5 août 2006
6
05
/08
/août
/2006
11:20
GRANDE DAME
Charlotte-Elisabeth de Bavière, princesse Palatine, « Madame », épouse de Monsieur le frère de Louis XIV, le duc Philippe d’Orléans qui lui donnera un fils du même nom, futur Régent. Personnage prestigieux s’il en est, mais, on le découvre dans cette pièce délicate, la noblesse de cette femme est d’un autre ordre. Allemande, elle gardera la nostalgie de son pays, de la simplicité et du « naturel » qui font si cruellement défaut à la cour de son beau-frère. Esprit libre et impétueux, affranchi de l’hypocrisie régnante, Palatine est une figure irrévérencieuse et intègre. Témoin privilégiée du siècle, elle laisse à travers sa correspondance une peinture vive et colorée de ses contemporains.
Jean-Claude Seguin recompose, à partir de ses témoignages épistolaires, le portrait éloquent d’une femme pleine de verve et de truculence qui, au fil de la pièce, s’incarne dans une épaisseur dramatique touchante. D’amertumes en désillusions, Palatine revit dans le jeu sobre et pénétré de Marie Grudzinski, subtile, émouvante et drôle. La mise en scène, épurée, nous fait pénétrer dans le cabinet de « Madame », elle lit, écrit, porte sur elle-même un regard sans complaisance, se dévoilant dans le même temps qu’elle vieillit sous le poids d’un costume qui s’étoffe. Vigoureuse, fraîche, alerte, elle raconte les humiliations qu’elle doit aux cabales des mignons de son époux comme des maîtresses du Roi. Si Marie-Thérèse était niaise mais « aimable », Maintenon est une véritable « ordure », « une guenon » ! Il ne s’agit pas de s’offusquer, Palatine n’a pas peur des mots et se gargarise des bons, disons même, passez-moi l’expression, qu’elle « ne pète pas plus haut que son cul » et se garde bien d’en faire la lèche… Elle évoque d’ailleurs avec malice des personnages qui ne s’embarrassent pas de ces principes… Impudente ? Certes : étiquette, bienséance et convenances ne conviennent pas toujours à son caractère bien trempé.
Dans ce regard cynique et amusé passent cependant des lueurs de tristesse et de profonde amertume ; elle subit ainsi douloureusement son impuissance vis-à-vis des conflits qui opposent la France à sa terre natale et déplore ce « statut de femme », peu propice à son impolitesse. Prisonnière de la cage dorée qu’est Versailles, elle prise une solitude qui la préserve de ces méchants, tartuffes, courtisans et va-t-en-guerre, qu’elle épingle avec tant de mordant dans ses épîtres. Madame s’éteint le 8 décembre 1722 et, avec elle, la lumière sur cette scène où s’est rejouée toute une vie. Il est à souhaiter que vous ayez le plaisir de voir renaître, à la faveur d’une représentation, l’esprit frondeur à l’impertinence salutaire de celle qu’on jugeait « trop d’une pièce ».
Palatine
D’après les écrits de Charlotte-Elisabeth Princesse Palatine
Théâtre du Loup-Blanc
Mise en scène et adaptation : Jean-Claude Seguin.
Interprétation : Marie Grudzinski (la princesse Palatine).
Costumes : Philippe Varache. Coiffures : Daniel Blanc. Lumières : Philippe Guenver. Bande-son : Marc Amblard.
Festival Off Avignon – Théâtre du Cabestan - 11, rue Collège-de-la-Croix
Réservation : 04 90 86 11 74. Du 6 au 29 juillet, à 15h15. Relâche le 7 - Durée 1h15
Charlotte-Elisabeth de Bavière, princesse Palatine, « Madame », épouse de Monsieur le frère de Louis XIV, le duc Philippe d’Orléans qui lui donnera un fils du même nom, futur Régent. Personnage prestigieux s’il en est, mais, on le découvre dans cette pièce délicate, la noblesse de cette femme est d’un autre ordre. Allemande, elle gardera la nostalgie de son pays, de la simplicité et du « naturel » qui font si cruellement défaut à la cour de son beau-frère. Esprit libre et impétueux, affranchi de l’hypocrisie régnante, Palatine est une figure irrévérencieuse et intègre. Témoin privilégiée du siècle, elle laisse à travers sa correspondance une peinture vive et colorée de ses contemporains.
Photo © B.-M. Palazon
Jean-Claude Seguin recompose, à partir de ses témoignages épistolaires, le portrait éloquent d’une femme pleine de verve et de truculence qui, au fil de la pièce, s’incarne dans une épaisseur dramatique touchante. D’amertumes en désillusions, Palatine revit dans le jeu sobre et pénétré de Marie Grudzinski, subtile, émouvante et drôle. La mise en scène, épurée, nous fait pénétrer dans le cabinet de « Madame », elle lit, écrit, porte sur elle-même un regard sans complaisance, se dévoilant dans le même temps qu’elle vieillit sous le poids d’un costume qui s’étoffe. Vigoureuse, fraîche, alerte, elle raconte les humiliations qu’elle doit aux cabales des mignons de son époux comme des maîtresses du Roi. Si Marie-Thérèse était niaise mais « aimable », Maintenon est une véritable « ordure », « une guenon » ! Il ne s’agit pas de s’offusquer, Palatine n’a pas peur des mots et se gargarise des bons, disons même, passez-moi l’expression, qu’elle « ne pète pas plus haut que son cul » et se garde bien d’en faire la lèche… Elle évoque d’ailleurs avec malice des personnages qui ne s’embarrassent pas de ces principes… Impudente ? Certes : étiquette, bienséance et convenances ne conviennent pas toujours à son caractère bien trempé.
Dans ce regard cynique et amusé passent cependant des lueurs de tristesse et de profonde amertume ; elle subit ainsi douloureusement son impuissance vis-à-vis des conflits qui opposent la France à sa terre natale et déplore ce « statut de femme », peu propice à son impolitesse. Prisonnière de la cage dorée qu’est Versailles, elle prise une solitude qui la préserve de ces méchants, tartuffes, courtisans et va-t-en-guerre, qu’elle épingle avec tant de mordant dans ses épîtres. Madame s’éteint le 8 décembre 1722 et, avec elle, la lumière sur cette scène où s’est rejouée toute une vie. Il est à souhaiter que vous ayez le plaisir de voir renaître, à la faveur d’une représentation, l’esprit frondeur à l’impertinence salutaire de celle qu’on jugeait « trop d’une pièce ».
Bérénice FANTINI
www.ruedutheatre.info
Palatine
D’après les écrits de Charlotte-Elisabeth Princesse Palatine
Théâtre du Loup-Blanc
Mise en scène et adaptation : Jean-Claude Seguin.
Interprétation : Marie Grudzinski (la princesse Palatine).
Costumes : Philippe Varache. Coiffures : Daniel Blanc. Lumières : Philippe Guenver. Bande-son : Marc Amblard.
Festival Off Avignon – Théâtre du Cabestan - 11, rue Collège-de-la-Croix
Réservation : 04 90 86 11 74. Du 6 au 29 juillet, à 15h15. Relâche le 7 - Durée 1h15