22 juillet 2003
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L'ÉCRASANTE PRÉSENCE DE LA MÈRE ABSENTE
La compagnie Sousouli : de bien jolies muses. Tout de suite, on sent qu’on est tombé dans un nid de guêpes qui bouffent de l’amour avarié, et qu’on ne va pas s’en sortir comme ça. On est piégé par les mots de Michel-Marc Bouchard, et on va les écouter jusqu’au bout.
Quatre adultes : trois sœurs, un frère. Une famille ? Oui, mais pas au complet. Manque le papa, mort. Manque la maman, vivante. Vivant en Espagne, avec son amant Frederico. Depuis vingt ans. Depuis qu’elle a laissé ses enfants seuls, inconsolés, comme on laisse un paquet de linge sale. Ah ! l’écrasante présence de la mère absente ! Celle par qui le malheur arrive, celle qui va tout faire exploser.
Michel-Marc Bouchard a un sens aigu de la construction dramatique, dictée par l’affûtage des sentiments. Il suit ses personnages pas à pas, les pousse dans leurs derniers retranchements, les accule à cracher leur venin, sonne l’hallali des passions. Il sonde les reins et les cœurs en médecin de l’âme.
Shelly De Vito a l’intelligence de construire une mise en scène discrète, fluide, efficace. Elle est ainsi au service des comédiens, qui peuvent laisser leurs personnages s’épanouir et nous séduire. Laetitia Tomassi incarne élégamment Martine, capitaine lesbienne de l’armée canadienne, avec une fragile fermeté. Marie-Do Ferré interprète brillamment l’aînée, Catherine, « chef » d’une famille qui la pille, cloîtrée dans ses secrets, femme stérile lourde du poids de sa petite sœur et de tous les enfants qu’elle n’aura jamais. Arnaud Allain stupéfie avec son Luc masochiste, pseudo-écrivain qui « publie », d’abord pour lui seul puis pour le public de ses sœurs, l’improbable Correspondance d’une reine d’Espagne à son fils pour biffer la fuite de sa mère. Élodie Saos, enfin, défend avec une jolie générosité une Isabelle « mongole », affamée de mots, bouleversante, lumineuse, au ras de l’âme.
Quatre adultes : trois sœurs, un frère. Une famille ? Oui, mais pas au complet. Manque le papa, mort. Manque la maman, vivante. Vivant en Espagne, avec son amant Frederico. Depuis vingt ans. Depuis qu’elle a laissé ses enfants seuls, inconsolés, comme on laisse un paquet de linge sale. Ah ! l’écrasante présence de la mère absente ! Celle par qui le malheur arrive, celle qui va tout faire exploser.
Michel-Marc Bouchard a un sens aigu de la construction dramatique, dictée par l’affûtage des sentiments. Il suit ses personnages pas à pas, les pousse dans leurs derniers retranchements, les accule à cracher leur venin, sonne l’hallali des passions. Il sonde les reins et les cœurs en médecin de l’âme.
Shelly De Vito a l’intelligence de construire une mise en scène discrète, fluide, efficace. Elle est ainsi au service des comédiens, qui peuvent laisser leurs personnages s’épanouir et nous séduire. Laetitia Tomassi incarne élégamment Martine, capitaine lesbienne de l’armée canadienne, avec une fragile fermeté. Marie-Do Ferré interprète brillamment l’aînée, Catherine, « chef » d’une famille qui la pille, cloîtrée dans ses secrets, femme stérile lourde du poids de sa petite sœur et de tous les enfants qu’elle n’aura jamais. Arnaud Allain stupéfie avec son Luc masochiste, pseudo-écrivain qui « publie », d’abord pour lui seul puis pour le public de ses sœurs, l’improbable Correspondance d’une reine d’Espagne à son fils pour biffer la fuite de sa mère. Élodie Saos, enfin, défend avec une jolie générosité une Isabelle « mongole », affamée de mots, bouleversante, lumineuse, au ras de l’âme.
Vincent CAMBIER
Lire aussi la critique de Stephen BUNARD.