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Festival d'Avignon

6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 09:44
QUAND LE THEATRE FAIT L'HISTOIRE

L'acteur et metteur en scène russe Vsevolod Meyerhold fut exécuté en 1940 en son pays l'URSS comme ennemi du peuple. Paris est devenue quelques années après la guerre de 1939-1945 capitale mondiale du théâtre. Deux aventures qui ont bousculé le monde de la culture et du spectacle vivant.



Meyerhold, l'homme fusillé


Alors que nos théâtres contemporains lorgnent toujours fortement sur les technologies nouvelles et leur usage, il est particulièrement intéressant de retrouver Meyerhold (1874-1940) dans la publication (Tome II) de ses « Ecrits sur le théâtre. 1917-1930 », car l'acteur et metteur en scène russe usait déjà beaucoup des moyens cinématographiques de son époque. Mais au delà de cette remarque, l'intérêt de cette nouvelle édition tient dans la matière fortement enrichie et revue par rapport à l'édition de 1975 déjà conçue par Béatrice Picon-Vallin, chercheuse et directrice de collections, notamment celle des Arts du Spectacle aux éditions du CNRS.


La rencontre 'théorique' de Béatrice Picon-Vallin et de Meyerhold date des années 1960, quand, jeune universitaire, elle  travaillait sur Maïakovski, le poète (suicidé en 1930). Elle partit alors dans ce qui s'appelait l'URSS et fit notamment un stage chez un metteur en scène. Or Maïakovski avait été un ami très proche de Meyerhold. L'intérêt de Picon-Vallin pour cet homme de théâtre grandit au point de faire connaître, en retrouvant et en analysant les écrits de l'artiste, la vie et le travail de celui qui, en 1920, voulait « sortir de l'étroite boite scénique pour aller dans la rue » et prônait le retour du « balagan » russe - un théâtre de foire -, explique Béatrice Picon-Vallin dans sa préface.

Avant de plonger dans la riche documentation qu'elle rapporte (c'est Eisenstein qui sauva les archives de Meyerhold, fusillé en 1940 comme ennemi du peuple), B. Picon-Vallin met clairement en perspective la personnalité de l'artiste et sa posture face aux événements politiques de l'après Révolution d'Octobre 1917. Elle reconnaît qu'il n'a pas eu un programme politique précis mais, « jamais cependant, il ne fut apolitique ». Son adhésion à Octobre 1917, « est [d'abord] d'ordre esthétique », constate-t-elle ajoutant que pour lui, « la Révolution [pouvait] libérer le théâtre de ce public-élitiste et amateur de théâtre-illusion avec lequel il [était] entré en conflit dès ses premiers rôles au Théâtre d'Art ». Il gardera un vrai public populaire jusqu'en 1926-27 dans son théâtre de Moscou.

Ses écrits sont nombreux, surprenant comme ce « J'accuse » (en français) daté de 1920 qui est une réponse à des accusations de confrères et qu'il termine par un « Vive, vive trois fois le 'grand' Octobre théâtral ! A l'attaque, chers camarades ! ... » L'ouvrage est riche de photos comme celle où il est à son pupitre de metteur en scène avec derrière lui, Maïakovski, ou encore les images de « La Grande Lessive ». Fort aussi de correspondances dont cette lettre pneumatique envoyée à Picasso lui demandant humblement mais avec insistance un rendez-vous, alors qu'il est à Paris.

Le Théâtre des Nations, retrouvé

Béatrice Picon-Vallin n'est pas absente de cet autre livre « Paris, capitale mondiale du théâtre », sous-titré « Le Théâtre des Nations ». Très beau et très dense en événements racontés, commentés, fort de nombreux témoignages et truffé d'images, cet ouvrage est le fruit d'un travail remarquable réalisé et signé par une autre « artiste » du CNRS, Odette Aslan. Le Syndicat de la Critique professionnel 'Théâtre, Musique et Danse' vient de lui attribuer le Prix du meilleur livre de la saison 2008/2009. Or, ce livre/document est publié dans la collection des Arts du spectacle que dirige au CNRS Editions ... Béatrice Picon-Vallin, qui signe une postface.


Pourquoi ce livre, donc ? Tout simplement pour rappeler combien la ville de Paris fut pionnière en matière 'd'expositions', de festivals de spectacles vivants venant d'abord de toute l'Europe et très vite d'autres continents, d'Asie et d'Amérique. Juste après la Première guerre mondiale déjà, le comédien Firmin Gémier pousse à la fraternité entre artistes de nationalités différentes. Il envisage alors un festival parisien et rêve de faire construire pour cela trois théâtres en bois.... Il se contentera en 1927 de la Comédie des Champs-Elysées où il organisera un 'Festival international d'art dramatique et lyrique'. L'affiche restera modeste, mais...

C'est après la seconde guerre mondiale qu'une autre utopie va prendre forme. En 1954, le Festival international d'Art Dramatique de la Ville de Paris voit le jour. Des compagnies viennent d'abord d'Europe, d'Irlande ou de Pologne, d'Italie ou des deux Allemagne (Brecht avec son Berliner Ensemble, et Helen Weigel dans « Mère Courage »). Tous au théâtre Sarah Bernhardt (l'actuel Théâtre de la Ville). Par le passé (en 1874 et 1898), le lieu s'était déjà appelé Théâtre des Nations. Après trois saisons du Festival international, le Théâtre des Nations renait et prend le relais, en 1957, avec d'autres moyens et des spectacles qui viennent parfois de plus loin, du Japon, de Chine et son Opéra de Pékin, d'Amérique. Ce sont autant de découvertes, de comédiens, des metteurs en scène, d'auteurs aussi. Odette Aslan nous redonne à vivre toute cette époque. Sa recherche est bourrée de surprises.

Cette aventure s'arrêtera en 1965 « par usure des nouveautés, lassitude du Tout-Paris et des journalistes avides d'exceptionnel, intervention des politiques, dissensions internes, concurrence... », note Odette Aslan. Certes, la concurrence internationale est de plus en plus présente. Ce théâtre des Nations prend d'autres formes à Paris, et d'autres chemins. Du côté de Nancy se pointe un nouveau « rendez-vous des théâtres du monde » initié en 1963 avec un festival de théâtre étudiant propulsé par un jeune homme alors, Jack Lang. Une autre saga, décrite par Béatrice Picon-Vallin en postface. Elle durera une vingtaine d'années.

Ce « beau livre » fourmille d'informations, d'anecdotes, de témoignages, d'analyse aussi. Et fait la preuve que  le théâtre sans frontière rend plus intelligent, plus créatif même si parfois il tousse un peu ou se met à radoter... avant de partir à nouveau sur d'autres chemins.

                                                                       Jean-Pierre BOURCIER (Paris)   


Meyerhold. Ecrits sur le théâtre 1917-1930. Tome 2.
Nouvelle édition réalisée par Béatrice Picon-Vallin
424 pages avec illustrations, 33€
Editions L'Age d'Homme (Lausanne, Suisse)
www.lagedhomme.com

Paris – Capitale Mondiale du Théâtre / Théâtre des Nations
de Odette Aslan
332 pages illustrées, 49€
CNRS Editions. Collection Arts du Spectacle.
www.cnrseditions.fr

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commentaires

A
Bonjour,Merci pour votre site et pour les news ...A+ de vous relire , sincère salutations   A.S PhotOGraphic
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