21 août 2008
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AU CORDEAU
Dans un monde qui prend eau de toutes parts, six personnages laissent entrevoir leur misère intérieure et la richesse de leurs fragiles espérances. Une œuvre qui ne cherche pas à expliquer mais à exprimer.
Ils sont là dispersés sur un plateau où des dalles, à demi inondées, s’immergent en partir lorsqu’on marche dessus. Ils sont assis, debout, au sol. Ils disent peu à l’exception de Pierre, le tailleur de… pierres. Celui-ci joue à sa manière le rôle du chœur antique ou du commentateur de service tentant de clarifier la présence des autres autant que la sienne.
Le poids de l’existence pèse manifestement sur ces individus aux allures plutôt marginales. Une adolescente enfermée dans quelque blessure interne cherche à se trouver dans la musique. Une dame en noir évoque des massacres peut-être génocidaires du côté de l’Est. Un obsédé par l’art moderne s’est résigné à ne pas se pendre. Une femme en rose n’oublie jamais de sourire et de se rêver vedette, même lorsqu’elle se souvient d’enfants disparus. Un barbu s’efforce de se mettre au diapason alors qu’il est paumé, usé par son travail de tourneur.

Ce microcosme semble n’avoir d’autres règles que celles de ses pulsions. Parfois l’on se menace, on en vient aux mains, on s’agresse. Parfois on s’enlace, on se caresse, on s’embrasse. Parfois on clame son désespoir, sa révolte, après s’être tu et avant de tenter de partager de timides et hésitantes confidences. La langue hésite, patine, dérape, met à nu. Les gestes font de même. Et les lumières passent par toutes les couleurs comme le temps qu’il fait, les saisons qui défilent et les humeurs qui varient.
On songe à ce projet monté naguère par Laurent Wanson avec des comédiens issus du quart monde, à Frédérique Lecomte lorsqu’elle mis en cirque des personnages aliénés. Il y a quelque chose de poignant dans ces fragments qui s’agencent vaille que vaille, refusent l’aboutissement qui se fermerait sur une conclusion, puisque la vie, la vraie, quoi qu’il arrive, elle continue. Car la jeune qui part, loin de la ville, après avoir coupé non le cordon ombilical, mais la corde à quoi pendait une reproduction géante du Guernica de Picasso.
Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 18 août
Respirer (tranche d’âge : 14-16 ans)
Texte : création collective
Mise en scène : Claire Vienne
Distribution : Carmelo Cirrincione, Philippe Coster, Pierre Dorzée, Ramunia Duobaïté, Sandra Franco, Marie Tossings
Scénographie : Daniel Lesage
Bande son : Gilles Tossings
Costumes : Monique Koyette
Production : Théâtre de la Communauté
Site web : www.act.be
Dans un monde qui prend eau de toutes parts, six personnages laissent entrevoir leur misère intérieure et la richesse de leurs fragiles espérances. Une œuvre qui ne cherche pas à expliquer mais à exprimer.
Ils sont là dispersés sur un plateau où des dalles, à demi inondées, s’immergent en partir lorsqu’on marche dessus. Ils sont assis, debout, au sol. Ils disent peu à l’exception de Pierre, le tailleur de… pierres. Celui-ci joue à sa manière le rôle du chœur antique ou du commentateur de service tentant de clarifier la présence des autres autant que la sienne.
Le poids de l’existence pèse manifestement sur ces individus aux allures plutôt marginales. Une adolescente enfermée dans quelque blessure interne cherche à se trouver dans la musique. Une dame en noir évoque des massacres peut-être génocidaires du côté de l’Est. Un obsédé par l’art moderne s’est résigné à ne pas se pendre. Une femme en rose n’oublie jamais de sourire et de se rêver vedette, même lorsqu’elle se souvient d’enfants disparus. Un barbu s’efforce de se mettre au diapason alors qu’il est paumé, usé par son travail de tourneur.

Ce microcosme semble n’avoir d’autres règles que celles de ses pulsions. Parfois l’on se menace, on en vient aux mains, on s’agresse. Parfois on s’enlace, on se caresse, on s’embrasse. Parfois on clame son désespoir, sa révolte, après s’être tu et avant de tenter de partager de timides et hésitantes confidences. La langue hésite, patine, dérape, met à nu. Les gestes font de même. Et les lumières passent par toutes les couleurs comme le temps qu’il fait, les saisons qui défilent et les humeurs qui varient.
On songe à ce projet monté naguère par Laurent Wanson avec des comédiens issus du quart monde, à Frédérique Lecomte lorsqu’elle mis en cirque des personnages aliénés. Il y a quelque chose de poignant dans ces fragments qui s’agencent vaille que vaille, refusent l’aboutissement qui se fermerait sur une conclusion, puisque la vie, la vraie, quoi qu’il arrive, elle continue. Car la jeune qui part, loin de la ville, après avoir coupé non le cordon ombilical, mais la corde à quoi pendait une reproduction géante du Guernica de Picasso.
Michel VOITURIER
Aux Rencontres du Théâtre Jeune Public de Huy le 18 août
Respirer (tranche d’âge : 14-16 ans)
Texte : création collective
Mise en scène : Claire Vienne
Distribution : Carmelo Cirrincione, Philippe Coster, Pierre Dorzée, Ramunia Duobaïté, Sandra Franco, Marie Tossings
Scénographie : Daniel Lesage
Bande son : Gilles Tossings
Costumes : Monique Koyette
Production : Théâtre de la Communauté
Site web : www.act.be