26 juin 2009
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PRATIQUER LA PRATIQUE
On a beau être praticien chevronné des ateliers-théâtre, il y a toujours un moment où faire le point de sa pratique est bénéfique. C’est ce que démontre Bernard Grosjean.
Trop souvent l’animateur d’atelier est confronté à des situations imprévues, à des motivations floues ou inadéquates, à des blocages catastrophiques. Il lui faut remettre de l’ordre sur le plateau. C’est ce à quoi l’aide Grosjean. Et s’il redit des choses élémentaires, voilà une excellente façon de retourner aux sources, de rétablir des procédures claires, d’éclairer des doutes, de retrouver les fonctions essentielles de la créativité par l’art dramatique. Car, « à projet bancal, intervention bancale, quelle que soit la qualité de l’animateur » notamment avec des ados.

L’auteur remet en place les stéréotypes. Il n’y a pas de recette miracle mais des adaptations nécessaires à chaque situation, exemples à l’appui, en sachant que l’animateur se doit d’être simultanément éducateur et dramaturge. D’où le recentrement de toute action autour de la notion de fiction, celle qui « semble propulser les individus hors d’eux-mêmes et venir en aide à celles et ceux pour qui la question de la liberté et de la page blanche est terrifiante ».
La fiction est en effet, réservoir de jeu, équilibre entre fantaisie et maîtrise, action dynamique, élément de progression, fondement de plaisir, production de sensible. À condition de se produire dans un cadre de règles nettement définies avec le groupe participant puisqu’elles « instaurent l’espace protégé dont le jeu a besoin pour se développer ». De quoi réussir, entre autres, à marquer la différence fondamentale existant entre le joueur et le personnage qu’il incarne.
Grosjean décrit les éléments constituants du théâtre. À savoir qu’on existe sous le regard de l’autre, qu’on réagit avec des partenaires, qu’on donne à voir, qu’on fabrique des illusions crédibles, qu’on se sert de l’espace, qu’on évolue dans des rythmes, qu’on s’adresse à autrui, qu’on exploite des situations. Il suggère des pistes concrètes de jeux et de canevas qui permettent d’inventer, d’improviser, de structurer. Il fournit des propositions d’inductions susceptibles de pénétrer dans les codes théâtraux.
Il envisage aussi les hypothèses quant à la finalité ou non d’un spectacle, avec ses avantages et ses désagréments. L’ensemble constitue une formidable synthèse où se côtoient pragmatisme, sens de la psychologie, connaissance du théâtre, questionnement permanent et enthousiasme prêt à être partagé.
Bernard Grosjean, « Dramaturgies de l’atelier-théâtre », éd. Lansman, Carnières, 142 p. (10 €)
On a beau être praticien chevronné des ateliers-théâtre, il y a toujours un moment où faire le point de sa pratique est bénéfique. C’est ce que démontre Bernard Grosjean.
Trop souvent l’animateur d’atelier est confronté à des situations imprévues, à des motivations floues ou inadéquates, à des blocages catastrophiques. Il lui faut remettre de l’ordre sur le plateau. C’est ce à quoi l’aide Grosjean. Et s’il redit des choses élémentaires, voilà une excellente façon de retourner aux sources, de rétablir des procédures claires, d’éclairer des doutes, de retrouver les fonctions essentielles de la créativité par l’art dramatique. Car, « à projet bancal, intervention bancale, quelle que soit la qualité de l’animateur » notamment avec des ados.

L’auteur remet en place les stéréotypes. Il n’y a pas de recette miracle mais des adaptations nécessaires à chaque situation, exemples à l’appui, en sachant que l’animateur se doit d’être simultanément éducateur et dramaturge. D’où le recentrement de toute action autour de la notion de fiction, celle qui « semble propulser les individus hors d’eux-mêmes et venir en aide à celles et ceux pour qui la question de la liberté et de la page blanche est terrifiante ».
La fiction est en effet, réservoir de jeu, équilibre entre fantaisie et maîtrise, action dynamique, élément de progression, fondement de plaisir, production de sensible. À condition de se produire dans un cadre de règles nettement définies avec le groupe participant puisqu’elles « instaurent l’espace protégé dont le jeu a besoin pour se développer ». De quoi réussir, entre autres, à marquer la différence fondamentale existant entre le joueur et le personnage qu’il incarne.
Grosjean décrit les éléments constituants du théâtre. À savoir qu’on existe sous le regard de l’autre, qu’on réagit avec des partenaires, qu’on donne à voir, qu’on fabrique des illusions crédibles, qu’on se sert de l’espace, qu’on évolue dans des rythmes, qu’on s’adresse à autrui, qu’on exploite des situations. Il suggère des pistes concrètes de jeux et de canevas qui permettent d’inventer, d’improviser, de structurer. Il fournit des propositions d’inductions susceptibles de pénétrer dans les codes théâtraux.
Il envisage aussi les hypothèses quant à la finalité ou non d’un spectacle, avec ses avantages et ses désagréments. L’ensemble constitue une formidable synthèse où se côtoient pragmatisme, sens de la psychologie, connaissance du théâtre, questionnement permanent et enthousiasme prêt à être partagé.
Michel VOITURIER
Bernard Grosjean, « Dramaturgies de l’atelier-théâtre », éd. Lansman, Carnières, 142 p. (10 €)