10 avril 2008
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LA TRAVERSEE D’UN MYTHE
Après la publication d’un roman intitulé Les amants de Bagdad aux éditions Verticale, l’auteur de théâtre montpelliérain Jean Reinert vient d’éditer Don Juan aux éditions Espaces 34. La pièce écrite il y a seize ans demeure d’actualité et Jacques Bioulès, qui en a réalisé l’adaptation, l’a récemment portée sur les planches du Théâtre du Hangar. Alors, comme il se doit, au texte est venu s’adjoindre le regard d’un homme de théâtre. Et à l’étonnante production de huit comédiens qui a permis l’aboutissement de ce projet, d’autres mains sont venues assembler leurs talents.
Si d’emblée, les comédiens se présentent sourires aux lèvres, c’est pour choisir des costumes. Des vêtements qui devraient les projeter dans une autre époque mais qui viennent contrairement signifier au public que ce sont les mythes qui traversent les âges ! Car le récit se fait en trois temps : celui des questions posées par la société contemporaine, à savoir le don d’organe ou l’écologie pour ne citer qu’elles, un second temps est aux prises avec l’histoire, et le troisième avec le mythe. Puis, la mise en scène met en exergue l’écriture théâtrale, picturale, comme autant de pistes de lecture. La quasi-totalité de la pièce est commentée par le geste adroit et tendre de Vincent Bioulès, fondateur du mouvement Supports/Surfaces, dont les dessins filmés au cours de leur réalisation sont projetés en arrière plan. D’un abord figuratif, ce relief donne à l’ensemble une approche à la fois légère et dense. Depuis Molière qui en a fixé la trace dans l’histoire et nos mémoires, Don Juan n’a plus quitté le temps. Il voyage. Et l’auteur nous le rappelle ici : « peu agréable aux femmes, il plaît parce qu’il demeure cette part libre de nous même. »
Un Don Juan, moins séducteur que joueur
Voilà un Don Juan bien plus joueur que séducteur, qui jubile, qui ne veut pas entrer dans le système. Il le dit lui-même : « je joue le monde » et c’est dans cette voie qu’il devient cohérent. Ce refus de fonctionner dans le monde le conduit à sa compréhension. Ce Don Juan là ne combat plus la morale ni l’église. Il lutte contre la société, celle du rendement, de l’efficacité, de la médiatisation et du profit. Et pour conclure, si « la vivacité du texte est parfois d’un abord difficile », il va de soi qu’il s’agit là d’une oeuvre qui donne « à penser », ce qui a conduit certains à la revoir. Un criminel ne revient-il pas toujours sur les lieux de son crime ? Il faut dire que la politique du théâtre, qui invite son public une seconde fois gratuitement, ne peut que pousser à la tentation.
Vu au Théâtre du Hangar
Du 26 février au 8 mars 2008
Théâtre du Hangar- Compagnie Jacques Bioulès
Centre d’Art et de Recherche
3 rue Nozeran 34090 Montpellier
Tel : 04 67 41 32 71
Après la publication d’un roman intitulé Les amants de Bagdad aux éditions Verticale, l’auteur de théâtre montpelliérain Jean Reinert vient d’éditer Don Juan aux éditions Espaces 34. La pièce écrite il y a seize ans demeure d’actualité et Jacques Bioulès, qui en a réalisé l’adaptation, l’a récemment portée sur les planches du Théâtre du Hangar. Alors, comme il se doit, au texte est venu s’adjoindre le regard d’un homme de théâtre. Et à l’étonnante production de huit comédiens qui a permis l’aboutissement de ce projet, d’autres mains sont venues assembler leurs talents.
Si d’emblée, les comédiens se présentent sourires aux lèvres, c’est pour choisir des costumes. Des vêtements qui devraient les projeter dans une autre époque mais qui viennent contrairement signifier au public que ce sont les mythes qui traversent les âges ! Car le récit se fait en trois temps : celui des questions posées par la société contemporaine, à savoir le don d’organe ou l’écologie pour ne citer qu’elles, un second temps est aux prises avec l’histoire, et le troisième avec le mythe. Puis, la mise en scène met en exergue l’écriture théâtrale, picturale, comme autant de pistes de lecture. La quasi-totalité de la pièce est commentée par le geste adroit et tendre de Vincent Bioulès, fondateur du mouvement Supports/Surfaces, dont les dessins filmés au cours de leur réalisation sont projetés en arrière plan. D’un abord figuratif, ce relief donne à l’ensemble une approche à la fois légère et dense. Depuis Molière qui en a fixé la trace dans l’histoire et nos mémoires, Don Juan n’a plus quitté le temps. Il voyage. Et l’auteur nous le rappelle ici : « peu agréable aux femmes, il plaît parce qu’il demeure cette part libre de nous même. »
Un Don Juan, moins séducteur que joueur
Voilà un Don Juan bien plus joueur que séducteur, qui jubile, qui ne veut pas entrer dans le système. Il le dit lui-même : « je joue le monde » et c’est dans cette voie qu’il devient cohérent. Ce refus de fonctionner dans le monde le conduit à sa compréhension. Ce Don Juan là ne combat plus la morale ni l’église. Il lutte contre la société, celle du rendement, de l’efficacité, de la médiatisation et du profit. Et pour conclure, si « la vivacité du texte est parfois d’un abord difficile », il va de soi qu’il s’agit là d’une oeuvre qui donne « à penser », ce qui a conduit certains à la revoir. Un criminel ne revient-il pas toujours sur les lieux de son crime ? Il faut dire que la politique du théâtre, qui invite son public une seconde fois gratuitement, ne peut que pousser à la tentation.
Christelle ZAMORA
Vu au Théâtre du Hangar
Du 26 février au 8 mars 2008
Théâtre du Hangar- Compagnie Jacques Bioulès
Centre d’Art et de Recherche
3 rue Nozeran 34090 Montpellier
Tel : 04 67 41 32 71