23 juillet 2003
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LOGE DE LA FOLIE
Apéritif chez les bourgeois. Dans un univers tennistique joliment restitué, les Lendl (cela ne s’invente pas) reçoivent un couple d’amis. Les répliques conventionnelles s’enfilent et le formalisme petit-bourgeois s’expose. « La vie n’est qu’une putain au sourire édenté. » ou « L’amour est un chien crevé sous un meuble. », illustrent assez l’ambiance Précieuses Ridicules à la sauce moderne. Pour une bonne farce, il faut des relations adultérines, il s’en découvre, mais les situations brisent les conventions. Les personnages naviguent entre burlesque, auto-dérision, folie et pètent littéralement les plombs. Tonio, débile en fauteuil, fils des hôtes, est évoqué, à peine, avec gêne. Or, le voila qui déboule et transforme les vains palabres du quatuor en double mixte avec arbitre de chaise, si l’on ose dire. Comptant les points, amenant la pierre philosophale de la lucidité à tous ceux qu’il touche ou mord, les contaminant de sa rationalité.
Thierry Georges-Blanc, l’auteur, joue de nos univers de référence pour mieux les triturer, mieux nous déstabiliser, il n’amortit rien de ce qui est pénible à voir ou entendre, il smashe sur nos idées reçues, en as (ace ?) de la réplique, et fout une volée de bois vert à la pétaudière bourgeoise.
On s’agite beaucoup. Du vaudeville, on saute au polar puis on croit les personnages tout droit sortis d’un comics américain, les expressions du visage sont hypertrophiées, les corps se lancent dans des ballets saccadés, les digressions fusent, à la manière des petites bulles qui évoquent les pensées dans les BD, on ne sait plus si l’on assiste à du dialogue ou des monologues… On sombre enfin dans le burlesque, riant sincèrement au rythme effréné des répliques que se lancent, hommage au tennis, les comédiens.
A ce jeu excellent tout particulièrement Xavier Simonin et Dominique Gras, qui témoignent d’un plaisir à jouer de tous les instants. Christophe Martin campe par ailleurs un handicapé plus vrai que nature, à tel point que son apparition suscite un amusement teinté de gêne, et le fait évoluer avec talent, sans fausses nuances. L’écueil à trop vouloir singer le boulevard était d’en prendre les travers, mais la parfaite emprise qu’ont les comédiens sur leurs personnages nous incline à voir en ce désopilant court un futur « classique » du boulevard contemporain.
Trois Balles de match
De : Thierry Georges-Louis
Mise en scène : Michel Cochet
Distribution : Valérie Fontaine, Géraldine Montaclair, Christophe Martin, Dominique Gras, Xavier Simonin.
Lieu : Théâtre La Luna, Avignon. Horaire : 15h45 - Durée : 1h20
Coréalisation avec le Théâtre du Rond Point à Paris, avec la complicité de Jean-Michel Ribes.
Apéritif chez les bourgeois. Dans un univers tennistique joliment restitué, les Lendl (cela ne s’invente pas) reçoivent un couple d’amis. Les répliques conventionnelles s’enfilent et le formalisme petit-bourgeois s’expose. « La vie n’est qu’une putain au sourire édenté. » ou « L’amour est un chien crevé sous un meuble. », illustrent assez l’ambiance Précieuses Ridicules à la sauce moderne. Pour une bonne farce, il faut des relations adultérines, il s’en découvre, mais les situations brisent les conventions. Les personnages naviguent entre burlesque, auto-dérision, folie et pètent littéralement les plombs. Tonio, débile en fauteuil, fils des hôtes, est évoqué, à peine, avec gêne. Or, le voila qui déboule et transforme les vains palabres du quatuor en double mixte avec arbitre de chaise, si l’on ose dire. Comptant les points, amenant la pierre philosophale de la lucidité à tous ceux qu’il touche ou mord, les contaminant de sa rationalité.
Thierry Georges-Blanc, l’auteur, joue de nos univers de référence pour mieux les triturer, mieux nous déstabiliser, il n’amortit rien de ce qui est pénible à voir ou entendre, il smashe sur nos idées reçues, en as (ace ?) de la réplique, et fout une volée de bois vert à la pétaudière bourgeoise.
On s’agite beaucoup. Du vaudeville, on saute au polar puis on croit les personnages tout droit sortis d’un comics américain, les expressions du visage sont hypertrophiées, les corps se lancent dans des ballets saccadés, les digressions fusent, à la manière des petites bulles qui évoquent les pensées dans les BD, on ne sait plus si l’on assiste à du dialogue ou des monologues… On sombre enfin dans le burlesque, riant sincèrement au rythme effréné des répliques que se lancent, hommage au tennis, les comédiens.
A ce jeu excellent tout particulièrement Xavier Simonin et Dominique Gras, qui témoignent d’un plaisir à jouer de tous les instants. Christophe Martin campe par ailleurs un handicapé plus vrai que nature, à tel point que son apparition suscite un amusement teinté de gêne, et le fait évoluer avec talent, sans fausses nuances. L’écueil à trop vouloir singer le boulevard était d’en prendre les travers, mais la parfaite emprise qu’ont les comédiens sur leurs personnages nous incline à voir en ce désopilant court un futur « classique » du boulevard contemporain.
Stephen BUNARD
Trois Balles de match
De : Thierry Georges-Louis
Mise en scène : Michel Cochet
Distribution : Valérie Fontaine, Géraldine Montaclair, Christophe Martin, Dominique Gras, Xavier Simonin.
Lieu : Théâtre La Luna, Avignon. Horaire : 15h45 - Durée : 1h20
Coréalisation avec le Théâtre du Rond Point à Paris, avec la complicité de Jean-Michel Ribes.