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Festival d'Avignon

19 juillet 2004 1 19 /07 /juillet /2004 00:00

LOGE DE LA FOLIE

Quand Gogol écrit ce texte, il a seulement 26 ans. La portée politique est évidente et intemporelle. Un contexte politique oppressant, une fragilité dans le rapport au monde, et la folie est à la portée de tous les êtres.

Petit fonctionnaire russe aux ambitions déçues, tailleur de plumes d’un vague directeur dans un quelconque ministère, Popritchine, en recherche de son propre relief, tisse méthodiquement la toile de ses tourments, qui le conduiront à une fin inexorable.



La folie. Il n’en est naturellement pas question comme une simple pathologie mentale, il y aurait en ce sens plutôt « des » folies. C’est d’abord le processus d’aliénation qui est dépeint. Un espoir, illusoire : l’évasion qu’apporte l’édification des mondes intérieurs ; une alerte : n’importe qui peut sombrer dans la confusion puis la démence ; une montée en tension : l’engouffrement lucide, pas toujours sous contrôle, d’un esprit qui ne voit pas d’autre issue possible que la folie et se laisse submerger, comme le stoïque qui braverait la marée.

Dans tous ces aspects, le jeu précis et nuancé de Nicolas Grandhomme témoigne de la fermentation de la souffrance et en égrène les étapes. Le souci est visible et permanent de montrer de son personnage la mécanique mentale. Tantôt savamment emporté, tantôt savamment reclus, toujours rongé par la routine et le procédurier, dévoré de l’intérieur par les désillusions amoureuses et trituré de l’obsession d’être quelqu’un, le comédien nous entraîne, spectateurs intrigués, vers l’irréversible déstructuration de Popritchine, puis vers sa recomposition. Comme si la folie pouvait ne pas être qu’une impasse, mais une promesse. Côté public, on semble vivre la montée aux enfers de derrière une vitre sans tain. Comme si une protection de fortune nous aidait encore un instant, un instant seulement, à garder suffisamment de distance, pour prendre conscience plutôt que prendre peur. Ce qui nous sépare des fous, ne sont-ce pas les garde-fous que nous savons encore interposer avant de franchir le seuil de la maladie. Mais jusqu’où ?

Le cadre étriqué et tout en pierres apparentes des Ateliers d’Amphoux apporte une contribution involontaire à l’emmurement graduel du personnage. Quelques centaines de cocottes en papier, dont la fabrication même me suggère le progressif cheminement vers la folie, et dont l’installation chaque soir constitue pour le comédien, à n’en point douter, une efficace concentration, entourent la scène et le personnage. Une camisole de cocottes en papiers !

Alors quand Nicolas Grandhomme a les larmes aux yeux à la fin du spectacle, ce n’est pas parce qu’il a bien intégré la méthode Stanislawski, mais parce que son jeu est sincèrement investi, fruit mûr d’une heure de jeu qui lui vient des entrailles. Voilà ce qu’est le théâtre, au-delà des larmes, au-delà des mots.


Journal d’un fou
de Nicolas Gogol
Adapté et joué par Nicolas Grandhomme
Mise en scène : Michel Bompoil
Heure : 22 h 30
Durée : 1 h 5 - du 8 au 31 juillet
Ateliers d’Amphoux 10-12 rue d’Amphoux
Réserver : 04 90 86 17 12
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