28 avril 2009
2
28
/04
/avril
/2009
21:43
ENTRE PÈRE ET MER
Littoral constitue l’une des pièces phares de l’oeuvre de Wajdi Mouawad. Puissant et dé-paysant, ce texte reflète l’ensemble du théâtre d’un jeune auteur dont l’écriture colorée et imagée ne se lasse pas de nous faire voyager. Aujourd’hui Mouawad revient sur son récit et en signe une mise en scène imprégnée de vie, de poésie et de beauté.
La pièce gravite autour de la figure du père, un père mort et pourtant plus présent que jamais. Son fils Wilfrid découvre dans les affaires personnelles de son géniteur les vestiges d’un récit épistolaire dont les lettres n’ont jamais été envoyées. Il rouvre alors une page de son histoire et rejoint les ter-res de son Liban natal à la recherche d’un lieu de sépulture pour son père. Le jeune homme entame un long chemin de deuil ponctué de multiples rencontres qui le mèneront au terme d’une quête in-time et personnelle.
Mouawad séduit par le dédoublement de la fiction théâtrale qui inclut dans la représentation une grande part d’imaginaire. L’histoire devient le récit d’un réel fantasmé par le personnage central, Wilfrid, dont l’imagination tente en permanence d’adoucir la dure réalité. Refusant d’accepter cette mort brutale, Wilfrid se raccroche à son passé, ressuscite son défunt père et fait surgir les héros de son enfance comme autant de subterfuges pour vaincre ses démons. Entre réalité et songe, sa vie devient le scénario d’une prise de cinéma, dont les différentes séquences font se côtoyer personna-ges authentiques et chimériques, vivants et morts.
Une esthétique remarquable
Wajdi Mouawad parvient sans mal à nous immerger dans son univers grâce à une écriture à la fois vivante, sensible et drôle. Le texte seul réussit à nous transporter dans un monde pittoresque mais la transposition scénique qu’il propose ici lui donne une force supplémentaire : l’auteur-metteur en scène a joint au propos une véritable esthétique visuelle. La représentation se déguste du regard et propose une succession de tableaux où lumière, musique et décors s’imbriquent et se fondent en une parfaite harmonie. Les acteurs évoluent dans cet espace au moyen d’une gestuelle souple, de dépla-cements vifs et alertes, entraînant le spectacle dans un mouvement permanent, dans une aventure chorégraphiée.
Autre élément clé, la peinture, qui revient de manière récurrente habiller cette mise en scène, se fai-sant tantôt eau, terre ou sang. Les acteurs usent sans retenue de cette matière picturale pour impré-gner corps et décors, transformant progressivement l’espace scénique en une sorte de toile expres-sionniste. Ainsi Littoral devient une fresque d’une grande intensité expressive, un spectacle stylisé où se projettent des peurs et des désirs sous forme enchantée.
Littoral
Texte et mise en scène - Wajdi Mouawad
Avec Jean Alibert, Tewfik Jallab, Catherine Larochelle, Patrick Le Mauff, Marie-Ève Perron, Lahcen Razzougui, Em-manuel Schwartz, Guillaume Séverac-Schmitz
Assistant à la mise en scène - Alain Roy
Scénographie - Emmanuel Clolus
Lumières - Martin Sirois
Réalisation sonore - Yann France
Costumes - Isabelle Larivière
Maquillages - Angelo Barsetti
Jusqu'au 30 avril 2009
Théâtre des Célestins, 4 rue Charles Dullin 69002 Lyon
Tél. 04 72 77 40 00 / www.celestins-lyon.org
Photo © T. Baron
Littoral constitue l’une des pièces phares de l’oeuvre de Wajdi Mouawad. Puissant et dé-paysant, ce texte reflète l’ensemble du théâtre d’un jeune auteur dont l’écriture colorée et imagée ne se lasse pas de nous faire voyager. Aujourd’hui Mouawad revient sur son récit et en signe une mise en scène imprégnée de vie, de poésie et de beauté.
La pièce gravite autour de la figure du père, un père mort et pourtant plus présent que jamais. Son fils Wilfrid découvre dans les affaires personnelles de son géniteur les vestiges d’un récit épistolaire dont les lettres n’ont jamais été envoyées. Il rouvre alors une page de son histoire et rejoint les ter-res de son Liban natal à la recherche d’un lieu de sépulture pour son père. Le jeune homme entame un long chemin de deuil ponctué de multiples rencontres qui le mèneront au terme d’une quête in-time et personnelle.
Mouawad séduit par le dédoublement de la fiction théâtrale qui inclut dans la représentation une grande part d’imaginaire. L’histoire devient le récit d’un réel fantasmé par le personnage central, Wilfrid, dont l’imagination tente en permanence d’adoucir la dure réalité. Refusant d’accepter cette mort brutale, Wilfrid se raccroche à son passé, ressuscite son défunt père et fait surgir les héros de son enfance comme autant de subterfuges pour vaincre ses démons. Entre réalité et songe, sa vie devient le scénario d’une prise de cinéma, dont les différentes séquences font se côtoyer personna-ges authentiques et chimériques, vivants et morts.
Une esthétique remarquable
Wajdi Mouawad parvient sans mal à nous immerger dans son univers grâce à une écriture à la fois vivante, sensible et drôle. Le texte seul réussit à nous transporter dans un monde pittoresque mais la transposition scénique qu’il propose ici lui donne une force supplémentaire : l’auteur-metteur en scène a joint au propos une véritable esthétique visuelle. La représentation se déguste du regard et propose une succession de tableaux où lumière, musique et décors s’imbriquent et se fondent en une parfaite harmonie. Les acteurs évoluent dans cet espace au moyen d’une gestuelle souple, de dépla-cements vifs et alertes, entraînant le spectacle dans un mouvement permanent, dans une aventure chorégraphiée.
Autre élément clé, la peinture, qui revient de manière récurrente habiller cette mise en scène, se fai-sant tantôt eau, terre ou sang. Les acteurs usent sans retenue de cette matière picturale pour impré-gner corps et décors, transformant progressivement l’espace scénique en une sorte de toile expres-sionniste. Ainsi Littoral devient une fresque d’une grande intensité expressive, un spectacle stylisé où se projettent des peurs et des désirs sous forme enchantée.
Anne CARRON (Lyon)
Littoral
Texte et mise en scène - Wajdi Mouawad
Avec Jean Alibert, Tewfik Jallab, Catherine Larochelle, Patrick Le Mauff, Marie-Ève Perron, Lahcen Razzougui, Em-manuel Schwartz, Guillaume Séverac-Schmitz
Assistant à la mise en scène - Alain Roy
Scénographie - Emmanuel Clolus
Lumières - Martin Sirois
Réalisation sonore - Yann France
Costumes - Isabelle Larivière
Maquillages - Angelo Barsetti
Jusqu'au 30 avril 2009
Théâtre des Célestins, 4 rue Charles Dullin 69002 Lyon
Tél. 04 72 77 40 00 / www.celestins-lyon.org
Photo © T. Baron