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Festival d'Avignon

22 novembre 2006 3 22 /11 /novembre /2006 18:14
LE MOMENT OU NE SAVIONS RIEN LES UNS DES AUTRES et ENDLESS MEDICATION (Kaaitheater, Brussel), UBU ROI (Festival à Liège), SI C'EST UN HOMME (Théâtre de Poche, Bruxelles)

Alors que la jeune "Arrière-Scène" de Bruxelles met à son affiche "Le Monte-Plats" après "L'Amant" la saison dernière du même Harold PINTER… Alors que le Théâtre de la Vie, Bruxelles encore, propose son deuxième Bertolt BRECHT - "Rêveries de 7 éléphants" et que le KVS (néerlandophone) programme, lui, son "Galilei" (devenu "Als, dan")… Alors qu'à Liège on a pu voir un "Ubu Roi" d'Alfred JARRY toujours absurde et délirant pour les tout jeunes du "Festival de l'Emulation" (version retrouvée du mythique "Festival du Jeune Théâtre" qui consacrait l'avant-garde des sixties), voilà que d'autres vieux scandaleux viennent hanter ces jeunes esprits : Peter HANDKE… et aussi tous les fantômes du Living et de John Cage, avec leur "invention": les happenings, auxquels rendent hommage deux actrices prometteuses.



Sous les planches, mai 68 ?

Des pavés et des papys provoc pas dépassés ? Ca remonte à "un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître". Scandale au Poche, en 1966, avec dans la mise en scène de Jorge Lavelli, "Insulte au Public" d'un certain Peter Handke, un Autrichien, qui faisait se clairsemer les rangs des spectateurs agressés. Une création, en français, qui malgré le climat "sixties" libertaire suscita la polémique. L'auteur ne voulait pourtant que "restaurer une communication authentique entre l'acteur et le spectateur".

Arrabal à la même époque, que – tiens, on redécouvre aussi (cet été en plein air) – eut le même sort, dans le même théâtre, avec ses "Menottes aux Fleurs" dont c'était la nudité qui choquait. En revanche,, quand parut en 1947: "Si c'est un homme", on n'osa pas toucher à Primo LEVI qui avec d'autres, contribua à ce qu'existe toute une "littérature sur la Shoah". On ne parlait pas alors de "révisionnisme" et on jouait plutôt, et beaucoup, "Le Journal d'Anne Franck". Puis, avec d'autres "crimes contre l'humanité" on parlera de "génocide" : Arménie, Cambodge, Rwanda… et ce fut le choc inoubliable, "Rwanda 94", dix ans seulement après les événements, un spectacle qui décoinça le fait, admis enfin, que, à défaut de pouvoir "rire de tout", on devait parler de tout et surtout montrer la/les faces cachées de l'homme (petit h !).

En 2006, voici porté à la scène, ce classique qu'est devenu "Si c'est un homme", le célèbre témoignage de Primo LEVI que metteur en scène (Michel Bernard), comme acteur (Frederik Haùgness) lui offrent comme un hommage fait de respect, d'intelligence, de sincérité en même temps que d'une redoutable efficacité émotionnelle sur le spectateur, soit une œuvre dramaturgique à part entière.

Ligne continue

Depuis ces fameuses sixties, le "spectateur averti" s'est accoutumé aux audaces scéniques. On pourrait dire que le propos des débuts de Peter Handke trouve aujourd'hui un véritable écho et que l'habitué du KAAI, mis sens dessus dessous dans une salle "éclatée", déboussolé et parachuté sur la place d'un village participe vraiment à un "Moment où nous ne savions rien…". Redevenu spectateur-enfant, il peut imaginer, continuer dans sa tête, comme s'il avait un album à colorier, chaque petite scène surprise au milieu d'autres simultanées, inventer l'histoire de chaque personnage familier comme improbable, trouver des références et en rire, tout seul. Son imagination libérée de toute contrainte s'évade, et il peut mettre toutes ses couleurs sur ce paysage, ou tous ses mots (puisque la pièce est muette mais pleine de bruits), faire des "collages" car assurément et, pour une fois, enfin, justement : sur-ré-a-liste est bien ce spectacle ! Le mot galvaudé est encore lâché ? Ici, il est approprié. Trente personnes en jouent dix fois plus, chantent, dansent, font du sport et au-delà de la forme qui ne choque plus que quelques coincés, la véritable intention se dégage : "défaites vos idées toutes faites".

De même, dans la petite salle du KAAI, deux actrices, Marijs Boulogne et Manah Depauw, une Flamande, une Wallonne, en s'incluant dans une programmation - "Performatik 1"- qui voit la "performance", le "live art", comme un "nouvel art scénique" héritier "non pas seulement du Living Theatre mais des dadaïstes du "Cabaret Voltaire de 1916", proposent avec "Endless Machine" leur version très personnelle. C'est particulièrement "féminin"; ne sont pas absents menstrues, fluides corporels joyeusement déversés, engrossement par la "MachineJesusChrist" et accouchement par voie rectale sur fond de blasphèmes divers et… d'accordéon !... Allons bon, les "dérangeants", anciens et nouveaux, ont encore de "grands soirs" devant eux, quel que soit leur bon goût...

Suzane VANINA (Bruxelles)

Si c'est un homme (Théâtre de Poche) Le Moment où nous ne savions rien les uns des autres (Kaaitheater) Endless Medication (Kaaitheater Studio)
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