27 juillet 2007
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UN CONTRE ONZE ET ONZE CONTRE UN
La pièce de Reginald Rose est à nouveau jouée sur les planches d’Avignon. Texte coup de poing, mise en scène intelligente, interprétation habitée. Toujours indispensable.
Les douze hommes en colère sont douze citoyens américains formant le jury du procès pour meurtre d’un adolescent de seize ans accusé d’avoir tué son père. La délibération ne devrait pas durer : l’arme du crime est reconnue comme appartenant au jeune homme et deux témoins ont assuré sous serment que ce dernier était l’assassin. L’unanimité entre les douze est obligatoire et c’est cette règle qui sauvera le jeune homme de la mort car un juré votera non coupable et inversera progressivement l’opinion de ses semblables.
Le texte de Reginald Rose est un classique. Roman à l’origine, puis porté à l’écran par les bons soins de Sidney Lumet et adapté finallement pour les planches par Reginald Rose lui-même, la pièce est un huis clos étouffant sur l’importance du doute dans le bon fonctionnement du système judiciaire. Car, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, la question reste la même : peut-on être positivement sûr qu’un individu est bien coupable du crime dont on l’accuse ? Le doute prend ici la forme d’une phrase toute simple répétée comme un leitmotiv par la jurée numéro huit seule contre tous : « je ne sais pas ». « Je ne sais pas », « c’est possible », « je ne suis plus sûr(e) », de toutes ces formulations de l’hésitation vont naître progressivement des interrogations chez les jurés. Ce questionnement est le fondement même de toute justice démocratique qui reconnaît à chaque instant, aussi bien symboliquement que dans la loi, son caractère terrestre et par là son incomplétude et la possibilité qu’elle puisse se tromper.
La mise en scène d’Antoine Herbez est habile à plus d’un titre. Des douze hommes qui formaient le jury dans la pièce originale, seuls sept subsistent, complétés par cinq femmes. Les hommes deviennent ainsi des Hommes et ce jury acquiert à la fois modernité et universalité, ce qui sert son propos. Dans la salle exiguë du Théâtre de l’Ange, le metteur en scène donne vie au doute qui habite progressivement les jurés, bien servi en outre par des comédiens inspirés dont la tension et l’émotion vont crescendo.
Texte dénonçant la peine de mort et l’arrogance de la justice humaine, Douze Hommes en colère est une pièce à voir pour au moins douze bonnes raisons, auxquelles s’ajoute son actualité toujours aussi brûlante.
Douze Hommes en colère
de Reginald Rose, texte français de Stefan Meldegg et Attica Guedj
Mise en scène d’Antoine Herbez
Avec : Fabienne Billot, Stéphane Bleher, Jean Boissinot, David Carruezco, Olivier Charcosset, Benjamin Fayard, Joanna Forlen, Ivan Herbez, Olivier Ho Hio Hen, Sébastien Le Rest, Vanessa Lo King Fung, Blandine Samba.
Lumières et sons de Antony Aubert.
Du 6 au 28 Juillet à 18h30 - au Théâtre de l’Ange, 15, rue des Teinturiers, Avignon.
Photo © DR
La pièce de Reginald Rose est à nouveau jouée sur les planches d’Avignon. Texte coup de poing, mise en scène intelligente, interprétation habitée. Toujours indispensable.
Les douze hommes en colère sont douze citoyens américains formant le jury du procès pour meurtre d’un adolescent de seize ans accusé d’avoir tué son père. La délibération ne devrait pas durer : l’arme du crime est reconnue comme appartenant au jeune homme et deux témoins ont assuré sous serment que ce dernier était l’assassin. L’unanimité entre les douze est obligatoire et c’est cette règle qui sauvera le jeune homme de la mort car un juré votera non coupable et inversera progressivement l’opinion de ses semblables.
Le texte de Reginald Rose est un classique. Roman à l’origine, puis porté à l’écran par les bons soins de Sidney Lumet et adapté finallement pour les planches par Reginald Rose lui-même, la pièce est un huis clos étouffant sur l’importance du doute dans le bon fonctionnement du système judiciaire. Car, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, la question reste la même : peut-on être positivement sûr qu’un individu est bien coupable du crime dont on l’accuse ? Le doute prend ici la forme d’une phrase toute simple répétée comme un leitmotiv par la jurée numéro huit seule contre tous : « je ne sais pas ». « Je ne sais pas », « c’est possible », « je ne suis plus sûr(e) », de toutes ces formulations de l’hésitation vont naître progressivement des interrogations chez les jurés. Ce questionnement est le fondement même de toute justice démocratique qui reconnaît à chaque instant, aussi bien symboliquement que dans la loi, son caractère terrestre et par là son incomplétude et la possibilité qu’elle puisse se tromper.
La mise en scène d’Antoine Herbez est habile à plus d’un titre. Des douze hommes qui formaient le jury dans la pièce originale, seuls sept subsistent, complétés par cinq femmes. Les hommes deviennent ainsi des Hommes et ce jury acquiert à la fois modernité et universalité, ce qui sert son propos. Dans la salle exiguë du Théâtre de l’Ange, le metteur en scène donne vie au doute qui habite progressivement les jurés, bien servi en outre par des comédiens inspirés dont la tension et l’émotion vont crescendo.
Texte dénonçant la peine de mort et l’arrogance de la justice humaine, Douze Hommes en colère est une pièce à voir pour au moins douze bonnes raisons, auxquelles s’ajoute son actualité toujours aussi brûlante.
Morgan LE MOULLAC
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
Douze Hommes en colère
de Reginald Rose, texte français de Stefan Meldegg et Attica Guedj
Mise en scène d’Antoine Herbez
Avec : Fabienne Billot, Stéphane Bleher, Jean Boissinot, David Carruezco, Olivier Charcosset, Benjamin Fayard, Joanna Forlen, Ivan Herbez, Olivier Ho Hio Hen, Sébastien Le Rest, Vanessa Lo King Fung, Blandine Samba.
Lumières et sons de Antony Aubert.
Du 6 au 28 Juillet à 18h30 - au Théâtre de l’Ange, 15, rue des Teinturiers, Avignon.
Photo © DR