25 avril 2009
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AMBIGUÏTÉ D’UN RÉEL TRANSPOSÉ
Fait divers devenu, hélas !, banal : un étudiant flingue ses condisciples et ses profs avant de se suicider. C’était le 20 novembre 2006 à Emsdetten en Westphalie.
Le traitement que Norèn fait subir à cette anecdote tragique est marqué par l’ambiguïté. Le rapport entre la comédienne et le public semble être au départ celui du personnage face à ses futures victimes. Or sa sortie finale dément apparemment cette hypothèse.

Le monologue contient des éléments qui donnent l’impression de l’analyse psychologique d’un cas particulier de jeune complexé, victime de mépris et de harcèlement de la part des enseignants comme de ses camarades de classe, incapable de donner un sens à sa vie. Or l’œuvre est présentée comme un document d’analyse de société, ce que la jeunesse du personnage rend improbable dans la mesure où il se situe dans l’émotif.
L’émotion qui aurait dû être ressentie dans la première occurrence par les spectateurs est quasi inexistante car même les agressions verbales dont ils sont l’objet ont l’air artificielles. Dans la seconde, une neutralité objective d’observateur sociétal leur est néanmoins malaisée dans la mesure où chacun se perçoit dans le rôle virtuel de futur martyr.
Une certaine froideur
La mise en scène de l’auteur, qui prend le parti de ne pas jouer sur une vraie scène, se veut simple. Peu d’accessoires, quelques graffiti sur un mur, quelques mots dessinés à la craie sur le sol. Cela voudrait parier, sans vraie rigueur, sur une sorte de jeu qui interroge le spectacle à propos de ce qui est réel et ce qui est fiction.
Anne Tismer est seule pour incarner l’adolescent déboussolé. Techniquement, elle cabote entre soliloque et monologue, mettant en relief les ruptures de pensée, les exacerbations périodiques, les pulsions de violence. Même si, à travers cela, transparaît le malaise fondamental d’une jeunesse écartelée entre consommer et trouver une raison à l’existence, l’ensemble laisse plutôt sceptique, comme si une distance existait entre l’interprète et ceux qui la regardent, comme si les mots manquaient d’âme. Être un auteur à la mode grâce à sa sensibilité aux problèmes du siècle ne garantit pas un chef d’œuvre à chaque pièce.
Présenté à la Maison de la Culture de Tournai du 19 au 21 avril ; au centre culturel de Leuze le 24 avril 2009.
Le 20 novembre
Texte : Lars Norèn
Interprétation : Anne Tismer
Régie : Joël Bosmans
Production : Festival de Liège
Coproduction : Théâtre National (Bruxelles)
Photo © Véronique Vercheval
Fait divers devenu, hélas !, banal : un étudiant flingue ses condisciples et ses profs avant de se suicider. C’était le 20 novembre 2006 à Emsdetten en Westphalie.
Le traitement que Norèn fait subir à cette anecdote tragique est marqué par l’ambiguïté. Le rapport entre la comédienne et le public semble être au départ celui du personnage face à ses futures victimes. Or sa sortie finale dément apparemment cette hypothèse.

Le monologue contient des éléments qui donnent l’impression de l’analyse psychologique d’un cas particulier de jeune complexé, victime de mépris et de harcèlement de la part des enseignants comme de ses camarades de classe, incapable de donner un sens à sa vie. Or l’œuvre est présentée comme un document d’analyse de société, ce que la jeunesse du personnage rend improbable dans la mesure où il se situe dans l’émotif.
L’émotion qui aurait dû être ressentie dans la première occurrence par les spectateurs est quasi inexistante car même les agressions verbales dont ils sont l’objet ont l’air artificielles. Dans la seconde, une neutralité objective d’observateur sociétal leur est néanmoins malaisée dans la mesure où chacun se perçoit dans le rôle virtuel de futur martyr.
Une certaine froideur
La mise en scène de l’auteur, qui prend le parti de ne pas jouer sur une vraie scène, se veut simple. Peu d’accessoires, quelques graffiti sur un mur, quelques mots dessinés à la craie sur le sol. Cela voudrait parier, sans vraie rigueur, sur une sorte de jeu qui interroge le spectacle à propos de ce qui est réel et ce qui est fiction.
Anne Tismer est seule pour incarner l’adolescent déboussolé. Techniquement, elle cabote entre soliloque et monologue, mettant en relief les ruptures de pensée, les exacerbations périodiques, les pulsions de violence. Même si, à travers cela, transparaît le malaise fondamental d’une jeunesse écartelée entre consommer et trouver une raison à l’existence, l’ensemble laisse plutôt sceptique, comme si une distance existait entre l’interprète et ceux qui la regardent, comme si les mots manquaient d’âme. Être un auteur à la mode grâce à sa sensibilité aux problèmes du siècle ne garantit pas un chef d’œuvre à chaque pièce.
Michel VOITURIER (Bruxelles)
Présenté à la Maison de la Culture de Tournai du 19 au 21 avril ; au centre culturel de Leuze le 24 avril 2009.
Le 20 novembre
Texte : Lars Norèn
Interprétation : Anne Tismer
Régie : Joël Bosmans
Production : Festival de Liège
Coproduction : Théâtre National (Bruxelles)
Photo © Véronique Vercheval