7 août 2007
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LA QUÊTE DU PLAISIR
Condensé de savoir sur le sexe interprété avec fraîcheur et légèreté par un duo de comédiennes effrontées.
Dans un décor bucolique charmant et sous le gazouillis gracieux des oiseaux, Fanchon, jeune et jolie demoiselle s’occupe à un travail de broderie. Elle ne sait pas encore qu’un grand mystère va lui être révélé, une pratique totalement ignorée d’elle et que c'est Suzanne, sa chère cousine, qui va se charger de le lui enseigner. Il ne s’agit ni du point de croix, ni du macramé, mais bel et bien de la pratique sexuelle, science en laquelle Suzanne est savante, et même experte.
Le titre de la pièce est révélateur car Suzanne va donner en une heure un cours accéléré de la matière, depuis les préliminaires jusqu’à l’orgasme en faisant quelques détours par la morale. Et quelle morale ! Ce texte, redécouvert récemment et attribué, par déduction, au libertin du 17e siècle Scarron, expose les plaisirs de l’accouplement de façon très libre mais sans provocation, dans une langue crue mais dans un style doctoral. Ce texte n’est pas immoral mais plutôt amoral : sa seule philosophie est celle de la discrétion car l’opinion publique est la seule ennemie du plaisir. Et Dieu dans tout ça ? « Dieu qui sait tout ne le viendra pas conter », répond Suzanne : faites donc l’amour, mais faites le cachés, voilà en somme le règlement intérieur de cette réjouissante école des filles. Comme le Déjeuner sur l’herbe de Manet, ce qui pourrait choquer dans ce texte, ce n’est pas son thème ni son langage, mais plutôt son naturel, sa décontraction dans la description minutieuse et exhaustive d’un tabou.
Che Guevara de la sexualité, Suzanne est interprétée par Anne Jarry qui est aussi metteur en scène et costumière. Elle insuffle à son personnage expérience et assurance, énumérant les diverses appellations des organes sexuels avec délice et effronterie mais sans jamais une once de vulgarité. Sa mise en scène est sobre et efficace, jouant habilement avec la tonalité si particulière de ce texte.
Charlotte Petitat est une Fanchon ingénue et avide de connaissances. Eve n’ayant pas encore connu Adam et ignorant même que la pomme put exister, elle apporte toute sa fraîcheur à la pièce et met bien en valeur par contrepoint le savoir de sa maîtresse.
L’Ecole des filles est une pièce à voir pour sa légèreté et sa distinction, surtout en des temps où le sexe fait étalage, sans aucune grâce, un peu partout.
L’École des filles ou la philosophie des dames,
D’après un texte libertin du XVIIe siècle
Mise en scène et costumes de Anne Jarry
Lumières de Elias Attig
Avec Anne Jarry, Charlotte Petitat et la voix de Luc Boulad.
Du 6 au 28 juillet à 15h40 au Théâtre des Ateliers d’Amphoux, 10-12 rue d’Amphoux, Avignon.
Condensé de savoir sur le sexe interprété avec fraîcheur et légèreté par un duo de comédiennes effrontées.
Dans un décor bucolique charmant et sous le gazouillis gracieux des oiseaux, Fanchon, jeune et jolie demoiselle s’occupe à un travail de broderie. Elle ne sait pas encore qu’un grand mystère va lui être révélé, une pratique totalement ignorée d’elle et que c'est Suzanne, sa chère cousine, qui va se charger de le lui enseigner. Il ne s’agit ni du point de croix, ni du macramé, mais bel et bien de la pratique sexuelle, science en laquelle Suzanne est savante, et même experte.
Le titre de la pièce est révélateur car Suzanne va donner en une heure un cours accéléré de la matière, depuis les préliminaires jusqu’à l’orgasme en faisant quelques détours par la morale. Et quelle morale ! Ce texte, redécouvert récemment et attribué, par déduction, au libertin du 17e siècle Scarron, expose les plaisirs de l’accouplement de façon très libre mais sans provocation, dans une langue crue mais dans un style doctoral. Ce texte n’est pas immoral mais plutôt amoral : sa seule philosophie est celle de la discrétion car l’opinion publique est la seule ennemie du plaisir. Et Dieu dans tout ça ? « Dieu qui sait tout ne le viendra pas conter », répond Suzanne : faites donc l’amour, mais faites le cachés, voilà en somme le règlement intérieur de cette réjouissante école des filles. Comme le Déjeuner sur l’herbe de Manet, ce qui pourrait choquer dans ce texte, ce n’est pas son thème ni son langage, mais plutôt son naturel, sa décontraction dans la description minutieuse et exhaustive d’un tabou.
Che Guevara de la sexualité, Suzanne est interprétée par Anne Jarry qui est aussi metteur en scène et costumière. Elle insuffle à son personnage expérience et assurance, énumérant les diverses appellations des organes sexuels avec délice et effronterie mais sans jamais une once de vulgarité. Sa mise en scène est sobre et efficace, jouant habilement avec la tonalité si particulière de ce texte.
Charlotte Petitat est une Fanchon ingénue et avide de connaissances. Eve n’ayant pas encore connu Adam et ignorant même que la pomme put exister, elle apporte toute sa fraîcheur à la pièce et met bien en valeur par contrepoint le savoir de sa maîtresse.
L’Ecole des filles est une pièce à voir pour sa légèreté et sa distinction, surtout en des temps où le sexe fait étalage, sans aucune grâce, un peu partout.
Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
L’École des filles ou la philosophie des dames,
D’après un texte libertin du XVIIe siècle
Mise en scène et costumes de Anne Jarry
Lumières de Elias Attig
Avec Anne Jarry, Charlotte Petitat et la voix de Luc Boulad.
Du 6 au 28 juillet à 15h40 au Théâtre des Ateliers d’Amphoux, 10-12 rue d’Amphoux, Avignon.