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Festival d'Avignon

1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 18:37
1968 : MŒURS EN RÉVOLUTION À L’EST

Metteur en scène de spectacle sans paroles, Hermanis déroule une fresque sur fond de Printemps de Prague, d’annulation d’un concert de Simon and Garfunkel à Riga. Une tendresse nostalgique baigne cette évocation dédiée à la jeunesse de mai 68.

Alvis Hermanis s’y entend pour rendre les atmosphères des lieux, les actes des individus, les lignes de force d’une société. Il s’y prend avec une grande virtuosité théâtrale. Dans un décor unique d’habitation(s) délabrée(s), il réussit à définir cinq chambres différentes. L’action s’y déroule soit successivement, soit en parallèle, soit simultanément, soit de manière discontinue. Elle est réaliste bien que souvent symbolique, bien que basculant plusieurs fois dans l’irréel du rêve, dans l’imaginaire d’un fantasme ou d’une hallucination.


La première partie est surtout consacrée aux tentatives de libération des mœurs à l’occidentale que les jeunes lettons s’efforcent d’imiter. Pas facile de s’affranchir du rigorisme moral issu des régimes staliniens. Drôles et touchants sont ces apprentissages du baiser, des caresses, des échanges sexuels, de la consommation et de la fabrication de drogues. Amusante est la simulation des modes vestimentaires colorées et mini. Obsédant est le besoin d’une musique vivante, nouvelle, étasunienne, rythmée.

Tous les actes transgressifs sont montrés avec une tendresse nostalgique. Ce monde-là était plein d’espoirs, même s’il portait en lui les germes de l’autodestruction devenue sienne quarante ans plus tard. La seconde partie du spectacle est, à ce point de vue, très lucide. Elle aboutit à des couples dont les femmes vont bientôt accoucher et qui reproduisent à l’identique le modèle de la famille traditionnelle.

Des images en permanence

Le spectacle est long. Les derniers moments avant l’entracte s’étirent alors que les situations se répètent sans guère évoluer. Mais chez Hermanis, quand bien même il ne se passe rien, il y a toujours quelque chose à voir. Les quatorze interprètes et leurs différents rôles ne cessent d’ajouter de petits gestes, de minuscules attitudes aux personnages qu’ils font défiler. Ils les mènent de la sorte au-delà de la caricature, les humanisent.

Psychologie et analyse sociologique s’associent. En dépit d’un propos dilué, des séquences resteront en mémoire. Celle de la femme mûre désireuse de s’offrir le sexe d’un ado qui se contente de la caresser avec un jouet. Les tâtonnements afin d’orienter correctement une radio dont la réception est brouillée et l’électrocution finale d’un auditeur. L’utilisation sexuelle d’une antenne téléescopique. Une plume soufflée d’un être à un autre en émettant un rêve musical. Un envol de livres oiseaux et des bouquins distribués en fonction de la personnalité du lecteur. Le bain des cerveaux avides de se noyer dans des mélodies…

Michel VOITURIER (Bruxelles)

Vu à la Maison de la Culture de Tournai les 28 et 29 novembre 2008 à l’occasion du festival Next 001.

En tournée : du 3 au 6 décembre 2008 à la Maison des Arts, place Salvador Allende, Créteil (00 33 (0)1.45.13.19.19 - www.maccreteil.com ) ; le 9 décembre au Manège, rue de la Croix à Maubeuge (33 (0) 3 27 65 65 40 – www.lemanege.com );  les 12-13 décembre au Théâtre du Port de la Lune, 3 place Pierre-Renaudel à Bordeaux ( 00 33 (0)5 56 33 36 60 -  www.tnba.org )

Conception, mise en scène : Alvis Hermanis
Distribution : Guna Zarina, Sandra Zvīgule, Inga Alsina, Liena Šmukste, Iveta Pole, Regīna Razuma, Kristine Kruze, Gatis Gāga, Kaspars Znotinš, Edgars Samītis, Ivars Krasts, Varis Pinkis, Girts Krumins, Andris Keišs
Scénographie, costumes : Monika Pormale
Lumières : Krišjanis Strazdits
Musique : Simon and Garfunkel
Film : Andris Grinbergs (extraits de « Self-Portrait » 1972)

Production : Spielzeit’europa – Berliner Festspiele – The New Riga Theatre – Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq

 Photo © Gints Malderis

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