25 mai 2008
7
25
/05
/mai
/2008
23:36
MÉTAPHYSIQUE THÉÂTRALE DE COMAS NON DÉPASSÉS
Lorsque les élèves d'une école – ici, les 11ème et 10ème classes de l'école Steiner-Waldorf en région d'Avignon – s'attaquent à l'élaboration d'un spectacle théâtral, cela peut donner un résultat étonnant. Ce fut le cas avec cette adaptation de « Hôtel des Deux Mondes » d'Eric-Emmanuel Schmitt, au titre un peu modifié, avec des ajouts de textes, musiques (en live s'il vous plaît) et chorégraphies originales.
Le lieu de l'action est l'un de ces endroits improbables, mystérieux – est-ce un hôtel, un hall d'hôpital ? - sorte de no man's land, de « dead zone » où se retrouvent divers personnages venus d'horizons sociaux très différents : un chef d'entreprise intéressé exclusivement par son capital, un ancien commerçant devenu mage hindou, une femme de ménage, modeste, malchanceuse et pourtant sans rancune envers la vie, un jeune homme qui vient juste d'arriver après un accident de la circulation... D'étranges infirmières circulent çà et là et il est souvent question d'un certain Docteur S. qui serait le responsable du lieu et de qui dépendraient toutes les décisions... Arrive un peu plus tard une jeune handicapée, jaillie de son fauteuil roulant, qui retrouve ici toutes ses capacités physiques et dont la seule présence illumine les lieux. Le jeune accidenté finit par en tomber éperdument amoureux.
Plutôt les limbes que l'enfer sartrien...
On ne peut sortir de cet endroit limbique que par un ascenseur dans lequel prennent place les partants. Mais partants vers quoi ? Ils ne le savent que lorsqu'ils y sont entrés après qu'il sa mise en marche, soit vers un retour à la vie ou, au contraire, vers la mort... La mise en scène intègre fréquemment de nombreuses chorégraphies collectives qui, en introduisant une note quelque peu onirique, viennent heureusement alléger « l'inquiétante étrangeté » du spectacle. On est finalement assez loin du huis clos sartrien. Plutôt dans une sorte de « mise en abyme » de la vie elle-même, où des personnages – où leur double sorti du coma – sont conduits à une remise en question de leur itinéraire existentiel et découvrent ce qui faisait le vrai prix de leur vie même...
On est plutôt émerveillés par le dynamisme, l'intelligence – le professionnalisme même ! – de tous les nombreux participants et acteurs de ce spectacle, la mise en scène de Wilhelm Queyras heureusement servie par les costumes conçus par Marie-Pierre Strano. Voilà une expérience qui mériterait d'être renouvelée et dont l'originalité se doit d'être saluée.
La Rivière des deux mondes
Le Méjean, Place Nina Berberova, 13200 Arles. Les 8 et 9 mai à 20h30, le 10 mai à 19h30.
Photo © Sylvie Neveu
Lorsque les élèves d'une école – ici, les 11ème et 10ème classes de l'école Steiner-Waldorf en région d'Avignon – s'attaquent à l'élaboration d'un spectacle théâtral, cela peut donner un résultat étonnant. Ce fut le cas avec cette adaptation de « Hôtel des Deux Mondes » d'Eric-Emmanuel Schmitt, au titre un peu modifié, avec des ajouts de textes, musiques (en live s'il vous plaît) et chorégraphies originales.
Le lieu de l'action est l'un de ces endroits improbables, mystérieux – est-ce un hôtel, un hall d'hôpital ? - sorte de no man's land, de « dead zone » où se retrouvent divers personnages venus d'horizons sociaux très différents : un chef d'entreprise intéressé exclusivement par son capital, un ancien commerçant devenu mage hindou, une femme de ménage, modeste, malchanceuse et pourtant sans rancune envers la vie, un jeune homme qui vient juste d'arriver après un accident de la circulation... D'étranges infirmières circulent çà et là et il est souvent question d'un certain Docteur S. qui serait le responsable du lieu et de qui dépendraient toutes les décisions... Arrive un peu plus tard une jeune handicapée, jaillie de son fauteuil roulant, qui retrouve ici toutes ses capacités physiques et dont la seule présence illumine les lieux. Le jeune accidenté finit par en tomber éperdument amoureux.
Plutôt les limbes que l'enfer sartrien...
On ne peut sortir de cet endroit limbique que par un ascenseur dans lequel prennent place les partants. Mais partants vers quoi ? Ils ne le savent que lorsqu'ils y sont entrés après qu'il sa mise en marche, soit vers un retour à la vie ou, au contraire, vers la mort... La mise en scène intègre fréquemment de nombreuses chorégraphies collectives qui, en introduisant une note quelque peu onirique, viennent heureusement alléger « l'inquiétante étrangeté » du spectacle. On est finalement assez loin du huis clos sartrien. Plutôt dans une sorte de « mise en abyme » de la vie elle-même, où des personnages – où leur double sorti du coma – sont conduits à une remise en question de leur itinéraire existentiel et découvrent ce qui faisait le vrai prix de leur vie même...
On est plutôt émerveillés par le dynamisme, l'intelligence – le professionnalisme même ! – de tous les nombreux participants et acteurs de ce spectacle, la mise en scène de Wilhelm Queyras heureusement servie par les costumes conçus par Marie-Pierre Strano. Voilà une expérience qui mériterait d'être renouvelée et dont l'originalité se doit d'être saluée.
Henri LÉPINE (Avignon)
La Rivière des deux mondes
Le Méjean, Place Nina Berberova, 13200 Arles. Les 8 et 9 mai à 20h30, le 10 mai à 19h30.
Photo © Sylvie Neveu