COUPABLE COMME LA BLANCHEUR
Malgré un propos un peu hermétique où l’empathie n’est guère possible à cause d’un texte très fouillé et littéraire, ce spectacle recèle un énorme potentiel avec une mise en scène ambitieuse et une interprétation convaincante.
Paul découvre dans une vitrine une petite robe blanche qui le laisse dans un état d’éblouissement total et proche de la folie, au point qu’il l’achète, dans une petite taille, la ramène chez lui sans personne à qui l’offrir et la cache. Son épouse Irène la découvre et échafaude un scénario de la femme bafouée et trompée qui fait ressurgir les vieux démons d’un passé plus que trouble.
Ce n’est pas à proprement parler un règlement de comptes en famille à la manière de Mauriac ou Hervé-Bazin que propose Philippe Grimbert avec ce texte pourtant très littéraire. L’auteur part d’un fait totalement anodin et en diffuse tout le chamboulement qu’il va induire sur un personnage et, par effet de ricochet, sur l’entourage proche.
Une cérébralité constante
L’un des éléments essentiels de la mise en scène est le décor. Les comédiens évoluent sur une structure métallique horizontale tendue d’un tissu, ce qui rend difficiles les déplacements des personnages, en perpétuel déséquilibre. Cette métaphorisation de l’esprit humain, toujours prêt à tanguer et vaciller, est du meilleur effet, permettant d’osciller sans cesse entre fantasme et réalité. Mais ce décor, décidément très réfléchi, est modulable à l’envi, disparaît et apparaît en un tournemain, avec cette souplesse propre qu’ont l’imagination et la mémoire pour s’accommoder de tout. Il résulte ainsi une cérébralité constante baignant ce spectacle d’un abord difficile mais qui se donne les moyens de ses ambitions, tant dans le registre technique que du côté des interprètes qui n’ont pas la tâche aisée.
Franck BORTELLE (Paris)
La Petite Robe de Paul
De Philippe Grimbert
Mise en scène : Frédéric Andrau assisté de Sylvie Amato
Scénographie : Goury
Lumières : Ivan Mathis
Costumes : Fred Cambier
Avec Fabrice Moussy, Valérie Gabriel, Andréa Brusque, Anna Strelva, Léa Wiazemsky
Du 19 au 29 mars 2009, du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h30, supplémentaire le samedi 21 mars à 16h30
Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris
Réservation : 01 47 00 25 20
Durée : 1h20