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Festival d'Avignon

12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 13:05
PETIT PAPA CRUEL

Le Vingtième Théâtre joue actuellement Happy Birthday Daddy, dialogue à une voix entre un père à la fois trop absent et trop présent et son fils. Un affrontement intense mais trop linéaire.

Un jeune homme en tenue de soirée chante nerveusement « Happy birthday to you, Daddy » et apporte un gâteau à son père, assis et ligoté sur une chaise. Il lui annonce alors qu’il va l’assassiner et souffle les soixante bougies qui ornent la Forêt Noire comme une menace, un gage de sa volonté d’aller jusqu’au bout de son acte parricide. Le spectateur se met alors à jouer au Cluedo : on connaît la victime, l’assassin, l’arme et le lieu du crime - le père, le fils, un couteau de cuisine, le salon du fils -, mais quid du mobile ?
 Photo © DR

Le problème majeur de cette pièce écrite par Christophe Averlan est bien là : le mobile est par trop mobile. Des brimades de l’enfance à l’indifférence de l’âge adulte en passant par la folie pure, l’auteur semble baigner constamment dans l’indécision. Le fils rejette violemment Freud et le complexe d’Œdipe, mais s’y plie pourtant formellement en préparant l’assassinat de son père. Il rejette aussi Dieu auquel il ne croit plus, dit-il, depuis la mort accidentelle de son chat. Son père pourtant, tel qu’il nous le décrit, ressemble à un Dieu intransigeant, juge absolu des actes de son fils.

Le texte est intense, violent, noir – tout le champ lexical de la noirceur et de la mort y passe -, mais ne parvient pas à rendre la situation plausible faute de cohérence et de progression dans les propos. Il n’atteint donc son but qu’en surface et le sens de la pièce tout au fond, semble bien flou.

Une mise en scène habile


La mise en scène de Patrice Kerbrat anime pourtant intelligemment la pièce. Il parvient à mettre en évidence le retournement de situation qui s’opère lors de cette soirée : enfermé dans le noir quand il n’était pas le meilleur de sa classe, ignoré et délaissé devenu adulte, le fils inverse les rôles ici en empêchant son père de bouger, parler et voir. Il alterne élans de tendresse et accès de rage, folie subite et raisonnements cartésiens, pendant que son père compte les points, groggy. Si l'on peut regretter le manque de poids du personnage du père, non de l’acteur, le metteur en scène parvient à l’instrumentaliser habilement. Le fils le fait sans cesse changer de position autour de la table : place d’honneur, simple convive ou hôte, Patrice Kerbrat marque ainsi spatialement l’ambiguïté de la situation. Le rôle du père, assis les mains attachées derrière le dos et la bouche ouverte obstruée par un bâillon pendant une heure et quart environ, tient plus de la performance que du jeu théâtral. Jean-Yves Chilot parvient pourtant à insuffler de la présence à ce personnage muet, le visage marqué par la douleur physique et mentale, la révolte ou la colère.
Emeric Marchand quant à lui donne tout son cœur dans ce rôle et joue juste et puissant. L’idée s’impose alors progressivement que de l’auteur ou de l’acteur, c’est le second qui croit le plus en la pièce. Rien d’étonnant finalement quand on sait que Happy Birthday Daddy a été écrit à l’initiative du comédien.

Morgan LE MOULLAC (Paris)

Lire aussi la chronique de Maïa ARNAULD.

Happy Birthday Daddy
Texte de Christophe Averlan
Mise en scène de Patrice Kerbrat, assisté de Sophie Langevin
Le fils : Emeric Marchand
Le père : Jean-Yves Chilot

Au Vingtième Théâtre, 7, rue des Plâtrières, 75020 Paris. Tel : 01 43 66 01 13.
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