, violemment mise en scène et esthétiquement abrupte, n’est pas faite pour être belle. Elle est définitivement dans un autre registre. Celui de l’engagement, de la parole et du partage. Un théâtre tourné vers l’avenir. Un avenir que la compagnie « Création Ephémère » construit plus généreux.

Karine PROST
www.ruedutheatre.info

L’Enfant sans nom
, d’Eugène DURIF (d’après Œdipe Roi, de Sophocle)
Mise en scène de Philippe Flahaut

Théâtre de l’Alizée, à 21h50.

Crédit photo © Michael Bause
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 15:40
UNE BELGIQUE CAUSTIQUE, SARCASTIQUE ET SATIRIQUE

Auteur compositeur interprète libertaire militant, Claude Semal a décidé de fêter durant plusieurs années encore le 176e anniversaire de son pays. Comme il a de l’humour, un sens très développé du rythme,  des opinions bougrement critiques à l’égard de notre société, il fait mouche avec la complicité du musicien Eric Drabs.


En néerlandais, le suffixe « tje », comme « et » ou « elet » en français, signifie petit. Et c’est ce qui qualifie cette séance de cabaret mais aussi sans doute le mieux cette patrie minuscule, cernée en quelques couplets par la « Visite guidée » d’André Bialek. Les autres chansons et les sketches qui suivront explorent avec le mordant d’autodérision nécessaire : la nourriture et la boisson, les problèmes linguistiques, le climat pluvieux, certaines traditions folkloriques, la royauté, l’Europe, la triste condition des chanteurs « brelges »… En guise de bonus, s’ajoute le massacre architectural de Bruxelles par les promoteurs immobiliers qui, à l’instar de certains politiciens, ne sauvent que la façade.

cabaretje.jpg
Semal et son partenaire ne craignent nullement la caricature. Déguisés l’un en moule de Zélande, l’autre en frite congelée, voire en betteraves,  ils se gaussent des stéréotypes. Ils foncent allégrement dans le burlesque, dans l’absurde, dans la charge élaborée au vitriol. L’impertinence n’épargne personne. Et quelquefois, sous les rires, pointe la conscience très aiguë des dysfonctionnements démocratiques. Ainsi la scène de l’apprentissage de l’usage du coussin par un apprenti gendarme se réfère à l’élimination brutale de Samira Adamou, réfugiée politique ramenée de force vers son pays. Le drolatique des répliques se mue en émotion. Car s’il est permis de se moquer de tout, c’est à condition que cela serve à une réflexion sociétale.

La virtuosité poly-instrumentale de Drabs, la voix chaleureuse du chanteur, la connivence permanente entre les comparses entraînent dans un tourbillon de musiques, une atmosphère de kermesse populaire. Pas besoin d’être Belge pour rigoler. Les allusions difficiles à percevoir par des étrangers sont minimes. Tout le reste est universel, soutenu par une énergie donnée sans compter à des publics vite conquis, sur fond de limonaire et de dégustation de bière d’abbaye.

Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info

Textes et chansons : Claude Semal
Mise en scène : Martine Kivits, Laurence Warin
Distribution : Eric Drabs, Claude Semal
Scénographie et costumes : Odile Dubucq
Musiques : Bialek, Drabs, Duchesne, Kivits, Massart, Semal

Production : La Charge du Rhinocéros / Théâtre du Chien écrasé / Le Public

Au Théâtre des Doms, 1 bis rue Escaliers Sainte-Anne, jusqu’au 28 juillet à 22h30 (0490 14 07 99)

Photo © DR
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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 11:22
NOUVELLE VOIE

Grande métaphore du régime communiste Bulgare des années 80, cette pièce allie humour, aventure, tragédie et dénonciation. Un mélange étonnant, surtout dans l’espace restreint d’un autobus…


Un maniaque, un alcoolique, un vieux paysan, un rebelle rockeur, un joueur de violoncelle VIP, un couple d’amoureux, un duo de divorcés par intérêts, tout ce beau monde conduit par un chauffeur peu délicat qui n’en fait qu’à sa tête… Faisant d’abord ses courses pendant les heures de service, puis voulant aller voir sa maman et finissant avec une bouteille de « gnole » au volant, les passagers sont de moins en moins rassurés et la révolte se fait sentir. Chaque personnage représentant une valeur propre, la dénonciation n’en est que plus sévère. Virages serrés, accidents frôlés, bagarres à l’intérieur du bus… On s’amuse à voir les personnages se révéler à leurs justes valeurs tout au long du voyage, au fur et à mesure que la pression monte jusqu’au point de non retour. Faut-il vraiment faire confiance au chauffeur ? On constatera très vite que non.

l-autobus-2.jpg
Coiffures délirantes, maquillages lourds, ces personnages sont de véritables caricatures. Les amoureux ont l’inconscience et l’espoir de la jeunesse, l’alcoolique titube tout le long du chemin, le paysan joue l’idiot du village, le musicien est si snob qu’il ne veut pas jouer pour la petite société… Le tout pour un melting-people d’un genre nouveau. Le chauffeur dans tout cela reste invisible et pourtant toujours présent. Situé à l’étage du bus, il représente un régime politique contrôlant la totalité du véhicule avec violence et entêtement.
La mise en scène va dans ce sens, avec des lumières soulignant la vitesse de l’engin matérialisé par un squelette en métal posé sur des ressorts. Le tout est mouvant, avec des sièges renversables, des fenêtres simulées avec virtuosité et une échelle démontable pour rejoindre le conducteur. Ce mécanisme fonctionne à merveille, avec des possibilités de jeu multiples, ce dont ne se privent pas les comédiens…

La mise en scène est très réussie, les personnages sont parfaitement bien dessinés, les rebondissements surviennent assez souvent pour maintenir un rythme cadencé. Des chants bulgares s’ajoutent à la fête, ainsi que des bruitages superbement agencés. La froideur de cette structure de bus en métal nous rappelle à une période où la Bulgarie vivait des jours sombres, à partager avec de l’humour, symbole, dans la pure tradition du théâtre d'Europe centrale et orientale, de résistance et de renaissance.

Jennifer MAYEUR
www.ruedutheatre.info

Texte : Stanislav Stratiev
Traduction: Athanase Popov
Adaptation et mise en scène : Laurence Renn
Interprétation : Raphaël Almosni, Pascan Andres, Lionel Bécimol, Sandrine Bounhoure, Pierre Gérard, Olovier Mathé, Natacha Mircovich, Christian Ruché, Marc Ségala
Scénographie : Thierry Grand
Lumières : Didier Girard
Maquillages : Catherine Saint-Sever

Au théâtre du Chien qui fume à 12h30.

Photo © DR
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Chronique FraÎChe