15 janvier 2009
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VIVRE NAÎTRE TUER MOURIR
À partir des « Trois Sœurs » de Tchekhov, Tentelier mène une expérience théâtrale qui pose sur notre monde des questions fondamentales. Comment et pourquoi vivre si la vie ne nous donne pas des raisons d’exister ?
Cinq comédiens chanteurs, quatre musiciens un peu acteurs, voilà l’équipe (légèrement différente de celle qui anima « L’Homme le plus normal du monde ») au cœur d’un spectacle atypique. S’y mêlent, contradictoires et néanmoins complémentaires, verbe et musique, mots et gestes, quotidien banal et fantasme, envie de changer et impossibilité de partir, aspiration au bonheur et poids de l’inertie.

Comme au temps de Tchekhov, notre époque est à un tournant de civilisation. Le malaise s’insinue chez beaucoup d’individus privés d’avenir, dérégulés au sein d’un présent incertain qui s’acharne à massacrer les valeurs, à conditionner vers une peur permanente, à entretenir des doutes récurrents. Les personnages imaginés et mis en scène par Frédéric Tentelier sont à la fois les descendants de ceux du dramaturge russe et les enfants des décennies de déliquescence qui suivirent les illusions des sixties.
Le dérisoire des préoccupations des gens (météo, fêtes anniversaires, régime amincissant, nostalgie d’un passé chimérique, accumulation de clichés photographiques…) va de pair avec leur ennui d’exister, avec l’absence de perspectives motivantes, avec leur impuissance au changement, avec le creux de leur réflexion, avec la sensation de l’inutilité de la souffrance.
Un reflet de société
Ce miroir d’époque est présenté au public dans une sorte de faux désordre. Des protagonistes parlent en même temps ; des séquences se succèdent comme à l’impromptu ; des éléments scéniques vont et viennent. La musique se joue en fond sonore mais s’avère aussi présence presque à la manière d’un interlocuteur actif. Les comédiens oublient l’écriture du texte pour le rendre sur le ton spontané du parler de chaque jour. Les chansons – hélas ! en anglais – ne sombrent jamais dans les facilités de la variété.
À quoi bon vivre ? nous disent ces êtres qui nous ressemblent. Écartelés entre désir de vivre et tendance au suicide, ils se bercent de l’illusion de servir à quelque chose, de parvenir à un bonheur radieux. Ils n’ont pas trouvé vraiment de réponses. Et pourtant, eux et nous continuons à être là, à parler pour meubler le silence et la solitude dans un environnement ruiné en réfection.
À la Rose des vents, boulevard van Gogh à Villeneuve d’Ascq du 13 au 17 janvier 2009
Texte, mise en scène, musique : Frédéric Tentelier
Musique : Guillaume Hairaud
Distribution : Aude Denis, Joseph Drouet, Cédric Duhem, Florence Masure, Marie Pavlus
Musiciens : Marie Éberlé (voix, violoncelle), Geoffrey François (piano), Guilaume Hairaud (voix, guitare), Maud Kauffmann (soprano, violon)
Lumière : Manuel Bertrand
Son : Martin Hennart
Coproduction : la barque théâtre - La rose des vents, Villeneuve d’Ascq
À partir des « Trois Sœurs » de Tchekhov, Tentelier mène une expérience théâtrale qui pose sur notre monde des questions fondamentales. Comment et pourquoi vivre si la vie ne nous donne pas des raisons d’exister ?
Cinq comédiens chanteurs, quatre musiciens un peu acteurs, voilà l’équipe (légèrement différente de celle qui anima « L’Homme le plus normal du monde ») au cœur d’un spectacle atypique. S’y mêlent, contradictoires et néanmoins complémentaires, verbe et musique, mots et gestes, quotidien banal et fantasme, envie de changer et impossibilité de partir, aspiration au bonheur et poids de l’inertie.

Comme au temps de Tchekhov, notre époque est à un tournant de civilisation. Le malaise s’insinue chez beaucoup d’individus privés d’avenir, dérégulés au sein d’un présent incertain qui s’acharne à massacrer les valeurs, à conditionner vers une peur permanente, à entretenir des doutes récurrents. Les personnages imaginés et mis en scène par Frédéric Tentelier sont à la fois les descendants de ceux du dramaturge russe et les enfants des décennies de déliquescence qui suivirent les illusions des sixties.
Le dérisoire des préoccupations des gens (météo, fêtes anniversaires, régime amincissant, nostalgie d’un passé chimérique, accumulation de clichés photographiques…) va de pair avec leur ennui d’exister, avec l’absence de perspectives motivantes, avec leur impuissance au changement, avec le creux de leur réflexion, avec la sensation de l’inutilité de la souffrance.
Un reflet de société
Ce miroir d’époque est présenté au public dans une sorte de faux désordre. Des protagonistes parlent en même temps ; des séquences se succèdent comme à l’impromptu ; des éléments scéniques vont et viennent. La musique se joue en fond sonore mais s’avère aussi présence presque à la manière d’un interlocuteur actif. Les comédiens oublient l’écriture du texte pour le rendre sur le ton spontané du parler de chaque jour. Les chansons – hélas ! en anglais – ne sombrent jamais dans les facilités de la variété.
À quoi bon vivre ? nous disent ces êtres qui nous ressemblent. Écartelés entre désir de vivre et tendance au suicide, ils se bercent de l’illusion de servir à quelque chose, de parvenir à un bonheur radieux. Ils n’ont pas trouvé vraiment de réponses. Et pourtant, eux et nous continuons à être là, à parler pour meubler le silence et la solitude dans un environnement ruiné en réfection.
Michel VOITURIER (Lille)
À la Rose des vents, boulevard van Gogh à Villeneuve d’Ascq du 13 au 17 janvier 2009
Texte, mise en scène, musique : Frédéric Tentelier
Musique : Guillaume Hairaud
Distribution : Aude Denis, Joseph Drouet, Cédric Duhem, Florence Masure, Marie Pavlus
Musiciens : Marie Éberlé (voix, violoncelle), Geoffrey François (piano), Guilaume Hairaud (voix, guitare), Maud Kauffmann (soprano, violon)
Lumière : Manuel Bertrand
Son : Martin Hennart
Coproduction : la barque théâtre - La rose des vents, Villeneuve d’Ascq