16 décembre 2006
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NOIRS DÉSIRS
« Ô Clandestins, la bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois ! » - « Y a bon Bwana, Positif-Positif », est un dyptique théâtral écrit par André Benedetto, en cours de création au Théâtre des Carmes et dont le premier volet a pour titre à connotation plus qu'ironique : « Ô Clandestins, la Bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois ! ». Ce premier volet est un événement théâtral tout à la fois jubilatoire et bouleversant, tragique et joyeux, mais aussi politique et civique qu'il ne faut absolument pas manquer...
Alors que nos valeureux parlementaires ont, il y a quelques temps déjà, voté une loi portant reconnaissance de l'aspect "positif" de la colonisation (sic) et tandis que les descendants des peuples jadis colonisés tentent d'échapper à l'effroyable misère dans laquelle les ont laissés leurs non moins valeureux colonisateurs, en venant en Europe pour y trouver du travail plus ou moins clandestin, il était plus que souhaitable qu'une analyse claire, lucide, aussi complète que possible et d'un point de vue réellement humaniste soit élaborée sur cet état de faits sociaux et historiques.
C'est bien ce que fait André Benedetto avec ce spectacle à plusieurs facettes qui met en jeu le théâtre, la musique, la danse, au service d'une oeuvre décapante et destructrice d'idées toutes faites sur toute une série de pans de notre Histoire comme de celle du monde occidental tout entier...
Photo © DR
Dans la cour de sa villa, un ancien adjudant-chef à la retraite (André Benedetto) reçoit tous les occupants, pour beaucoup, clandestins, d'un squat voisin, qu'il a invités à un festin géant pour commémorer l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage... Les clandestins qu'il a invités, c'est d'abord nous, les spectateurs, à qui il adresse, dans la semi-obscurité de la salle, son message de bienvenue ! Sur la scène, l'ancien militaire est entouré par une femme, Mlle Didascalie (Corinne Derian), qui apporte des précisions à son discours et qui est aussi sa conscience, et un personnage masculin, M. Tous-Là (Claude Djian), qui va endosser successivement chacun des rôles d'immigrés, avec costume traditionnel, gestuelle, etc. En une heure trente, le spectacle présente une superbe mise en abyme de toute la question coloniale depuis ses origines historiques – l'esclavage, la traite des noirs – jusqu'à l'évocation de l'immigration clandestine, en passant par tous les épisodes qui ont jalonné des XIXème et XXème siècles assurément beaucoup trop fertiles en horreurs et injustices.
Voilà plus de quarante ans qu'André Benedetto ne cesse de nous étonner par ses énormes capacités d'appréhension de la réalité sociale, économique, historique, un sens aigu de l'analyse, sa vision extrêmement subtile de la réalité, servis par une écriture théâtrale et poétique d'une densité et d'une efficacité dialectique redoutables. On appréciera, au passage, ce magnifique quoique très bref raccourci théâtral pour nous démontrer ce que contient réellement le concept d'immigration choisie dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles. Ces qualités, nous les retrouvons pleinement ici, dans ce spectacle exemplaire qui devrait être vu par tous les collégiens et lycéens de France, si celle-ci daignait mériter vraiment sa qualité de République et de démocratie dans le plein sens du terme, c'est-à-dire dans toute son acception progressiste et à partir d'une vision réellement moderne de son histoire.
Ô Clandestins, la Bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois !
Théâtre des Carmes, 6, Place des Carmes, Avignon.
Vendredi 15 décembre à 19h, samedi 16 à 20h30 et dimanche 17 décembre 2006 à 16h.
Tél. 04 90 82 20 47.
« Ô Clandestins, la bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois ! » - « Y a bon Bwana, Positif-Positif », est un dyptique théâtral écrit par André Benedetto, en cours de création au Théâtre des Carmes et dont le premier volet a pour titre à connotation plus qu'ironique : « Ô Clandestins, la Bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois ! ». Ce premier volet est un événement théâtral tout à la fois jubilatoire et bouleversant, tragique et joyeux, mais aussi politique et civique qu'il ne faut absolument pas manquer...
Alors que nos valeureux parlementaires ont, il y a quelques temps déjà, voté une loi portant reconnaissance de l'aspect "positif" de la colonisation (sic) et tandis que les descendants des peuples jadis colonisés tentent d'échapper à l'effroyable misère dans laquelle les ont laissés leurs non moins valeureux colonisateurs, en venant en Europe pour y trouver du travail plus ou moins clandestin, il était plus que souhaitable qu'une analyse claire, lucide, aussi complète que possible et d'un point de vue réellement humaniste soit élaborée sur cet état de faits sociaux et historiques.
C'est bien ce que fait André Benedetto avec ce spectacle à plusieurs facettes qui met en jeu le théâtre, la musique, la danse, au service d'une oeuvre décapante et destructrice d'idées toutes faites sur toute une série de pans de notre Histoire comme de celle du monde occidental tout entier...

Voilà plus de quarante ans qu'André Benedetto ne cesse de nous étonner par ses énormes capacités d'appréhension de la réalité sociale, économique, historique, un sens aigu de l'analyse, sa vision extrêmement subtile de la réalité, servis par une écriture théâtrale et poétique d'une densité et d'une efficacité dialectique redoutables. On appréciera, au passage, ce magnifique quoique très bref raccourci théâtral pour nous démontrer ce que contient réellement le concept d'immigration choisie dont on nous rebat aujourd'hui les oreilles. Ces qualités, nous les retrouvons pleinement ici, dans ce spectacle exemplaire qui devrait être vu par tous les collégiens et lycéens de France, si celle-ci daignait mériter vraiment sa qualité de République et de démocratie dans le plein sens du terme, c'est-à-dire dans toute son acception progressiste et à partir d'une vision réellement moderne de son histoire.
Henri LÉPINE (Avignon)
Ô Clandestins, la Bienvenue chez vos ancêtres les Gaulois !
Théâtre des Carmes, 6, Place des Carmes, Avignon.
Vendredi 15 décembre à 19h, samedi 16 à 20h30 et dimanche 17 décembre 2006 à 16h.
Tél. 04 90 82 20 47.