16 novembre 2008
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LECON PRATIQUE ET SOURIANTE DE GESTION DE CONFLIT
Deux conteuses, deux versions, pour une seule histoire selon le procédé clownesque bien connu du récit que deux compères ne parviennent pas à raconter.
Il s'agit ici d'une des premières pièces de Philippe Blasband, adaptée en conte africain, avec deux versions, une traditionnelle, métaphorique et imagée, l'autre moderne et réaliste. Deux conteuses reconnues mais d'ethnies différentes, à la scène comme à la ville : Awa Sène Sarr (Sénégalaise) et Babetida Sadjo (Belge d'origine Bissau-guinéenne) se disputent la pertinence de leur version face à un public occidental.
Voyageuse au tout petit bagage, la première conteuse, moins familière des usages théâtraux d'ici, s'installe sans complexe comme là-bas. Elle commence à raconter, engageant l'autre à oublier ses réticences et un scepticisme acquis par son "séjour légal sur notre territoire"… Leurs deux magnifiques présences vont peu à peu investir une estrade nue, la mise en scène laissant place entière à l'imagination.
Affrontement réel et symbolique
Elles vont s'affronter tour à tour - ou dans une sorte de tournoi loyal, en se complétant, ou dans une petite guerre avec reproches verbaux et affrontements musclés - avant d'arriver à une conclusion pacifique. Evidemment, ce combat n'est pas sans rappeler ceux qui ravagent le sol africain, qu'elles ne manquent pas d'évoquer explicitement, et la fable devient un "chant d'espoir et de réconciliation" très actuel.
C'est aussi la rencontre de générations, de mondes - inter-africains et africain-européen - bien différents, et un questionnement, commun celui-là : comment partager sa culture ?, avec le doute permanent sur l'accueil qui lui sera fait. Plus largement encore, une interrogation qui nous touche tous sur "ce qui nous différencie, ce qui nous rapproche " car….
L’histoire est si belle qu'on aurait tous envie de la raconter, mais chacun à sa façon et d'après son point de vue. Ne s'agit-il pas là d'un défaut humain universel que celui de prétendre que seule sa cause est bonne et vouloir avoir raison à tout prix ? Avec cette approche 2008 de son œuvre, l'auteur lui-même, en déclarant "c'est vous qui m'apprendrez beaucoup sur ce texte", lui a trouvé une dimension inattendue, preuve s'il en fallait, de son talent.
Du 5 novembre au 6 décembre 2008 au Théâtre de la place des Martyrs
(00 32(0)22 23 32 08 ou theatre.martyrs@busmail.net )
Le Masque du Dragon
Texte : Philippe Blasband (version 1995, disponible sur le site www.blasband.be )
Mise en scène : Hélène Theunissen
Interprétation : Awa Sène Sarr, Babetida Sadjo
Coaching chant : Aline Bosuma
Costumes, accessoires, maquillages : Laura Lamouchi
Coproduction : Meskikidi ?/Le Théâtre en Liberté/Théâtre de la Place des Martyrs
Photos © Frédéric Di Monte - Christophe Charles - Philippe Fontaine
Deux conteuses, deux versions, pour une seule histoire selon le procédé clownesque bien connu du récit que deux compères ne parviennent pas à raconter.
Il s'agit ici d'une des premières pièces de Philippe Blasband, adaptée en conte africain, avec deux versions, une traditionnelle, métaphorique et imagée, l'autre moderne et réaliste. Deux conteuses reconnues mais d'ethnies différentes, à la scène comme à la ville : Awa Sène Sarr (Sénégalaise) et Babetida Sadjo (Belge d'origine Bissau-guinéenne) se disputent la pertinence de leur version face à un public occidental.
Voyageuse au tout petit bagage, la première conteuse, moins familière des usages théâtraux d'ici, s'installe sans complexe comme là-bas. Elle commence à raconter, engageant l'autre à oublier ses réticences et un scepticisme acquis par son "séjour légal sur notre territoire"… Leurs deux magnifiques présences vont peu à peu investir une estrade nue, la mise en scène laissant place entière à l'imagination.
Affrontement réel et symbolique
Elles vont s'affronter tour à tour - ou dans une sorte de tournoi loyal, en se complétant, ou dans une petite guerre avec reproches verbaux et affrontements musclés - avant d'arriver à une conclusion pacifique. Evidemment, ce combat n'est pas sans rappeler ceux qui ravagent le sol africain, qu'elles ne manquent pas d'évoquer explicitement, et la fable devient un "chant d'espoir et de réconciliation" très actuel.
C'est aussi la rencontre de générations, de mondes - inter-africains et africain-européen - bien différents, et un questionnement, commun celui-là : comment partager sa culture ?, avec le doute permanent sur l'accueil qui lui sera fait. Plus largement encore, une interrogation qui nous touche tous sur "ce qui nous différencie, ce qui nous rapproche " car….
L’histoire est si belle qu'on aurait tous envie de la raconter, mais chacun à sa façon et d'après son point de vue. Ne s'agit-il pas là d'un défaut humain universel que celui de prétendre que seule sa cause est bonne et vouloir avoir raison à tout prix ? Avec cette approche 2008 de son œuvre, l'auteur lui-même, en déclarant "c'est vous qui m'apprendrez beaucoup sur ce texte", lui a trouvé une dimension inattendue, preuve s'il en fallait, de son talent.
Suzane VANINA (Bruxelles)
Du 5 novembre au 6 décembre 2008 au Théâtre de la place des Martyrs
(00 32(0)22 23 32 08 ou theatre.martyrs@busmail.net )
Le Masque du Dragon
Texte : Philippe Blasband (version 1995, disponible sur le site www.blasband.be )
Mise en scène : Hélène Theunissen
Interprétation : Awa Sène Sarr, Babetida Sadjo
Coaching chant : Aline Bosuma
Costumes, accessoires, maquillages : Laura Lamouchi
Coproduction : Meskikidi ?/Le Théâtre en Liberté/Théâtre de la Place des Martyrs
Photos © Frédéric Di Monte - Christophe Charles - Philippe Fontaine