23 juillet 2007
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14:47
COUP DE CŒUR RUEDUTHEATRE
UNE MORT QUI ÉCLABOUSSE
Un cadavre attaqué par des rongeurs découvert dans sa maison. Une enquête qui devra déterminer les causes du décès. Des témoins ayant chacun sa perception du drame. À partir de ce fait divers courant, Marie Henry a conçu un spectacle qui remet en cause le théâtre.
Accrochez-vous. La banalité du point de départ explose très vite. Ici tout devient objet de théâtralisation, support d’un éclatement total des conventions. Les premiers témoins sont Gascard et Nathalgie, deux rats. Les suivants sont deux voisines, Natacha et Mélanie, comédiennes plongeant dans des jeux de rôles pour émettre leurs hypothèses. Enfin, Steve, le fils de la victime, et Mana, son ex, émettent leurs versions des faits, au beau milieu de leur incapacité à communiquer.
Les interventions de chacun s’entrecroisent. Les rôles se démultiplient. Les interprètes oscillent entre leur réalité d’acteurs en plein travail, le rôle qui est censé être le leur, l’intégration des didascalies dans le texte qu’ils jouent, leur participation en direct au décor sonore ponctuant leurs interventions.
Ajoutons que le Groupe Toc a monté cette histoire sur un rythme effréné où l’énergie est constante et que le public est soit entraîné comme par un typhon, soit reste baba sur place en se demandant ce qui lui arrive. Dans le premier cas, son plaisir est total, à ceci près qu’un quart d’heure de moins n’aurait pas été inutile car il est bien difficile de se renouveler tout le temps lorsqu’on traverse une histoire à cette allure. Dans le second cas, il se sent largué, enlisé dans le marais du rationnel, perdu dans un labyrinthe dont il espère sortir un jour.
C’est hilarant. C’est le genre de folie à laquelle sont coutumiers les grands metteurs en scène flamands. Cela déjante sans cesse. C’est bourré de clins d’yeux alimentés par des répétitions, des arrêts sur images, des reprises de séquences décalées, des adresses au spectateur, des apports d’objets ludiques, des modulations tant de l’espace scénique que des lieux de l’action.
Les acteurs s’amusent visiblement. Ce qui est contagieux à condition de se laisser emporter. Un tel délire balaie les repères familiers de la représentation théâtrale et de la narration policière. Il bouleverse les codes, ravit par la virtuosité de la troupe qui s’avère capable d’aborder tous les registres avec un identique bonheur.
Texte : Marie Henry
Mise en scène : Raphaël Noël, Anne Thuot
Distribution : Yannick Duret, Cédric Lenoir, Natacha Nicora, Hervé Piron, Sophie Sénécaut, Anne Thuaut
Son : Maxime Bodson
Lumière : Raphaël Noël
Production : Groupe Toc / Les Halles de Schaerbeek
Au Théâtre des Doms, 1bis rue Escaliers Sainte-Anne, à 18h jusqu’au 27 juillet. (04 90 14 07 99)
Photo © DR
UNE MORT QUI ÉCLABOUSSE
Un cadavre attaqué par des rongeurs découvert dans sa maison. Une enquête qui devra déterminer les causes du décès. Des témoins ayant chacun sa perception du drame. À partir de ce fait divers courant, Marie Henry a conçu un spectacle qui remet en cause le théâtre.
Accrochez-vous. La banalité du point de départ explose très vite. Ici tout devient objet de théâtralisation, support d’un éclatement total des conventions. Les premiers témoins sont Gascard et Nathalgie, deux rats. Les suivants sont deux voisines, Natacha et Mélanie, comédiennes plongeant dans des jeux de rôles pour émettre leurs hypothèses. Enfin, Steve, le fils de la victime, et Mana, son ex, émettent leurs versions des faits, au beau milieu de leur incapacité à communiquer.
Les interventions de chacun s’entrecroisent. Les rôles se démultiplient. Les interprètes oscillent entre leur réalité d’acteurs en plein travail, le rôle qui est censé être le leur, l’intégration des didascalies dans le texte qu’ils jouent, leur participation en direct au décor sonore ponctuant leurs interventions.
Ajoutons que le Groupe Toc a monté cette histoire sur un rythme effréné où l’énergie est constante et que le public est soit entraîné comme par un typhon, soit reste baba sur place en se demandant ce qui lui arrive. Dans le premier cas, son plaisir est total, à ceci près qu’un quart d’heure de moins n’aurait pas été inutile car il est bien difficile de se renouveler tout le temps lorsqu’on traverse une histoire à cette allure. Dans le second cas, il se sent largué, enlisé dans le marais du rationnel, perdu dans un labyrinthe dont il espère sortir un jour.
C’est hilarant. C’est le genre de folie à laquelle sont coutumiers les grands metteurs en scène flamands. Cela déjante sans cesse. C’est bourré de clins d’yeux alimentés par des répétitions, des arrêts sur images, des reprises de séquences décalées, des adresses au spectateur, des apports d’objets ludiques, des modulations tant de l’espace scénique que des lieux de l’action.
Les acteurs s’amusent visiblement. Ce qui est contagieux à condition de se laisser emporter. Un tel délire balaie les repères familiers de la représentation théâtrale et de la narration policière. Il bouleverse les codes, ravit par la virtuosité de la troupe qui s’avère capable d’aborder tous les registres avec un identique bonheur.
Michel VOITURIER
www.ruedutheatre.info
www.ruedutheatre.info
Texte : Marie Henry
Mise en scène : Raphaël Noël, Anne Thuot
Distribution : Yannick Duret, Cédric Lenoir, Natacha Nicora, Hervé Piron, Sophie Sénécaut, Anne Thuaut
Son : Maxime Bodson
Lumière : Raphaël Noël
Production : Groupe Toc / Les Halles de Schaerbeek
Au Théâtre des Doms, 1bis rue Escaliers Sainte-Anne, à 18h jusqu’au 27 juillet. (04 90 14 07 99)
Photo © DR