20 décembre 2008
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MÉFIEZ-VOUS DE L’EAU QUI DORT…
Woody Allen n’aime pas ce qui est fluide, lisse, calme et sans aspérités. Riverside Drive ne dé-roge pas à la règle : une histoire prise à contre-courant où la douce rivière devient torrent sans crier gare !
Le Allen du théâtre reste fidèle au Woody du cinéma. La même fantaisie dans les méninges et le goût pour les trios nommés “adultères”. Avec redoutable introspection d’où ses personnages ne res-sortent jamais indemnes. Avec cette savoureuse ironie qu’on lui connaît pour disséquer les compor-tements sociaux, étudier les relations amoureuses et pour toujours faire émerger la face cachée des choses, celle que l’on ne veut pas voir.
C’est ici par la rencontre de deux hommes visiblement aux antipodes que le bouleversement s’opère : Jim, auteur à succès, tiré à quatre épingles, et Fred, vagabond schizophrène, en communication surnaturelle avec l’Empire State Building. Le premier attend sa maîtresse, décidé à mettre un terme à leur relation quand le second apparaît et s’immisce dans la vie de Jim, insinuant que ce dernier lui aurait volé ses idées pour réaliser son dernier film. Alors que Jim se défend de s’être inspiré de cet éberlué, il va pourtant finir par s’en remettre à lui. Face à une redoutable amante dont Jim ne par-vient pas à se dépêtrer, Fred devient l’improbable scénariste de la rupture, la figure d’une créativité libérée qui poussera Jim dans ses retranchements, détruisant son Surmoi envahissant, rangeant bons sentiments et culpabilité au vestiaire.
Un face à face contrasté
Pas facile de tenir la scène pendant plus d’une heure dans un face à face pimenté à la Woody Allen. Au style efficace et savoureux du dramaturge doit répondre verve et emphase des comédiens pour servir le texte à sa juste mesure. Dans sa mise en scène, Vincent Puysségur, qui joue ce Fred loufo-que et inquisiteur, s’y emploie avec succès mais ses acolytes peinent davantage, notamment Ro-maine Friess en femme fatale manipulatrice peu convaincante. Quant au Jim que campe Alain Gan-dy, il marche sur un fil, manquant de basculer dans le sur-jeu à plusieurs reprises.
Difficile de s’imposer face à l’exubérance de ce Fred où la démesure ne cède rien à la caricature. Mais le mérite d'Alain Gandy est de rendre par un juste contraste tout le maniérisme, la réserve et le rationalisme dont se réclame le personnage de Jim. Ainsi, malgré quelques faiblesses, la proposition de Puysségur offre une dualité intéressante et marquée entre les deux personnages masculins, écho direct à l’affrontement des antagonismes choyés par l’auteur.
Riverside Drive de Woody Allen par la Compagnie Le Radeau
Mise en scène de Vincent Puysségur
Avec Romaine Friess, Alain Gandy, Vincent Puysségur
Scénographie : Célia Guinemer-Langlois
Lumières : Philippe Andrieux
Univers sonore : Yvan Kaya
La pièce vient de quitter l'affiche du Théâtre des Marronniers, 7 rue des Marronniers 69002 Lyon
Tél : 04 78 37 98 17 / www.theatre-des-marronniers.com
Photo © Eric Bernath
Woody Allen n’aime pas ce qui est fluide, lisse, calme et sans aspérités. Riverside Drive ne dé-roge pas à la règle : une histoire prise à contre-courant où la douce rivière devient torrent sans crier gare !
Le Allen du théâtre reste fidèle au Woody du cinéma. La même fantaisie dans les méninges et le goût pour les trios nommés “adultères”. Avec redoutable introspection d’où ses personnages ne res-sortent jamais indemnes. Avec cette savoureuse ironie qu’on lui connaît pour disséquer les compor-tements sociaux, étudier les relations amoureuses et pour toujours faire émerger la face cachée des choses, celle que l’on ne veut pas voir.
C’est ici par la rencontre de deux hommes visiblement aux antipodes que le bouleversement s’opère : Jim, auteur à succès, tiré à quatre épingles, et Fred, vagabond schizophrène, en communication surnaturelle avec l’Empire State Building. Le premier attend sa maîtresse, décidé à mettre un terme à leur relation quand le second apparaît et s’immisce dans la vie de Jim, insinuant que ce dernier lui aurait volé ses idées pour réaliser son dernier film. Alors que Jim se défend de s’être inspiré de cet éberlué, il va pourtant finir par s’en remettre à lui. Face à une redoutable amante dont Jim ne par-vient pas à se dépêtrer, Fred devient l’improbable scénariste de la rupture, la figure d’une créativité libérée qui poussera Jim dans ses retranchements, détruisant son Surmoi envahissant, rangeant bons sentiments et culpabilité au vestiaire.
Un face à face contrasté
Pas facile de tenir la scène pendant plus d’une heure dans un face à face pimenté à la Woody Allen. Au style efficace et savoureux du dramaturge doit répondre verve et emphase des comédiens pour servir le texte à sa juste mesure. Dans sa mise en scène, Vincent Puysségur, qui joue ce Fred loufo-que et inquisiteur, s’y emploie avec succès mais ses acolytes peinent davantage, notamment Ro-maine Friess en femme fatale manipulatrice peu convaincante. Quant au Jim que campe Alain Gan-dy, il marche sur un fil, manquant de basculer dans le sur-jeu à plusieurs reprises.
Difficile de s’imposer face à l’exubérance de ce Fred où la démesure ne cède rien à la caricature. Mais le mérite d'Alain Gandy est de rendre par un juste contraste tout le maniérisme, la réserve et le rationalisme dont se réclame le personnage de Jim. Ainsi, malgré quelques faiblesses, la proposition de Puysségur offre une dualité intéressante et marquée entre les deux personnages masculins, écho direct à l’affrontement des antagonismes choyés par l’auteur.
Anne CARRON (Lyon)
Riverside Drive de Woody Allen par la Compagnie Le Radeau
Mise en scène de Vincent Puysségur
Avec Romaine Friess, Alain Gandy, Vincent Puysségur
Scénographie : Célia Guinemer-Langlois
Lumières : Philippe Andrieux
Univers sonore : Yvan Kaya
La pièce vient de quitter l'affiche du Théâtre des Marronniers, 7 rue des Marronniers 69002 Lyon
Tél : 04 78 37 98 17 / www.theatre-des-marronniers.com
Photo © Eric Bernath