3 décembre 2008
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JAMAIS L’UN SANS L’AUTRE
Le programme annonce clairement une œuvre de Milan Kundera, « Jacques et son maître ». Avant de préciser « d’après l’œuvre de Diderot ». Le romancier tchèque se refuse d’avoir adapté l’Encyclopédiste et assure qu’il a simplement conçu dans l’admiration un hommage à Diderot. Il en a gommé le fatalisme jusque dans le titre, mais gardé tout ce qui confère à ce « roman-théâtre » sa place unique dans la littérature française, à savoir la déstructuration du récit avec force digressions et déstabilisations narratives ainsi qu'un jeu interventionniste du narrateur dans la destinée de ses personnages.

Jacques et son maître voyagent. Comme Don Quichotte et Sancho Pança, ils sont inséparables. Ils se racontent leurs amours respectives lorsqu’une troisième histoire vient, à la faveur d'une volonté clairement annoncée du narrateur, s’intercaler sans raison au milieu.
Des comédiens splendides
Jouer sur scène cette histoire est une gageure, le dispersement de la mise en scène constituant le plus redoutable écueil. Nicolas Briançon relève magistralement le défi, fortement aidé par la personnalité très affirmée de ses comédiens qui font un sans faute. Malgré un décor unique ne subissant quasiment aucune modification (procédé pourtant très en vogue), la temporalité et la multiplication des lieux, qui ne sont que suggérées, ne prêtent jamais à confusion. L’ensemble est parfaitement réglé et synchronisé, permettant à l’équipe artistique de s’en donner à cœur joie. La drôlerie est au diapason du talent avec lequel ce texte est défendu.
Les comédiens se font et nous font plaisir. Leur jeu, leur soif de jeu se lisent dans leurs yeux, dans leurs gestes. La splendide Nathalie Roussel, que le public admira chez Yves Robert au cinéma, s’est grimée et attifée en aubergiste sans que cela ne choque le moins du monde. Sa faconde, loin des robes pagnolesques de la belle Epoque, fait mouche à tous les coups. Ses partenaires sont à l’avenant, mais on retiendra avant tout cette formidable équipe que forment les deux comédiens principaux et qui hissent les rapports ancillaires à leur plus édénique sommet. En plus d’une habile réflexion sur les auteurs de théâtre et leurs rapports aux personnages, ce spectacle polyphonique propose une formidable histoire d’hommes soudés par une indéfectible amitié. Maître ou serviteur, on finit par n’en avoir cure, l’humanisme qui habite ce texte se moquant bien de ces contingences matérielles…
Jacques et son Maître
De Milan Kundera d’après Denis Diderot
Mise en scène : Nicolas Briançon assisté de Pierre-Alain Leleu
Décors et costumes : Pierre-Yves Leprince assisté de Christine Bernardet
Lumière : Gaëlle de Malglaive
Avec Yves PIgnot, Nicolas Briançon, Nathalie Roussel, François Siener, Patrick Palmero, Sophie Mercier, Ingrid Donnadieu, Alexandra Naoum, Philippe Beautier, Yves Bouquet.
Théâtre 14, 20 avenue Marc-Sangnier, 75014 Paris
Du 11 novembre 2008 au 3 janvier 2009 les mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, le jeudi à 19 heures, samedi en matinée à 16 heures.
Renseignements et réservations : 01 45 45 49 77
Durée : 1h50
Kundera et Diderot. Le romancier tchèque et l’Encyclopédiste réunis sur la scène du théâtre 14 grâce à une troupe d’une étonnante homogénéité, tel est le programme que propose cet excellent spectacle qui attire les amoureux des jolis mots et du théâtre de qualité.
Le programme annonce clairement une œuvre de Milan Kundera, « Jacques et son maître ». Avant de préciser « d’après l’œuvre de Diderot ». Le romancier tchèque se refuse d’avoir adapté l’Encyclopédiste et assure qu’il a simplement conçu dans l’admiration un hommage à Diderot. Il en a gommé le fatalisme jusque dans le titre, mais gardé tout ce qui confère à ce « roman-théâtre » sa place unique dans la littérature française, à savoir la déstructuration du récit avec force digressions et déstabilisations narratives ainsi qu'un jeu interventionniste du narrateur dans la destinée de ses personnages.

Jacques et son maître voyagent. Comme Don Quichotte et Sancho Pança, ils sont inséparables. Ils se racontent leurs amours respectives lorsqu’une troisième histoire vient, à la faveur d'une volonté clairement annoncée du narrateur, s’intercaler sans raison au milieu.
Des comédiens splendides
Jouer sur scène cette histoire est une gageure, le dispersement de la mise en scène constituant le plus redoutable écueil. Nicolas Briançon relève magistralement le défi, fortement aidé par la personnalité très affirmée de ses comédiens qui font un sans faute. Malgré un décor unique ne subissant quasiment aucune modification (procédé pourtant très en vogue), la temporalité et la multiplication des lieux, qui ne sont que suggérées, ne prêtent jamais à confusion. L’ensemble est parfaitement réglé et synchronisé, permettant à l’équipe artistique de s’en donner à cœur joie. La drôlerie est au diapason du talent avec lequel ce texte est défendu.
Les comédiens se font et nous font plaisir. Leur jeu, leur soif de jeu se lisent dans leurs yeux, dans leurs gestes. La splendide Nathalie Roussel, que le public admira chez Yves Robert au cinéma, s’est grimée et attifée en aubergiste sans que cela ne choque le moins du monde. Sa faconde, loin des robes pagnolesques de la belle Epoque, fait mouche à tous les coups. Ses partenaires sont à l’avenant, mais on retiendra avant tout cette formidable équipe que forment les deux comédiens principaux et qui hissent les rapports ancillaires à leur plus édénique sommet. En plus d’une habile réflexion sur les auteurs de théâtre et leurs rapports aux personnages, ce spectacle polyphonique propose une formidable histoire d’hommes soudés par une indéfectible amitié. Maître ou serviteur, on finit par n’en avoir cure, l’humanisme qui habite ce texte se moquant bien de ces contingences matérielles…
Franck BORTELLE (Paris)
Jacques et son Maître
De Milan Kundera d’après Denis Diderot
Mise en scène : Nicolas Briançon assisté de Pierre-Alain Leleu
Décors et costumes : Pierre-Yves Leprince assisté de Christine Bernardet
Lumière : Gaëlle de Malglaive
Avec Yves PIgnot, Nicolas Briançon, Nathalie Roussel, François Siener, Patrick Palmero, Sophie Mercier, Ingrid Donnadieu, Alexandra Naoum, Philippe Beautier, Yves Bouquet.
Théâtre 14, 20 avenue Marc-Sangnier, 75014 Paris
Du 11 novembre 2008 au 3 janvier 2009 les mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, le jeudi à 19 heures, samedi en matinée à 16 heures.
Renseignements et réservations : 01 45 45 49 77
Durée : 1h50