10 juillet 2006
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PILE, JE NE CHANGE PAS, FACE JE RESTE LE MÊME…
Il y a un peu plus de 60 ans, le 30 avril 1945, Adolf Hitler se donnait la mort dans son bunker, alors que l'Armée rouge portait l'estocade finale contre Berlin. Une offensive qui annonçait la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Pour l’histoire, c’est la fin de l’un des dictateurs les plus sanglants que la Terre ait portée. Pour l’histoire terrestre en tout cas… Car s’il existe un au-delà, qu’a-t-il pu faire de cet encombrant personnage ?

La compagnie Manuel Pratt nous propose une version très personnelle de cet « après ». Au bout de soixante et une années de purgatoire, Hitler doit enfin passer en conseil. Pour savoir le sort que lui réserve le « Patron ». Pardon ou punition, Enfer ou seconde chance ? La décision est du ressort de Ruth Goldberg, fille de rabbin, droite, prête au pardon. A condition qu’Adolf renie Hitler… L’occasion pour Pratt de nous dresser un portrait évidemment sans complaisance, mais non sans humour, d’Hitler. Un Hitler ridicule, pitoyable, mesquin, arriviste, roublard. Pathétique. Un Hitler manipulateur à la subtilité d’un troupeau d’éléphant mais qui retombe toujours sur ses pattes… au prix d’acrobaties verbales souvent drôles. Une parodie adroitement menée et qui permet de rire – la chose est suffisamment surprenante pour être mentionnée, vu le thème de la pièce – sans mauvaise conscience. Car le propos n’est jamais mal placé. L’humour distancié et le second degré permettant de mieux dénoncer les travers de notre monde. Celui de 2006, avec ses extrémismes de tous poils, ses politiciens, ses pollueurs, ses profiteurs… Quelques coups de gueule sur les Etats-Unis, quelques sursauts de cynisme parfois (chassez le Pratt, il revient au galop), quelques piques en passant sur l’intolérance en général et l’antisémitisme en particulier…
L’ensemble est, comme habituellement avec Manuel Pratt, admirablement écrit. La plume acérée de l’humoriste est adoucie par rapport aux textes de ses one-man-shows mais l’esprit reste le même. Moins corrosif mais tout aussi décapant. Moins impudent mais toujours insolent. Moins dérangeant mais tout aussi drôle. Un théâtre citoyen, qui porte haut l’oriflamme de la tolérance. Un théâtre de qualité, qui ne cède pas le talent à l’engagement. Un théâtre d’humour pour mieux dire nos faiblesses. Un théâtre rare. A défendre. Haut et fort.
Adolf et Ruth, de Manuel Pratt
Avec : Corinne Casabo et Manuel Pratt
Festival Off Avignon – Théâtre de la Tache d’Encre
Réservation : 04.90.85.97.13
Du 6 au 30 juillet à 11h00
> Visiter le blog de Manuel Pratt.
Il y a un peu plus de 60 ans, le 30 avril 1945, Adolf Hitler se donnait la mort dans son bunker, alors que l'Armée rouge portait l'estocade finale contre Berlin. Une offensive qui annonçait la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Pour l’histoire, c’est la fin de l’un des dictateurs les plus sanglants que la Terre ait portée. Pour l’histoire terrestre en tout cas… Car s’il existe un au-delà, qu’a-t-il pu faire de cet encombrant personnage ?

La compagnie Manuel Pratt nous propose une version très personnelle de cet « après ». Au bout de soixante et une années de purgatoire, Hitler doit enfin passer en conseil. Pour savoir le sort que lui réserve le « Patron ». Pardon ou punition, Enfer ou seconde chance ? La décision est du ressort de Ruth Goldberg, fille de rabbin, droite, prête au pardon. A condition qu’Adolf renie Hitler… L’occasion pour Pratt de nous dresser un portrait évidemment sans complaisance, mais non sans humour, d’Hitler. Un Hitler ridicule, pitoyable, mesquin, arriviste, roublard. Pathétique. Un Hitler manipulateur à la subtilité d’un troupeau d’éléphant mais qui retombe toujours sur ses pattes… au prix d’acrobaties verbales souvent drôles. Une parodie adroitement menée et qui permet de rire – la chose est suffisamment surprenante pour être mentionnée, vu le thème de la pièce – sans mauvaise conscience. Car le propos n’est jamais mal placé. L’humour distancié et le second degré permettant de mieux dénoncer les travers de notre monde. Celui de 2006, avec ses extrémismes de tous poils, ses politiciens, ses pollueurs, ses profiteurs… Quelques coups de gueule sur les Etats-Unis, quelques sursauts de cynisme parfois (chassez le Pratt, il revient au galop), quelques piques en passant sur l’intolérance en général et l’antisémitisme en particulier…
L’ensemble est, comme habituellement avec Manuel Pratt, admirablement écrit. La plume acérée de l’humoriste est adoucie par rapport aux textes de ses one-man-shows mais l’esprit reste le même. Moins corrosif mais tout aussi décapant. Moins impudent mais toujours insolent. Moins dérangeant mais tout aussi drôle. Un théâtre citoyen, qui porte haut l’oriflamme de la tolérance. Un théâtre de qualité, qui ne cède pas le talent à l’engagement. Un théâtre d’humour pour mieux dire nos faiblesses. Un théâtre rare. A défendre. Haut et fort.
Karine PROST
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
Adolf et Ruth, de Manuel Pratt
Avec : Corinne Casabo et Manuel Pratt
Festival Off Avignon – Théâtre de la Tache d’Encre
Réservation : 04.90.85.97.13
Du 6 au 30 juillet à 11h00
> Visiter le blog de Manuel Pratt.