26 avril 2009
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HUMAIN CONTRE HUMAIN. TOUT CONTRE
La plume acerbe de Jean-Marie Piemme livre une histoire d’hommes et de femmes qui s’aiment et se haïssent en toute humanité. La vengeance et la question de sa légitimité sont au centre du deuxième volet d’une trilogie basée sur la guerre civile..
La guerre a laissé à Magic Boy (Fabrice Murgia), qui dépouille les morts de l’autre camp, l’humour et l’amour de sa pute exubérante, folle et pleine de conscience, Maria (Delphine Bibet). Un vieux aux cheveux plats (Didier De Neck) cherche désespérément sa fille, tandis qu’une ivrogne endeuillée (Laura Sepul) ironise sur leur sort.

Tous occupent l’espace en recréant l’ambiance d’un enterrement, d’un bar qui pue la décadence, d’un souterrain où le bruit du combat résonne. Ils sont forts et lâches à la fois. Ils dépendent du chef susceptible de leur apportera la victoire, Shark, homme qui aurait pu être puissant s’il n’avait perdu prestance et charisme lors de la disparition des siens. Puis il y a Lula, belle bourgeoise qui aurait pu échapper au marasme ambiant si elle n’avait pas mis sa capuche pour aller sauver son amant (Thibault Coeckelberghs), le seul représentant de l’autre camp. L’amour pour ses proches justifie-t-il le meurtre ? Qui sauvera ou se sauvera ?
Noirceur et profondeur
Cette histoire de vengeance sentirait le déjà-vu, si elle ne nous permettait de voir la guerre autrement. Nous ne sommes plus derrière notre télévision, à regarder ce que politiciens ou terroristes allumés produisent ailleurs. En temps de guerre civile, l’autre, notre voisin ou notre ami, devient l’objet de haine sur lequel rejeter peurs, frustrations ou désirs de gloire.
Les vies se dressent ou tombent d’un côté à l’autre d’une frontière représentée sur le plateau. Et si les personnages ont bien choisi leur camp, le spectateur se laissera aller à l’écoute d’histoires personnelles sans parvenir à les juger.
Piemme mélange le cru et le littéraire, la profondeur humaine et ses facettes les plus noires. Sofia Betz, qui nous avait marqués avec "Visage de feu" de Marius von Mayenburg (au festival Premières Fois des Tanneurs) rend ce texte dense très dynamique. Elle rompt totalement avec les codes théâtraux : musique sur scène (platines de Martin Firket), didascalies prononcées par les acteurs, utilisation de micros sur pied, changements de costumes et de personnages sous nos yeux, pétarades et morts grotesques en direct. La scénographie est aussi sombre que l’univers. Reste aux acteurs de mûrir à travers les vérités du texte.
Du 21 au 25 avril 2009 à 21h à la Balsamine, avenue Félix Marchal, 1, 1030 Bruxelles (www.balsamine.be ; 02/7356468).
Avaler l’océan
Texte : Jean-Marie Piemme
Mise en scène : Sofia Betz, assistée par Julien Bechara
Scénographie : Sarah de Battice
Lumière : Marc Lhommel
Création musique : Gilles Labarbe
Image : Gilles Ivan
Distribution : Delphine Bibet, Olindo Bolzan, Thibaut Coeckelbergs, Didier de Neck, Martin Firket, Fabrice Murgia, Laura Sepul, Anouchka Vingtier
Production : Théâtre de la Balsamine. Avec l’aide du Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, service du Théâtre, du Théâtre National et de Théâtre & Publics.
Photo © DR
La plume acerbe de Jean-Marie Piemme livre une histoire d’hommes et de femmes qui s’aiment et se haïssent en toute humanité. La vengeance et la question de sa légitimité sont au centre du deuxième volet d’une trilogie basée sur la guerre civile..
La guerre a laissé à Magic Boy (Fabrice Murgia), qui dépouille les morts de l’autre camp, l’humour et l’amour de sa pute exubérante, folle et pleine de conscience, Maria (Delphine Bibet). Un vieux aux cheveux plats (Didier De Neck) cherche désespérément sa fille, tandis qu’une ivrogne endeuillée (Laura Sepul) ironise sur leur sort.

Tous occupent l’espace en recréant l’ambiance d’un enterrement, d’un bar qui pue la décadence, d’un souterrain où le bruit du combat résonne. Ils sont forts et lâches à la fois. Ils dépendent du chef susceptible de leur apportera la victoire, Shark, homme qui aurait pu être puissant s’il n’avait perdu prestance et charisme lors de la disparition des siens. Puis il y a Lula, belle bourgeoise qui aurait pu échapper au marasme ambiant si elle n’avait pas mis sa capuche pour aller sauver son amant (Thibault Coeckelberghs), le seul représentant de l’autre camp. L’amour pour ses proches justifie-t-il le meurtre ? Qui sauvera ou se sauvera ?
Noirceur et profondeur
Cette histoire de vengeance sentirait le déjà-vu, si elle ne nous permettait de voir la guerre autrement. Nous ne sommes plus derrière notre télévision, à regarder ce que politiciens ou terroristes allumés produisent ailleurs. En temps de guerre civile, l’autre, notre voisin ou notre ami, devient l’objet de haine sur lequel rejeter peurs, frustrations ou désirs de gloire.
Les vies se dressent ou tombent d’un côté à l’autre d’une frontière représentée sur le plateau. Et si les personnages ont bien choisi leur camp, le spectateur se laissera aller à l’écoute d’histoires personnelles sans parvenir à les juger.
Piemme mélange le cru et le littéraire, la profondeur humaine et ses facettes les plus noires. Sofia Betz, qui nous avait marqués avec "Visage de feu" de Marius von Mayenburg (au festival Premières Fois des Tanneurs) rend ce texte dense très dynamique. Elle rompt totalement avec les codes théâtraux : musique sur scène (platines de Martin Firket), didascalies prononcées par les acteurs, utilisation de micros sur pied, changements de costumes et de personnages sous nos yeux, pétarades et morts grotesques en direct. La scénographie est aussi sombre que l’univers. Reste aux acteurs de mûrir à travers les vérités du texte.
Julie LEMAIRE (Bruxelles)
Du 21 au 25 avril 2009 à 21h à la Balsamine, avenue Félix Marchal, 1, 1030 Bruxelles (www.balsamine.be ; 02/7356468).
Avaler l’océan
Texte : Jean-Marie Piemme
Mise en scène : Sofia Betz, assistée par Julien Bechara
Scénographie : Sarah de Battice
Lumière : Marc Lhommel
Création musique : Gilles Labarbe
Image : Gilles Ivan
Distribution : Delphine Bibet, Olindo Bolzan, Thibaut Coeckelbergs, Didier de Neck, Martin Firket, Fabrice Murgia, Laura Sepul, Anouchka Vingtier
Production : Théâtre de la Balsamine. Avec l’aide du Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles, service du Théâtre, du Théâtre National et de Théâtre & Publics.
Photo © DR